Partie I : Le Cap d'antan
Chapitre I
Une approche rétrospective autour de la
ville
Section I : Brève présentation de la
ville du Cap-Haïtien
Situé au nord de la République d'Haïti, la
commune du Cap-Haïtien est enclavée entre l'Océan Atlantique
à l'est et le Morne du Cap qui la domine. Le Cap-Haïtien est la
deuxième ville du pays.
Elle a été fondée en 1670, bien avant
Port-au-Prince, les Cayes, Jérémie ou Jacmel. Elle mesurait alors
près de 600 mètres de long et 300 mètres de large et avait
en tout, 56 rues ou îlots ou carrés. Au temps des flibustiers, la
ville du Cap s'étalait au niveau des marais de la plage de Petite Anse.
Comme les bateaux y accostaient difficilement et que la ville était
toujours sujette aux inondations occasionnées par les marées, la
ville a été transplantée dans les hauteurs des mornes du
Haut-du-Cap. Le commerce maritime a continué à se
développer au Bas du Cap, dans la Baie.
Le Cap-Haïtien était réputé pour la
beauté de ses maisons et la propreté de ses rues. La ville a
été détruite par le tremblement de terre du 7 mai 1842 qui
a occasionné la mort de plus de la moitié de la population
(environ 5 000 morts).
Aujourd'hui le Cap-Haïtien se compose de trois sections
communales qui, sous la pression démographique, se développent
comme des annexes de la ville et tendent à se fusionner :
· Le Haut-du-Cap (au sud) : Le centre de cette
section se trouve au sud de la Ville du Cap, à près de 8 km, et
comprend les grandes habitations suivantes : Breda, Haut-du-Cap, Morne Cabane
et Sainte Philomène. Comme la ville du Cap, une partie de ses
habitations longent l'embouchure de la rivière du Haut-du-Cap et une
autre partie s'élève dans les mornes surplombant la commune.
· La Petite-Anse (au sud-est) : Elle est
localisée entre la rivière du Haut-du-Cap à l'ouest et la
mer au nord-est. Elle comprend les grandes habitations suivantes : Fort St
Michel, Shada, Baudin et Petite-Anse.
· La Bande-du-Nord (à l'ouest) : Elle
comprend de grandes habitations, toutes situées dans les hauteurs des
mornes du Cap : Fort Berly, Labady, D'Espagne, Vigie, Castrel, Martin et
Goderas.
La ville du Cap, elle, a son pied dans la mer où se
déversent les eaux des principaux égouts. La ville grimpe
progressivement dans les mornes qui la bornent à l'Ouest. Le versant Est
du morne du Cap est sillonné de ravines qui déversent leurs eaux
sur la ville : la ravine Belle Hôtesse près de la rue 24, la
ravine « Zetriye » de la rue Bel air à la rue 0 et la ravine
de Sainte Philomène.
La ville du Cap s'est développée sous la
pression de l'exode rural, à des moments qu'il est important d'indiquer
:
· Les années 1930 et 1940 : l'avancement sur la
mer pour construire la rue A et plus tard le boulevard du Bord de Mer ;
· Sous la Présidence d'Estimé,
l'entrée du Cap qui passait par la route du Bel Air a été
redessinée : on a repoussé la mer pour construire la route qui
conduit à la Barrière Bouteille ;
· En 1971, début des travaux du nouveau port ;
· Dans les années 1978-79, les quartiers SHADA,
CONASA ont été colonisés après la construction du
Pont Neuf. A cette même époque, on a retracé la Fossette en
fonction de la nouvelle rue conduisant au pont ;
· Dans les années 82-83, construction de la zone
dénommée « Cité Champin » ;
· Dans les années 86-87, construction de la
« Cité du peuple » ;
· Après 1986, la route qui mène à
l'aéroport (retracée dans les années 70) est
colonisée : surgissent les quartiers de Bas Aviation, Fort St Michel,
Fougerolles et Conasa.
Les grands travaux d'infrastructure réalisés
dans ces différentes zones au cours de l'aménagement des routes
n'avaient pas tenu compte de la colonisation qui suivrait. Il était
prévu, par exemple, que les drains se déverseraient dans des
zones inhabitées. Ces espaces colonisés ne disposaient d'aucune
infrastructure urbaine.
La partie basse de la ville (Petite Anse) se trouve au fond
d'une baie marécageuse. La population implante de nouvelles habitations
dans les marécages repoussant progressivement les limites de la baie.
L'infrastructure urbaine de la ville du Cap-Haïtien
supporte le poids de toutes les populations de ses trois sections communales
dans la mesure où celles-ci ne font plus qu'une avec la ville. La ville
du Cap-Haïtien semble vouloir s'étendre aux limites de la commune,
à l'exception de la Bande-du-Nord. Les statistiques selon lesquelles la
population de la commune du Cap ne serait que de 800 000 habitants
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semblent ne pas tenir compte de l'expansion de la ville : les
Cités sont archicombles et les mornes, déjà rongés
par toutes sortes de constructions, semblent être les derniers espaces
à conquérir. Même les zones d'inondations (Shada, Aviation,
Conasa, Madeline) sont très densément peuplées.
Aujourd'hui, la ville du Cap-Haïtien paraît congestionnée et
surpeuplée.
La ville du Cap porte en elle les germes de sa destruction :
constructions anarchiques qui se multiplient tant dans les mornes que dans les
zones marécageuses du bord de mer et des rives de l'embouchure de la
rivière du Haut-du-Cap (un simple coup d'oeil sur cette photo vous donne
un exemple).
Ces photos que vous allez voir ont été prises
le dimanche 6 Septembre 2015 à 5 heures PM.
Géologie, relief et sols
La ville du Cap-Haïtien est située en
piémont dans une étroite plaine d'alluvion qui s'étend
entre la mer et le Morne du Cap. Ce morne est parcouru de plusieurs failles
visibles et est constitué d'une couche de calcaire karstique et
constituée d'amas de blocs rocheux reposant sur des roches volcaniques.
Le calcaire est très fissuré et absorbe de grandes
quantités d'eau à l'occasion de pluies intenses et facilite, de
ce fait, l'infiltration d'eau qui arrive jusqu'aux couches inférieures
de roches volcaniques imperméables. L'eau s'écoule
latéralement pour former toute une chaîne de sources en amont de
la ville. Cependant, la structure de ce morne est aussi un facteur
d'instabilité. Suivant la topographie, on peut distinguer :
?la partie basse de la ville : Petite Anse et les
plaines du Haut-du-Cap
?la partie haute constituée de l'ancienne
ville et des parties habitées du Morne du Cap, du Haut-du-Cap à
la limite de la Bande du Nord.
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La partie basse de la ville est de construction, plutôt de
reconstruction, récente (3).
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