2.2. Cadre théorique
De l'Antiquité à nos jours, avec l'explosion
démographique, les dirigeants politiques dans leur majorité,
qu'ils soient empereurs, rois ou présidents ont senti la priorité
à accorder à une alimentation correcte de leur peuple et ont tous
été confrontés au problème de
l'insécurité alimentaire. Devant le constat d'un
déséquilibre alimentaire, plusieurs interprétations et
solutions ont été avancées, fondées sur :
- la démographie et le peuplement,
- la sous-production et le rôle du progrès
technique, - le libre commerce et les inégalités «
incitatives », - les inégalités et la justice
redistributive.
2.2.1. Démographie et peuplement
En attendant le retournement démographique,
l'écart entre population et ressources alimentaires a inspiré,
dès l'antiquité, des doctrines tendant à limiter la
croissance démographique. La forme la plus aboutie de ces
théories a été élaborée à la fin du
XVIIIème siècle par Thomas Malthus
[économiste (1766-1834)].
Malthus présente le danger
de l'augmentation de la population pour la subsistance du monde. Il
prétend que la misère n'est pas le produit de la
société mais celui de la nature et que l'inégalité
sociale est non seulement inévitable, mais encore nécessaire.
Fasciné par le pouvoir multiplicateur de la reproduction humaine et de
la tendance au doublement de la population en vingt-cinq ans, alors que la
terre ne peut se multiplier aussi aisément, il recommande la restriction
volontaire des naissances par l'abstinence où des pratiques sexuelles
sont frappées d'anathèmes à son époque.
Un autre mouvement de pensée contemporain, le
Néo-malthusianisme contemporain (19751982) analyse les limites
des capacités de charge de la planète en humains et en terres
compte tenu du mode de vie et de production de type occidental. Pour eux ce
mode constitue une menace pour l'environnement et obère l'avenir des
populations. Le déséquilibre alimentaire est issu de contraintes
au niveau de la production, confronté à une population trop
importante.
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Aussi réclament-ils le planning familial, la
conservation des ressources, la réduction de la consommation des pays
industrialisés pour aider les pauvres.
2.2.2. Des ressources agricoles insuffisantes
malgré le progrès technique et la spécialisation des
travailleurs.
L'inquiétude soulevée par une insuffisance des
ressources issues de la terre pour nourrir le monde est très ancienne.
Cette préoccupation a tout naturellement engendré des
propositions techniques sur la meilleure manière de produire des
aliments. Déjà Columelle [agronome (1er
siècle)] et Lucrèce [poète (98-53 av JC)] constataient que
l'intensification épuisait les ressources naturelles de la terre. Pour
Columelle, l'insuffisance de la production vient notamment de la
séparation entre l'agriculture et l'élevage mais aussi d'une
mauvaise gestion de la force de travail : on doit augmenter la
productivité du travail des esclaves par une spécialisation.
Aujourd'hui, Lester Brown [économiste contemporain]
écrie : « Nous nous alimentons aux dépens de nos enfants
». Pour lui, la tendance actuelle des modes de production est en
train de nous mener vers un déclin brusque et incontrôlable de la
production. La baisse des rendements agricoles serait le résultat d'un
gaspillage des terres, de l'eau, une altération des climats et un
réchauffement de la planète. Il pense que "nous serons en
pénurie alimentaire en 2010". Pour lui les projections de la FAO et de
la Banque mondiale sont "complètement irréalistes". Les 90
millions d'hommes que la terre compte en plus chaque année ne peuvent
être nourris qu'en diminuant la ration calorique des autres. Les
progrès techniques ne pourront pas, selon lui, inverser la tendance
actuelle de la production (Brown, 2005).
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