1.2 TYPOLOGIES DES STRATEGIES D'INDUSTRIALISATION
Avant les années 1970, les situations
économiques des pays du tiers monde sont proches. Tous affichent des
niveaux de développement économique faibles.
Les États nouvellement indépendants prennent
à bras le corps la question du développement industriel. Comme
l'indique Henri Rouillé D'Orfeuil « Presque tous les pays du tiers
monde ont mis l'accent sur l'industrialisation dans leurs premiers plans de
développement »14.
En matière d'industrialisation, plusieurs
stratégies sont mises en oeuvre au lendemain des indépendances.
Car la puissance industrielle d'une nation réside dans
l'applicabilité de certaines stratégies industrielles favorisant
un développement industriel autocentré, tel que le cas de la
Corée du sud avec sa stratégie développait en 1970,
combinant la promotion des exportations et l'essor des industries lourdes et de
biens
13 NZANDA BUANA KALEMBA,
Notes de cours, histoire comparée et théories de
l'industrialisation, cours L1, P.42, UNIKIN, 2018, Edition revue et
augmentée KINSHASA XI.
14 Edwige Dubos-Paillard,
Cours de master 1, L'industrie dans les pays du tiers monde, p.21,
consulté en ligne le 30 Septembre 2019. A 20h
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« La problématique de l'industrialisation
du secteur minier en RDC Sous l'extraversion» BONIFACE OKOLONGO
L'INDUSTRIEL
durables (à l'abri des barrières
douanières) pour faire évoluer et favoriser la diversification de
ses exportations.
La combinaison de modèles de développement
industriel a souvent été favorable pour les pays en
développement afin de se mettre à l'abri de leur misère et
leur carence de la modernité.
Ainsi, le dernier quart du XXème siècle a
été marqué par des développements différents
des pays du sud en matière d'industrie, mais nous constatons que dans
tous ces pays il y a moins d'industries lourdes qui peuvent favoriser le
développement industriel autocentré.
a. La stratégie de substitution d'importations
et de remontée des filières
Ce modèle industriel se fonde sur des Barrières
tarifaires ou non tarifaires permettant au pays de produire lui-même ce
qu'il importe à l'origine créant un développement
autocentré.
L'industrialisation peut reposer sur une stratégie de
substitution d'importations, c'est-à-dire le remplacement des
importations de produits industriels par des productions locales à
l'abri de barrières protectionnistes.
Pour cela, il faut que le marché national soit
équilibré et que l'Etat joue un rôle
important : Outre, la politique de protection
douanière, il peut mener une politique de monnaie faible afin de limiter
des importations, encourager les industries nouvelles par des investissements,
subventions ou prêts bonifiés.
La substitution s'applique, dans un premier temps, aux biens
de consommation. Dans un second temps, les biens d'équipement sont
à leur tour concernés dans une logique de remontée de
filière. Il s'agit de produire des biens de plus en plus lourds et de
plus en plus complexes. Donc ici on va des industries légères aux
industries lourdes.
La stratégie d'industrialisation par substitution
d'importations, mise en oeuvre dès les années 1930 en
Amérique latine, est appliquée après la seconde guerre
mondiale dans un grand nombre de pays en développement : Corée du
Sud et Taiwan (au cours des années 1950), Egypte, Inde... Dans la
plupart de ces pays, l'industrie progresse.
L'Amérique latine connaît durant les
années 1940 et 1950 un fort rattrapage industriel. On parle de miracle
industriel mexicain, au Brésil, la part de l'industrie dans le PIB est
passée de 10% en 1929 à 40% en 1975. Dans certains pays
asiatiques, l'industrialisation par substitution des importations constitue une
première étape dans le développement de l'industrie
(Corée du sud, Taiwan)15. Mais cette stratégie
connaît plusieurs défaillances à partir des années
1960 :
- le protectionnisme réduit la concurrence entre
entreprises peu productives et favorise l'inflation ; la remontée de
filières se heurte au manque de capitaux et/ou à un
15Edwige Dubos-Paillard,
Cours de master 1, L'industrie dans les pays du tiers monde, p.23,
consulté en ligne le 30 Septembre 2019. A 20h.
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« La problématique de l'industrialisation
du secteur minier en RDC Sous l'extraversion» BONIFACE OKOLONGO
L'INDUSTRIEL
endettement extérieur croissant qui s'alourdit,
dès la fin des années 1970, du fait de la hausse du dollar et des
taux d'intérêt.
- L'exiguïté du marché domestique limite la
croissance. Seuls les très grands pays, par effet de masse,
échappent donc au facteur limitant qu'est l'étroitesse du
marché. Ainsi, l'Inde malgré une faible proportion de population
assez aisée pour consommer des biens industriels durables, offre un
marché suffisant au développement de ce modèle productif.
De même, si 60 % des Brésiliens n'ont pas l'argent
nécessaire pour acheter des biens durables, les 40 % restants sont, en
chiffre absolu, plus nombreux que les Français.
- L'implantation de filiales de firmes multi nationales (FMN)
conduit à des sorties de capitaux (rapatriement vers les maisons
mères) et des importations d'intrants qui peuvent
déséquilibrer les comptes extérieurs.
- Face aux limites de ce modèle d'industrialisation,
une large part des pays ayant opté pour ce modèle se sont ou ont
dû se tourner vers une stratégie d'ouverture et d'exportation. Ces
pays souvent incités par des structures telles que la Banque Mondiale et
le FMI s'insèrent davantage dans la division internationale du travail
à partir des années 1980 pour développer leur
productivité.
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