Conclusion
Les menaces naturelles et anthropiques sont bien
présentes au niveau d'Haïti. Il est regrettable de constater que
leurs conséquences dommageables, tout particulièrement les pertes
en vies humaines et les endommagements de biens enregistrés,
s'amplifient de jour en jour.
Il est évident que la multiplicité des menaces
affectant le pays découle d'une prédisposition naturelle.
Néanmoins, les facteurs aggravant et déclenchant
spécialement d'ordre socio-économique et politique sont à
la base de leur ampleur. En effet, les éléments suivants
paraissent déterminants pour expliquer la situation catastrophique
à laquelle le pays est confronté :
une crise environnementale sans précédent ;
une situation de misère généralisée
;
l'absence d'Aménagement du Territoire et la
surexploitation des ressources naturelles ;
l'absence d'un cadre juridico-politique adéquat ;
l'effritement des structures de l'État.
Les risques anthropiques sont tout aussi importants que les
risques naturels et de ce fait méritent toute l'attention de la
population et des responsables du pays. Les risques anthropiques ne frappent
pas autant la mémoire et la conscience collective et organisée
puisqu'ils sont pernicieux et pas toujours décelables voire
prévisibles. Ils deviennent, de ce fait, très dangereux.
En plus, les risques naturels sont plutôt
périodiques tandis que les risques anthropiques sont permanents et font
partie du quotidien de la plupart des Haïtiens. À la rigueur, la
majorité de la population haïtienne a déjà fait face
et est plus ou moins habituée aux risques naturels. Les mesures
préventives et le comportement adéquat lors d'un désastre
naturel sont relativement connus bien que les contraintes
socio-économiques empêchent leur application.
Par contre, les désastres anthropiques ne sont
perçus qu'après que les dégâts soient
constatés. Ils deviennent par conséquent potentiellement plus
meurtriers, directement et indirectement, que les naturels. De plus, des
risques anthropiques comme la migration (fuite de cerveaux et de capitaux)
menacent l'avenir même du pays.
Les risques anthropiques sont de plus en plus dangereux car il
est difficile de prendre des mesures pour les combattre car il n'existe que peu
de données sur nombre d'entre eux. Ils sont, par ailleurs, aussi
imprévisibles que la nature humaine.
Une planification efficiente de l'utilisation des sols et de
l'Aménagement du Territoire en général constitue la base
de toute politique de prévention des risques et des désastres. Il
s'agit d'un problème très critique dans le pays puisque l'absence
de politiques adéquates amplifie à chaque fois l'occurrence de
désastres successifs.
Les couches les plus pauvres de la population, donc la
majorité de la population haïtienne, sont obligées
d'utiliser des terrains où il existe de très hauts risques. Ce
problème concerne spécifiquement les quartiers populaires
(bidonvilles) des grandes villes du pays où vivent plus de trois
millions de personnes. D'une part, ces bidonvilles, situés sur des
pentes fortes et instables, minés le plus souvent à la base par
des ravines (torrents), subissent assez souvent ou sont extrêmement
sensibles à des glissements de terrain et éboulements
associés aux fortes pluies. La « bétonisation »
croissante des collines avoisinantes et l'accentuation de l'érosion ne
font qu'accentuer ce type de désastre.
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D'autre part, les bidonvilles construits en terrain plat, le
sont sur d'anciennes décharges (Cité Bas-Aviation, cité du
peuple, Nan bannan du Cap-Haïtien) ou d'anciens marais comblés
à partir de matériaux hétéroclites (déchets,
morceaux de planches et de bois, gravois); donc instables et sujets à
l'effondrement, spécialement au cours de tremblements de terre. Dans la
pratique, l'irrationalité dans l'utilisation des sols est si
élevée qu'elle devient le principal facteur de risque pour la
population.
Suite aux arguments développés dans les deux
premières parties de ce mémoire, et au vu des résultats
explicités dans la troisième partie, il ne fait plus de doute que
les conditions de vie de la population Capoise, surtout les habitant les
quartiers périphériques de Haut-du-Cap sont très
précaires et malsaines. Les règles d'hygiènes ne sont pas
respectées, vu que les gens font leurs besoins physiologiques aux
rivages de la Rivière et de la mer. Les déchets sont jetés
dans celles-ci, les constructions sont faites de manière anarchique et
érigées aux rivages de la Rivière voire dans son lit
même à l'heure actuelle.
Néanmoins, nous sommes dans un réel
réveil des consciences en ce qui concerne la protection environnementale
qui est tout à fait affecté et dégradé par les
modes de vie des gens et l'amélioration du cadre vie du genre humain
puisque les personnes interrogées ont répondu positivement
à nos interrogations.
En conclusion de ce mémoire, il est incontestable
à l'État maintenant de jouer sa partition en vue de diminuer et
les niveaux des risques et les niveaux des vulnérabilités de la
population tout en faisant une bonne gestion de la Rivière et les
rivages de la mer pour la protection de l'environnement. Bref, d'appliquer
toutes les importantes recommandations dont nous venons de lui faire au cours
de ce travail de recherche.
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