ABSTRACT
New religious
practices are experiencing a renewed interest on the part of the faithful in
the Roman Catholic Church, but they are practices that have the specificity of
evolving on the margins of the official liturgy. The general objective of this
research is to study the emergence of these new religious practices within the
Roman Catholic Church. To achieve this, the reasoned choice enabled us to
mobilize a sample of 125 surveyed on the basis of tools such as the interview
guide, the observation grid and the semi-structured questionnaire. This
research was based on Goffman's (1967) theory of symbolic interactionism, to
grasp and understand the motivations of the different choices made by the
actors as well as the interactions between them. It should be emphasized at the
end of the research that the new religious practices satisfy the expectations
of the faithful by guaranteeing them salvation and prosperity. In this way,
they become an instrument for capturing income, leadership and positioning the
Church on the religion market to curb the exodus of the faithful.
Keywords : New religious practices, Religion
market, Roman Catholic Church, Cotonou
INTRODUCTION
Le continent africain apparaît, depuis quelques
décennies, comme un terrain favorable au déploiement du
christianisme d'autant plus que çà et là se rencontrent
plusieurs pratiques religieuses d'obédience chrétienne, se
réclamant pour la plupart de l'évangélisme ou du
pentecôtisme. En effet, depuis fort longtemps, les Nouveaux Mouvements
Religieux (NMR) s'implantent dans nombre de pays africains et rivalisent
«de plus en plus avec les Eglises chrétiennes traditionnelles et
avec l'Islam » (Perretant-Aubourg, 2011, p. 91). Ces NMR progressent
avec un élan de conquête des membres dont la plupart leur viennent
d'anciennes institutions religieuses établies ou des religions
endogènes. Aux noms évocateurs, ils s'installent avec des
programmes alléchants, lisibles sur des pancartes, enseignes ou plaques,
et des techniques de propagande novatrices : orchestre, rythme musical
adapté au milieu, campagnes d'évangélisation publique,
émissions télévisées, prosélytisme, etc. En
outre, les NMR usent de la critique, comme moyen de propagande, à
l'égard des religions endogènes et des religions
chrétiennes historiques, en particulier l'Eglise catholique, et semblent
détenir la vérité, comme l'écrit Alladaye (2003, p.
337) : « Chaque secte qui se fonde pense que toutes les autres
et les grandes Eglises originelles se sont trompées avant elle (...)
Plus encore que la vérité, la secte prétend détenir
seule le salut et les rituels pour y parvenir, elle prétend même
être le salut. »
Dès lors, la prolifération des NMR est
perçue par nombre d'observateurs comme un défi ou une menace, en
témoignent plusieurs publications annonçant la régression
du catholicisme. Il s'agit entre autres de « L'Eglise catholique
et les sectes à la fin du XXe siècle »
(Bernos, 2002), « Le phénomène des nouveaux
mouvements religieux en Afrique, l'Eglise catholique en
déroute » (Cakpo, 2013), L'Eglise catholique face au
défi des groupes évangéliques (Gauthier, 2011),
etc. Toute cette littérature décrit le climat
malaisé dans lequel se trouve l'Eglise catholique romaine en Afrique,
concurrencée par les NMR. A ce sujet, le Monseigneur camerounais Patrick
Lafon (2005) donne une appréciation objective sur un ton plus
qu'incitatif : « Nous considérons ce phénomène
comme un véritable défi, dans la mesure où si les gens
vont vers les sectes, cela signifie qu'il y a quelque chose qu'ils ne trouvent
pas chez nous ».
Ce quelque chose que proposent les NMR est, comme le
dit Mbodo (2011), inspiré par « une éthique du
présent », c'est-à-dire une offre religieuse qui
« contribue ou prétend contribuer à résoudre les
problèmes de la vie présente ». Selon toujours Mbodo,
il arrive que cette « éthique du présent »
prenne « la forme de religions constituées [et] demeure
visible au fond de cultures africaines ». C'est ainsi que les
pratiques de religiosité populaire observées en plusieurs
endroits en Afrique deviennent en général l'apanage des NMR. Au
Bénin, le phénomène est identique comme partout
ailleurs : « Le champ religieux béninois est
travaillé par l'expansion de courants chrétiens
évangéliques et pentecôtistes qui, bien que minoritaires,
ont acquis une forte visibilité » (Mayrargue C., 2014, p. 91).
Et, toujours dans la dynamique de se faire visibles et prégnants, les
NMR saisissent l'opportunité de satisfaire hic et nunc les
besoins exprimés par l'individu ; ce qui leur permet d'avoir bonne
audience, d'attirer beaucoup plus de membres et de pouvoir se maintenir sur le
marché de la religion. Ce n'est guère sans susciter
d'inquiétudes et de réflexions au sein du clergé
catholique jusqu'au plus haut niveau de la hiérarchie.
Cette croissance du nombre des évangéliques et
pentecôtistes a amené le pape Benoît XVI (2007) à
dire qu'il urge de prendre le phénomène au sérieux :
« Aujourd'hui, la présence très consolidée [de
l'Eglise] doit tenir compte entre autres choses du prosélytisme des
sectes et de l'influence croissante de la sécularisation
hédoniste post-moderne. Sur les causes de l'attraction des sectes, nous
devons réfléchir sérieusement pour trouver les
réponses adéquates. » Etait-ce dans ce souci que les
autorités de l'Eglise catholique romaine, dans la période
post-conciliaire, c'est-à-dire dans les années 70 du
siècle dernier, avaient déjà admis la naissance des
mouvements charismatiques, constitués en communautés ou groupes
de prière ? Ces mouvements charismatiques qui ont vu le jour au
sein de l'Eglise se développent depuis lors sur tous les continents.
« Ils proposent une forme de religiosité qui tout en
étant insérée et contrôlée par l'institution
catholique s'apparente à bien des égards à l'offre
pentecôtiste » (Mayrargue, 2015).
Ce travail, consacré aux nouvelles pratiques
religieuses dans l'Eglise catholique romaine, se propose de répondre aux
interrogations suivantes :
- Qu'est-ce qui caractérise le contexte de
l'émergence des nouvelles pratiques religieuses dans l'Eglise catholique
romaine ?
- A quoi est dû le succès de plus en plus
grandissant que connaissent les nouvelles pratiques religieuses dans l'Eglise
catholique ?
- Le bon accueil dont elles font l'objet de la part des
populations et leur approbation par les autorités de l'Eglise catholique
sont-ils stratégiques pour s'inscrire dans la logique du marché
concurrentiel du religieux ?
Dans la perspective des objectifs de cette recherche, la
présente recherche articule autour de deux parties.
La première partie, intitulée les nouvelles
pratiques religieuses comme champ d'étude de la sociologie des
religions, se décline en deux chapitres et s'intéresse aux
aspects théorique et méthodologique qui ont structuré la
recherche.
La deuxième partie s'intitule les enjeux des nouvelles
pratiques religieuses dans l'Eglise Catholique Romaine et s'est
consacrée à la présentation des résultats de la
recherche et leur analyse. Elle se décline donc en deux chapitres:
l'Eglise catholique dans la dynamique du marché religieux, les nouvelles
pratiques religieuses dans l'Eglise Catholique Romaine et les enjeux qui
fondent les nouvelles pratiques religieuses.
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