DEUXIEME PARTIE :
LES ENJEUX DES NOUVELLES PRATIQUES RELIGIEUSES DANS L'EGLISE
CATHOLIQUE ROMAINE
CHAPITRE 3 : L'EGLISE
CATHOLIQUE ROMAINE DANS LA DYNAMIQUE DU MARCHE RELIGIEUX
L'effervescence religieuse a été
favorisée au Bénin par des facteurs historiques
indéniables et aussi par un cadre juridique légitime grâce
à la Constitution du 11 décembre 1990. Avec l'émergence
des NMR, les prestations religieuses s'offrent partout d'autant plus que les
demandes se font de plus en plus fortes tant en milieu urbain que rural. Alors,
il s'agira de voir comment l'institution catholique se positionne sur le
marché de la religion, comment elle réagit face au défi
que lui lancent les NMR qui tentent de lui arracher des fidèles.
3.1. Effervescence religieuse au
Bénin et à Cotonou
L'effervescence religieuse au Bénin, voire à
Cotonou, se justifie par des facteurs historiques mais également par le
cadre juridique de la période démocratique.
3.1.1. Les facteurs
historiques
L'émergence en grand nombre des mouvements religieux et
mystiques était une réalité au Dahomey bien avant
l'ère démocratique, comme le souligne Alladaye C. J. (2003). Elle
eut des conditions favorables grâce à la
« révolution marxiste » qui fut proclamée
comme guide philosophique de l'Etat en 1974 et le socialisme scientifique comme
voie de développement du pays. L'année suivante, le Dahomey
était devenu la République Populaire du Bénin et le Parti
de la Révolution Populaire du Bénin (P.R.P.B) a été
créé avec pour statut de parti unique. Le 26 août 1977, par
la « Loi fondamentale », toutes les institutions du pays
furent soumises au P.R.P.B. Dès lors, la répression fut
décrétée et fit des ravages dans le pays, puis les
opposants, réels ou supposés, furent pourchassés,
arrêtés, emprisonnés ou contraints à l'exil.
Le pouvoir révolutionnaire connut un échec sur
le plan économique. La plupart des entreprises créées
firent faillite. La misère alors s'installe à cause des revenus
peu sûrs, du faible pouvoir d'achat, du chômage, de la
précarité des soins sanitaires, etc.
Devant l'angoisse existentielle les citoyens béninois,
surtout d'obédience catholique, se heurtaient, dans leur religion,
à une structure ecclésiale qui manquait de souplesse, de
convivialité et d'initiative à même d'assister les
miséreux. Quand bien même qu'Alladaye (2003) souligne que
« dans ces conditions, la religion devint un refuge », il
était constaté que ce sont les Eglises évangéliques
et pentecôtistes qui étaient prisées à
l'époque, en particulier dans les grandes villes comme Cotonou. A la
solitude qui fait souffrir les citadins, « les sectes opposent la
convivialité fraternelle de leurs groupements, communautaires ou non.
Chacun y est connu et nommé par son nom » (Schlegel, 1995, p.
95). Ces « profonds bouleversements politiques, économiques et
sociaux [vont conduire] à la Conférence Nationale des Forces
Vives de la Nation. Laquelle conférence a inauguré à son
tour une ère nouvelle de démocratie et de libertés. L'une
des caractéristiques majeures de cette période est la forte
demande religieuse et l'expression d'une ferveur populaire... »
(Amouzouvi, 2005, p. 48)
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