WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Enjeux des nouvelles pratiques religieuses dans l’église catholique romaine à  Cotonou.


par Yaovi Martin CAPO
Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise en Sociologie-Anthropologie 2018
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

PREMIERE PARTIE :

LES NOUVELLES PRATIQUES RELIGIEUSES COMME CHAMP DE RECHERCHE DE LA SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE

Dans ce chapitre, il sera traité successivement de la problématique, de la délimitation thématique, de la pertinence de la recherche, de la clarification des concepts et enfin de quelques axes actuels de la recherche.

1.1. Problématique

1.1.1. Constats et problème central

Le déclin des grandes institutions religieuses annoncé par la théorie de la sécularisation due à la modernité, et observé dans plusieurs régions du monde et même au-delà d'elles, n'a pas empêché l'expansion du phénomène religieux. Ce qui amène Berger P. (1971) à reconnaître sans ambages le retour galopant du religieux en affirmant que « L'idée selon laquelle nous vivons dans un monde sécularisé est fausse. Le monde d'aujourd'hui est aussi furieusement religieux qu'il l'a toujours été. » Cette soif accrue du religieux pousse plusieurs auteurs, comme Kepel G. (1991), à penser à la revanche de Dieu. C'est ainsi que le monde est, aujourd'hui, traversé par l'effervescence religieuse qui, de plus en plus, retient l'attention de nombre de personnes. En effet, il n'est pas rare d'observer, çà et là, ailleurs comme en Afrique, un engouement sans précédent pour le religieux. De même au Bénin, les populations sont attirées vers une forme de religiosité qui est caractérisée par la quête de la réussite sociale, de la protection contre la sorcellerie, de la guérison, de la prospérité matérielle, du merveilleux, etc. « "Cette religiosité-miracle" a imprégné en grande partie l'imaginaire collectif africain. Elle est devenue un mode de croire et de penser, d'agir et de réagir d'une bonne partie de la population africaine » (Muanda Kienga J., 2015). De ce fait, les différentes formes de religiosité, toujours en croissance permanente, deviennent « un terreau du développement des Eglises évangéliques » (Peloux R. et Pian C., 2010, p. 84).

Le phénomène, planétaire, est soutenu par la mondialisation qui crée un vaste marché économique commun où tout le monde est invité à mener ses activités, avec un point de mire l'homogénéisation, dans différents domaines, de modèles communs provoquant une interdépendance entre différents ensembles géographiques. En accroissant l'interdépendance des hommes, la mondialisation recherche l'uniformisation de la culture, de la consommation, de la religion en vue de bâtir une civilisation nouvelle. Ainsi elle s'est emparée du fait religieux et l'a transformé en une marchandise. Sur ce, Roy O. (2008) affirme que « la mondialisation a créé un marché du religieux. Aujourd'hui, les produits religieux circulent et les religions ne s'arrêtent plus aux frontières. Résultat : alors que traditionnellement les religions se sont connectées aux cultures, voire ont créé du culturel, elles se détachent de leurs territoires et de leur culture d'origine. » Cette déterritorialisation permet donc aux religions de s'adapter au courant culturel mondialement reconnu et peuvent facilement s'exporter à tous les points du monde ; comme le dit Olivier Roy, « pour qu'un produit soit accessible partout et au plus grand nombre, il faut qu'il soit standardisé. S'il est trop identifié à une culture donnée, il ne se vendra pas en dehors de cette culture ». Ce faisant, le monde s'installe peu à peu dans une monoculture selon le mot de Levi-Strauss C. (1955, p. 37). Sur le plan religieux, du point de vue du christianisme, cette monoculture a pour nom le pentecôtisme.

Ce sont, selon Roy O. (2008), toutes les formes d'évangélisme qui s'adaptent le mieux à cette nouvelle réalité dans le christianisme. Elles sont portées par le courant d'air pentecôtiste qui se manifeste au travers des nouvelles pratiques de religiosité axées sur le quotidien des populations. Gadou D. M. (2004, p. 147) dira à cet effet que « C'est... une population en quête de santé spirituelle, biologique et psychologique, de mieux-être, d'identité, de promotion sociale et culturelle, etc., qui a recours à ces prophétismes qui, sous l'influence de la logique économique mondiale du marché, s'organisent comme des sortes de prestataires de services ou de biens symboliques à caractère marchand. »Cela montre, comme le prouve Amouzouvi (2005), qu'il existe un marché pour la religion, un marché autour de la religion et un marché dans la religion. De ce fait, la religion est devenue comme un business. A ce titre, dans ce marché au sens économique du terme, une dure concurrence règne et les religions gagnantes sont celles qui proposent une offre séduisante. Ainsi les mouvements évangéliques et pentecôtistes qui arrivent à calquer le prosélytisme sur les techniques de marketing des entreprises commerciales parviennent à s'imposer sur le marché en arrachant aux Eglises établies des fidèles. Sur ce, Blé G. R. (2013) écrit : « les Eglises établies sont trop prudentes à prendre position sur des problématiques urgentes qui préoccupent les populations et certains, déçus, partent ailleurs à la recherche d'un dérivatif. Les gourous des sectes en profitent pour les récupérer en mettant en place une machine stratégique de recrutement. »

Une telle situation ébranle les intérêts1(*)des tenants des institutions religieuses historiques, protestantes et catholiques, qui dans la foulée se sont ouvertes au courant pentecôtiste, lequel embrase tout le christianisme depuis les années 1970. En effet, l'Eglise catholique romaine a vu émerger en son sein un mouvement qualifié par les spécialistes des sciences sociales de pentecôtisme catholique (Giblet, 1973), mais communément appelé le renouveau charismatique catholique. L'avènement de ce groupe a ouvert la voie à une flopée de mouvements charismatiques de plus en plus dynamiques, observables sur la plupart des paroisses. Et sans cérémonie, ils deviennent dans l'Eglise catholique les canaux de développement de nouvelles pratiques religieuses. Ces pratiques semblent imprimer chez plusieurs chrétiens catholiques des attitudes analogues à celles des fidèles des NMR et constituent de nouvelles manières de vivre la foi qui évoluent à côté d'un catholicisme officiel. Cela a amené nombre de sociologues à parler de la pentecôtisation du catholicisme (Bastian, 2008).

Faudrait-il voir dans une telle démarche le signe d'une crise inavouée de l'institution catholique à pouvoir jouer efficacement son rôle dans l'accompagnement spirituel de ses fidèles dont les attentes réclament d'autres manières de faire ou de pratiquer la foi ? Le fait que l'Eglise catholique en soit venue à admettre ces pratiques ne relevant pas a priori de son orthodoxie stimule notre curiosité. Il n'en demeure donc pas moins pertinent de s'interroger sur les raisons d'une telle souplesse. A cet effet, la question suivante a été formulée : Quels sont les enjeux qui fondent l'émergence des nouvelles pratiques religieuses dans l'Eglise catholique romaine aujourd'hui ?

Quelques hypothèses serviront de pistes pour répondre à cette préoccupation et permettront de mener la recherche.

* 1 « Ce qui retient désormais l'attention ce sont les nouvelles offres émotionnelles, pentecôtistes, évangélistes, charismatiques, etc., offres dont le succès fait pâlir d'envie les anciennes Églises constituées. » (Mbodo, 2011 ; p. 197)

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984