c. L'industrialisation extravertie
Nous pouvons distinguer deux modèles
d'industrialisation basés sur les exportations : le premier repose sur
l'exportation de produits primaires, le second sur l'exportation de produits
manufacturés.
Ces deux modèles ont connu des fortunes diverses :
Selon Montoussé, l'exportation de produits primaires a
rarement favorisé l'industrialisation. De nombreux pays en
développement ont tenté d'asseoir leur développement
économique sur l'exportation de produits primaires pour financer les
investissements dans l'industrie et les importations de biens
d'équipement17. Plusieurs pays exportateurs du pétrole
ont adopté cette stratégie dans les années 1970. C'est
aussi le cas de nombreux pays latino-américains (Brésil,
Argentine...) sans que cela soit leur stratégie prioritaire. Des pays
africains tels que la Côte-d'Ivoire et le Sénégal se sont
engagés sur cette voie dès les années 1960.
Cependant, la dégradation des termes de
l'échange des pays exportateurs de produits primaires au cours des
années 1980 a réduit l'impact de cette stratégie : la
baisse
17 Edwige Dubos-Paillard,
Cours de master 1, L'industrie dans les pays du tiers monde, P.24,
consulté en ligne le 30 septembre 2019 A 20H
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« La problématique de l'industrialisation
du secteur minier en RDC Sous l'extraversion» BONIFACE OKOLONGO
L'INDUSTRIEL
des prix des produits primaires a accru le coût des
importations de biens d'équipement et accentué la dette
extérieure.
Ainsi, selon Konate le modèle d'une croissance
tirée par les exportations de produits primaires/ matières
premières a fortement aggravé les déséquilibres
structurels des pays du Maghreb. Non seulement le niveau de leurs exportations
industrielles s'est réduit sous l'influence de conditions climatiques
fréquemment mauvaises et du ralentissement économique dans les
pays européens, mais en plus, la baisse des prix des principales
matières premières exportées a été
brutale18.
L'industrialisation reposant sur l'exportation de produits
manufacturés vers les pays développés parait plus
efficace. Pour ce faire, il faut tirer parti des meilleures cartes : le faible
coût de la main-d'oeuvre, une législation permissive et une
fiscalité dérisoire. Il faut aussi passer alliance avec les
maîtres internationaux de l'industrie, de la technologie, du commerce et
de la finance.
d. Stratégie d'industrialisation à petite
échelle
Des tendances vers de nouvelles pratiques de
développement voient le jour à l'hémisphère nord.
Ces pratiques sont fondées sur l'artisanat, des connaissances
endogènes, l'ingénierie, la fabrication des pièces,
etc.
Des entreprises de petites tailles, s'adonnent à des
activités similaires, voisines ou regroupées
dans un même espace géographique. De telles petites industries
connaissent les mêmes intérêts ou intérêts
divergents. Elles collaborent grâce à une écoute
réciproque qui l'emporte sur posture. Un climat de confiance s'installe
et favorise la recherche en commun de solutions aux problèmes
rencontrés. Même si les échanges sur une stratégie
connaissent parfois de sérieuses divergences, le dialogue social,
porteur de dynamique favorise les activités industrielles.
Dans le contexte de crise internationale, ces systèmes
montrent une très grande vitalité et un pouvoir de
résistance. En d'autres termes, l'industrialisation à petite
échelle est une nouvelle pratique de développement qui se fonde
notamment sur la concentration spatiale de petites entreprises fortement
interdépendantes et fortement en collaboration.19
L'industrialisation à petite échelle crée des
opportunités d'emploi, facilite les relations entre les parties. Elle
s'inscrit dans une réaction de population concernée devant les
difficultés de tous ordres engendrés par l'épuisement des
politiques volontaires classiques de développement.
18 Idem, P.25
19 FRANCOIS X.MBUYI B.
MUSONGELA, industrialisation et environnement, cours de L2, UNIKIN, 2020,
P.17
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