Des études ont été effectuées sur
la situation alimentaire des pays de l'Afrique subsaharienne. Ainsi, Shapouri
et Rosen (1999) dans une étude intitulée "Evaluation de la
Sécurité Alimentaire : Pourquoi les Pays sont-ils
Vulnérables T" ont montré que l'Afrique subsaharienne fait face
à une situation alimentaire préoccupante. En 1998, l'écart
de consommation (écart entre les disponibilités actuelles et
future et la moyenne des niveaux de consommation) était estimé
à 6, 7 millions de tonnes tandis que l'écart de nutrition
(différence entre les disponibilités actuelles et futures et les
quantités requises pour assurer un état nutritionnel minimum) se
situait à 13, 9 millions. De plus l'écart de distribution
(l'écart intègre ici la répartition des revenus et mesure
la différence entre les disponibilités actuelles et futures et
les quantités requises par groupe de revenus pour assurer un état
nutritionnel normal) a atteint 17, 9 millions de tonnes et implique que
l'Afrique sub-saharienne ne disposait pas des ressources alimentaires
nécessaires en 1998 pour satisfaire ses besoins nutritionnels
normaux.
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Au Mali, l'Observatoire du Développement Humain Durable
(ODHD) a réalisé en 2005 une étude sur l'analyse de la
pauvreté alimentaire pour mieux comprendre la pauvreté sous
toutes ses formes. De cette étude il ressort que 75,2% des populations
concernées n'arrivent pas à couvrir à travers leur propre
production, leurs besoins céréaliers estimés à 214
kg de céréales par personne et par an. Grâce au
mécanisme du marché, on constate une diminution significative des
pauvres céréaliers qui est passé de 75,2% à 42,8%
(pauvres apparents).En intégrant d'autres produits
végétaux en plus des céréales, on note une
légère amélioration de la situation car l'incidence de la
pauvreté vivrière est de 38% contre 42,8% pour
l'incidence de la pauvreté céréalière. Les
pauvres énergétiques représentent 42,5 %.
L'analyse de la situation nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans montre
que les taux de malnutrition sont très élevés au Mali :
10,8% pour la malnutrition aiguë (contre une moyenne recommandée
par l'OMS de 5 à 9%), 36,8% pour la malnutrition chronique (contre une
moyenne recommandée
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
par l'OMS de 20 à 29%) et 33,7% pour l'insuffisance
pondérale (contre une moyenne recommandée par l'OMS de 10
à 15%).
Une étude similaire a été
effectuée au Burkina-Faso en 2005 par Kaboré et al. , pour
analyser la situation alimentaire du Burkina-Faso. Les résultats de
l'étude révèlent qu'au niveau national, 42,36 % de la
population agricole n'arrivent pas à couvrir leurs besoins de
consommation sur la base de leur production céréalière
domestique (populations pauvres céréalières autonomes) ;
32,23 % sont pauvres céréaliers apparents, 44,98 % des
populations agricoles sont pauvres vivriers tandis que 46,61 % sont pauvres
énergétiques.
La même étude a été
effectuée au Bénin en 2010, dans sept, sur les huit communes du
département de Borgou par le PA3D (Projet d'Appui à la
Décentralisation, à la Déconcentration et au
Développement économique local au Bénin). D'après
les résultats de l'étude, 12,3% de la population
étudiée ne couvre pas leurs besoins sur la base de la production
céréalière domestique (populations pauvres
céréalières autonomes) ; 14,6% sont pauvre
céréalier apparent ; 14,3% sont pauvres vivriers et 34,8% sont
extrêmement vulnérables à l'insécurité
alimentaire et nutritionnelle.
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Une autre étude intitulée Analyse Globale de la
Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la
Nutrition (AGVSAN) a été réalisée au Bénin
par le PAM (Programme Mondial d'Alimentation) en 2009. D'après les
résultats de cette analyse, on estime qu'au niveau national, 972
000 personnes sont en insécurité alimentaire,
représentant environ 12% de la population. Par
ailleurs, bien que le reste de la population soit considéré en
sécurité alimentaire, 1 048 000 personnes sont à risque
d'insécurité alimentaire (13,2%). Plus d'un tiers des enfants
béninois de 6 à 59 mois souffrent de malnutrition chronique ce
qui veut dire que 530 000 enfants sont estimés
souffrant de retard de croissance, dont 175 000 souffrant de retard de
croissance sévère. Par ailleurs, plus de 67 000 enfants
de 6 à 59 mois souffrent de malnutrition aiguë dont 10 000
de malnutrition aiguë sévère, ce qui les expose à un
risque accru de mortalité. Les enfants les plus touchés par la
malnutrition sont les plus jeunes. Les départements ayant les plus forts
taux d'insécurité alimentaire (IA) au moment de l'enquête
sont le Mono, l'Atacora, le Couffo
et la Donga. Ces quatre départements
totalisent près de 60% des ménages en insécurité
alimentaire au niveau national. Les 13% de la population à risque
d'insécurité alimentaire, vivent principalement dans le Zou, le
Borgou, l'Atacora, les Collines et dans une moindre mesure dans
l'Ouémé. La proportion de personnes estimées en
insécurité alimentaire en milieu rural représente environ
15,3% de la population (710 000 personnes environ) et celle en milieu urbain
est estimée à 7,9% (262 000 personnes environ).
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Il est important de noter que la malnutrition aiguë
touche autant les enfants vivant en milieu urbain que ceux vivant en milieu
rural. Par contre, le milieu rural est significativement plus touché par
la malnutrition chronique que le milieu urbain. 40,4% des enfants de 6 à
59 mois vivant en milieu rural souffrent de malnutrition chronique.
Le déficit énergétique chronique touche
les femmes vivant en milieu rural, tandis que celles vivant en milieu urbain
sont plus touchées par des problèmes de surpoids ou
d'obésité. Les ménages qui ont une plus grande
probabilité d'être en insécurité alimentaire sont
:
les ménages dirigés par les femmes, les
ménages dont les chefs sont âgés (60 ans et +), les
ménages dont le niveau d'instruction du chef est faible, les
ménages dont la proportion d'aliments consommés issus de leur
propre production ou des aides/dons sont plus importantes.
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Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké