Enjeux des nouvelles pratiques religieuses dans l’église catholique romaine à Cotonou.par Yaovi Martin CAPO Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise en Sociologie-Anthropologie 2018 |
1.3.3. Pertinence sociale du sujetLes nouvelles pratiques religieuses semblent gagner du terrain au sein de l'Eglise catholique romaine prouvant ainsi l'augmentation des demandes de bénédiction, d'exorcisme, de prière et de pèlerinage, puis traduisant une satisfaction non assurée par la liturgie officielle. Elles deviennent si fréquentes que des départs vers les NMR sont par moments notés. Alors les mouvements charismatiques ainsi que les autres groupes de prière de dévotion mariale, qui naissent de plus en plus dans l'Eglise, tentent de satisfaire ces multiples demandes soit sous la tutelle d'un clerc soit sous la direction d'un responsable laïc. La plupart du temps cette soif de religiosité observée chez certains chrétiens catholiques fait l'objet de critiques de la part des autres membres de l'Eglise et même du clergé, et est considérée comme l'expression d'un manque de foi. De ce fait, les mouvements qui sont les instances de déploiement de ces nouvelles pratiques religieuses sont souvent tancés à cause des manifestations émotionnelles et sonores les caractérisant. Ainsi, dans l'aire catholique, les acteurs n'appréhendent pas que ces nouvelles pratiques religieuses jouent un rôle très particulier. Même si elles s'apparentent aux pratiques des NMR, elles demeurent l'expression visible des besoins inassouvis de nombre de fidèles et qui attendent des réponses de la part de l'institution ecclésiale. Alors chercher à mieux comprendre le pourquoi de leur émergence, de leur approbation ainsi que de leur accompagnement par les autorités ecclésiastiques semble tout à fait pertinent. 1.3.4. Pertinence scientifique du sujet« Si chaque religion est un univers complexe et diversifié qui se déploie dans le temps et dans l'espace, le monde des religions, a fortiori, l'est encore plus » (Willaime, 2012). Cette complexité et cette diversité caractérisant le fait religieux justifient l'analyse plurielle dont il fait l'objet de la part des spécialistes des sciences des religions. A cet effet, historiens, philosophes, sociologues, anthropologues, politistes, juristes, théologiens ont chacun un regard spécifique sur la religion. Voilà ce qui explique la multitude d'études scientifiques sur les NMR et les Eglises historiques. En sociologie des religions des études sont légion et s'intéressent à l'évolution des faits religieux sur tous les continents et dans le temps. Ainsi, en Afrique, les pratiques de religiosité populaire ont servi de matière à plusieurs travaux tant en sciences sociales qu'en sciences théologico-religieuses. Mais les nouvelles pratiques religieuses au sein de l'institution catholique au Bénin ont fait peu l'objet de recherche. C'est ce qui justifie l'intérêt d'investiguer sur la question en vue de relever les enjeux qui soutiennent leur existence dans l'Eglise catholique romaine, quand l'évidence d'une concurrence entre elle et les NMR sur le marché religieux n'est plus à démontrer. Peut-être les enjeux portent-ils les raisons de sa stabilité dans le champ religieux au sens bourdieusien3(*) du terme. Cette recherche, dans sa modestie, pourra alors apporter un plus à la communauté scientifique. * 3 « Relativement autonome par rapport à la structure sociale, le champ religieux est en effet structuré par des enjeux internes et par des enjeux externes. Les positions de pouvoirs dans le champ résultent de la confrontation de la « demande religieuse (...) et de l'offre religieuse (...). Il apparaît donc que le « fonctionnement » du champ religieux est le produit d'une concurrence interne entre différentes instances (dont les principales sont l'Église, les prophètes, les sectes et les sorciers) en relation avec les lignes de force de la structure sociale.», (Dianteill, 2002) |
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