4.1.2. Délivrer les
personnes qui sont sous l'emprise des esprits maléfiques
Dans leur quête quotidienne de vaincre la maladie
polymorphe, les fidèles s'aperçoivent que la lutte ne se limite
pas seulement aux maux physiques et psychologiques. Il y a des puissances
sataniques, des forces maléfiques qu'il faut combattre. C'est ainsi que
parfois aux guérisons visant à rétablir un
équilibre se rajoutent les délivrances d'esprits diaboliques
venus posséder l'individu malade. Pour le chrétien, cela n'est
possible que grâce à la puissance de Dieu. Dès lors, on
comprend pourquoi dans l'Eglise catholique les fidèles s'acharnent sur
les prêtres : ils croient au geste de ces derniers qui consiste
à leur imposer les mains et à prier sur eux pour faire jaillir
cette puissance de Dieu.
Les pratiques de religiosité populaire viennent apaiser
la tension chez nombre de fidèles d'autant plus que de nouvelles
perspectives de délivrance leur sont offertes, avec plus de
disponibilité des officiants car ce ministère est
désormais partagé avec des laïcs. En effet, en dehors de
l'exorcisme pratiqué par les prêtres mandatés par
l'évêque, au cours des assemblées de prière
charismatique ou Jéricho, les fidèles vivent des occasions de
délivrance. Sous leurs yeux une effervescence grandiose se produit lors
des transes qui s'emparent des malades possédés : perte de
contrôle de soi, agitation, culbute, paroles arrogantes et impertinentes,
etc. Ces manifestions sont souvent interprétées comme signe d'une
intervention bénéfique ou maléfique, et selon le cas la
suite de la prière détermine le vrai sens à donner. Mais
toujours est-il que la fin de telles séances de prière garantit
la guérison au possédé. En définitive, les
nouvelles pratiques religieuses se présentent comme des
opportunités où Dieu fait des clins d'oeil aux hommes en vue de
fortifier leur foi.
4.1.3. Aider les fidèles
à mieux vivre leur foi
Pour beaucoup de chrétiens catholiques, les nouvelles
pratiques religieuses sont nécessaires dans l'Eglise pour aider ceux qui
sont faibles dans la foi et qui souffrent. Elles constituent des occasions
qu'empruntera Dieu pour faire des miracles afin de soulager les hommes et de
les amener à croire davantage en lui. Car les hommes sont de plus en
plus gagnés par la tendance à croire plus aux signes qu'aux
doctrines ; ce qui les pousse à rechercher partout ces
signes-là qui les rassurent d'être dans le vrai, d'être avec
un Jésus-qui-sauve. C'est une foi qui devient plus personnelle, remplie
de subjectivité et de rationalité, et qui cesse d'être
dogmatique. Elle se fonde sur ce que Jésus est cru capable de faire. Et
si une église chrétienne enseigne un autre Jésus, pour
eux, elle est vite taxée de désuète : elle est
perçue comme ne pas se préoccuper des questions vitales des
fidèles.
Bien que le christianisme soit définie comme une
religion de salut où la guérison n'est pas l'objectif final, les
malades ou les éprouvés de l'Eglise catholique font de leur
guérison présente comme une fin en soi. C'est pourquoi Rosny E.
(1992, p. 42) fait remarquer qu'« Un "ministère de la
guérison" proprement dit, avec des rites liturgiques à l'appui,
comme il se pratique dans les Églises indépendantes,
connaît un regain de faveur... Le christianisme détient, en effet,
d'étonnantes promesses de guérison et un réel pouvoir. Il
est une religion qui a autant que les autres les capacités
d'intégrer la vie totale de ses fidèles... » Ce qui
paraît évident ici, c'est que ces nouvelles pratiques religieuses
offrent à l'Eglise catholique la possibilité de freiner l'exode
de ses fidèles et de ramener certains de ceux qui sont partis.
|