3.2. Pratiques religieuses
révélant le souci de s'épanouir
Les nouvelles pratiques religieuses se caractérisent
par leur spécificité à évoluer en marge de la
liturgie officielle de l'Eglise catholique. Comme le souligne le
Directoire, « les pieux exercices du peuple chrétien,
comme aussi les autres formes de dévotion, sont accueillis et
recommandés, pourvu qu'ils ne se substituent pas et qu'ils ne se
mélangent pas aux célébrations liturgiques ». Ce
sont des expressions publiques ou privées de la piété
chrétienne ou de diverses pratiques extérieures (prières,
chants, visite de lieux particuliers, insignes, médailles, etc.), qui
mettent un accent particulier sur la relation entre le fidèle et Dieu ou
les saints. Elles visent l'obtention d'une réponse de la part de
Dieu et, pour ce faire, varient d'un individu à un autre. Ici,
l'attention sera portée sur le culte de Marie, des saints, la visite aux
sanctuaires et le pèlerinage, compte tenu de l'importance que leur
accordent les fidèles catholiques.
3.2.1. Les dévotions
diverses : Marie et les saints
De par leur foi en Jésus et la compréhension
qu'ils ont de la mission que Dieu a confiée à Marie, Mère
de Jésus de Nazareth, les fidèles catholiques considèrent
cette dernière non pas seulement comme la Mère de Jésus,
mais aussi comme la Mère de tous les hommes. De ce fait, en sa
qualité de celle qui est comblée de grâce, elle est en
mesure d'obtenir de Dieu et de Jésus l'exaucement des demandes
formulées. Voilà pourquoi les catholiques recourent à
Marie dans leurs difficultés en lui vouant un culte très
particulier. De toutes les dévotions, celle liée à Marie
est de loin celle qui est plus prisée par de nombreux fidèles.
Ils sont donc 67 sur les 110 enquêtés, soit 60,91%, à
pratiquer le plus cette dévotion dans le but de se libérer des
soucis, de se protéger contre les forces du mal, d'avoir la paix
intérieure, d'obtenir la solution appropriée à toute
situation pénible traversée, etc. Tout cela explique les
attroupements qu'on observe dans les Eglises catholiques devant les statues de
la Vierge Marie, les bougies allumées, les intentions écrites
déposées dans la boîte à lettres au pied des statues
de Marie, les méditations de chapelet ou du rosaire faites à
longueur de journée, etc. (cf. Photo 2 ci-dessous).
Photo 3 :
Recueillement devant une statue de la vierge Marie
Source : Cliché CAPO, 2017
Tellement les catholiques s'accrochent à ce culte qu'il
est parfois difficile de distinguer ce qui est une démarche de foi de ce
qui est une démarche humaine voire une émanation d'anciennes
pratiques traditionnelles de la religion vodoun. C'est aussi l'une des raisons
pour lesquelles les NMR ont de la peine à faire la différence
entre vénération et adoration en matière
du culte de Marie, tout comme celui des saints.
La quête de solution amène aussi les
fidèles à tourner leur regard vers les saints de leur
église. Peloux et Pian (2010, p. 37) écrivent que :
« le culte des saints est une pratique très répandue
qui passe par des gestes concrets qui peuvent prendre des apparences de
superstition. Ils sont parfois jugés sévèrement du point
de vue de la "foi officielle". Mais, quand on prend au sérieux la
démarche des personnes ... on se rend compte de la foi qui les
anime ». En effet, il n'est pas rare de voir des chrétiens
s'accrocher à la statue d'un saint, en la touchant, en l'embrassant, en
se cognant la tête contre elle, en couvrant de baisers ses pieds, en
multipliant des signes de croix, en faisant des offrandes, en murmurant des
prières instantes, parfois en coulant des larmes, etc. Et l'audience
varie d'un saint à un autre selon qu'il est spécialiste d'une
cause avérée. Selon le martyrologe romain, Sainte Rita est
reconnue pour les causes désespérées qu'elle résout
(cf. photo 3 ci-dessous), la Sainte Vierge Marie défait les noeuds
quelle que soit leur complication, saint Antoine de Padoue permet de retrouver
les objets perdus, saint Camille est invoqué pour recouvrer la
santé, etc.
Photo 4 :
Recueillement devant une statue de Sainte Rita
Source : Cliché CAPO, 2017
Une telle attitude, de l'avis des fidèles
enquêtés ou observés, s'inscrit dans une dynamique de
parvenir à gagner les faveurs du saint. Aussi convient-il de souligner
que les fidèles catholiques, au coeur de certains contextes difficiles
de leur vie, ne s'adressent plus directement à Dieu. Ils ne se sentent
pas dignes de le faire, mais préfèrent passer par le truchement
des saints comme intermédiaires fort bien efficaces à même
de rallier à leur cause Dieu. Ainsi 30 enquêtés sur 110,
soit 27,27%, pratiquent fréquemment ce culte. Néanmoins
l'Église met en garde ses fidèles contre l'exagération de
telles pratiques en veillant à ce que ne soient pas
vénérées des images indignes, ou qui les inciteraient
à s'adonner à des pratiques superstitieuses : « Nous
imitions leur exemple pour suivre le Seigneur et parvenir à la
plénitude de l'homme parfait, qu'est le Christ »
(Directoire n°244).
Ces deux dévotions et bien d'autres encore prennent
surtout d'ampleur quand les fidèles se rendent à un
pèlerinage ou visitent un sanctuaire.
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