Déplacement des populations des zones en conflits et accès à l'état civil. Cas des enfants réfugiés centrafricains dans la région de l'est-Cameroun.par Théodore ENAMA AYISSI Université catholique de Louvain - Master en Sciences de la Population et du Développement, Option Développement 2019 |
IV. ÉTAT DES LIEUX DES CRISES CENTRAFRICAINESJadis appelé Oubangui-Chari, la République Centrafricaine (RCA) est un pays situé au coeur même de l'Afrique. C'est une ancienne colonie Française ayant obtenu son indépendance le 13 Aout 1960. Si dans la forme cette indépendance vaut à ce territoire le statut d'Etat, relevons néanmoins que dans le fond, il se cache un désir perpétuel de la France de continuer à gérer pour son propre compte la RCA. Une des stratégies permanentes de la France pour obtenir ses fins consiste simplement à mettre en place des régimes politiques autoritaires susceptibles d'être à ses ordres en faisant pression contre tous les actes de résistances ou de désobéissances aux autorités. Conséquence directe, on assiste à la dissolution des parties politiques, des syndicats et d'autres associations incompatibles avec l'ordre public ; la censure des écrits subversifs et l'arrestation officielle des personnes jugées dangereuses pour le pays à l'instar de Abel GOUMBA21 ne sont pas en reste. Ces quelques pratiques illustrent en effet « la tradition d'insécurité que le pouvoir a toujours imposé à ceux qui pensent autrement 22» et donc « la faillite du modèle étatique postcolonial ». (Hugon ; 2006 :36). Ce qui plonge le pays dans les tensions permanentes. 20 MINFEGUE ASSOUGA Calvin, Le conflit entre Gbaya et Mbororo à Mandjou (Est Cameroun) Cameroun. Entre une autochtonie « virtuelle » et des revendications aux relents socio-économiques , juillet 2014 in http://www.irenees.net/bdffiche-analyse-1031fr.html?imprimer=1 21 https://fr.wikipedia.org/wiki/AbelGoumba consulté le 14 Octobre 2019 à 13h08. 22 MOTAZE AKAM, Sociologie de Jean-Marc ELA. Les voies du social, Paris, l'Harmattan, 2007, p.14. 27 D'un bout comme dans l'autre, « Il ne faut pas être un expert en politique pour discerner que la cause première, évidente, de la crise dramatique que traverse la RCA depuis deux ans, n'est que le prolongement d'une crise permanente qui n'a fait que s'accentuer. C'est la crise de la mal-gouvernance, à vrai dire de la non-gouvernance23 ». Cette assertion de Jean-Arnold De Clermont expose clairement le déficit d'une bonne gestion de l'appareil étatique Centrafricain. C'est un Etat plongé dans une série de violences faites de répressions, de coups d'Etat, des rébellions. Ce qui fait croire à une certaine opinion qu'il s'agirait d'« un Etat fantôme, ayant perdu toute capacité institutionnelle significative, du moins depuis la chute de l'empereur Bokassa en 197924 ». Encouragée de fait par l'Occident et principalement la France, la Centrafrique s'est presque toujours dissoute par la militarisation de sa politique et surtout l'ethnicisassions de pouvoir au fil des tutelles lors des périodes coloniales et néocoloniales. Ce qui crée de façon prépondérante une permanente instabilité dans tout le pays. A plus de 50 ans d'indépendance, la RCA comme beaucoup d'autres pays d'Afrique subsaharienne n'est pas en marge des faiblesses institutionnelles. Mais avec la particularité des crises permanentes dans le pays. Les forces étrangères présentes n'arrivent pas à rétablir la paix surtout que la Centrafrique est plongée dans une « crise oubliée ». C'est d'ailleurs ce qu'affirme John Harris. Sans réserve, il pense que l'opinion internationale reste indifférente et la communauté internationale accorde peu d'importance à la crise centrafricaine. A la suite de ce qui précède, il convient de mieux se pencher sur les facteurs explicatifs des crises centrafricaines en questionnant leurs sources qui sont à la fois internes et externes. Autrement dit, les sources des crises centrafricaines sont explicables à la fois dans des facteurs internes (A) et des facteurs externes (B). |
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