UNIVERSITE DE PARAKOU
*********
FACULTE D'AGRONOMIE
*****************
DEPARTEMENT D'ECONOMIE ET DE SOCIOLOGIE
RURALES
**********
5ème Promotion
*******************************
THEME
SITUATIONALIMENTAIRE ET VULNERABILITE DES MENAGES DE
LA COMMUNE DE OUAKE
THESE
Pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur
Agronome
Option : Economie et Sociologie
Rurales Présentée et soutenue par :
Justin Agossou TOVILODE
Le 13avril2011 Sous la supervision
:
Dr. Ir. Kassimou ISSAKA
Composition du jury
Président : Prof. Charlemagne IGUE
Rapporteur : Dr. Ir. Kassimou ISSAKA
er
1 Examinateur : Dr. Ir. Jacob YABI
ème
2
Examinateur : Dr. Mohamed PARAPE
UNIVERSITY OF PARAKOU
********
FACULTY OF AGRONOMY
**********
DEPARTMENT OF RURAL ECONOMY AND SOCIOLOGY
**************************
Fifth Promotion
*******************************
TOPIC
FOOD SITUATION AND VULNERABILITY OF HOUSEHOLDS IN THE
COMMUNE OF OUAKÉ
THESIS
Submitted to obtain the degree of agricultural
engineer
Section: Rural Economy and Sociology Presented
and sustained by:
,Justin Agossou TOVILODE
th
The 13
April, 2011
Beneath the supervision of:
Dr. Ir. Kassimou ISSAKA
Composition of the jury:
Chairman: Prof. Charlemagne IGUE
Reporter: Dr. Ir. Kassimou ISSAKA 1st
Examiner: Dr. Ir. Jacob YABI
2nd Examiner: Dr Mohamed PARAPE
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
CERTIFICATION
Nous certifions que la présente étude a
été réalisée par Justin Agossou TOVILODE
sous notre supervision à la Faculté d'Agronomie de
l'Université de Parakou, Département d'Economie et Sociologie
Rurales.
Le Superviseur,
Dr. Ir. Kassimou ISSAKA
Expert Filières Agricoles, Sécurité
Alimentaire et Développement Economique Local
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
DEDICACE
La présente oeuvre est dédiée :
ü A ma chère maman AGOSSO'V Marie pour ta
bravoure, ton dévouement, mais surtout l''amour sincère que tu
portes pour tes enfants. Que ce travail comble tes attentes et que l''Eternel
t'accorde la santé de pouvoir jouir pleinement du fruit de tes
efforts.
ü A mon Père TO'ILOIYE Oienvenu, pour ton
soutien indéfectible. Que ce travail comble tes attentes et que
l''Eternel t'accorde la santé de pouvoir jouir pleinement du fruit de
tes efforts.
ü A ma tante ICITIICAVLIV Margueritte pour toutes les
peines et souffrances consenties à mes côtés durant toute
maformation.
ü A ma soeur jumelle TO'ILOIYE Z. Justine qui a
longtemps sous le même toit que moi partagé les souffrances de la
vie.
II
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
REMERCIEMENTS
A toi Seigneur tout honneur et toute grâce pour ton
intervention dans notre vie. Ce modeste travail, tu l'as voulu et nous l'avons
accompli. Que ta volonté soit toujours la nôtre. Toi seul sait
combien elles sont nombreuses les personnes qui, tout au long de notre vie,
nous ont apportée leur aide. C'est ici le lieu de leur témoigner
toute notre reconnaissance et notre profonde gratitude.
Nous voudrions en tout premier lieu de tout coeur remercier
notre directeur de recherche, le Docteur Kassimou ISSAKA qui, malgré ses
nombreuses occupations, a accepté de nous accompagner et de nous
superviser. Ses critiques, ses conseils, ses encouragements, ses orientations
et sa très grande disponibilité nous ont été d'une
grande utilité. C'est un honneur pour nous d'avoir travaillé avec
vous, Docteur !
Nous voudrions aussi bien remercier le ProCGRN (Programme de
Conservation et de Gestion des Ressources Naturelles) qui a accompagné
financement cette recherche.
Notre profonde gratitude va à l'endroit de tous les
enseignants, du primaire à l'Université qui ont contribué
à notre formation. Vous avez tous fait de nous, ce que nous sommes
à présent ; merci à vous !
Nous voudrions témoigner également toute nos
reconnaissances :
- A notre oncle Eugène TOVILODE, pour tout ce que vous
avez pu faire à mon égard. Que Dieu vous accorde longue vie.
- A l'Abbé Pascal KITIKANLIN, pour vos conseils, vos
prières et vos soutiens matériels. Que le Tout Puissant
raffermisse votre foi.
- A Collette KITIKANLIN, pour vos nombreuses souffrances
consenties à notre égard. - A madame Julienne NOUETOWA, pour vos
conseils et votre attention à notre égard. - A nos cousins et
cousines Désiré, Franck, Jocelyne, Félicité, et
Brigitte PADONOU,
pour toute l'attention que vous avez eu à notre
égard.
- A nos oncles maternels AGOSSOU Alphonse et AGOSSOU Michel
pour vos soutiens indéfectibles.
- A tous nos amis d'enfance, du secondaire et du
supérieur en particulier, Jean-Patrick AFFOGNON, Hermann ZINSOU ,
ADJIBADE Jabar-deen, BANKOLE Abdul-Baaki, Djamal PARAÏSO, Taoufic
ALASSANE, Frédy Noma, Affissou GANIOU, Alain
III
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
KPADONOU, Tobias ALABI, Modeste GNONLONFOUN, Raïmi
NACHIROU, Pierre SOTOESSI, Bénédicte et Damienne METODAKOU, AKADI
Bilikissou, DJIVOEDO Maurice, SENOU Loveline, GBAGUIDI Ingrid, et OSSENI
Koubourath.
- Nos sincères remerciements vont également
à l'endroit de tous ceux qui ont accepté apporter leur touche
à ce travail en particulier à Mr Saturnin HOUEHA, à
l'Abbé Pascal KITIKANLIN, aux Ingénieurs Agronomes
Jérémie DEDJAN et Alain KPADONOU.
- Notre cordiale reconnaissance ne manquera pas au personnel
du CeCPA Ouaké en l'occurrence à madame ABATAOU, qui
malgré ses nombreuses occupations n'a ménagé aucun effort
pour nous accepter et faciliter notre intégration dans le milieu.
- Notre reconnaissance ne fera non plus défaut à
tous ceux qui nous ont aidés à collecter les données.
- Enfin, notre gratitude va à l'endroit de tous les
camarades de la cinquième promotion en l'occurrence à Patrick
AFFOGNON, Hermann ZINSOU et Jabar-deen ADJIBADE, qui pendant les cinq
années d'étude, n'ont présenté à notre
égard aucune faille de soutien et d'affection. Merci à vous et
que cette thèse soit pour nous, le chemin du Bonheur.
iv
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
RESUME
Il existe un consensus au sein de la communauté
internationale, depuis la conférence mondiale de l'alimentation
convoquée en 1974 par les Nations Unies suite à la crise
alimentaire de 1973-1975, sur le droit à l'alimentation pour tout
individu. Ce consensus a été réaffirmé en 1996 lors
du Sommet Mondial de l'Alimentation (SMA) et en 2000 par la Déclaration
du Millénaire pour le Développement. A ces deux dernières
occasions, la communauté internationale s'est fixée pour premier
objectif de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de
la faim d'ici à 2015. En dépit de l'acceptation, de la
reconnaissance du droit à se nourrir, de l'engagement pris et la mise en
place des projets ou programmes ayant des volets de lutte contre
l'insécurité alimentaire et nutritionnelle, le nombre de
personnes en situation d'insécurité alimentaire, surtout en
Afrique subsaharienne ne cesse d'accroître. Le Bénin à
l'instar de tous les autres pays de la sous région, est confronté
à cette situation de précarité alimentaire surtout dans le
monde rural. Dans le but de contribuer au ciblage des ménages
vulnérables à l'insécurité alimentaire et
nutritionnelle qui constitue le goulot d'étranglement dans les
interventions de la plupart des projets ou programmes, la présente
étude s'est proposé d'analyser la situation alimentaire et la
vulnérabilité des ménages de la commune de Ouaké.
Une commune située dans le département (Donga) qui fait partir
des départements révélée par des études
comme étant des départements ayant un fort taux de ménages
vulnérables à l'insécurité alimentaire, environ 19%
(AGVSAN, 2009).
L'étude a utilisée les données
quantitatives et qualitatives collectées auprès de 220
ménages. Ces données sont complétées par les
données secondaires issues de diverses sources. L'analyse des
données a permis d'appréhender la situation alimentaire des
ménages enquêtés, de comprendre la cause de
l'incapacité de certaines couches de populations à bien se
prendre en charge du point de vue alimentaire. L'estimation des populations
vulnérables a été possible grâce à la formule
généralisée de l'indice de pauvreté
développé par Foster et al. (1984). Cette formule a permis de
définir de nouveaux concepts de pauvreté alimentaire. Ainsi, sont
déterminés les concepts de pauvreté
céréalière autonome, de pauvreté
céréalière apparente, de pauvreté
céréalière réelle et de pauvreté
vivrière.
Selon les résultats de l'étude, 23,16% des
ménages étudiés sont pauvres autonomes autrement dit,
23,16% des unités enquêtés n'arrivent pas, sur la base de
leur propre production céréalière, à couvrir leur
besoin céréalier estimé au Bénin par la FAO
à 206 kg de
V
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
céréale par personne/an. Selon le même
résultat, 20,95% de la population étudiée sont pauvres
céréaliers apparents, en d'autres termes, 20,95% des
ménages étudiés ne couvrent pas leur besoin
céréalier en dépit de l'utilisation de leur stock et leur
participation au marché (flux achat et vente). Enfin, 18,33% de
l'échantillon, en dépit de leur propre production domestique, de
l'utilisation de leur stock, de leur participation au marché (flux achat
et vente) et du mécanisme de solidarité (solde entre don fait et
reçu), n'arrivent pas à satisfaire leur besoin
céréalier.
L'analyse de la situation vivrière qui intègre
en plus des céréales, des tubercules, des racines et des
légumineuses a révélé que 15,17% des unités
enquêtées ne couvrent pas leur besoin vivrier, donc sont de
pauvres vivriers. Le résultat de l'analyse de pauvreté
énergétique qui intègre en plus des produits vivriers, des
produits et des sous produits animaux (viande, lait, oeuf...) a montré
que 14,53% des ménages enquêtés n'arrivent pas à
satisfaire leur besoin énergétique, donc sont vulnérables
à l'insécurité alimentaire. Suivant la classification de
niveau de vulnérabilité définie par le PAM en fonction des
seuils de vulnérabilité, l'étude à
démontré que 12,3% des 14,53% de ménages
vulnérables sont extrêmement vulnérables.
Lorsqu'on s'intéresse aux caractéristiques
sociodémographiques et économiques des ménages
vulnérables, on remarque qu'ils ont en moyenne une taille relativement
plus grande (16 personnes contre 12 pour les non vulnérables). Par
ailleurs, ils exploitent de petites superficies (3 ha contre environ 4 ha pour
les non vulnérables) et sont en majorité analphabètes.
L'étude s'est également intéressée aux
déterminants de la capacité de couverture
céréalière des ménages et il ressort que les
facteurs comme l'effectif du ménage, la superficie allouée
à chaque culture céréalière sont les
éléments qui impactent la capacité des ménages
à couvrir leur besoin céréalier.
Mots clés : pauvres
céréaliers autonomes ; pauvres céréaliers apparents
; pauvres céréaliers réels ; pauvres vivriers ; pauvres
énergétiques.
vi
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
ABSTRACT
There is a consensus within the international community, since
the World Food Conference convened in 1974 by the United Nations following the
food crisis of 1973-1975, on the right to food for everyone. This consensus
reaffirmed at the 1996 World Food Summit (WFS) in 2000 and the Millennium
Development Goals. In the last two occasions, the international community has
set itself the primary objective of halving the number of people suffering from
hunger by 2015. Despite the acceptance, recognition of the right to food, the
commitment and the implementation of projects or programs with components of
the fight against food insecurity and nutrition, the number of people suffering
food insecurity, especially in sub-Saharan Africa continues to increase. Benin,
like all other countries of the region faced with this situation of food
insecurity, especially in rural areas. In order to contribute to the targeting
of vulnerable households to food and nutrition insecurity, which is the
bottleneck in the response of most projects or programs, this study, is
proposed to analyze the food security situation and vulnerability of households
in the commune of Ouaké. A town situated in the department (Donga) from
which departments revealed by studies departments as having a high rate of
households vulnerable to food insecurity, about 19% (AGVSAN, 2009). The study
used quantitative and qualitative data collected from 220 households. These
data supplemented by secondary data from various sources. The data analysis has
enabled us to grasp the food situation of households surveyed to understand the
cause of the inability of certain segments of the population to take well
charge of the food point of view. The estimation of vulnerable populations has
been possible thanks to the generalized formula of the poverty index developed
by Foster et al. (1984). This formula has helped define new concepts of food
poverty. Thus, the concepts are determined independent of grain poverty,
poverty apparent grain, cereal real poverty and food poverty. According to the
results of the study, 23.16% of the surveyed households are poor self ie 23.16%
of the units surveyed do not, on the basis of their own grain production, grain
need to cover their estimated Benin by FAO to 206 kg of grain per person /
year. According to the same result, 20.95% of the study population are poor
grain apparent, in other words, 20.95% of the surveyed households do not cover
their cereal needs despite the use of their stock and market participation
(flux buying and selling). Finally, 18.33% of the sample, in spite of their own
domestic production, the use of their stock, their participation in the market
(buying and selling flows) and the solidarity mechanism (balance between
donation and received ) fail to
VII
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
satisfy their need grain.
The analysis of the food situation, which includes in addition
to cereals, tubers, roots and legumes, revealed that 15.17% of units surveyed
do not cover their need for food crops, thus are poor food. The result of the
analysis that integrates energy poverty in addition to foodstuffs, products and
by-products (meat, milk, eggs ...) showed that 14.53% of the surveyed
households are unable to meet their energy needs, so they are vulnerable to
food insecurity. According to the classification level of vulnerability defined
by WFP based on thresholds of vulnerability, the study showed that 12.3% of
14.53% of vulnerable households are extremely vulnerable. When considering the
demographic and economic characteristics of vulnerable households, we see that
they are on average relatively larger size (16 against 12 persons for
non-vulnerable). In addition, they operate a small area (3 ha cons about 4 ha
for non-vulnerable) and are mostly illiterate. The study also examined the
determinants of the ability to cover household grain and it appears that
factors such as the size of the household, the amount allocated to each cereal
crop are the elements that affect the ability of households
to cover their need grain.
Keywords: poor grain autonomous, poor grain
apparent, real poor grain, poor food, poor energy.
VIII
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
TABLE DES MATIERES
CERTIFICATION i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
RESUME v
ABSTRACT vii
TABLE DES MATIERES ix
LISTE DES TABLEAUX xii
LISTE DES FIGURES ET DES CARTES xiv
LISTES DES SIGLES ET ABREVIATIONS xv
PREMIERE PARTIE : INTRODUCTION, PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET
HYPOTHESES, REVUE DE LITTERATURE ET METHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE 1
CHAPITRE I : INTRODUCTION, PROBLEMATIQUE OBJECTIFS ET HYPOTHESES
... 2
1. 1.Introduction 2
1. 2.Problématique et justification 3
1. 3.Objectifs de l'étude 5
1.4. Hypothèses 5
CHAPITRE II : CLARIFICATION DES CONCEPTS ET CADRE THEORIQUE 6
2.1. Définition des concepts 6
2.1.1. Ménages/ménages ruraux 6
2.1.2. Vulnérabilité/vulnérabilité
à l'insécurité alimentaire 6
2.1.3. Sécurité alimentaire 7
2.1.4. Malnutrition 10
2.1.4.1. Sous-alimentation 10
2.1.5. Pauvreté alimentaire 11
2.2. Cadre théorique 13
2.2.1. Démographie et peuplement 13
ix
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
2.2.2. Des ressources agricoles insuffisantes malgré le
progrès technique et la
spécialisation des travailleurs. 14
2.2.3. Un monde fondé sur la liberté de commerce et
les inégalités « naturelles » 14
2.2.4. Vaincre des inégalités économiques et
sociales par la redistribution 15
2.3. Bilan des travaux antérieurs 16
3.1. Phases de l'étude 19
3.1.1. Phase préparatoire 19
3.1.2. Phase exploratoire 19
3.2. Présentation et choix de la zone d'étude 20
3.2.1. Présentation de la zone d'étude 20
3.2.2. Choix de la zone d'étude 23
3.3. Méthode d'analyse des données 24
3.3.1. Méthode et outil d'analyse des données 24
3.4. Limites de l'étude 32
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS E DISCUSSIONS, PUIS CONCLUSIONS ET
RECOMMANDATIONS 34
CHAPITRE IV : DESCRIPTION DES UNITES D'ENQUETES 35
4.1. Caractéristiques sociodémographiques 35
4.1.1. Sexes, âges et ethnie du chef ménage 35
4.1.2. Taille et structure des ménages 35
4.1.3. Niveau d'instruction des chefs des ménages 36
4.2. Caractéristiques économiques 37
4.2.1. Activités des ménages 37
4.2.2. Le crédit agricole et l'appartenance à un
groupement 38
4.3. Caractérisation des ménages
étudiés suivant les différents types d'appuis de
PASA-AD
39
CHAPITRE V : SITUATION ALIMENTAIRE DES MENAGES 41
5.1. Détermination des indicateurs de la pauvreté
alimentaire 41
5.1.1. La pauvreté céréalière 41
5.1.1.2. Incidence de la pauvreté
céréalière apparente : effet des stocks de l'année
passée et
de l'accès au marché 42
5.2. Indicateur de la pauvreté énergétique
43
X
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
5.2.1. Incidence de la pauvreté vivrière 43
CHAPITRE VI : VULNERABILITE DES MENAGES A L'INSECURITE
ALIMENTAIRE
ET NUTRITIONNELLE 45
6.1. Population vulnérable à
l'insécurité alimentaire et nutritionnelle 45
6.1.1. Identification des arrondissements vulnérables
46
6.1.2. Estimation des ménages vulnérables par
arrondissement 48
6.2. Caractéristiques sociodémographiques et
économiques des ménages vulnérables 50
6.2.1. Caractéristiques sociodémographiques 50
6.2.2. Caractéristiques économiques 52
6.2.3. Appuis de PASA-AD pour les ménages
vulnérables 55
6.2.4. Classification des ménages vulnérables 56
CHAPITRE VII : DETERMINANTS DE LA CAPACITE DE
COUVERTURE
CEREALIERE DES MENAGES 62
7.1. Présentation et analyse des résultats de la
régression 62
7.1.1. Qualité, pouvoir de prédiction et variables
déterminantes 62
7.1.2 Résultat et analyse des coefficients estimés
63
8. Conclusion et Suggestions 66
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 69
ANNEXE 73
xi
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 3.1: Présentation de l'échantillon
d'enquête 23
Tableau 3.2 : Indicateurs d'estimation des populations
à risque 28
Tableau 3.3 : Codes, modalités et signes des variables
de la régression 31
Tableau 4.1a : Répartition des ménages suivant
le sexe, l'ethnie et l'âge 39
Tableau 4.1b : Niveau d'instruction des ménages 36
Tableau 4.2a : Répartition des cultures en fonction de
leur superficie 37
Tableau 4.2b : Catégorisation des ménages en
fonction des activités secondaires 38
Tableau 4.2c : Caractérisation des ménages
suivant l'accès aux crédits et l'appartenance à un
groupement 39
Tableau 4.2.d : Proportion des ménages
bénéficiaires des différents appuis 39
Tableau 6.1a : Répartition de la population
échantillonnée selon la vulnérabilité 50
Tableau 6.1b : Proportion de villages vulnérables par
arrondissement 52
Tableau 6.1c : Proportion des ménages
vulnérables par village et par arrondissement 54
Tableau 6.2.1a : Taille et structure des ménages
vulnérables 56
Tableau 6.2.1b : Niveau d'instruction des ménages
vulnérables 57
Tableau 6.2.1c : Répartition des cultures par
superficies 58
Tableau 6.2.1d : Répartition des ménages
vulnérables selon les activités secondaires menées
59
Tableau 6.2.1e : Caractérisation des ménages
vulnérables suivant l'accès aux crédits et
l'appartenance à un groupement 54
Tableau 6.2.1f : Proportion des ménages
vulnérables suivant les types de formations 61
Tableau 6.2.4a : Classification des ménages
vulnérables 62
Tableau 6.2.4b : Proportion de villages extrêmement
vulnérables par arrondissement 63
Tableau 6.2.4c : Proportion des ménages
vulnérables par village et par arrondissement 65
Tableau 6.2.5a : Groupes d'aliments 67
Tableau 6.2.5b : Répartition des populations
enquêtées par classes de Scores de
XII
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Consommations Alimentaires (SCA) 68
Tableau 7.1a : Qualité du modèle 62
Tableau 7.1b : Pouvoir de prédiction 62
Tableau 7.1c : Estimation des coefficients 63
XIII
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
LISTE DES FIGURES ET DES CARTES
Figure n° 1 : Carte géographique de Ouaké
22
Figure n° 2 : Répartition des ménages
pauvres suivant les différents indices de la pauvreté 44
Figure n° 3 : Répartition des ménages
suivant la vulnérabilité 46
Figure n°4 : Proportion des villages vulnérables
par arrondissement 47
Figure n°5 : Proportion de ménages
vulnérables à l'insécurité alimentaire par
arrondissement 48
Figure n° 6 : Répartition des ménages
vulnérables en fonction des activités secondaires 54
xiv
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
LISTES DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AGVSAN : Analyse Globale de la Vulnérabilité, de
la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition
DGPSA : Direction Générale des Prévisions
et des Statistiques Agricoles
FA : Faculté Agronomie
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
LARES : Laboratoire d'Analyse Régionale et d'Expertise
Sociale
MAEP : Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de
la Pêche
MISD : Ministère de l'Intérieur, de la
Sécurité et de la Décentralisation
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONASA : Office National d'Appui à la
Sécurité Alimentaire
OSD : Orientations Stratégiques de
Développement
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PNSA : Programme National pour la Sécurité
Alimentaire
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
ProCGRN : Programme de Conservation et de Gestion des
Ressources Naturelles
PSRSA : Plan Stratégique de Relance du Secteur
Agricole
PUASA : Programme d'Urgence d'Appui à la
Sécurité Alimentaire
RGPH : Recensement Général de la population et
l'habitat
SCRP : Stratégies de Croissance pour la
Réduction de la Pauvreté
SMA : Sommet Mondial de l'Alimentation
UP : Université de Parakou
xv
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
INTRODUCTION, PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHESES, REVUE
DE LITTERATURE ET METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
PREMIERE PARTIE :
1
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
CHAPITRE I : INTRODUCTION, PROBLEMATIQUE OBJECTIFS
ET
HYPOTHESES
1. 1.Introduction
Situé en Afrique de l'Ouest, le Bénin est un
pays dont l'économie repose essentiellement sur l'agriculture. Tout en
étant le premier réservoir d'emplois avec environ 70% de la
population active (PAM, 2008), le secteur agricole constitue la principale
source de création des richesses économiques nationales. Il
participe à l'économie en fournissant plus de 80% des recettes
officielles d'exportation avec une contribution de 32,6% au PIB (MAEP, 2006).
Ainsi, les conditions de vie de la majorité de la population et la
performance économique du pays restent tributaires du secteur agricole.
De plus, la disponibilité et l'accès aux denrées
alimentaires dépendent également de ce secteur. Malheureusement,
l'agriculture béninoise demeure une agriculture familiale fortement
tributaire des aléas climatiques. Ces derniers
caractérisés par la rareté, la précocité et
les mauvaises répartitions des pluies dans l'espace et dans le temps
constituent une contrainte majeure pour le développement du secteur
agricole. Par ailleurs, d'énormes pertes dues aux attaques parasitaires
et au manque d'infrastructures de gestion post récolte sont
enregistrées, affectant ainsi les rendements, les revenus agricoles puis
rendant difficile la situation alimentaire du monde rural. Les taux de
sous-alimentation les plus élevés s'enregistrent dans ce monde,
le monde où la population vit surtout de l'agriculture,
c'est-à-dire le milieu où vivent les premiers acteurs de la
chaine de production agricole. En effet, environ 710. 000 personnes au
Bénin sont estimées en insécurité alimentaire en
milieu rural contre 262.000 personnes en milieu urbain (AGVSAN, 2009). Cette
situation alimentaire est non seulement due aux contraintes liées
à l'agriculture béninoise mais aussi à la politique
agricole adoptée. Une politique agricole qui a pendant longtemps
privilégié les monocultures exportatrices, en réduisant
l'agriculture destinée à l'alimentation locale avec l'impact
consécutif sur la sécurité alimentaire et la
dépendance envers les marchés internationaux. Les maigres mesures
accordées (crédits, fonds pour la recherche, subventions, etc.)
ont été adressées presque exclusivement aux cultures de
rente. Tout cela se traduit par une perte d'intérêt pour les
produits vivriers, gage de la sécurité alimentaire.
2
Si la lutte contre la pauvreté et
l`insécurité alimentaire et nutritionnelle sont des thèmes
de plus en plus présents dans les plans ou programmes d'actions, la
situation, surtout en milieu rural, reste toujours préoccupante. Dans ce
contexte, une étude de la situation alimentaire des zones rurales
à l'échelle villageoise, d'arrondissement ou communale,
aujourd'hui rare, sera nécessaire dans la lutte contre la
pauvreté et la faim. Elle permettra non seulement d'identifier les
ménages, les villages, les arrondissements ou les communes
vulnérables à l'insécurité alimentaire et
nutritionnelle mais aussi de caractériser ces ménages et leur
milieu.
3
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
La présente étude s'articule autour de huit (08)
chapitres divisés en deux (02) parties. La première comporte le
chapitre 1 dans lequel sont développées l'introduction
générale, la problématique, les objectifs et les
hypothèses ; le chapitre 2 aborde la revue théorique et
conceptuelle de l'étude, et le chapitre 3 qui présente le cadre
méthodologique. La deuxième partie est constituée des
chapitres 4 jusqu'à 7. Les chapitres 4 à 7, présentent les
résultats et discussions de la recherche, puis la conclusion et les
suggestions quelques recommandations pouvant servir à
l'amélioration de la situation alimentaire des ménages de la
commune de Ouaké.
1. 2.Problématique et justification
La question alimentaire a été depuis les
années 60 et continue d'être un révélateur
privilégié, particulièrement sensible, des enjeux
politiques, économiques et sociétaux pour les pays en voie de
développement, en particulier ceux de l'Afrique subsaharienne. En effet,
pendant les premières années qui ont suivi leur accession
à l'indépendance politique, la plupart de ces pays avaient
axé leur politique sur la production agricole. Ils avaient presque
atteint l'autosuffisance et même exportaient à
l'équivalence de 1,3 milliard de dollars de produits vivriers
(Holt-Giménez, 2008). Mais depuis les années 80, cette situation
a changé malgré le rôle important que l'agriculture
continue de jouer dans la vie économique et sociale de la plupart de ces
pays en occupant environ 60% de la population active (Guèye, 2006
cité par Midingoyi, 2008). L'aide alimentaire et l'importation des
produits vivriers sont devenus des stratégies pour combler le
déficit alimentaire. Les pays africains au sud du Sahara sont pour la
plupart en situation d'insécurité alimentaire et nutritionnelle.
En effet, selon la FAO en 2004, le nombre de personnes sous-alimentées
en Afrique subsaharienne a augmenté de 169 millions sur la
période de 1990 à 1992 à 206 millions sur la
période de 2001 à 2003. Sur les 35 pays du monde
confrontés à une crise alimentaire grave ayant
nécessité une assistance internationale pendant les années
2003-2004, 24 se trouvaient en Afrique subsaharienne (FAO, 2004). De plus, la
récente crise alimentaire de 2007 engendrée par l'inondation et
la hausse généralisée des prix des produits de
première nécessité a accru le nombre de personnes victimes
de faim en le portant en Afrique subsaharienne, de 212 millions en 2005
à 265 millions en 2009 (FAO, 2009).
Au Bénin, 972.000 personnes sont en situation
d'insécurité alimentaire, soit 12% environ de la population
béninoise et 1.048.000 personnes sont à risque
d'insécurité alimentaire, soit environ 13,2% de la population
nationale. Par ailleurs, plus d'un tiers des enfants béninois de 6
à 59 mois souffrent de malnutrition chronique (AGVSAN, 2009).
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Au vu de ces réalités, le premier objectif du
Sommet Mondial de l'Alimentation (SMA) et celui de la Déclaration du
Millénaire qui est de réduire de moitié la proportion des
personnes souffrant de la faim et vivant dans l'extrême pauvreté
d'ici 2015 semble être irréalisable dans la majorité des
pays africains. Pourtant, pour réponde à cet objectif, la plupart
de ces pays avaient élaboré et commencé par mettre en
oeuvre différentes stratégies au nombre desquelles des projets ou
des programmes de développement ayant un volet sécurité
alimentaire. Parmi les stratégies élaborées au
Bénin, nous pouvons citer, entres autres, les Orientations
Stratégiques de Développement (OSD, 2006-2011), les
Stratégies de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté
(SCRP, 2007-2009), l'adoption des OMD, le Plan Stratégique de la Relance
du Secteur Agricole (PSRSA, 2008), le Programme National pour la
Sécurité Alimentaire (PNSA), le Programme d'Urgence d'Appui
à la Sécurité Alimentaire (PUASA), le Programme
Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA), le Programme
d'Appui à la Sécurité Alimentaire (PASA), etc. Cependant,
la situation alimentaire n'a pas changé de manière significative
lorsqu'on se réfère aux constats faits par les différentes
évaluations (évaluation du DSRP, 2003-2005 ; évaluation
à mi-parcours du SCRP, 2007-2009, etc.) et à l'étude de
l'Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la
Sécurité Alimentaire et de la Nutrition (AGVSAN, 2009).
La plus grande difficulté à laquelle font face
ces programmes d'appui à la sécurité alimentaire et
nutritionnelle ou ceux ayant un volet sécurité alimentaire est le
ciblage des personnes ou catégories de personnes en situation
d'insécurité alimentaire ou celles qui sont vulnérables
à ce fléau. Les différentes études
effectuées au Bénin dans le domaine de l'analyse de la situation
alimentaire des ménages sont restées au niveau macro. Les
données disponibles pour l'étude de la situation alimentaire et
de la vulnérabilité des ménages à l'échelle
micro, restent encore rares, tout particulièrement en milieu rural.
Cependant, pour lutter efficacement contre la faim, il faut
savoir non seulement combien de personnes en souffrent dans les villages, les
arrondissements ou les communes, mais aussi leurs besoins et leurs
localisations.
Qui sont ces personnes ou catégories de personnes en
situation d'insécurité alimentaire ou qui sont celles qui sont
vulnérables ? Où vivent-elles ? Combien sont-elles ?
Une étude de l'analyse de la situation alimentaire des
ménages au niveau micro (village /ménage) contribuera au ciblage
de ces personnes ou groupes de personnes afin de mieux cibler les interventions
du gouvernement, des partenaires techniques et financiers, en l'occurrence le
ProCGN dans les départements de l'Atacora et de la Donga.
4
La présente étude intitulée «
situation alimentaire et vulnérabilité des ménages
de la commune de Ouaké » sera donc une contribution pour
une meilleure connaissance de la situation alimentaire des ménages de la
commune de Ouaké qui est une zone d'intervention du ProCGRN et est
située dans la
5
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
zone révélée par les études
(AGVSAN, 2009, etc.) comme l'une des plus vulnérables à
l'insécurité alimentaire.
1. 3.Objectifs de l'étude
L'objectif global de l'étude est d'analyser la
situation alimentaire et la vulnérabilité des ménages de
la commune de Ouaké à l'insécurité alimentaire.
De façon spécifique, il s'est agit de :
O1 : Analyser la capacité des
ménages à couvrir leurs besoins alimentaires.
O2 : Déterminer la proportion des
ménages vulnérables à l'insécurité
alimentaire.
O3 : Analyser les caractéristiques
socioéconomiques des ménages vulnérables à
l'insécurité alimentaire.
1.4. Hypothèses
H1 : La proportion des ménages qui
n'arrivent pas à couvrir leurs besoins vivriers sur la base de la
production vivrière domestique est élevée (plus de 25% des
ménages de la commune) ;
H2 : la plupart des ménages
enquêtés sont vulnérables à
l'insécurité alimentaire. Leur nombre est largement
supérieur au 19%, taux des ménages vulnérables à
l'insécurité alimentaire dans la Donga (AGVSAN, 2009) ;
H3 : L'ethnie, la taille du ménage, la
superficie exploitée pour chaque catégorie de
céréales, l'accès au crédit, l'appartenance
à un groupe organisé bénéficiant d'un encadrement,
l'âge du chef de ménage,... sont des facteurs qui affectent la
capacité des ménages à couvrir leurs besoins
céréaliers.
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
CHAPITRE II : CLARIFICATION DES CONCEPTS ET CADRE
THEORIQUE
2.1. Définition des concepts
2.1.1. Ménages/ménages ruraux
Un ménage est un ensemble de personnes
apparentées ou non, dont les ressources et les dépenses sont
communes et reconnaissant l'autorité d'un individu appelé
«chef de ménage». Ces personnes partagent un logement ou un
ensemble de logements et organisent leur vie ensemble au travers de leurs
activités quotidiennes. Le ménage rural est un agent
économique dont les activités de production et de consommation
sont indissociables, il est à la fois producteur et consommateur. Il
emploie essentiellement la main d'oeuvre familiale. Son objectif principal est
d'obtenir une production qui couvre ses besoins essentiels. Dans les
régions comme celles de l'Afrique subsaharienne, les ménages
ruraux assurent plusieurs fonctions essentielles. Ils sont en même temps
l'unité de base pour la production et pour la consommation et sont
même engagés dans les circuits marchands.
2.1.2.
Vulnérabilité/vulnérabilité à
l'insécurité alimentaire
La vulnérabilité est une situation d'exposition
à des facteurs de risque mais aussi la difficulté de faire face
à une situation, l'incapacité de se défendre. Un groupe
est dit vulnérable s'il n'est pas capable de mobiliser des ressources
(économiques, capital humain ou social) pour faire face à des
événements externes défavorables. La
vulnérabilité traduit également le caractère
fragilisé d'une personne ou d'un groupe social du fait d'une atteinte
physique, sociale ou morale et se trouvant dans une insécurité
permanente du fait de cette situation et nécessitant de ce fait une
action spécifique de protection. La vulnérabilité à
l'insécurité alimentaire est la combinaison entre l'exposition
aux risques et chocs (vulnérabilité externe) et la
capacité des ménages à minimiser les effets de ces chocs
sur leurs systèmes de vie c'est à dire leurs moyens de
subsistance (vulnérabilité interne).
6
Selon Jenny et Egal (2002), la vulnérabilité
à l'insécurité alimentaire est la présence de
facteurs qui exposent les personnes à celle-ci. Elle comprend donc
plusieurs aspects. Il peut s'agir de l'incapacité des ménages
à satisfaire leurs besoins énergétiques. On parle alors de
la pauvreté énergétique qui permet d'expliquer la notion
de zones à risque. Les populations
7
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
vulnérables sont celles qui sont les plus
exposées aux risques de crises alimentaires. Leur
vulnérabilité peut être légère lorsqu'elles
sont affectées mais arrivent à maintenir leurs stratégies
préférées de production. Elle peut être aussi
extrême lorsqu'elles sont amenées à vendre leurs moyens de
production, ou obligées de quitter leur zone d'habitation pour survivre.
La vulnérabilité peut être également transitoire ou
structurelle.
2.1.3. Sécurité alimentaire
Le concept de sécurité alimentaire est apparu
vers le milieu des années 70 et a eu une avancée théorique
et empirique significative par rapport au concept répandu à
l'époque d'autosuffisance alimentaire (Reutlinger, 1977, Couty et
Franqueville, 1986, Sarris, 1992). L'autosuffisance se définit
habituellement comme la capacité d'un pays ou d'une région
à satisfaire ses besoins alimentaires à partir de sa propre
production, alors que la sécurité alimentaire a été
définie par Valdés et Siamwalla (1981) comme «la
capacité des pays déficitaires au niveau national, ou de
régions dans ces pays, à satisfaire des niveaux de
consommation-cible année après année».
De ces définitions, il ressort que le concept de
sécurité alimentaire est plus large que celui d'autosuffisance
alimentaire puisque les besoins alimentaires peuvent être satisfaits
à partir de différentes combinaisons de production nationale et
d'importations. La sécurité alimentaire reconnaît ainsi le
rôle que peut jouer le commerce comme mécanisme compensateur des
variations dans la production nationale au sein de l'approvisionnement
alimentaire. Elle permet aussi de considérer les avantages
comparés dans les arbitrages entre production nationale ou commerce,
dans le sens où elle privilégie la satisfaction des besoins
alimentaires des consommateurs à moindre coût. Enfin, elle permet
de dépasser l'opposition simpliste entre cultures de rente et cultures
vivrières dans la mesure où les deux types de cultures peuvent
contribuer à la sécurité alimentaire (Raymond, 1989,
Raymond et Fok, 1995).
Cependant, la préférence pour le concept de
sécurité alimentaire ne signifie pas que la notion
d'autosuffisance alimentaire soit à écarter totalement. Au niveau
national, la sécurité alimentaire suppose en
général un taux élevé d'autosuffisance alimentaire
global. Au niveau des ménages ruraux, qui représentent encore une
part importante de la population dans de nombreux pays en développement,
la plupart sont à la fois producteurs et consommateurs, et leur
sécurité alimentaire passe par une augmentation de leur
production, soit pour leur autoconsommation, soit pour la vente sur le
marché.
8
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
La sécurité alimentaire introduit explicitement
la dimension temporelle dans le choix d'une stratégie alimentaire. Un
pays peut faire face à une insécurité alimentaire
transitoire, problème de court terme, comme par exemple pendant la
période de soudure ou encore suite à une récolte
particulièrement mauvaise. Il peut aussi faire face à une
insécurité alimentaire chronique, problème de long terme,
tel qu'une situation de sécheresse récurrente ou encore
lorsqu'une grande partie de la population est pauvre. De plus, la notion de
sécurité alimentaire peut différer d'une région
à l'autre. Dans les pays en développement, elle est synonyme de
la recherche de la couverture quantitative et qualitative des besoins en
aliments et en eau. En revanche, dans les pays développés qui
sont pour la plupart à l'abri de la pénurie et de la
malnutrition, la notion de sécurité alimentaire désigne
aussi la sécurité sanitaire des produits destinés à
l'alimentation humaine. Par ailleurs, diverses définitions sont
utilisées pour le concept de la sécurité alimentaire mais
reposant sur quatre dimensions (disponibilité, l'accessibilité,
la stabilité et la qualité des approvisionnements). Ainsi, selon
la FAO, on parle de sécurité alimentaire « quand, tous
les êtres humains, à tout moment, bénéficient d'un
accès physique, social et économique à la nourriture en
quantité suffisante, de façon à satisfaire leurs besoins
diététiques ainsi que leurs préférences culturelles
et qui leur permet de mener une vie active et saine ». Ce qui suppose
que pour qu'il y ait sécurité alimentaire, les quatre dimensions
(disponibilité, l'accessibilité, la stabilité et la
qualité des approvisionnements) doivent être présentes.
+ Disponibilités des
approvisionnements.
Les travaux de Sen (1981) ont permis d'établir une
distinction fondamentale, aujourd'hui largement reconnue, entre
disponibilité de la nourriture et accès à la nourriture.
Sen a montré que les droits des individus à l'alimentation
proviennent de leur patrimoine, de leurs stocks, réseaux et
compétences, de leur propre production, de la vente de leurs produits et
de leur travail ainsi que de fonds transférés par les
travailleurs émigrés.
Selon la FAO, les disponibilités alimentaires
désignent l'ensemble des quantités domestiques de denrées
alimentaires produites au cours de la période de
référence, plus le volume des stocks en début de cette
période et les quantités de denrées alimentaires qui
peuvent être acquises par les importations ou avec les revenus
disponibles.
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
+ Accessibilité
Les ménages se procurent les aliments dont ils ont
besoin à travers plusieurs voies : en produisant eux-mêmes les
vivres consommés, en les achetant sur le marché, en les
collectant dans la nature ou en les recevant en aides ou dons. L'accès
à la nourriture pour un ménage se mesure par ses capacités
en termes de production, d'échanges et de transferts. On distingue ainsi
:
· L'accès économique aux
denrées disponibles
L'accès économique des ménages à
la nourriture signifie que les individus ou les familles disposent de revenus
suffisants et d'autres moyens pour s'assurer une alimentation adéquate.
L'incidence de la pauvreté, le PIB ou les dépenses privées
par habitant, la distribution des revenus et l'emploi rural sont quelques-uns
des indicateurs utilisés comme informations indirectes pour
l'évaluation de l'accès économique au niveau des
ménages. Il est déficient pour les ménages pauvres qui
manquent d'excédents agricoles à vendre ou qui ont des revenus
globaux faibles issus de l'activité agricole comme non agricoles.
· L'accès physique aux denrées
disponibles
Au niveau des ménages, l'accès physique
signifie que des individus disposant d'un pouvoir d'achat suffisant peuvent
avoir facilement et physiquement accès en temps voulu, à une
nourriture adéquate à un endroit relativement proche. A ce
niveau, l'accès physique est déterminé par des facteurs
tels que les infrastructures commerciales locales, l'état des routes,
les installations de manutention et de stockage et les coûts du transport
local. Il est important que les individus puissent se rendre facilement et sans
perte de temps, à moindre coût sur les marchés pour vendre
et acheter les denrées disponibles. Il ne suffit donc pas qu'une
économie nationale dispose de quantités suffisantes de
denrées alimentaires pour que la sécurité alimentaire soit
atteinte. Il faut aussi que les individus puissent en disposer à
profusion. A ce propos, Sen affirmait que «même avec des
greniers pleins, il peut y avoir famine dans un pays » Selon lui, le
vrai problème n'est pas la disponibilité totale de nourriture
mais, il faut que les individus aient accès en temps et en lieu
voulus.
+ Stabilité des approvisionnements
9
Elle implique la régularité spatio-temporelle de
la disponibilité alimentaire. C'est-à-dire que dans un pays,
même si, la disponibilité ou l'accessibilité venait
à être rompue pour quelque raison que ce soit, il doit exister un
mécanisme automatique d'ajustement pour assurer
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
l'approvisionnement des individus en aliments. La
stabilité des approvisionnements dépend d'un certain nombre de
facteurs endogènes et exogènes. Ce sont par exemple,
l'instabilité de la production domestique, la déficience des
infrastructures de stockage et des systèmes domestiques et
internationaux de commercialisation, la fluctuation inter annuelle et
interrégionale des prix, la fluctuation cyclique de l'offre et de la
demande sur les marchés internationaux et la faiblesse des canaux de
solidarité.
+ Qualités des approvisionnements
L'aspect nutritif des aliments est important dans le concept
de sécurité alimentaire. En effet, la demande des produits
alimentaires dépend en partie de ce que le consommateur perçoit
comme élément nutritif en ce produit pour lui permettre de mener
une vie saine et active. La disponibilité et l'accessibilité des
aliments même stables, ne suffisent pas à elles seules pour
assurer la sécurité alimentaire, mais il faut prendre en compte
des éléments comme la préférence des individus pour
ces aliments et leur valeur nutritionnelle. Les besoins nutritionnels
désignent la quantité d'énergie et de nutriments
(protéines, glucides, lipides, vitamines, minéraux,
oligo-éléments et eau) exprimée sur une base
journalière, nécessaire à une catégorie d'individus
donnée pour permettre à ces individus en bonne santé de se
développer et de mener une vie normale. La demande des produits
alimentaires dépend de ce que le consommateur perçoit comme
élément nutritif en ce produit pour lui permettre de mener une
vie saine et active.
2.1.4. Malnutrition
La malnutrition est un mauvais état physiologique, qui
résulte soit d'une alimentation inadéquate, soit de mauvaises
conditions de santé ou d'hygiène. On distingue plusieurs formes
de malnutrition : la sous-nutrition, qui résulte d'une sous-alimentation
prolongée ou d'une insuffisante assimilation de la nourriture
ingérée pour cause de maladie ou de manque d'hygiène ou de
carences en certains micronutriments (vitamines et minéraux en
particulier) et la surnutrition, qui résulte d'une suralimentation
pouvant être liée à une maladie.
2.1.4.1. Sous-alimentation
10
La sous-alimentation est une situation dans laquelle la ration
alimentaire, mesurée en kilocalorie (kcal), ne suffit pas, de
manière continue, pour couvrir les besoins énergétiques
alimentaires minimaux (BEAM). Dès lors, elle ne suffit pas, en
général, pour couvrir les besoins protéiques. Les BEAM
correspondent à la quantité d'énergie nécessaire
à la pratique
11
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
d'une activité légère et au poids
minimum acceptable pour une taille donnée. Ils diffèrent selon
les pays et varient tous les ans en fonction du sexe et de la pyramide des
âges.
2.1.5. Pauvreté alimentaire
La pauvreté est l'état d'une personne qui
manque d'argent ou de moyens matériels ou l'état d'une personne
qui a une insuffisance de ressources. Lorsque ce manque de ressources ne permet
pas à l'individu de se procurer ou de produire de la nourriture pour
manger à sa faim, il est un pauvre alimentaire (Mikodé, 2010).
Selon cet auteur, il existe différents types de
pauvreté alimentaire : > Pauvreté alimentaire par
manque de nourriture
C'est la forme de pauvreté alimentaire la plus
directe. Elle est la plus préoccupante, et est due à
l'incapacité partielle ou totale de produire sa nourriture, ou d'avoir
des moyens matériels pour se la procurer. Elle conduit à un
déficit de nutriments ou d'éléments nutritifs
indispensables pour assurer l'énergie et les substances
nécessaires pour la vie et pour le travail d'un individu.
> Pauvreté alimentaire par
sous-information
Elle est due à un manque d'information sur le rôle
et les valeurs nutritives des aliments.
> Pauvreté alimentaire par tabous et
interdits
L'appartenance à un clan ou religion donnée,
à une famille donnée la justifie. Toutefois, il faut distinguer
ces interdits et tabous de l'allergie alimentaire, basée sur le
même principe que l'allergie médicamenteuse. Dans ce cas, on ne
peut que se retenir de consommer l'aliment allergène en cause.
> Pauvreté alimentaire par
snobisme
Le snobisme alimentaire est l'admiration et l'imitation sans
discernement, des modes alimentaires des gens socialement plus
élevés que soi, bien que les aliments concernés soient
moins nutritifs que ceux qui sont à sa portée. C'est ainsi qu'il
n'est pas rare d'observer que des plats de pâte, de sorgho ou de
maïs, des plats de couscous traditionnel de mil, ou d'huile de palme
brute, sont détestés au profit des plats de macaroni ou de
nouilles, de couscous de blé, de riz, d'huile rouge transformée.
Ces derniers sont pourtant moins nutritifs que les premiers.
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
2.1.5.1. Pauvreté
céréalière
Un ménage est dit pauvre céréalier,
lorsque ce dernier n'arrive pas à couvrir les besoins
céréaliers de ses membres, estimés au Bénin
à 206 Kg/personne/an (estimé par la FAO et utilisé par
Issaka, 2010). Plusieurs indicateurs sont distingués à ce niveau
:
+ Pauvreté céréalière
autonome
On parle de pauvreté céréalière
autonome pour caractériser les ménages qui à base de leur
propre production céréalière n'arrive pas à couvrir
les besoins céréaliers (206 Kg/personne/an par la FAO pour le
Bénin) des membres de son unité de consommation (Issaka, 2010,
Kaboré et al., 2005).
+ Pauvreté céréalière
apparente
Les ménages qui n'arrivent pas à satisfaire
leurs besoins céréaliers à partir de leur production
céréalière de la campagne, de leurs stocks
céréaliers de la campagne précédente et par leur
participation au marché sont victimes de pauvreté
céréalière apparente. Cette situation
peut résulter de deux faits. Un ménage peut être pauvre
apparent du fait de la faiblesse de son pouvoir d'achat. La mauvaise gestion de
ses disponibles (vente excessive de céréales) peut
également conduire un ménage dans la pauvreté
céréalière apparente (Issaka, 2010, Kaboré et al.,
2005).
+ Pauvreté céréalière
réelle
On parle de pauvreté céréalière
réelle pour caractériser les ménages qui en plus de leur
production de la campagne, du stock céréalier de la campagne
précédente, de leur participation au marché (achat et
vente) et des mécanismes de solidarité entre les ménages
(dons,...) n'arrivent pas à couvrir les besoins céréaliers
de leurs membres (Issaka, 2010, Kaboré et al., 2005).
2.1.5.2. Pauvreté vivrière
Elle désigne les ménages qui à partir de
leur production vivrière (céréales, tubercules,
légumineuses), des stocks, des réseaux de solidarité et de
leur capacité d'achat n'arrivent pas à satisfaire leurs besoins
énergétiques minimums (Issaka, 2010, Kaboré et al.,
2005).
2.1.5.3. Pauvreté énergétique
12
Sont appelés pauvres énergétiques, les
ménages qui à partir des produits vivriers plus
l'autoconsommation ou la consommation d'autres produits (viandes, poissons,
lait, oeufs, thé,
13
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
sucre, huile...) n'arrivent pas à couvrir leurs
besoins énergétiques. Ce besoin défini par la FAO varie
d'un continent à l'autre et d'un pays à un autre. Au Bénin
il est estimé à 839500 kcal /pers/an (utilisé par Issaka,
2010).
2.2. Cadre théorique
De l'Antiquité à nos jours, avec l'explosion
démographique, les dirigeants politiques dans leur majorité,
qu'ils soient empereurs, rois ou présidents ont senti la priorité
à accorder à une alimentation correcte de leur peuple et ont tous
été confrontés au problème de
l'insécurité alimentaire. Devant le constat d'un
déséquilibre alimentaire, plusieurs interprétations et
solutions ont été avancées, fondées sur :
- la démographie et le peuplement,
- la sous-production et le rôle du progrès
technique, - le libre commerce et les inégalités «
incitatives », - les inégalités et la justice
redistributive.
2.2.1. Démographie et peuplement
En attendant le retournement démographique,
l'écart entre population et ressources alimentaires a inspiré,
dès l'antiquité, des doctrines tendant à limiter la
croissance démographique. La forme la plus aboutie de ces
théories a été élaborée à la fin du
XVIIIème siècle par Thomas Malthus
[économiste (1766-1834)].
Malthus présente le danger
de l'augmentation de la population pour la subsistance du monde. Il
prétend que la misère n'est pas le produit de la
société mais celui de la nature et que l'inégalité
sociale est non seulement inévitable, mais encore nécessaire.
Fasciné par le pouvoir multiplicateur de la reproduction humaine et de
la tendance au doublement de la population en vingt-cinq ans, alors que la
terre ne peut se multiplier aussi aisément, il recommande la restriction
volontaire des naissances par l'abstinence où des pratiques sexuelles
sont frappées d'anathèmes à son époque.
Un autre mouvement de pensée contemporain, le
Néo-malthusianisme contemporain (19751982) analyse les limites
des capacités de charge de la planète en humains et en terres
compte tenu du mode de vie et de production de type occidental. Pour eux ce
mode constitue une menace pour l'environnement et obère l'avenir des
populations. Le déséquilibre alimentaire est issu de contraintes
au niveau de la production, confronté à une population trop
importante.
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Aussi réclament-ils le planning familial, la
conservation des ressources, la réduction de la consommation des pays
industrialisés pour aider les pauvres.
2.2.2. Des ressources agricoles insuffisantes
malgré le progrès technique et la spécialisation des
travailleurs.
L'inquiétude soulevée par une insuffisance des
ressources issues de la terre pour nourrir le monde est très ancienne.
Cette préoccupation a tout naturellement engendré des
propositions techniques sur la meilleure manière de produire des
aliments. Déjà Columelle [agronome (1er
siècle)] et Lucrèce [poète (98-53 av JC)] constataient que
l'intensification épuisait les ressources naturelles de la terre. Pour
Columelle, l'insuffisance de la production vient notamment de la
séparation entre l'agriculture et l'élevage mais aussi d'une
mauvaise gestion de la force de travail : on doit augmenter la
productivité du travail des esclaves par une spécialisation.
Aujourd'hui, Lester Brown [économiste contemporain]
écrie : « Nous nous alimentons aux dépens de nos enfants
». Pour lui, la tendance actuelle des modes de production est en
train de nous mener vers un déclin brusque et incontrôlable de la
production. La baisse des rendements agricoles serait le résultat d'un
gaspillage des terres, de l'eau, une altération des climats et un
réchauffement de la planète. Il pense que "nous serons en
pénurie alimentaire en 2010". Pour lui les projections de la FAO et de
la Banque mondiale sont "complètement irréalistes". Les 90
millions d'hommes que la terre compte en plus chaque année ne peuvent
être nourris qu'en diminuant la ration calorique des autres. Les
progrès techniques ne pourront pas, selon lui, inverser la tendance
actuelle de la production (Brown, 2005).
2.2.3. Un monde fondé sur la liberté de
commerce et les inégalités « naturelles »
14
Avec la révolution industrielle, apparaît un
concept héritier des recommandations sur la spécialisation
agricole, celui de « la division du travail », qui se fonde sur la
suprématie du marché comme forme d'organisation des
échanges économiques. Ce courant a son théoricien
fondateur, l'économiste Adam Smith
(1723-1790), qui insiste sur l'intérêt de la
concurrence et donc du marché pour stimuler l'économie. Il
s'oppose en ce sens aux mercantilistes du XVIème siècle qui ne
voyaient dans le commerce international qu'un « jeu à somme nulle
» (nul ne gagne ce qu'un autre ne perd) et préconisaient une
protection aux frontières. David Ricardo
(1772-1823) a perfectionné la théorie
d'Adam Smith sur les échanges en
démontrant l'intérêt de la spécialisation des pays
et donc de la division internationale du travail par les
15
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
écarts de productivité existant entre les
secteurs économiques au sein d'un pays (concept d'avantage
comparatif).
À la suite d'Adam Smith et de D.
Ricardo, les économistes orthodoxes, au
XXème siècle estiment que la faim est un problème
d'ajustement pouvant être résolu par le marché libre et par
les systèmes de prix. Les ressources sont suffisantes et les techniques
capables d'assurer les ressources alimentaires (Lance Taylor, Colin
Clark, Alan Berg). La solution résiderait dans la
croissance de la production agricole qui procurerait des revenus et fournirait
des suppléments de nourriture négociables sur le marché.
Ils pensent qu'à terme, la croissance économique éliminera
la pauvreté ; cependant une certaine inégalité serait
stimulante et susceptible de maintenir un niveau de demande nécessaire
à l'expansion des marchés.
2.2.4. Vaincre des inégalités
économiques et sociales par la redistribution
Karl Marx [philosophe
économiste (1818-1883)] a eu une forte influence au
XXème siècle jusqu'à la chute du mur de Berlin (1989) qui
marque l'effondrement de l'empire soviétique. Selon lui la
quantité d'aliments produits dans le monde est suffisante et il n'y a
pas surpopulation. Le problème est le capitalisme avec ses
conséquences : pauvreté, sous-emploi, inégalités.
La science et la technologie sont susceptibles de résoudre les
problèmes d'environnement et garantissent une reproduction
matérielle illimitée. La solution se trouve dans la croissance
économique, accompagnée d'une redistribution des richesses, ce
qui est incompatible avec le capitalisme qui favorise les
sociétés de classes. Cette économie sociale a
inspiré une école de pensée moderne dénommée
« La justice distributive (1980-2000) » dont un des chefs de
file n'est autre qu'Amartya Sen, Prix Nobel 1998
d'économie, pour « avoir placé la pauvreté et le
développement au coeur de la théorie économique,
rapprochant ainsi les dimensions sociale et économique du
développement humain ». Selon lui, la libération de la faim
et de la malnutrition est un droit inaliénable. La nourriture est
produite en quantités suffisantes pour tous, le problème
réside dans la répartition. La faim ne résulte pas de la
croissance de la population mais de la pauvreté et des
inégalités, du manque d'éducation, d'emplois, de services
de santé. Il faut donc vaincre avant tout la pauvreté. Pour cela,
il faut prendre le contre-pied de la théorie libérale. En
effet Kenneth Arrow, économiste contemporain
(Prix Nobel 1972) a énoncé le « théorème de
l'impossibilité » qui dit qu'on ne peut définir
l'intérêt général à partir des
intérêts particuliers.
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
En conséquence, le bien-être social doit
être évalué seulement par référence à
la situation de l'individu le plus désavantagé (Rawls, 2001). Le
développement économique dépend de la capacité
qu'ont les individus de convertir leurs ressources en liberté
réelle de choix (capabilities). Ceci implique un Etat de droit
et une Justice. Sen (1981) a démontré, en étudiant le
Bangladesh, que des famines peuvent avoir lieu alors que les greniers sont
pleins faute de capabilities et d'institutions.
2.3. Bilan des travaux antérieurs
Des études ont été effectuées sur
la situation alimentaire des pays de l'Afrique subsaharienne. Ainsi, Shapouri
et Rosen (1999) dans une étude intitulée "Evaluation de la
Sécurité Alimentaire : Pourquoi les Pays sont-ils
Vulnérables T" ont montré que l'Afrique subsaharienne fait face
à une situation alimentaire préoccupante. En 1998, l'écart
de consommation (écart entre les disponibilités actuelles et
future et la moyenne des niveaux de consommation) était estimé
à 6, 7 millions de tonnes tandis que l'écart de nutrition
(différence entre les disponibilités actuelles et futures et les
quantités requises pour assurer un état nutritionnel minimum) se
situait à 13, 9 millions. De plus l'écart de distribution
(l'écart intègre ici la répartition des revenus et mesure
la différence entre les disponibilités actuelles et futures et
les quantités requises par groupe de revenus pour assurer un état
nutritionnel normal) a atteint 17, 9 millions de tonnes et implique que
l'Afrique sub-saharienne ne disposait pas des ressources alimentaires
nécessaires en 1998 pour satisfaire ses besoins nutritionnels
normaux.
16
Au Mali, l'Observatoire du Développement Humain Durable
(ODHD) a réalisé en 2005 une étude sur l'analyse de la
pauvreté alimentaire pour mieux comprendre la pauvreté sous
toutes ses formes. De cette étude il ressort que 75,2% des populations
concernées n'arrivent pas à couvrir à travers leur propre
production, leurs besoins céréaliers estimés à 214
kg de céréales par personne et par an. Grâce au
mécanisme du marché, on constate une diminution significative des
pauvres céréaliers qui est passé de 75,2% à 42,8%
(pauvres apparents).En intégrant d'autres produits
végétaux en plus des céréales, on note une
légère amélioration de la situation car l'incidence de la
pauvreté vivrière est de 38% contre 42,8% pour
l'incidence de la pauvreté céréalière. Les
pauvres énergétiques représentent 42,5 %.
L'analyse de la situation nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans montre
que les taux de malnutrition sont très élevés au Mali :
10,8% pour la malnutrition aiguë (contre une moyenne recommandée
par l'OMS de 5 à 9%), 36,8% pour la malnutrition chronique (contre une
moyenne recommandée
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
par l'OMS de 20 à 29%) et 33,7% pour l'insuffisance
pondérale (contre une moyenne recommandée par l'OMS de 10
à 15%).
Une étude similaire a été
effectuée au Burkina-Faso en 2005 par Kaboré et al. , pour
analyser la situation alimentaire du Burkina-Faso. Les résultats de
l'étude révèlent qu'au niveau national, 42,36 % de la
population agricole n'arrivent pas à couvrir leurs besoins de
consommation sur la base de leur production céréalière
domestique (populations pauvres céréalières autonomes) ;
32,23 % sont pauvres céréaliers apparents, 44,98 % des
populations agricoles sont pauvres vivriers tandis que 46,61 % sont pauvres
énergétiques.
La même étude a été
effectuée au Bénin en 2010, dans sept, sur les huit communes du
département de Borgou par le PA3D (Projet d'Appui à la
Décentralisation, à la Déconcentration et au
Développement économique local au Bénin). D'après
les résultats de l'étude, 12,3% de la population
étudiée ne couvre pas leurs besoins sur la base de la production
céréalière domestique (populations pauvres
céréalières autonomes) ; 14,6% sont pauvre
céréalier apparent ; 14,3% sont pauvres vivriers et 34,8% sont
extrêmement vulnérables à l'insécurité
alimentaire et nutritionnelle.
17
Une autre étude intitulée Analyse Globale de la
Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la
Nutrition (AGVSAN) a été réalisée au Bénin
par le PAM (Programme Mondial d'Alimentation) en 2009. D'après les
résultats de cette analyse, on estime qu'au niveau national, 972
000 personnes sont en insécurité alimentaire,
représentant environ 12% de la population. Par
ailleurs, bien que le reste de la population soit considéré en
sécurité alimentaire, 1 048 000 personnes sont à risque
d'insécurité alimentaire (13,2%). Plus d'un tiers des enfants
béninois de 6 à 59 mois souffrent de malnutrition chronique ce
qui veut dire que 530 000 enfants sont estimés
souffrant de retard de croissance, dont 175 000 souffrant de retard de
croissance sévère. Par ailleurs, plus de 67 000 enfants
de 6 à 59 mois souffrent de malnutrition aiguë dont 10 000
de malnutrition aiguë sévère, ce qui les expose à un
risque accru de mortalité. Les enfants les plus touchés par la
malnutrition sont les plus jeunes. Les départements ayant les plus forts
taux d'insécurité alimentaire (IA) au moment de l'enquête
sont le Mono, l'Atacora, le Couffo
et la Donga. Ces quatre départements
totalisent près de 60% des ménages en insécurité
alimentaire au niveau national. Les 13% de la population à risque
d'insécurité alimentaire, vivent principalement dans le Zou, le
Borgou, l'Atacora, les Collines et dans une moindre mesure dans
l'Ouémé. La proportion de personnes estimées en
insécurité alimentaire en milieu rural représente environ
15,3% de la population (710 000 personnes environ) et celle en milieu urbain
est estimée à 7,9% (262 000 personnes environ).
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Il est important de noter que la malnutrition aiguë
touche autant les enfants vivant en milieu urbain que ceux vivant en milieu
rural. Par contre, le milieu rural est significativement plus touché par
la malnutrition chronique que le milieu urbain. 40,4% des enfants de 6 à
59 mois vivant en milieu rural souffrent de malnutrition chronique.
Le déficit énergétique chronique touche
les femmes vivant en milieu rural, tandis que celles vivant en milieu urbain
sont plus touchées par des problèmes de surpoids ou
d'obésité. Les ménages qui ont une plus grande
probabilité d'être en insécurité alimentaire sont
:
les ménages dirigés par les femmes, les
ménages dont les chefs sont âgés (60 ans et +), les
ménages dont le niveau d'instruction du chef est faible, les
ménages dont la proportion d'aliments consommés issus de leur
propre production ou des aides/dons sont plus importantes.
18
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
.
19
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
CHAPITRE III : CADRE METHODOLOGIQUE
Toute recherche ou application de caractère
scientifique en sciences sociales comme dans les sciences en
général, doit comporter l'utilisation des procédés
rigoureux, définis, transmissibles, susceptibles d'être
appliqués à nouveau dans les mêmes conditions,
adaptés au genre de problèmes et phénomènes en
cause (Grawitz, 2001 cité par Biloso, 2008).
Ce chapitre décrit et explique l'approche
méthodologique adoptée pour mener cette étude. Il
présente dans un premier temps les différentes phases de
l'étude, justifie le choix de la zone d'étude puis expose par la
suite les différentes méthodes de collecte, de traitement et les
outils d'analyse des données.
La méthodologie adoptée est basée sur
deux éléments fondamentaux, la méthode empirique
appuyée par les recherches documentaires relatives au thème de
recherche et ensuite la collecte des données primaires sur le
terrain.
3.1. Phases de l'étude
3.1.1. Phase préparatoire
Cette phase qui a couvert toutes les étapes de la
recherche est une phase essentiellement théorique axée sur la
revue documentaire. La recherche documentaire a permis de prendre connaissance
des différentes études et publications relatives au projet de
recherche, sur le plan local, régional, national, voire
international.
3.1.2. Phase exploratoire
Dans le but d'évaluer la faisabilité avec
laquelle les objectifs visés et les hypothèses émises
peuvent être atteints et vérifiés, cette étape
effectuée en début septembre 2010, a consisté à la
reconnaissance, à l'intégration et la prise de contact avec le
personnel du Centre Communale de Promotion Agricole (CeCPA), les agents de
ProCGRN et le groupe cible. C'est au cours de cette phase que, de commun accord
avec des agents du CeCPA et du ProCGRN, les unités d'études ont
été identifiées et sélectionnées, puis le
questionnaire corrigé.
3.1.3. Phase de collecte des données
C'est la phase active de la recherche. Cette étape qui
s'est déroulée en septembre-octobre-novembre 2010, a
consisté à collecter des informations primaires, surtout des
données
20
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
quantitatives mais aussi qualitatives relatives aux
différents objectifs de l'étude et à une bonne
appréciation des différents aspects de la problématique.
Un questionnaire structuré dont les différentes rubriques sont
relatives aux caractéristiques socio-économiques, aux productions
céréalières domestiques de l'année 2009 du
ménage, aux stocks de céréales de l'année
précédente (stock de l'année 2008 consommé en
2009), aux flux de céréales et aux dons faits et reçus en
céréales, a été utilisé. La collecte des
données a été réalisée par une équipe
de 08 enquêteurs recrutés dans le milieu d'étude suivant
trois critères : la maîtrise de la langue locale, le niveau
d'étude (au moins le niveau de la seconde) et l'expérience (la
participation au moins une fois à de pareilles enquêtes). Les
enquêteurs choisis ont suivi une formation dans les locaux du CeCPA
Ouaké. Au cours de cette formation les objectifs de l'étude, les
différentes rubriques du questionnaire et les résultats attendus
des différentes questions ont été discutés.
3.2. Présentation et choix de la zone
d'étude
3.2.1. Présentation de la zone d'étude
La commune sera présentée brièvement
à travers les données physiques, démographiques et
socioculturelles. La commune de Ouaké, est une des communes de la Donga.
Elle s'étend sur une superficie de 663 km2 soit 0,59% de la
superficie nationale (MISD, 2001). Elle est limitée au nord par la
commune de Copargo, au sud par la commune de Bassila, à l'est par la
commune de Djougou et à l'ouest par la République du Togo.
La commune de Ouaké est subdivisée en six (06)
arrondissements ( Ouaké, Badjoudè, Kondé,
Sèmèrè1, Sèmèrè2 et Tchalinga) avec
trente quatre (34) villages et dix (10) quartiers de ville. Le relief de la
commune appartient à un ensemble caractérisé par la
dominance de la chaîne de l'Atacora. Le territoire est constitué
de vastes plaines boisées alternées de vallons et de cuvettes. Le
climat de type soudano-guinéen nuancé par le relief atacorien. La
zone connaît deux saisons : une saison sèche et une pluvieuse avec
une précipitations varient de 800 mm à 1.300 mm.. Les types de
sols qu'on y rencontre sont les sols ferrugineux tropicaux lessivés non
concrétionnés, les sols ferralitiques et quelques rares sols
à tendance hydromorphes rencontrés aux pieds des sommets. Les
principales espèces arbustives sont : le karité, le
néré, les manguiers et le caïlcédrat qui se
rencontraient un peu partout mais très rares de nos jours (LARES,
2003).
21
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Selon l'INSAE (2002), la population de la commune est de
45.836 habitants contre 32.515 habitants en 1992. La population rurale
représente 88% de la population totale. La commune est peuplée en
majorité des Yom-Lokpa (83%), des peuhls (8,5%), des Yoruba (1,3%), des
fon (1%), des Bariba (0,2%) des dendi (0,3%), des Otamari (0,2%), des Ada
(0,3%) et autres (5,3%). Les religions pratiquées par les populations de
la commune sont : les religions traditionnelles (13 %), l'Islam (75%), le
christianisme (10,3%) et autres (1,7%).
L'agriculture constitue l'activité principale des
populations de la commune. Elle occupe plus de 80% de la population active et
constitue la principale source de revenus des populations de la commune. Le
système de production dans cette commune est la culture
itinérante. L'igname est en tête de rotation avec de gosses buttes
et les paysans se déplacent d'une aire à l'autre lorsqu'ils
constatent la chute de fertilité de la première. De vastes aires
de pâturage existent dans la commune de Ouaké et sont propices au
gros bétail, surtout sur les flancs des vallons. Mais le gros
bétail, moins développé, est conduit par les peuhls
sédentaires (en effectif réduit et avec un cheptel faible) et des
transhumants qui viennent du nord du pays et des pays limitrophes en saison
sèche. Des retenues d'eau existent et favorisent la conduite du gros
bétail en saison sèche. Tout ménage dispose au moins une
tête d'ovins ou de caprins et la volaille se retrouve dans tous les
ménages. Aucune organisation n'existe pour les diverses espèces
ni au niveau des éleveurs, ni au niveau des commerçants.
22
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Figure n° 1 : Carte géographique de
Ouaké
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
3.2.2. Choix de la zone d'étude
La zone retenue pour l'exécution de cette recherche est
la commune de Ouaké dans le département de la Donga. Deux raisons
fondamentales ont justifié ce choix.
· L'effectivité de la situation
d'insécurité alimentaire : au Bénin la Donga fait partie
des départements ayant les plus forts taux d'insécurité
alimentaire (environ 19%) après le Mono, le Couffo et l'Atacora (AGVSAN,
2009) ;
· L'intervention de ProCGRN : la commune de Ouaké
est une des communes d'intervention du Programme de Conservation et de la
Gestion des Ressources Naturelles (ProCGRN), programme qui a financé
l'étude.
3.2.3. Choix des villages d'étude
Dans l'incapacité de couvrir tous les villages de la
commune, faute de moyens, l'étude a été
réalisée dans vingt deux (22) sur les quarante quatre (44)
villages administratifs, à raison de 50% des villages par
arrondissement. Cet échantillon est construit sur la base d'un certain
nombre de critères de représentativité retenus de commun
accord avec les responsables du CeCPA Ouaké, à savoir :
-Couverture géographique : tous les arrondissements sont
concernés par l'étude ;
-Le niveau d'enclavement : l'étude devra concerner les
villages enclavés, les villages moins enclavés et les villages
relativement proches des centres urbains.
Le nom des villages choisis et le nombre de ménages
enquêtés par arrondissement se présentent dans le tableau
ci-dessous.
Tableau 3.1 : Présentation de
l'échantillon d'enquête
Nom d'arrondissement
|
Nombre de ménages par
arrondissement en 2002 (RGHP3)
|
Nom des villages choisis
|
Nombre de ménages choisis par
arrondissement
|
BADJOUDE
|
971
|
Alitokoum
|
50
|
|
|
|
|
|
|
Akusstè
|
|
|
23
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Nom d'arrondissement
|
Nombre de ménages par
arrondissement en 2002 (RGHP3)
|
Nom des villages choisis
|
Nombre de ménages choisis par
arrondissement
|
KONDE
|
713
|
Assodè
|
30
|
|
|
1256
|
Kantè
|
50
|
|
|
|
|
|
1017
|
Mami
|
30
|
|
|
|
1425
|
Awotobi
|
40
|
|
|
|
|
473
|
Landa
|
20
|
|
|
5855
|
22
|
220
|
|
Source : Résultat enquête Octobre
2010
3.2.4. Choix des ménages enquêtés
Etant donné que l'objectif de l'étude est
d'analyser la situation alimentaire et la vulnérabilité des
ménages, l'unité à observer est le ménage agricole.
Ici le choix du ménage a été fait au hasard mais en
prenant soins de prendre au plus un ménage par famille (pour raison de
représentativité). La taille de l'échantillon est de 220
à raison de 10 ménages par village.
3.3. Méthode d'analyse des données
3.3.1. Méthode et outil d'analyse des
données
L'estimation des populations pauvres alimentaires
nécessite la détermination d'un seuil de consommation à
partir duquel on compare les disponibles alimentaires et les besoins. La norme
de consommation céréalière définie par la FAO pour
le Bénin est de 206 Kg / personne / an et les besoins calorifiques
annuels sont estimés à 839500 Kcal / personne.
24
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
25
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
L'existence du seuil de consommation au niveau national,
permet d'appliquer l'approche unidimensionnelle de la pauvreté à
la dimension alimentaire. On peut ainsi recourir à la formule
générale de l'indice de pauvreté développée
par Foster et al. (1984) et utilisé par Kabore et al. (2005), ODHD
(2007) et Issaka (2010) pour estimer les populations à risque
d'insécurité alimentaire.
La formule générale de l'indice de
pauvreté se présente comme suit :
Avec Z le seuil de pauvreté, Yi la dépense par
tête de l'individu i, q le nombre d'individus de
la population considéré comme pauvres, N
l'effectif total de la population et un paramètre
représentant le bien-être des plus pauvres parmi
les pauvres. Dans notre démarche, Z représente la norme nationale
de consommation céréalière ou les besoins
énergétiques annuels de l'individu définis par tranche
d'âge et Yi le disponible céréalier ou
énergétique de l'individu.
- Si = 0 on a l'indice Po ou incidence de la pauvreté
alimentaire. Il représente la
proportion des personnes à risque dans l'ensemble de
la population.
- Si = 1 on a l'indice P1 ou profondeur de la pauvreté
alimentaire qui est la distance moyenne qui sépare les personnes
à risque de la norme nationale de besoin énergétique.
Cette mesure prend aussi bien en compte l'importance des pauvres alimentaires
que la gravité de leur situation. Elle permet de déterminer la
quantité totale théorique de calories nécessaires pour
éviter le risque lié à l'insécurité
alimentaire si on pouvait cibler chaque personne pauvre et ramener son niveau
de déficit à la norme de consommation.
- Si = 2 on a l'indice P2 ou sévérité de
la pauvreté alimentaire qui est la moyenne
pondérée du carré des distances par
rapport à la norme de consommation et exprimée par rapport
à cette norme. Cette mesure tient compte des inégalités
entre personnes à risque et accorde plus de poids aux personnes dont le
risque est considérable.
On utilisera l'indice Po pour estimer les ménages
à risque.
26
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Hypothèse 1 : La proportion des
ménages qui n'arrivent pas à couvrir leurs besoins vivriers sur
la base de la production vivrière domestique est élevée
(plus de 25% des ménages de la commune).
Pour tester cette hypothèse, divers indicateurs de
pauvreté alimentaire sont utilisés pour estimer les pauvres
alimentaires.
V' Estimation des populations non autonomes
Le concept abordé ici est l'incidence de la
pauvreté céréalière autonome. Il est mesuré
en comparant la production céréalière domestique (mil,
sorgho, maïs, riz et fonio) du ménage au besoin de consommation
céréalière de ses membres. Ce concept permet de mettre en
évidence la dimension « disponibilité
» de la sécurité alimentaire.
Avec Z1 la norme nationale de consommation par individu
fixée à 206 Kg par an et Y1id la production
céréalière domestique de l'individu id (production du
ménage rapportée à l'effectif total du ménage). Si
Y1i < Z1 alors l'individu d sera dit individu à bilan
céréalier négatif, ou individu pauvre
céréalier autonome.
On peut trouver une fonction P telle que :
La formule de la détermination de la proportion des
individus non autonomes (P1) se présente comme suite :
P1 avec Ei l'effectif des ménages
V' Estimation des populations pauvres
céréalières
Cette estimation est faite à travers la mesure de
l'incidence de la pauvreté céréalière. Nous
procéderons de la même manière que
précédemment ; Z1 ne changera pas, cependant Y2id prendra en
compte la production céréalière domestique, les stocks de
céréales des années passées et le solde commercial
de céréales. Ce solde résulte des achats de
céréales grâce aux revenus des cultures de rente, des
ventes d'animaux, des autres activités génératrices de
revenu (AGR) et des transferts de migrations, mais aussi des ventes de
céréales. En effet, un ménage peut ne pas avoir
suffisamment produit mais parvenir à couvrir les besoins de ses membres
en ayant recours au marché. A l'opposé, il peut avoir
suffisamment produit mais être dans une situation
d'insécurité alimentaire à cause des ventes excessives de
céréales pour
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
faire face à d'autres besoins. Le solde commercial est
calculé en diminuant les achats des ventes. Ce concept permet ainsi de
mettre en évidence les dimensions «disponibilité
» et « accessibilité » de la
sécurité alimentaire. Ainsi, si Y2id < Z1, alors l'individu d
est considéré comme pauvre céréalier apparent. A
cette étape, nous allons introduire les mécanismes de
solidarité qui existent au sein des populations avant toute intervention
étrangère. Ces mécanismes entrent aussi dans la dimension
« accessibilité » et sont mesurés en diminuant les
cadeaux reçus en céréales des dons offerts. Avec Z1
toujours constant et Y2id prenant en compte la production
domestique, les stocks, le solde commercial et les mécanismes de
solidarité. On estime les populations pauvres
céréalières réelles, les populations qui n'arrivent
pas à couvrir leur besoin céréalier à partir de la
production domestique, des stocks, des soldes commerciaux et des
mécanismes de solidarité, c'est-à-dire celles pour qui
Y2id < Z1.
La formule de détermination de la proportion des
individus pauvres céréaliers (P2) se présente comme suite
:
Estimation des populations à bilan vivrier
négatif
Le concept mesuré ici est l'incidence de la
pauvreté vivrière. Il permet de mettre en évidence
à la fois la disponibilité, l'accessibilité et la
qualité des approvisionnements. Pour estimer cette population, on
compare Z2 et Y3id. Z2 représente les besoins
énergétiques de l'individu donnés par tranche d'âge
par la table (cf. tableau 3.4, annexe). Y3id est cette fois-ci
exprimé en kilocalorie (Kcal) et se compose du disponible
céréalier réel, des tubercules (igname et patate) et des
légumineuses et protéagineux autoconsommés (arachide,
sésame ou « goussi », niébé et voandzou).
27
Pour la conversion de ces différents produits en leurs
équivalents calorifiques, on utilise la table de composition (cf.
tableau 3.5, annexe) ci-après, mais en prenant soin d'appliquer au
préalable les taux d'extraction des farines ou des parties non
comestibles (coque ou membrane). Ces taux sont de 94 % pour le mil, le sorgho
et le maïs et de 70 % pour l'arachide et le voandzou (Asiedu, 1991), de 70
% pour le riz, de 80 % pour l'igname et de 90 % pour la patate (CIRAD, 2002).
Le niébé et le sésame sont directement convertis en leurs
équivalents calorifiques pour la simple raison que leur consommation ne
nécessite pas forcement de
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
transformation préalable. Quant au fonio, sa
conversion en calories est faite à partir du grain entier selon la
table.
Les produits vivriers ne contribuent pas à la
totalité des besoins énergétiques des populations rurales.
De ce fait, on compare les apports calorifiques de ces produits à 90 %
des besoins énergétiques des populations. Ainsi, si
Y3id< Z2, l'individu d sera dit individu à bilan vivrier
négatif ou individu pauvre vivrier.
Pour déterminer la proportion des personnes à
bilan vivrier négatif (P3), la formule suivante est utilisée :
Le tableau ci-dessous récapitule les informations
ci-dessus en présentant les différentes formules et les
données à utiliser.
Tableau 3.2 : Indicateurs d'estimation des populations
à risque
Indicateurs
|
Mode de calcul
|
Signification des variables
|
Donnée à collecter
|
|
|
P= fonction dichotomique avec : P (Y1i)=1 si Y1i <
Z1
|
Productions : maïs ; mil ;
sorgho ; riz ; fonio ; effectif par
|
Proportion des
|
|
= 0 si non
|
ménage ; Seuil de
|
Individus non autonomes (P1)
|
|
i désigne le ménage ; Y1i= production
céréalière du ménage ; Ei= effectif du
|
consommation céréalier
|
|
|
P1
|
ménage ; Z1= seuil national de
consommation céréalier : 206 Kg / personne
/ an
|
|
Proportion des
|
|
P (Y2i)= 1 si Y2i < Z1
|
Production céréalière ;
|
individus
|
|
= 0 si non avec
|
stocks de céréales ; ventes
|
pauvres
céréaliers (P2)
|
P2
|
Y2i= Y1i + stocks de céréales + flux de
céréales + solde entre dons et cadeaux reçus en
céréales
|
et achats de céréales
|
|
28
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Indicateurs
|
Mode de calcul
|
Signification des variables
|
Donnée à collecter
|
Proportion des
personnes à bilan
vivrier négatif (P3)
|
|
P (Y3i) = 1 si Y3i < Z2
= 0 si non avec
Y3i = Y2i + tubercules + légumineuses
autoconsommées. Z2 = norme nationale de
consommation calorifique : 839500 Kcal / personne / an
|
Production céréalière ;
Production autoconsommée en
tubercules et en légumineuses ; Seuil national de
consommation calorifique
|
|
|
Source : Adapté de la revue de
littérature
NB : Les pertes et semences sont estimées à 15%
pour le mil, le sorgho, le maïs, et le fonio. Pour le riz, ils sont
estimés à 10% et un taux d'usinage de 69% est appliqué au
reste de la production, (ces estimations sont définies par la FAO pour
les pays en voie de développement).
Hypothèse 2 : la plupart des
ménages enquêtés sont vulnérables à
l'insécurité alimentaire. Leur nombre est largement
supérieur au 19%, taux des ménages vulnérables à
l'insécurité alimentaire dans la Donga (AGVSAN, 2009).
Pour tester cette hypothèse, le besoin
énergétique minimum (BEM) est utilisé pour
déterminer les classes de vulnérabilité. Elles sont
définies à partir de l'incidence de la pauvreté
énergétique. Par le souci de commodité, on utilise les
seuils de classification déjà définis par le PAM et
utilisé par Kaboré et al. (2005), et Issaka (2010). Ces seuils
permettent de déterminer les proportions des individus qui n'arrivent
pas à satisfaire leurs besoins énergétiques minima (BEM).
Autrement dit, tout individu dont la disponible énergétique
totale (DET) est inférieure au BEM est dit vulnérable. Les
groupes suivants sont ainsi déterminés :
- les populations extrêmement vulnérables sont
celles dont la DET représente moins de 90% des BEM (DET < 0.90 x BEM)
;
- les populations à vulnérabilité
modérée sont celles dont la DET est comprise entre 90 % et 100 %
des BEM (0,90 x BEM< DET < BEM) ;
- les populations non vulnérables sont celles dont la
DET dépasse le BEM (DET > BEM.).
Hypothèse 3 : L'ethnie, la taille du
ménage, la superficie exploitée pour chaque catégorie de
céréales, l'accès au crédit, l'appartenance
à un groupe organisé bénéficiant d'un encadrement,
l'âge du chef de ménage... sont des facteurs qui affectent la
capacité des ménages à couvrir leurs besoins
céréaliers.
29
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
30
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Pour tester cette troisième hypothèse,
l'étude a eu recours à une analyse de régression. La
détermination des facteurs qui militent en faveur ou en défaveur
de la capacité des ménages à couvrir leurs besoins
céréaliers est l'un des objectifs de l'étude. Dans cette
optique, les outils d'analyse les plus appropriés sont, entre autres,
ceux de la régression. Il se pose un problème de choix de
modèle de régression. En effet, n'importe quel modèle de
régression ne peut être utilisé pour n'importe quelle
régression (Maddala, 1983 ; Gourieroux, 1989 ; Pindyck et Rubinfeld,
1991 ; Doucouré, 2001 ; cité par Avocevou, 2003). C'est d'abord
la nature continue et/ou discontinue des variables qui déterminent le
choix du modèle de régression.
Selon Maddala (1983), Gourieroux (1989) et Doucouré
(2001), les modèles de régression usuels (régression
linéaire, doubles log etc.) sont indiqués lorsqu'il s'agit de
variables continues. Etant donné que le taux de couverture
céréalier du ménage est une variable continue et
linéaire, l'utilisation de la méthode des moindres carrés
ordinaires est la plus appropriée.
Soit l'équation de régression linéaire
multiple suivante :
TCC= f (Xi ; ei) = P0 + PiXi + ei
Où
TCC, est le taux de couverture
céréalière du ménage i,
Xi, le vecteur des variables explicatives
susceptibles d'affecter le niveau de couverture
céréalière,
P0, terme constant,
Pi, coefficients estimés des variables
explicatives,
ei, termes d'erreur.
La forme empirique complète du modèle se
présente comme suit :
TCC = P0 + P1 AGE + P2 STAT + P3 INSTR + P4 ALPHA + P5
GROUPE + P6 EFFEC + P7
SMAÏ + P8 SSOR + P9SMIL + P10 SRIZ + P11 FGBF + P12
FTFEO + P13 FAE P14
FTRSPAB + P15 FSBDDS + P16 FICP + P17 FTAER + P18 ACER +
ei.
Les codes des variables, leur nature, leurs modalités
et signes c'est-à-dire les sens dans lesquels nous pensons qu'elles
peuvent influencer la capacité des ménages à couvrir leur
besoin céréalier sont regroupés dans le tableau 3.3.
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Tableau 3.3 : Codes, modalités et signes des
variables de la régression
Noms de variables
|
Type
|
Code
|
Modalités
|
Signes attendus
|
Âge du chef de ménage
|
continu
|
AGE
|
|
+/-
|
Origine du chef ménage (autochtone ou
étranger)
|
binaire
|
STAT
|
Autochtone=1 Etranger=0
|
+
|
Education (tout niveau confondu),
|
binaire
|
ECOLE
|
Oui=1 Non=0
|
+
|
Noms de variables
|
Type
|
Code
|
Modalités
|
Signes attendus
|
Alphabétisation
|
binaire
|
ALPHA
|
Oui=1 Non=0
|
+
|
Appartenance à un groupe organisé
bénéficiant d'un encadrement
|
binaire
|
GROUPE
|
Oui=1 Non=0
|
+
|
Effectif du ménage
|
continu
|
EFFEC
|
|
+/-
|
Superficie allouée au maïs
|
continu
|
SMAÏ
|
|
+
|
Superficie allouée au sorgho
|
continu
|
SSOR
|
|
+
|
Superficie allouée au mil
|
continu
|
SMIL
|
|
+
|
Superficie allouée au riz
|
continu
|
SRIZ
|
Oui=1 Non=0
|
+
|
Formation sur la gestion des bas-fonds
|
binaire
|
FGBF
|
Oui=1 Non=0
|
+
|
Formation sur la technique de fabrication des engrais
organiques
|
binaire
|
FTFEO
|
Oui=1 Non=0
|
+
|
Formation sur l'application d'engrais
minéraux/organiques,
|
binaire
|
FAE
|
Oui=1 Non=0
|
+
|
Formation sur la technique de recyclage des sous-
produits vivriers dans l'alimentation du bétail
|
binaire
|
FTRSPAB
|
Oui=1 Non=0
|
+
|
Formation sur le semis à bonne date et la
densité des semences
|
binaire
|
FSBDDS
|
Oui=1 Non=0
|
+
|
Formation sur l'installation et la conduite des
pépinières
|
binaire
|
FICP
|
Oui=1 Non=0
|
+
|
Formation sur les techniques améliorées
d'étuvage du riz,
|
binaire
|
FTAER
|
Oui=1 Non=0
|
+
|
Accès aux intrants
|
binaire
|
ACER
|
Oui=1 Non=0
|
+
|
|
Source : Adapté de la revue de
littérature
31
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
32
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Les facteurs ayant des signes positifs sont ceux qui
influencent positivement la capacité de couverture
céréalière des ménages ; par contre ceux ayant des
signes négatifs influenceraient négativement cette
capacité.
Un signe positif ou négatif est attendu de l'âge
du chef de ménage parce que nous pensons d'une part que c'est en prenant
de l'âge que l'individu accumule les ressources productives mais en
revanche cette évolution de l'âge peut obliger un individu
à se séparer de certaines de ses ressources productives au profit
de ses enfants devenus adultes. La situation est pareille au niveau de la
variable effectif. L'effectif d'un ménage peut influer positivement ou
négativement sur la capacité de couverture alimentaire. En effet,
un ménage de grande taille ayant une superficie de terre
considérable, dispose de ressources humaines importantes pour ses
activités agricoles (beaucoup d'actifs agricoles), par contre si ce
dernier dispose d'une petite superficie cultivable, ou d'un petit effectif
d'actifs agricoles, la couverture alimentaire des membres de son ménage
sera difficile.
Nous attendons de signes positifs des variables instruction,
alphabétisation, statut (autochtones vs. allochtone) et appartenance
à un groupement car nous pensons qu'être instruits,
alphabétisé ou milité permet d'une part, d'avoir et
d'échanger les informations avec l'extérieur, et d'autre part de
bénéficier des appuis de l'extérieur (Etat, ONG.....). Et
être originaire du milieu constitue un statut qui faciliterait
l'accès aux ressources productives (héritage, don, achat...). Le
même signe est attendu au niveau des superficies allouées aux
cultures (maïs, mil, sorgho, et riz) et au niveau des différentes
formations. Nous pensons avoir ce signe car la disponibilité et
l'accessibilité aux vivres dépendent des superficies
allouées aux cultures vivrières.
3.4. Limites de l'étude
Au Bénin, la plus part des paysans sont
analphabètes, donc ne disposent pas des comptes d'exploitation pouvant
les aider dans la gestion de leur activité. Ces derniers n'ont souvent
qu'une vue approximative des activités menées il y a un moment.
En effet, pour répondre aux questions, les paysans sont souvent
obligés de faire un effort de mémoire qui ne leur est pas
toujours fidèle. Ainsi, malgré toutes les précautions
prises pour assurer la qualité des données il est impossible de
garantir l'exactitude des réponses fournies par ces derniers. La majeure
partie des données primaires quantitatives obtenues est estimée
à partir des unités locales de mesure. De plus, le taux
d'échantillonnage est assez faible pour représenter la
population.
33
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Par ailleurs, la détermination de l'indicateur de
pauvreté vivrière présente dans cette étude des
limites. Le bilan vivrier n'a pas pris en compte tous les aliments qui
constituent le profil alimentaire des populations. La non prise en compte par
exemple, de la patate douce qui est une culture du milieu est une limite pour
la détermination de cet indicateur. Il y a lieu de préciser aussi
que les taux d'extraction de farine appliqués aux différents
produits ne tiennent pas compte des variétés ni du
mécanisme d'extraction. Ceci est important car il existe par exemple des
variétés de tubercules et de légumineuses à peau
lisse et aussi des variétés à peau rugueuse. Le taux
d'extraction de la farine ou de la partie comestible varie d'un utilisateur
à un autre. Tout cela, constitue à notre avis des limites
réelles de l'étude. Toutefois, nous pensons tout de même
que ces limites ne sont pas de nature à mettre en doute la
qualité du travail.
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSIONS, PUIS
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
34
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
CHAPITRE IV : DESCRIPTION DES UNITES D'ENQUETES
Ce chapitre est consacré à la
présentation de quelques caractéristiques des ménages
étudiés. L'âge, le sexe, l'ethnie, le niveau d'instruction
du chef de ménage, la taille et la structure du ménage,
l'appartenance à un groupement, l'accès au crédit, et les
activités para ou non agricoles sont les caractéristiques
sociodémographiques et économiques analysées.
4.1. Caractéristiques
sociodémographiques
4.1.1. Sexes, âges et ethnie du chef
ménage
Les unités rencontrées au cours de
l'enquête sont constituées aussi bien d'hommes que de femmes,
d'étrangers que d'autochtones. En effet, pour les 220 unités
enquêtées, 213, soit environ 97% sont constituées d'hommes
et 3% environ de femmes. Aux cotés des autochtones (Yom Lopka)
très majoritaires (environ 96%), il existe une minorité
d'allochtone qui représente 4% des enquêtés. L'âge
moyen des chefs d'unité enquêtés est aussi bien chez les
hommes que chez les femmes 45 ans, le minimum observé est de 21 ans
contre 80 ans au maximum. Le tableau 4.1a ci-dessous présente la
répartition des ménages selon le sexe et l'ethnie.
Tableau 4.1a : Répartition des ménages
suivant le sexe, l'ethnie et l'âge
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Sexes
|
Homme
|
213
|
96,8%
|
|
7
|
3,2%
|
Total
|
220
|
100%
|
ethnie
|
Autochtone
|
211
|
95,6%
|
|
9
|
4,1%
|
Total
|
220
|
100%
|
Age
|
moyenne
|
minimum
|
maximum
|
|
21
|
80
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
4.1.2. Taille et structure des ménages
35
La taille et la structure des ménages sont entre autres
des facteurs déterminants pour la mesure de la capacité des
ménages à produire et à consommer. Elles varient d'un
ménage à un autre.
36
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
En effet, la taille moyenne de l'unité
étudiée est 12 personnes, le minimum est 2 et le maximum est 53.
Elle correspond au nombre de personnes qui composent le ménage. Ce
dernier est composé en moyenne de 4 personnes de sexe masculin et de 4
personnes de sexe féminin ayant plus de 10 ans et de 4 enfants ayant
moins de 10 ans, tous sexes confondus.
4.1.3. Niveau d'instruction des chefs des
ménages
L'éducation est un facteur important, qui joue un
rôle non négligeable dans la gestion des exploitations agricoles,
la rationalité paysanne et, l'accès à l'information,
l'accès aux services agricoles et dans l'efficacité technique et
allocutive de l'exploitant. Le tableau 4.1b présente la
répartition des chefs des ménages étudiés ayant
reçu une formation formelle ou informelle.
Tableau 4.1b : Niveau d'instruction des
ménages
|
Fréquence
|
pourcentage
|
Education formelle
|
84
|
38,2%
|
|
61,8%
|
Total
|
220
|
100%
|
Education informelle
|
61
|
27,7%
|
|
72,3%
|
Total
|
220
|
100%
|
|
Source : Résultats
enquêtes, 2010
De ce tableau, il ressort que la proportion des chefs des
ménages n'ayant jamais reçu une éducation formelle est
élevée, 62% environ contre 38% qui ont mis pied à
l'école. Par ailleurs, on retrouve environ 28% des chefs d'unités
ayant reçu une éducation non formelle, l'alphabétisation,
contre 72% qui n'en ont pas reçu.
La proportion relativement élevée de chefs de
ménages non instruits devra être défavorable à
l'adoption des innovations introduites par les partenaires techniques et les
services du développement agricole. Il est donc nécessaire qu'un
programme d'alphabétisation fonctionnelle soit initié dans le
milieu et que les populations soient fortement sensibilisées afin
qu'elles prennent part massivement aux cours d'alphabétisation. Pour les
générations à venir, il va falloir veiller à ce que
"l'éducation primaire pour tous" devienne une réalité dans
ce milieu.
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
4.2. Caractéristiques économiques
4.2.1. Activités des ménages
Deux types d'activités sont distingués au
niveau des ménages agricoles : les activités principales et les
activités secondaires.
+ Activité principale
L'agriculture demeure l'activité principale des
ménages étudiés. Elle est pratiquée par l'ensemble
des ménages enquêtés. On note une certaine diversification
des spéculations, puisque, même si certains ménages ne
pratiquent pas certaines spéculations (minimum = 0), on rencontre
plusieurs, dans lesquels tout au moins de petites superficies sont
emblavées pour diverses spéculations. Dans cette zone, les
cultures vivrières occupent une place relativement importante, en
l'occurrence les céréales et les tubercules. Quant aux cultures
de rentes, seule la plantation d'anacardier continue de constituer pour la
plupart des ménages étudiés une grande source de revenu ;
l'abandon de la culture cotonnière se constate à travers les
superficies relativement faibles consacrées à sa production (cf.
tableau 4.2.a ci-dessous). Si ces tendances se maintiennent, on peut
espérer que la situation alimentaire des ménages
s'améliore, puisqu'ils se consacreront plus à la production
vivrière. Il est cependant indispensable que le pays s'investisse dans
des productions de rente pour développer l'économie nationale.
Tableau 4.2a : Répartition des cultures en
fonction de leur superficie
Superficie (en ha)
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Std. Deviation
|
superficie totale disponible
|
0,50
|
24,00
|
4,4054
|
2,85127
|
superficie maïs
|
0,00
|
5,00
|
0,6833
|
0,70989
|
superficie sorgho
|
0,00
|
7,00
|
0,4441
|
0,68776
|
superficie mil
|
0,00
|
2,00
|
0,2209
|
0,31911
|
superficie riz
|
0,00
|
2,00
|
0,3223
|
0,30187
|
superficie niébé
|
0,00
|
4,00
|
0,2407
|
0,43997
|
superficie soja
|
0,00
|
3,00
|
0,1085
|
0,36145
|
superficie voandzou
|
0,00
|
1,00
|
0,1370
|
0,20688
|
superficie arachide
|
0,00
|
5,00
|
0,4732
|
0,66463
|
superficie manioc
|
0,00
|
1,25
|
0,2624
|
0,24425
|
superficie igname
|
0,00
|
1,50
|
0,3918
|
0,30117
|
superficie coton
|
0,00
|
3,00
|
0,0699
|
0,34292
|
superficie anacarde
|
0,00
|
4,00
|
0,4423
|
0,63487
|
|
37
Source : Résultats enquêtes,
2010
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
+ Activités secondaires
L'activité principale des ménages
enquêtés qu'est l'agriculture est une activité à
haut risque, surtout en Afrique subsaharienne. Donc, pour garantir les sources
de revenu, les producteurs diversifient leurs activités, en menant en
dehors de l'activité principale, des activités secondaires.
L'élevage, l'artisanat, le commerce, et la transformation
agroalimentaire sont les activités secondaires pratiquées qui
occupent respectivement 71,4%, 18,2%, 8,6% et 1,8% des ménages
enquêtés. Les activités de transformation agroalimentaires
sont surtout exercées par les femmes ; étant donné que
seulement 4% des ménages enquêtés sont dirigés par
les femmes, on enregistre une faible proportion des chefs ménages qui
s'investissent dans ces activités de transformation. Les
activités non agricoles occupent presque toutes les unités
étudiées, ce qui dénote du rôle capital que ces
activités secondaires jouent dans la vie économique et sociale
des ménages agricoles. Les revenus provenant de ces activités
permettent aux ménages non seulement d'accroître directement leurs
revenus globaux, d'établir des relations dynamiques entre les
activités agricoles et non agricoles mais également d'avoir
accès, pendant la période de soudure, aux vivres. Dans certains
cas, l'exercice d'activités non agricoles sert de garantie à
l'accès au crédit agricole (Janvry, 1994). Le tableau 4.2.b
récapitule les informations ci-dessus.
Tableau 4.2b : Catégorisation des ménages
en fonction des activités secondaires
|
Pourcentage
|
Fréquence
|
Activités secondaires
|
élevage
|
71,4%
|
157
|
|
18,2%
|
40
|
|
8,6%
|
19
|
|
1,8%
|
4
|
Total
|
100%
|
220
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
4.2.2. Le crédit agricole et l'appartenance
à un groupement
38
Le secteur agricole est un secteur dont le
développement est tributaire de trois facteurs fondamentaux parmi
lesquels se trouve le facteur capital. Dans le milieu d'étude,
l'accès des ménages agricoles au facteur capital fait cruellement
défaut ; parmi les 220 ménages enquêtés seuls 73 ont
accès aux crédits, soit environ 33% des ménages. Ceci
témoigne de l'exclusion que subissent les producteurs dans le
système financier. Dans l'optique d'avoir accès à ce
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
facteur ou de bénéficier des avantages de
l'Etat et des ONG, certains producteurs militent dans des groupements ; environ
51% des ménages enquêtés appartiennent à des
groupements. Le tableau 4.2.c ci-dessous résume les informations
ci-dessus.
Tableau 4.2c : Caractérisation des
ménages suivant l'accès aux crédits et l'appartenance
à un groupement
|
Effectif
|
Proportion
|
Appartenance à
un groupement
|
Oui
|
113
|
51,4%
|
|
107
|
48,6%
|
Total
|
200
|
100%
|
Accès au crédit
|
Oui
|
73
|
33,2%
|
|
147
|
66,8%
|
Total
|
200
|
100%
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
4.3. Caractérisation des ménages
étudiés suivant les différents types d'appuis de
PASA-AD
Dans le but d'améliorer le rendement des producteurs
afin d'augmenter les revenus et de lutter contre l'insécurité
alimentaire et nutritionnelle dans les milieux ruraux, le Projet d'Appui
à la Sécurité Alimentaire dans l'Atacora - Donga (PASA-AD)
a initié à l'endroit des paysans diverses formations. Le tableau
4.2.d ci-dessous présente les différents appuis et la proportion
des ménages enquêtés bénéficiaires.
Tableau 4.2.d : Proportion des ménages
bénéficiaires des différents appuis
Appuis reçus
|
|
Fréquence
|
pourcentage
|
Technique de fabrication des engrais
organiques
|
Oui
|
45
|
20,5%
|
|
175
|
79,5%
|
Application d'engrais
minéraux/organiques
|
Oui
|
45
|
20,5%
|
|
175
|
79,5%
|
Technique de recyclage des sous-produits vivriers
dans l'alimentation du bétail
|
Oui
|
34
|
15,5%
|
|
186
|
84,5%
|
Semis à bonne date et la densité des
semences
|
Oui
|
49
|
22,3%
|
|
171
|
77,7%
|
Installation et la conduite des
pépinières
|
Oui
|
44
|
20,0%
|
|
176
|
80,0%
|
Techniques améliorées d'étuvage du
riz
|
Oui
|
41
|
18,6%
|
|
179
|
81,4%
|
Accès aux intrants (engrais et
semences)
|
Oui
|
48
|
21,8%
|
|
172
|
78,2%
|
|
39
Source : Résultats enquêtes, 2010
oui : a reçu la formation Non : n'a pas reçu la
formation
40
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
D'après ce tableau, peu de ménages parmi les
ménages étudiés ont pu bénéficier des
différents appuis initiés par le PASA-AD. En effet, environ 22%
de toutes les unités enquêtées ont suivi la formation sur
le semis à bonne date et la densité des semences et 20% environ
des ménages étudiés ont bénéficié de
l'appui de la technique de fabrication d'engrais organiques, de l'application
d'engrais, et de l'installation et la conduite des pépinières.
Selon le même tableau, 18,6% et 15,5% des enquêtés ont suivi
respectivement la formation sur les techniques améliorées
d'étuvage du riz et sur la technique de recyclage des sous-produits
vivriers dans l'alimentation du bétail, puis environ 22% des
unités enquêtés ont accès aux intrants (engrais et
semences). De ce résultat, il faut souligner que plus de 75% des
ménages enquêtés n'ont pas bénéficié
de ces appuis qui leurs sont normalement destinés. Ceci pourrait
être dû à un manque de sensibilisation.
41
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
CHAPITRE V : SITUATION ALIMENTAIRE DES MENAGES
Dans ce chapitre, l'étude a abordé la situation
alimentaire des ménages enquêtés à travers les
indicateurs de la sécurité alimentaire. Deux types d'indicateurs
de pauvreté alimentaire sont distingués : les indicateurs de la
pauvreté céréalière et les indicateurs de la
pauvreté énergétique.
5.1. Détermination des indicateurs de la
pauvreté alimentaire
5.1.1. La pauvreté
céréalière
La pauvreté céréalière compare le
disponible céréalier (en Kg) du ménage aux besoins de
consommation céréalière de ses membres (206 Kg/pers/an).
Le disponible céréalier d'un ménage se compose de sa
propre production, de ses réserves, des achats sur le marché et
des cadeaux reçus de tiers. L'accès à ces
différentes composantes peut caractériser un état de
pauvreté céréalière d'un ménage. Ainsi, on
distingue au niveau de cet indicateur les indices de pauvreté
céréalière autonome, de pauvreté
céréalière apparente et de pauvreté
céréalière réelle.
5.1.1.1. Incidence de la pauvreté
céréalière autonome : effet de la production
domestique
L'incidence de la pauvreté
céréalière autonome permet de comparer la production
céréalière domestique du ménage aux besoins de
consommation céréalière de ses membres selon la norme
nationale de consommation, fixée par la FAO pour le Bénin
à 206 Kg par personne et par an. Ainsi, les populations dites non
autonomes sont celles dont la production domestique ne couvre pas leurs besoins
en céréales. L'indice permet aussi de nuancer les notions
d'autosuffisance alimentaire et de sécurité alimentaire.
Par ailleurs, l'analyse de l'indice de la pauvreté
céréalière autonome au niveau des communes ou des
régions, permet de distinguer quatre catégories de communes ou
régions :
- les communes ou régions de forte production
céréalière sont les communes ou régions où
moins du quart de la population (moins de 25%) ne couvre pas ses besoins sur la
base de leur propre production domestique ;
- les communes ou régions de production moyenne sont
les communes ou régions où 25 à 50 % de la population ne
couvre pas ses besoins ;
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
- les communes ou régions de faible production sont
les communes ou régions où 50 à 75 % de la population a
une production par tête en deçà de la norme nationale de
consommation céréalière et
- les communes ou régions de très faible
production sont les communes ou régions où plus de 75 % de la
population à ses besoins non couverts.
En effet, d'après les résultats de
l'étude, environ 23% des enquêtés n'arrivent pas à
couvrir, à partir de leur propre production domestique, leurs besoins
céréaliers, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas une autonomie
céréalière. On peut donc conclure que la commune de
Ouaké est une zone à forte production
céréalière, puisque la proportion de la population qui ne
couvre pas ses besoins sur la base de leur propre production domestique est
inférieure à 25%. Ceci s'explique par le fait que les
producteurs, à part les plantations d'anacarde, ne produisent dans leur
majorité que des cultures vivrières. Cependant, les 23% des
ménages non autonomes par rapport à la production
céréalière doit faire l'objet d'une attention
particulière. Les actions des ONG et des partenaires au
développement, en l'occurrence le ProCGRN en matière d'appui
à la promotion des cultures céréalières pour lutter
contre l'insécurité alimentaire et nutritionnelle devront
être orientées prioritairement vers ces derniers. Etant
donné que le taux de couverture céréalier de la commune
(rapport entre la production céréalière de la commune et
sa population) obtenu est de 139,05%, donc excédant de 39,05%, une
gestion efficiente de cet excédant céréalier pourrait
permettre de combler les déficits observés à
l'intérieur de la commune. En d'autres termes, si la production
domestique de la commune est efficacement gérée, elle permettrait
de satisfaire les besoins céréaliers de ses populations. Mais nul
ne saurait empêcher la commune de s'ouvrir à
l'extérieur.
5.1.1.2. Incidence de la pauvreté
céréalière apparente : effet des stocks de l'année
passée et de l'accès au marché
42
L'intérêt de cette partie est d'évaluer
l'apport du marché et des stocks aux disponibilités du
ménage. En effet, un ménage peut avoir suffisamment produit et se
retrouver dans une situation d'insécurité alimentaire suite
à une mauvaise gestion de son disponible. Il peut aussi ne pas produire
assez, mais arriver à couvrir les besoins de ses membres en ayant
recours au marché grâce à ses revenus (activités
génératrices de revenu, élevage, cultures de rente,
migrations, etc.) ou à ses stocks (stocks des années
antérieures). L'incidence de la pauvreté
céréalière apparente permet d'aborder à la fois les
deux premières dimensions de la sécurité
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
alimentaire (la disponibilité et
l'accessibilité). En effet, selon les résultats de
l'enquête, environ 21% des unités étudiées
n'arrivent pas à couvrir leurs besoins céréaliers
malgré la prise en compte de leurs stocks de l'année
précédente et le recours au marché (solde commercial) pour
compléter leur production. Toutefois les stocks et le recours au
marché des ménages ont un impact positif sur la situation
alimentaire des populations agricoles de la commune car on remarque en effet,
une baisse de l'incidence de la pauvreté céréalière
de 23,16% à 20,95% ; ce qui signifie que lorsque les ménages
étudiés font recours au marché et aux stocks de
l'année passée, cela permet de sortir 2,21% des ménages de
leur situation d'insécurité alimentaire. On pourrait dire que ces
ménages ont beaucoup plus accès au marché pour acheter de
céréales que pour en vendre.
5.1.1.3. Incidence de la pauvreté
céréalière réelle : effet des mécanismes de
solidarité
Le mécanisme de solidarité en Afrique en
général et dans le monde rural africain en particulier, a un
effet sur la situation alimentaire des populations (Kaboré, 2005,
Issaka, 2010). En effet, des ménages pauvres céréaliers,
peuvent, par ce mécanisme, recevoir des céréales des
ménages non pauvres céréaliers (cadeaux reçus et
dons en céréales). Ainsi, l'utilisation de l'incidence de la
pauvreté céréalière réelle va permettre
d'apprécier l'impact du mécanisme de solidarité sur la
situation alimentaire des ménages de la commune de Ouaké. Cet
indice vient en complément à l'indicateur précédant
(incidence de la pauvreté céréalière apparente) et
représente une autre possibilité par laquelle les ménages
peuvent accéder aux aliments. Pour les ménages
étudiés, environ 18% souffrent de la pauvreté
céréalière réelle. Il y a donc une diminution de la
proportion de ménages pauvres céréaliers de 20,95%
à 18,33%; soit une réduction de 2,62 points, ce qui
témoigne de l'impact positif des mécanismes de solidarité
sur la situation alimentaire des ménages dans cette zone
d'étude.
5.2. Indicateur de la pauvreté
énergétique
5.2.1. Incidence de la pauvreté vivrière
43
L'incidence de la pauvreté vivrière est
appréciée en comparant les apports calorifiques issus des
céréales (maïs, riz, sorgho, mil), des racines (manioc) des
tubercules (igname...) des protéagineux et des légumineuses
(niébé, voandzou, arachide...) à 90% des besoins
énergétiques minima des individus. C'est à ce niveau que
les racines et tubercules, les protéagineux et les légumineuses
sont pris en compte dans l'analyse. Cet indicateur permet d'apprécier
l'impact des racines et tubercules, des protéagineux et des
légumineuses sur la
44
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
situation alimentaire de la population. En effet, environ 15%
de la population étudiée souffre de la pauvreté
vivrière. Les produits autres que les céréales ont
contribué ainsi à sortir 3% des ménages
étudiés de leur situation de pauvreté alimentaire. Ce qui
témoigne de l'importance de ces cultures dans le milieu d'étude
et le rôle qu'elles jouent dans l'alimentation de la population. La
figure n°2 présente la répartition des ménages
pauvres suivant les différents indices de la pauvreté
alimentaire.
Figure n° 1 : Répartition des ménages
pauvres suivant les différents indices de la pauvreté
De l'analyse de ces diagrammes, on note une diminution de la
proportion des pauvres alimentaires, de la situation de non autonomie
céréalière à celle de pauvreté
vivrière. Cependant, environ 15% de la population étudié
restent toujours pauvres vivriers, donc pour pouvoir lutter efficacement contre
l'insécurité alimentaire et nutritionnelle, les ONG et les
partenaires au développement doivent en matière de promotion des
cultures vivrières s'intéresser en priorité à ces
derniers en vue de les faire sortir de cette situation.
45
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
CHAPITRE VI : VULNERABILITE DES MENAGES A
L'INSECURITE
ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE
Ce chapitre aborde les groupes de personnes
vulnérables à l'insécurité alimentaire. Pour
déterminer ces groupes de personnes vulnérables, l'étude a
utilisé les seuils de vulnérabilité fixés par le
Programme Alimentaire Mondial (PAM). Ces seuils permettent de déterminer
les proportions d'individus qui n'arrivent pas à satisfaire leurs
besoins énergétiques minima (BEM). Autrement dit, tout individu
dont la disponibilité énergétique totale (DET) est
inférieure au BEM est dit vulnérable. Ainsi :
- les populations extrêmement vulnérables, sont
celles dont la DET représente moins de 90% des BEM (DET < 0.90 x BEM)
;
- les populations à vulnérabilité
modérée, sont celles dont la DET est comprise entre
90 % et 100 % des BEM (0.90 x BEM < DET < BEM) ;
- les populations non vulnérables : ce sont celles dont
la DET dépasse le BEM (DET > BEM).
La détermination de ces groupes de
vulnérabilité peut aider à cibler les populations qui ont
véritablement besoin d'une assistance alimentaire ou d'autres actions
(banque de céréales, ventes subventionnées,...)
6.1. Population vulnérable à
l'insécurité alimentaire et nutritionnelle
Une population vulnérable est celle dont la
disponibilité énergétique totale (DET) est
inférieure au besoin énergétique minimal (BEM). Les
résultats de l'analyse de la détermination de la population
vulnérable sont consignés dans le tableau 6.1a et
représentés par la figure n°4.
Tableau 6.1a : Répartition de la population
échantillonnée selon la vulnérabilité
Population
|
Effectif
|
Proportion
|
Non vulnérable
|
188
|
85,46%
|
Vulnérable
|
32
|
14,54%
|
Total
|
220
|
100%
|
|
Source : Résultat Résultats
enquêtes, 2010
46
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Figure n° 2 : Répartition des ménages
suivant la vulnérabilité
Il ressort de ce tableau et on peut le constater sur la
figure n°3 que 14,54% de la population échantillonnée sont
vulnérables à l'insécurité alimentaire et
nutritionnelle. Nous remarquons après analyse qu'il n'existe pas une
différence significative entre la proportion de pauvres vivriers
(15,17%) et celle de vulnérables (14,54%). Cette absence de
différence significative s'explique par le fait que les produits tels
que la viande, le lait, le poisson, les oeufs, les huiles, le thé, le
sucre..., pris en compte dans la détermination de la
vulnérabilité n'ont pas amélioré de façon
significative la situation alimentaire des ménages pauvres vivriers. La
contribution très faible de ces produits est due au fait qu'une grande
partie n'est consommée par les ménages ruraux que de façon
circonstancielle au cours des fêtes et des cérémonies. Par
ailleurs, la vulnérabilité dans cette commune présente des
disparités d'un arrondissement à un autre et d'un village
à un autre.
6.1.1. Identification des arrondissements
vulnérables
L'étude effectuée dans les arrondissements de
la commune a permis de localiser au niveau de chaque arrondissement les
villages vulnérables. En effet, il ressort des résultats obtenus
que tous les arrondissements de la commune présentent des villages
vulnérables mais à des proportions différentes. Le tableau
6.1b et la figure n°4 renseignent sur le nombre de villages
vulnérable et leur proportion parmi ceux qui ont été
choisis pour l'enquête.
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Tableau 6.1b : Proportion de villages vulnérables
par arrondissement
Noms des
arrondissements
|
Nombre de
villages enquêtés
|
Nombre de
villages vulnérables
|
Proportion de villages
vulnérables par arrondissement (%)
|
Tchalinga
|
2
|
2
|
100,0
|
Sèmèrè1
|
3
|
2
|
66,7
|
Sèmèrè2
|
4
|
2
|
50,0
|
Komdè
|
3
|
2
|
66,7
|
Badjoudè
|
5
|
4
|
80,0
|
Ouaké
|
5
|
3
|
60,0
|
Total
|
22
|
15
|
68,2
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
Figure n°3 : Proportion des villages
vulnérables par arrondissement
47
L'arrondissement de Tchalinga est celui qui présente
plus de villages vulnérables à l'insécurité
alimentaire et nutritionnelle. Il abrite 100% de villages vulnérables
c'est-à-dire les deux (02) villages choisis pour l'étude sont
tous vulnérables. En revanche, l'arrondissement de
Sèmèrè2 contient moins de villages vulnérables.
Environ 50% des villages enquêtés dans cet arrondissement
présentent une vulnérabilité à
l'insécurité alimentaire et nutritionnelle. Les arrondissements
de Ouaké et de Badjoudè abritent respectivement, 60% et 80% de
villages vulnérables. Quant aux arrondissements de
Sèmèrè1 et de Komdè, ils présentent les
mêmes taux de vulnérabilités, environ 67%. De ces
résultats, on constate que pour l'échantillon de l'étude,
les arrondissements de Tchalinga et de Badjoudè sont les arrondissements
qui abritent plus de villages vulnérables mais cette
caractérisation ne permet pas d'avoir une estimation spécifique
de l'ampleur de vulnérabilités des ménages au niveau de
chaque arrondissement.
48
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
La classification suivant la proportion de ménages
vulnérables par arrondissement donnera une situation encore plus exacte
du niveau de vulnérabilité de la commune.
6.1.2. Estimation des ménages vulnérables
par arrondissement
Tout organisme ou structure qui veut efficacement lutter
contre l'insécurité alimentaire et nutritionnelle doit, au prime
abord, chercher à cibler au niveau de chaque village les ménages
vulnérables afin de bien orienter ses actions. L'identification des
ménages vulnérables par arrondissement est l'objectif de cette
partie de l'étude. En effet, les arrondissements de
Sèmèrè1 et Chalinga présentent plus de
ménages vulnérables tandis que ceux de Komdè et de
Ouaké abritent moins de ménages vulnérables. Le tableau
6.1c et la figure n°6 donnent plus de détails.
Figure n°4 : Proportion de ménages
vulnérables à l'insécurité alimentaire par
arrondissement
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Tableau 6.1c : Proportion des ménages
vulnérables par village et par arrondissement
Nom des
arrondissements
|
Nom des villages
vulnérables par arrondissement
|
Nombre de
ménages vulnérables par
village
|
Nombre de
ménages
vulnérables par arrondissement
|
Proportion
de ménages vulnérables
par village (%)
|
Proportion de
ménages vulnérables par arrondissement
(%)
|
Tchalinga
|
Tchalinga
|
3
|
4
|
30
|
20
|
|
1
|
|
|
Kim-kim
|
3
|
6
|
30
|
20
|
|
3
|
|
|
Awotobie
|
2
|
6
|
20
|
15
|
|
4
|
|
|
Assodè
|
1
|
2
|
10
|
6,67
|
|
1
|
|
|
Kadolassi
|
1
|
9
|
10
|
18
|
|
1
|
|
|
2
|
|
|
5
|
|
|
Kantè
|
2
|
5
|
20
|
10
|
|
1
|
|
|
2
|
|
|
15
|
32
|
32
|
14,54
|
14,54
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
Les taux les plus élevés des ménages
vulnérables rencontrés dans la commune sont 20% et 18%. Ces taux
se retrouvent respectivement dans les arrondissements de
Sèmèrè1 (20%), de Tchalinga (20%) et de Badjoudè
(18%). Au contraire, les taux les plus faibles rencontrés dans la zone
d'étude se trouvent dans les arrondissements de Komdè et de
Ouaké et sont respectivement environ 6% et 10%. L'arrondissement de
Sèmèrè2 quant à lui, présente un taux de 15%
de ménages vulnérables.
49
Des résultats de l'analyse, l'arrondissement de
Tchalinga qui a plus de villages vulnérables (100% de villages choisis
sont vulnérables, cf partie 6.1.1) dispose également plus de
ménages vulnérables. Ceci dénote qu'à Tchalinga,
presque tous les villages enquêtés sont vulnérables et
abritent un nombre élevé de ménages vulnérables.
Cette situation est similaire à
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
celle de l'arrondissement de Badjoudè. Par ailleurs,
l'arrondissement de Komdè qui vient après celui de Tchalinga et
celui de Badjoudè en termes du taux de villages vulnérables par
arrondissement abrite moins de ménages vulnérables. De ces
résultats, il est aisé de constater que les taux de villages et
de ménages vulnérables au niveau des arrondissements ne varient
pas de façon proportionnelle ; c'est- à- dire qu'il y a des
arrondissements qui abritent plusieurs villages vulnérables mais qui
disposent de peu de ménages vulnérables ; par contre d'autres
arrondissements disposent de peu de villages vulnérables mais abritent
un nombre important de ménages vulnérables. Par ailleurs, pour
lutter efficacement contre l'insécurité alimentaire et
nutritionnelle dans la commune, les ONG et les partenaires aux
développements devront en priorité orienter leurs actions
à l'endroit des ménages des arrondissements de Tchalinga et de
Badjoudè en l'occurrence, et ceux du village de Talinta où 50%
des ménages enquêtés sont vulnérables. Cependant,
une connaissance des caractéristiques sociodémographiques et
économiques des ménages vulnérables faciliterait ces
interventions.
6.2. Caractéristiques
sociodémographiques et économiques des ménages
vulnérables
La vulnérabilité à
l'insécurité alimentaire et nutritionnelle a été
analysée jusqu'ici sous l'angle de la production et de la consommation
des denrées alimentaires. Il serait aussi intéressant,
d'approcher également cette analyse en y intégrant les
caractéristiques sociodémographiques et économiques des
ménages vulnérables. En effet, d'autres facteurs peuvent agir sur
les capacités de production et d'accessibilité des ménages
aux denrées alimentaires. Ces déterminants de la
vulnérabilité peuvent être d'ordre social et/ou
économique. La structure même du ménage est d'une
importance capitale dans la capacité de production et de consommation du
ménage. L'analyse descriptible de ces facteurs pourrait permettre
d'apprécier les liens qui pourraient exister entre les
caractéristiques sociodémographiques et économiques des
ménages vulnérables et leur incapacité à satisfaire
leurs besoins alimentaires.
6.2.1. Caractéristiques
sociodémographiques
6.2.1.1. Taille et structure des ménages
vulnérables
50
La taille et la structure du ménage peut impacter sur
sa situation alimentaire. Un ménage de taille élevée,
ayant une petite superficie cultivable et un autre de taille petite, ayant une
grande superficie cultivable par exemple ne peuvent pas avoir les mêmes
situations alimentaires,
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
même s'ils gèrent de la même manière
leur production. Le tableau 6.2.1a ci-dessous présente la taille et la
structure des ménages vulnérables.
Tableau 6.2.1a : Taille et structure des ménages
vulnérables
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Std. Deviation
|
Âge du chef du ménage
|
25
|
73
|
47,91
|
14,195
|
Taille du ménage
|
5,00
|
53,00
|
16,2812
|
9,11303
|
Nombre d'hommes
|
1
|
22
|
5,00
|
4,385
|
Nombre de
femmes
|
1
|
21
|
5,09
|
3,577
|
Nombre d'enfants
|
0
|
13
|
6,19
|
3,316
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
Ce tableau révèle que l'âge moyen des
chefs de ménage vulnérables est de 48 ans par contre celui des
autres ménages étudiés est en moyenne de 45 ans.
L'effectif moyen des unités vulnérables est de 16 personnes
contre 12 pour la moyenne des ménages étudiés. Ces
unités vulnérables sont composées en moyenne de 5 hommes,
de 5 femmes ayant plus de 10 ans et de 6 enfants ayant moins de 10 ans ; en
revanche celle des autres unités enquêtées est
composée en moyenne de quatre (4) personnes de sexe masculin, quatre (4)
personnes de sexe féminin, et quatre (4) enfants, tous sexes confondus.
Nous notons une différence significative de la taille des ménages
qui est plus large chez les unités vulnérables que chez les
autres ménages. Ceci pourrait expliquer en partie la situation de
vulnérabilité de ces derniers.
6.2.1.2. Niveau d'instruction des ménages
vulnérables
L'instruction est un facteur important dans le choix des
dirigeants des groupes et l'accès à l'information, aux services
agricoles d'appuis technique et matériel ; donc peut influencer
l'alimentation des ménages.
La répartition des ménages vulnérables
en fonction de leur niveau d'instruction est consignée dans le tableau
6.2.1b.
Tableau 6.2.1b : Niveau d'instruction des ménages
vulnérables
51
Pourcentage
|
Effectif
|
Education formelle
|
Oui
|
31,2%
|
10
|
|
68,8%
|
22
|
Total
|
100%
|
32
|
|
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Education informelle
|
Oui
|
28,1%
|
9
|
|
71,9%
|
23
|
Total
|
100%
|
32
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
L'absence de l'éducation formelle et/ou informelle est
remarquable au niveau de la majorité des ménages
vulnérables. En effet, environ 69% des ménages vulnérables
n'ont jamais mis pied à l'école et 72% de ces derniers ne sont
pas alphabétisés. Ce fort taux de chefs de ménages
vulnérables non instruits peut expliquer la situation de
vulnérabilité de la plupart de ces ménages car la non
scolarisation peut constituer un handicap pour bénéficier des
appuis des ONGs ou des partenaires au développement.
6.2.2. Caractéristiques économiques
L'accès physique et économique des
ménages aux denrées alimentaires disponibles est fondamental dans
le concept de sécurité alimentaire. Cet accès est
mesuré d'une part à travers le capital productif des
ménages agricoles, et d'autre part, à partir de leur
capacité à intervenir sur le marché. L'activité
principale et l'activité secondaire du ménage, l'accès au
crédit et l'appartenance à un groupement sont les
caractéristiques économiques mises en exergue dans cette
partie.
6.2.2.1. Activités principales
L'agriculture est l'activité principale des
ménages étudiés. L'exercice de cette activité
nécessite les facteurs de production en l'occurrence la terre, qui est
l'épine dorsale de l'agriculture. Quelle superficie détiennent en
moyenne les ménages vulnérables ? Quelle est la part de la
superficie allouée à chacune des cultures vivrières ? La
réponse à ces questions est consignée dans le tableau
6.2.1c.
Tableau 6.2.1c : Répartition des cultures par
superficies
52
Superficies (en ha)
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Std. Deviation
|
Superficie totale
disponible
|
1,00
|
12,00
|
3,2766
|
2,22524
|
Superficie maïs
|
0,00
|
3,00
|
0,6000
|
0,72223
|
Superficie sorgho
|
0,00
|
1,50
|
0,2538
|
0,38433
|
Superficie mil
|
0,00
|
0,50
|
0,0897
|
0,16259
|
Superficie riz
|
0,00
|
1,00
|
0,1813
|
0,21521
|
Superficie manioc
|
0,00
|
1,00
|
0,1284
|
0,22560
|
Superficie igname
|
0,00
|
0,50
|
0,1756
|
0,18205
|
|
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Superficie anacarde
|
0,00
|
3,00
|
0,4647
|
0,73872
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
Les deux groupes de ménages (vulnérables et non
vulnérables) se distinguent par le capital productif dont ils disposent.
En effet, le tableau 6.2.1c montre que les ménages vulnérables
exploitent de petite superficie, en moyenne 3,27 ha ; par contre 4,4 ha sont
mis en valeur par les autres ménages étudiés. Ainsi, on
note une différence d'environ 1 ha. Par ailleurs, les unités
vulnérables allouent après le maïs une partie non moins
importante de leur superficie à l'anacarde. Tous ces facteurs peuvent
constituer les causes de la vulnérabilité de ces ménages,
surtout si les anacardiers sont encore jeunes.
6.2.1.2. Activités secondaires
Pour garantir les sources de revenu, les ménages
agricoles diversifient leurs activités en exerçant des
activités secondaires génératrices de revenu. Le tableau
6.2.1d et la figure n°6 ci dessous présentent les
répartitions des ménages vulnérables en fonction des
activités secondaires qu'ils mènent.
Tableau 6.2.1d : Répartition des
ménages vulnérables selon les activités secondaires
menées
Activités secondaires
|
Effectif
|
Proportion
|
Elevage
|
24
|
75%
|
Artisanat
|
5
|
15,6%
|
Transformation
|
3
|
9,4%
|
Total
|
32
|
100%
|
|
53
Source : Résultats enquêtes,
2010
54
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Figure n° 5 : Répartition des ménages
vulnérables en fonction des activités secondaires
Il ressort du tableau 7.1d et on peut l'observer sur la
Figure n°6 que 75% des ménages vulnérables font
l'élevage, 15,6% l'artisanat et 9,4% font la transformation. Il faut
remarquer qu'aucun de ces ménages ne font le commerce. Cela pourrait
être lié à l'état de pauvreté financier que
vivent ces ménages.
6.2.2.3. Le crédit agricole et l'appartenance
à un groupement
L'accès aux crédits et l'appartenance à
un groupement sont des facteurs qui peuvent influencer l'état de
vulnérabilité des ménages. Afin de
bénéficier de ce crédit agricole et autres avantages, les
producteurs se mettent en groupement. Combien sont-ils, ces ménages
vulnérables qui militent dans un groupement et qui ont accès aux
crédits ? Le tableau 6.2.1e nous renseigne sur cette
question.
Tableau 6.2.1e : Caractérisation des
ménages vulnérables suivant l'accès aux crédits et
l'appartenance à un groupement
|
Proportion
|
Effectif
|
Accès au crédit
|
Oui
|
50%
|
16
|
|
50%
|
16
|
Appartenance au groupement
|
Oui
|
50%
|
16
|
|
50%
|
16
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
De ce tableau, il ressort que 50% des ménages
vulnérables appartiennent à un groupement et 50% également
ont accès aux crédits. De l'analyse, en comparant le taux
d'accès aux crédits des ménages vulnérables et
celui de l'ensemble des ménages étudiés, nous constatons
qu'il y a 50% des ménages vulnérables et environ 33% des
unités enquêtées qui ont accès aux crédits
agricoles. Cela montre qu'en milieu rural, ce sont les vulnérables qui
sont plus tentés à emprunter. Malheureusement, ce crédit
ne semble pas résoudre leur problème d'alimentation. Cette
incapacité du crédit à lutter contre la pauvreté en
milieu rural, pourrait être liée aux montants empruntés et
aux conditions d'octroi. Par ailleurs, pour palier à ces
difficultés que rencontrent les producteurs et dans l'optique
d'améliorer la situation alimentaire de la commune, le projet d'Appui
à la Sécurité Alimentaire dans l'Atacora- Donga (PASA-AD)
appuie des producteurs à travers des renforcements de
capacités.
6.2.3. Appuis de PASA-AD pour les ménages
vulnérables
Dans l'optique d'augmenter leur production et par ricochet
leur revenu afin d'améliorer leur situation alimentaire, le projet
d'appui à la sécurité alimentaire dans l'Atacora-Donga
(PASA-AD) a initié des formations à l'endroit des paysans. Les
vulnérables ont-ils réellement bénéficié de
ces appuis ? Cette question trouve sa réponse dans le tableau 6.2.1f ci-
dessous. Tableau 6.2.1f : Proportion des ménages
vulnérables suivant les types de formations
Types d'appuis
|
Proportion
|
effectif
|
Formation sur la gestion des bas-fonds
|
Oui
|
18,8%
|
6
|
|
81,2%
|
26
|
Formation sur la technique de fabrication des
engrais
organiques
|
Oui
|
15,6%
|
5
|
|
84,4%
|
27
|
Formation sur l'application d'engrais
minéraux/organiques
|
Oui
|
18,8%
|
6
|
|
81,2%
|
26
|
Formation sur la technique de recyclage des
sous-produits vivriers dans l'alimentation du bétail
|
Oui
|
12,5%
|
4
|
|
87,5%
|
28
|
Formation sur le semis à bonne date et la
densité des semences
|
Oui
|
18,8%
|
6
|
|
81,2%
|
26
|
Formation sur l'installation et la conduite des
pépinières
|
Oui
|
15,6%
|
5
|
|
84,4%
|
27
|
Formation sur les techniques améliorées
d'étuvage du riz
|
Oui
|
15,6%
|
5
|
|
84,4%
|
27
|
Accès aux intrants (engrais et
semences)
|
Oui
|
18,8%
|
6
|
|
81,2%
|
26
|
|
Source : Résultats enquêtes, 2010
oui : a reçu la formation Non : n'a pas reçu la
formation
55
De ce tableau, il ressort que peu de ménages
vulnérables sont bénéficiaires des formations
initiées par le projet d'appui à la sécurité
alimentaire dans l'Atacora-Donga (PASA-AD). En effet, environ 6 ménages
vulnérables sur les 32, soit 18,8% des ménages vulnérables
ont suivi
56
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
la formation sur la gestion des bas-fonds, sur l'application
d'engrais minéraux/organiques, et sur le semis à bonne date et la
densité des semences ; 5 sur 32 des ménages vulnérables,
soit 15,6% ont bénéficié de la formation sur la technique
de fabrication des engrais organiques, sur l'installation et la conduite des
pépinières, et sur les techniques améliorées
d'étuvage du riz. Quant à la formation sur la technique de
recyclage des sous-produits vivriers dans l'alimentation du bétail,
seulement 4 ménages sur les 32, soit 12,5% des ménages
vulnérables ont reçu cette formation, puis enfin 18,8% de ces
ménages ont accès aux intrants (engrais et semences). De ce qui
précède, il ressort que la majorité des ménages
vulnérables n'ont pas pu bénéficier de ces appuis.
Il se pose à notre point de vue un problème de
ciblage des ménages vulnérables. C'est l'aspect qui constitue le
goulot d'étranglement pour la plupart des ONGs ou des partenaires au
développement dans la lutte contre l'insécurité
alimentaire et nutritionnelle. Les études au niveau local aideront
à mieux cibler, à mieux localiser et à mieux orienter les
actions à l'endroit de ces ménages vulnérables. Par
ailleurs, la situation de vulnérabilité affecte
différemment les ménages. Ainsi, on distingue les ménages
modérément vulnérables et les ménages ayant une
vulnérabilité extrême.
6.2.4. Classification des ménages
vulnérables
La classification des ménages vulnérables est
fonction du niveau de vulnérabilité des ménages. Cette
classification se fait en fonction des seuils de
vulnérabilités.
6.2.4.1. Ménages modérément
vulnérables
Un ménage est dit modérément
vulnérable lorsque la disponibilité énergétique
totale DET est comprise entre 90 % et 100 % des besoins
énergétiques minima BEM (0.90 x BEM < DET < BEM). En effet,
pour les 14,54% de ménages vulnérables à
l'insécurité alimentaire et nutritionnelle, environ 2% seulement
ont une vulnérabilité modérée. Ces 2% de
ménages modérément vulnérables selon nos
résultats habitent dans les arrondissements de
Sèmèrè1, de Sèmèrè2 et de
Komdè particulièrement dans les villages de Akustè,
Kim-kim, Ouramarè et Awotobie. Ce sont des ménages qui arrivent
souvent à maintenir leurs stratégies
préférées de production et à maintenir ou
même à accumuler des biens. Un petit effort à
l'égard de ces derniers les aidera à sortir de cette situation de
vulnérabilité.
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
6.2.4.2. Ménages extrêmement
vulnérables
La vulnérabilité d'un ménage est
extrême lorsque la disponibilité énergétique totale
DET représente moins de 90% des besoins énergétiques
minima BEM (DET < 0.90 x BEM). Le tableau 6.2.4a ci-dessous présente
la proportion des ménages extrêmement vulnérables.
Tableau 6.2.4a : Classification des ménages
vulnérables
Classes de vulnérabilité
|
Proportion des ménages
|
Ménages modérément
vulnérables
|
2,34%
|
Ménages extrêmement
vulnérables
|
12,2%
|
Ménages vulnérables
|
14,54%
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
Pour les 14,34% des ménages vulnérables
à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle de la zone
d'étude, environ 12% sont extrêmement vulnérables. Les
interventions du projet d'appui à la sécurité alimentaire
dans l'Atacora-Donga (PASA-AD) en matière de lutte contre
l'insécurité alimentaire et nutritionnelle devront en urgence
orienter les efforts à l'endroit des ménages extrêmement
vulnérables, car si rien n'est fait, ces derniers seront obliger de
quitter leur milieu pour survivre. Mais avant toute intervention il faut
d'abord les situer géographiquement.
6.2.4.2.1. Localisation des ménages
extrêmement vulnérables
Cette partie de l'étude présentera les
arrondissements et les villages extrêmement vulnérables ainsi que
les proportions des ménages extrêmement vulnérables par
arrondissement et par village.
+ Identification des arrondissements extrêmement
vulnérables
Tous les arrondissements de la commune abritent des villages
extrêmement vulnérables dans des proportions différentes.
Le tableau 6.2.4b ci-dessous indique et illustre les proportions des villages
extrêmement vulnérables au sein de chaque arrondissement.
Tableau 6.2.4b : Proportion de villages
extrêmement vulnérables par arrondissement
Arrondissements
|
Nombre de
villages enquêtés
|
Nombre de villages
extrêmement vulnérables
|
Proportion de villages extrêmement
vulnérables par arrondissement (%)
|
Tchalinga
|
2
|
2
|
100,0
|
Sèmèrè1
|
3
|
2
|
66,7
|
Sèmèrè2
|
4
|
2
|
50,0
|
Komdè
|
3
|
1
|
33,3
|
Badjoudè
|
5
|
4
|
80,0
|
Ouaké
|
5
|
3
|
60,0
|
Total
|
22
|
14
|
63,6
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
57
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
58
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
La lecture du tableau 6.2.4b montre qu'il n'existe pas une
différence significative entre les proportions des villages
vulnérables et extrêmement vulnérables. Les villages qui
étaient décrits dans la partie 6.1.1 comme vulnérables
sont près que tous, suivant le seuil de vulnérabilité, des
villages extrêmement vulnérables.
+ Détermination des ménages
extrêmement vulnérables par arrondissement
La détermination des proportions des ménages
extrêmement vulnérables dans les arrondissements permettra de
définir les zones à risque de la commune. Ceci aidera pour la
planification des interventions. Il ressort des résultats obtenus que
les arrondissements de Tchalinga et de Badjoudè détiennent plus
de ménages extrêmement vulnérables tandis que celui de
Komdè abrite moins de ménages extrêmement
vulnérables. En effet, les arrondissements de Tchalinga, de
Badjoudè, et de Sèmèrè2 présentent
respectivement 20%, 18% et environ 13% de ménages vulnérables
tandis que ceux de Ouaké et de Komdè abritent respectivement 10%
et environ 3% de ménages vulnérables. La situation de
vulnérabilité extrême observée à Ouaké
est la même qu'à Sèmèrè2. En comparant ces
résultats par rapport aux résultats de la partie 6.1.2
c'est-à-dire la partie de l'estimation des ménages
vulnérables par arrondissement, nous remarquons qu'il n'existe pas de
différence entre les taux de ménages vulnérables et ceux
extrêmement vulnérables à Tchalinga, à
Badjoudè et à Ouaké. Ce qui signifie que la plupart des
ménages qui sont considérés vulnérables sont
extrêmement vulnérables. Cette situation est loin d'être
semblable à Komdè, à Sèmèrè1 et
à Sèmèrè2. Parmi les 20% de ménages
vulnérables que compte l'arrondissement de Sèmèrè1,
seulement 10% sont extrêmement vulnérables. Quant aux
arrondissements de Komdè et de Sèmèrè2, ils
abritent respectivement environ 13% et 3% de ménages extrêmement
vulnérables parmi respectivement les 15% et 7% de ménages
vulnérables dont ils disposent.
De tout ce qui précède nous sommes en mesure de
dire que les arrondissements de Tchalinga et Badjoudè doivent être
des zones prioritaires en termes d'intervention de lutte contre
l'insécurité alimentaire. Le tableau 6.2.4c récapitule les
informations ci-dessus.
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Tableau 6.2.4c : Proportion des ménages
vulnérables par village et par arrondissement
Arrondissements
|
Les villages
extrêmement vulnérables
|
Nombre de
ménages extrêmement vulnérables par
village
|
Nombre de
ménages extrêmement vulnérables par
arrondissement
|
Proportion de ménages extrêmement
vulnérables par village (%)
|
Proportion de
ménages extrêmement
vulnérables par arrondissement(%)
|
Tchalinga
|
Tchalinga
|
3
|
4
|
30
|
20
|
|
1
|
|
|
Kim-kim
|
2
|
3
|
20
|
10
|
|
1
|
|
|
Awotobie
|
1
|
5
|
10
|
12,5
|
|
4
|
|
|
Assodè
|
1
|
1
|
10
|
3,33
|
Badjoudè
|
Kadolassi
|
1
|
9
|
10
|
18
|
|
1
|
|
|
2
|
|
|
5
|
|
|
Kantè
|
2
|
5
|
20
|
10
|
|
1
|
|
|
2
|
|
|
14
|
27
|
27
|
12,3
|
12,3
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
6.2.5. Score de Consommation Alimentaire (SCA)
Le score de consommation alimentaire (SCA) est un indicateur
composite (standardisé du PAM) calculé pour refléter la
diversité alimentaire, la fréquence ainsi que l'apport
nutritionnel relatif des produits et groupes alimentaires consommés par
un ménage (AGVSAN-Bénin, 2009). La diversité du
régime alimentaire est liée au statut socioéconomique des
ménages ainsi qu'à l'apport énergétique et
protéinique adéquat, se traduisant par un bon état
nutritionnel, sous réserve d'un environnement (assainissement,
hygiène) satisfaisant. C'est donc un bon indicateur de la dimension
d'accessibilité de la sécurité alimentaire et de la
qualité de la consommation alimentaire qui influe sur l'état
nutritionnel. Le score de consommation alimentaire (SCA) des ménages est
calculé en utilisant la formule suivante :
Avec :
59
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
60
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
ai = le poids attribué au groupe d'aliments.
xi = le nombre de jours de consommation relatif à chaque
groupe d'aliments (= 7 jours).
Il faut noter que la mesure des quantités
consommées n'est pas intégrée dans le calcul du score de
consommation alimentaire.
Le tableau 6.2.5a présente les différents groupes
d'aliments avec le poids qui leur est attribué Tableau 6.2.5a :
Groupes d'aliments
Types d'aliments
|
Groupes d'aliments
|
Poids
|
Maïs, mil, sorgho, riz,
pain/beignets pâtes alimentaires
|
Céréales et tubercules (aliments de
base)
|
2
|
Manioc, igname, banane
plantain, autres tubercules
|
|
Légumineuses
|
3
|
Légumes (+ feuilles)
|
Légumineuses et feuilles
|
1
|
Fruits (mangues, oranges,
bananes, etc.)
|
Fruits
|
1
|
Viandes, poissons, fruits de mers, escargot,
oeufs
|
Protéine animal
|
4
|
Lait/Produits laitiers
|
Produits laitiers
|
4
|
Sucre, miel, autres sucreries
|
Sucres
|
0.5
|
Huiles et graisses
|
Huiles
|
0.5
|
Condiments, épices
|
*Condiments
|
0
|
|
Source : OMXF, PAM. Utilisé par Issaka
(2010)
(*) Les condiments ne sont pas considérés comme un
groupe d'aliments du fait de leur poids nul.
Les valeurs des scores ainsi calculés pour chaque
ménage sont reportées sur une échelle allant
de 0 à 112. Les seuils standard 21 et 35 sont
utilisés pour déterminer les classes de consommation alimentaire
des ménages (pauvre, limite, moyennement acceptable et acceptable).
Ainsi :
- Si SCA < 21 le ménage a une consommation alimentaire
pauvre ;
- Si 21 < SCA < 35 le ménage a une consommation
alimentaire limite ;
- Si 35 < SCA < 45 la consommation alimentaire du
ménage est moyennement
acceptable ;
- Si SCA > 45 la consommation est acceptable.
Cette classification appliquée aux données de
l'étude donne les résultats consignés dans le
tableau 6.2.5b.
61
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Tableau 6.2.5b : Répartition des populations
enquêtées par classes de Scores de Consommations Alimentaires
(SCA)
Classes de consommation alimentaire
|
Proportion des
ménages
|
Effectif des ménages
|
SCA < 21
|
0,5%
|
1
|
21 = SCA<35
|
8,6%
|
19
|
35 = SCA<45
|
24,5%
|
54
|
SCA > 45
|
66,4%
|
146
|
Total
|
100,0%
|
220
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
Le score de consommation est acceptable pour la
majorité des ménages étudiés. En effet, environ 66%
des ménages ont un SCA > 45 donc ont une consommation alimentaire
acceptable, 24% environ ont un Score de Consommation Alimentaire compris entre
35 et 45 (35 = SCA<45), donc ont une alimentation moyennement acceptable,
8,6% et 0,5% ont un Score de Consommation Alimentaire SCA respectivement limite
et pauvre. Il est important de signaler que les résultats de score de
consommation sont influencés par la période de consommation
liée à la période de collecte des données.
62
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
CHAPITRE VII : DETERMINANTS DE LA CAPACITE DE
COUVERTURE CEREALIERE DES MENAGES
7.1. Présentation et analyse des
résultats de la régression
La régression linéaire multiple est celle qui
est utilisée pour déterminer les facteurs susceptibles d'influer
la capacité de couverture céréalière des
ménages étudiés. L'estimation des coefficients de ces
facteurs a été faite grâce à la méthode des
moindres carrés ordinaires (MCO). La validité de ces coefficients
estimés est fonction de la qualité du modèle et celle du
pouvoir de prédiction.
7.1.1. Qualité, pouvoir de prédiction et
variables déterminantes
+ Qualité du modèle
Le résultat de la qualité du modèle est
consigné dans le tableau 7.1a
Tableau 7.1a : Qualité du
modèle
ANOVA
|
Model
|
Sum of Square
|
df
|
Mean Square
|
F
|
Sig
|
1
|
Régression
|
1,079E7
|
17
|
634516,760
|
130,838
|
,000
|
|
88781,504
|
183
|
4849,626
|
|
|
|
1,167E7
|
200
|
|
|
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
Le tableau d'analyse de variance et le test F de
Fisher associé indique que le modèle est globalement très
significatif ; Fcalc = 130,838 avec une probabilité critique
(p-value) très nettement en deçà du seuil de 5 %
couramment utilisé dans la pratique. Le ratio de vraisemblance s'est
révélé significatif à 1/1000 après le test
de Ficher. Par conséquent, le modèle est globalement significatif
à 1/1000. Les résultats du modèle (les signes des
coefficients notamment) peuvent être valablement pris en compte. La
variation des variables indépendantes explique celle de la variable
dépendante de manière acceptable.
+ Pouvoir de prédiction
Le tableau 7.1b ci-dessous présente le résultat
du pouvoir de prédiction
Tableau 7.1b : Pouvoir de
prédiction
Model Summary
|
Model
|
R
|
R Square
|
Adjusted R Square
|
Std Error of the estimate
|
1
|
0,961
|
0,924
|
0,917 (91,7%)
|
69,63925
|
|
Source : Résultats enquêtes,
2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Les estimations du modèle de régression ont
donné un R2 ajusté élevé (91,7%), donc
le modèle est globalement significatif et explique à plus de 90%
des variations du taux de couverture céréalier ; on peut,
à partir du modèle, faire des prévisions sur la
modalité de la variable dépendante connaissant celles des
variables indépendantes.
7.1.2 Résultat et analyse des coefficients
estimés
Le tableau 7.1c ci-dessous présente les
résultats des coefficients estimés par la méthode des
moindres ordinaires
Tableau 7.1c : Estimation des coefficients
coefficient
|
Model
|
Unstandardized Coefficients
|
Standardized Coefficients
|
t
|
Sig
|
|
Beta
|
|
Constant
|
33,069
|
-205,88
|
-6,226
|
0,000
|
|
0,401
|
0,033
|
1,496
|
0,136
|
|
25,295
|
-0,016
|
-0,758
|
0,449
|
|
12,453
|
0,017
|
0,685
|
0,494
|
|
14,041
|
0,021
|
0,818
|
0,414
|
|
11,012
|
-0,021
|
-0,904
|
0,367
|
|
0,968
|
0,354
|
13,689
|
0,000*
|
|
9,605
|
0,436
|
14,918
|
0,000*
|
|
8,538
|
0,208
|
8,429
|
0,000*
|
|
18,811
|
0,071
|
2,955
|
0,000*
|
|
21,085
|
0,226
|
8,777
|
0,000*
|
|
31,111
|
0,082
|
1,526
|
0,129
|
|
43,445
|
0,131
|
1,738
|
0,084
|
|
48,175
|
-0,089
|
-1,067
|
0,284
|
|
22,752
|
-0,043
|
-1,203
|
0,230
|
|
50,159
|
-0,062
|
-0,694
|
0,489
|
|
27,987
|
-0,079
|
-1,643
|
0,102*
|
|
27,162
|
-0,071
|
1,563
|
0,120
|
|
Source : Résultats enquêtes, 2010 *
variables significatives
63
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
De l'analyse de ce tableau, il ressort que toutes les
variables de l'estimation ne sont pas statistiquement significatives au seuil
de 10% au moins. L'effectif du ménage et la superficie allouée
aux cultures céréalières (maïs, sorgho, mil, riz)
sont des facteurs qui impactent sur le taux de couverture
céréalier. Le modèle final qui détermine les
facteurs influençant le taux de couverture céréalier se
présente comme suite :
TCC = - 205, 88 + 0,354 EFFEC + 0,436 SMAÏ + 0,208 SSOR
+ 0,071 SMIL + 0,226 SRIZ +
27, 98 FICP + ei
D'après ce modèle, les facteurs affectant le
taux de couverture céréalier sont tous positifs. Ainsi, ils
influencent positivement la capacité des ménages à couvrir
leur besoin céréalier. En effet, l'effectif du ménage
influence considérablement, après celle de la superficie du
maïs, la capacité du ménage à couvrir ses besoins
céréaliers. Ce qui confirme l'hypothèse émise dans
la partie méthodologie où il est attendu que la variable effectif
influence positivement ou négativement le taux de couverture
céréalier. Dans le modèle, l'influence est positive.
Autrement dit l'augmentation de la taille du ménage améliore la
capacité de couverture céréalière du ménage.
Plus l'effectif du ménage augmente plus la main d'oeuvre
familière est disponible pour travailler la terre. En conclusion, nous
pouvons dire que l'influence de l'effectif du ménage n'est positive
qu'à condition que cet effectif évolue dans le même sens
que les ressources productives (terre...).
Les céréales sont, pour la plupart des
africains, en l'occurrence des béninois, l'aliment de base. Ce qui
témoigne leur effet positif observé dans ce modèle. Cet
effet observé est celui attendu parce que le taux de couverture
céréalier est tributaire de la quantité de
céréale produite. Donc, une augmentation de la superficie
céréalière doit à coup sûr améliorer
le taux de couverture céréalier. Toutefois, une augmentation de
la superficie céréalière peut ne pas avoir d'effet si le
chef de ménage brade les céréales obtenues après
augmentation de la superficie, pour d'autres besoins, pour des besoins
ostentatoires par exemple (mariages, ...).
64
Si la superficie allouée aux céréales
influence positivement le taux de couverture céréalier, leur
influence ne s'observe pas dans les mêmes proportions. En effet, la
superficie emblavée en maïs contribue plus à
améliorer le taux de couverture céréalier. Autrement dit,
l'augmentation de la superficie en maïs participe plus à
améliorer le taux de couverture que celle de la superficie des autres
cultures céréalières. Ce qui confirme l'observation dans
le milieu même si jadis, la population septentrionale prisait moins le
maïs. Le maïs est utilisé aujourd'hui, presque tous les jours
durant toute l'année au sein des ménages. Par ailleurs, le
65
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Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
riz qui est une céréale importée
contribue plus à améliorer le taux de couverture
céréalier par rapport au sorgho et au mil, qui sont normalement
les cultures traditionnelles. De ce qui précède nous pouvons
tenter d'affirmer que les ménages de la commune de Ouaké sont en
train d'abandonner au profit du maïs et du riz, leur culture
traditionnelle (sorgho, mil).
En conclusion, nous pouvons dire que l'analyse de
régression a permis d'affirmer les observations du terrain, en ce sens
que cela a permis d'appréhender la part de contribution de
différentes cultures céréalière dans la
capacité de couverture des besoins céréaliers. Le
maïs et le riz participent plus au taux de couverture des ménages
que les autres cultures céréalières.
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Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
8. Conclusion et Suggestions
· Conclusion
L'analyse de la situation alimentaire et de la
vulnérabilité des ménages de la commune de Ouaké
qui est l'objectif global de l'étude, a pu être faite
malgré les difficultés rencontrées. Le présent
travail, qui a visé spécifiquement, d'une part, à
déterminer la capacité des ménages à couvrir leurs
besoins alimentaires et à analyser leur degré de
vulnérabilité à l'insécurité alimentaire, et
d'autre part, à analyser les déterminants pouvant affecter la
capacité de couverture céréalière. Il a aussi
conduit à appréhender la situation alimentaire et les zones
à risque de la commune (arrondissements et villages). Il a
également permis de mettre en exergue les dimensions
disponibilité, accessibilité et qualité de l'aliment. En
effet, l'étude a révélé que la commune de
Ouaké, en se basant sur la classification des zones de production
céréalière, est une zone à forte production
céréalière, puisque seulement moins de 25% de la
population ne couvre pas ses besoins sur la base de sa propre production
domestique. De plus, la commune dégage globalement un excèdent de
39% de production céréalière. Mais cette situation cache
des disparités à l'intérieur de la commune puisque 23,16%
de l'échantillon ne couvrent pas ses besoins céréaliers
à base de sa propre production céréalière. En
mettant en exergue dans l'analyse, la participation des ménages au
marché et le mécanisme de solidarité qui existe entre ces
ménages pour suppléer leur besoin céréalier, on
constate une diminution de pauvres céréaliers de 23,17% à
18,33%. Ce qui témoigne de l'importance de ces différents
systèmes d'accès au produit céréalier dans le
milieu.
66
L'analyse de la situation vivrière et celle de la
vulnérabilité des ménages de la commune a montré
que 15,16% des ménages échantillonnés ne couvrent pas
leurs besoins vivriers et 14,53% sont vulnérables à
l'insécurité alimentaire et nutritionnelle. Suivant la
classification de vulnérabilité en fonction des seuils de
vulnérabilité définis par le PAM, 14,53% des
ménages enquêtés sont vulnérables à
l'insécurité alimentaire dont environ 12% extrêmement
vulnérables. Mais ce taux de vulnérabilité est
inégalement réparti dans les différents arrondissements et
villages de la commune. Ainsi, les arrondissements de Tchalinga et de
Badjoudè détiennent les forts taux des ménages
vulnérables à l'insécurité alimentaire, tandis que
celui de Komdè abrite le taux le plus faible. La quasi totalité
des ménages vulnérables est caractérisée par un
effectif élevé ; ils disposent de petite superficie cultivable et
sont pour la plupart analphabètes. Ces derniers sont plus tentés
à emprunter mais malheureusement cet emprunt ne leur permet pas de
sortir de cette situation.
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Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Par ailleurs, l'étude a également
révélé les déterminants de la capacité de
couverture céréalière des ménages. En effet, la
taille du ménage, la superficie allouée à chacune des
cultures céréalières sont les facteurs qui influencent de
façon significative la capacité des ménages à
couvrir leurs besoins céréaliers. La superficie allouée
à la culture de maïs affecte plus, positivement cette
capacité que les autres cultures céréalières. Ceci
peut s'expliquer par le fait que le maïs, parmi les cultures
céréalières, participe plus à l'alimentation des
ménages de la commune.
· Suggestions
Au vu des résultats obtenus, il parait
nécessaire de formuler quelques recommandations pouvant contribuer
à l'amélioration de la situation alimentaire de la commune en
l'occurrence celle des ménages vulnérables. Au nombre des
recommandations il faut retenir :
> appuyer les producteurs ou leurs organisations pour une
gestion efficace des stocks céréaliers ; ceci permettra de
combler les déficits observés à l'intérieur de la
commune. D'où la nécessité de renforcer la capacité
du CeCPA en vue de la constitution des stocks de sécurité dans
les arrondissements et villages déficitaires ou en
insécurité alimentaire. Les stocks constitués pourront
être vendus par les structures appropriées pendant la
période de soudure avec un accent dans les zones déficitaires ou
en insécurité, ceci en complément des actions de l'ONASA
;
> poursuivre les appuis nécessaires
déjà initiés par le PASA-AD aux producteurs en
prenant soin de les orienter davantage à l'endroit des
producteurs vulnérables afin d'améliorer leur situation
alimentaire ;
> appuyer le développement d'activités
alternatives à la production céréalières
(élevage, maraîchage, etc.) afin de diversifier les sources de
revenus des populations et éviter qu'elles aient toujours recours
à la vente de leurs céréales pour satisfaire leurs besoins
financiers ;
67
> orienter les interventions en matière de lutte
contre l'insécurité alimentaire prioritairement vers les
ménages extrêmement vulnérables ; ensuite vers les
ménages à vulnérabilité modérée en
mettant un accent particulier sur les ménages des villages les plus
vulnérables ;
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
> développer une synergie entre les arrondissements
excédentaires en produits vivriers et celles qui sont
déficitaires afin de créer un marché de distribution
orienté prioritairement vers les arrondissements de la commune en
renforçant les capacités de la commune en matière de
promotion de la sécurité alimentaire au niveau local ;
> enfin accélérer la mise en oeuvre des
politiques de développement agricole, améliorer le ciblage des
politiques de réduction de la pauvreté et réfléchir
sur la mise en place de mécanismes de protection sociale afin d'aider
les populations vulnérables à absorber les chocs et l'impact des
crises économiques et sociales.
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Situation alimentaire et vulnérabilité des
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73
Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
ANNEXE
ANNEXE
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Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Matériels d'étude
+ Logiciel utilisé
Le logiciel SPSS 16.0 est utilisé pour l'analyse et le
traitement des données. Ce logiciel a permis d'effectuer toutes les
analyses relatives à la détermination des différentes
incidences de pauvreté alimentaire. Il a servi aussi à
l'établissement des graphiques et autres analyses jugées
nécessaires pour l'étude.
+ Le questionnaire
Le questionnaire est composé des fiches suivantes :
-Fiche 1 : Recensement des membres du ménage. Cette
fiche renseigne sur la structure sociodémographique du ménage
(taille du ménage, sa composition par âge, par sexe, par actif,
etc.).
-Fiche 2 : Evaluation de l'état physiologique de la
femme et nutritionnel des enfants de moins de 5 ans.
- Fiche 3 : Recensement des parcelles du ménage. Cette
fiche renseigne sur les caractéristiques (la superficie des parcelles,
le rendement...), les cultures pratiquées sur les parcelles et les
labours.
- Fiche 4 : Quantités des produits
céréaliers produites en 2009 par les membres du ménage
ayant des parcelles qu'ils exploitent. Cette fiche donne les quantités
en unités locales et leurs équivalents en Kg grain.
- Fiche 5 : Cheptel du ménage. Cette fiche renseigne
sur les effectifs du cheptel, les naissances et les pertes, les achats et les
ventes, les dons et les cadeaux reçus et l'autoconsommation.
-Fiche 6 : Evaluation du revenu du ménage.
-Fiche 7 : Evaluation des stocks des produits alimentaires et
utilisation des produits de récoltes consommés en 2009 (ventes,
achats, dons reçus, dons faits, la semence)
+ Apports énergétiques conseillés
dans les pays en développement et la conversion des produits vivriers et
animaux en Equivalents calorifiques.
V' Apports énergétiques conseillés
dans les pays en développement
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Le tableau 3.4 présente les besoins
énergétiques en fonction de l'âge et du sexe dans les pays
en développement.
Tableau 3.4 : Apports énergétiques
conseillés dans les pays en développement
Structure d'âges
|
Besoins énergétiques recommandés
exprimés en Kcal par jour
|
Structure d'âges
|
Besoins énergétiques recommandés
exprimés en Kcal par jour
|
enfants
|
950 1350 1600 1820 1900
|
Filles
|
1905 1955 2030 2060
|
6-12 mois 1-3 ans 3-5 ans 5-7 ans 7-10 ans
|
10-12 ans 12-14 ans 14-16 ans 16-18 ans
|
Structure d'âges
|
Besoins énergétiques recommandés
exprimés en Kcal par jour
|
Structure d'âges
|
Besoins énergétiques recommandés
exprimés en Kcal par jour
|
Garçons
|
2120 2250 2650 2770
|
Hommes actifs
|
2895
2020
|
10-12 ans 12-14 ans 14-16 ans 16-18 ans
|
18-60 ans >60 ans
|
Femmes actives
|
2210
2410
2710
1835
|
|
|
Non gestantes et non allaitantes Gestantes
Allaitantes >60 ans
|
Sources : FAO (1990), utilisé par Issaka
(2010) et Kaboré M.et al. (2005).
75
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Thèse d'ingénieur agronome/FA/UP/2010
Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
Tableau 3.5 : Equivalents calorifiques des produits
vivriers
Produits (100g)
|
mil
|
maïs
|
sorgho
|
riz
|
Fonio
|
niébé
|
arachide
|
voandzou
|
sésame
|
igname
|
patate
|
Manioc
|
Calories (Kcal)
|
265
|
368
|
299
|
368
|
332
|
142
|
549
|
369
|
558
|
95
|
102
|
1 0 9
|
Sources : FAO (1996), cité par Issaka (2010)
et par Kaboré M.et al. (2005).
Tableau 3.5 : Equivalents calorifiques des produits
vivriers (suite)
Produit (100g)
|
Pastèque
|
Oignon
|
Autres fruits
|
Gombo
|
Calories (Kcal)
|
17
|
24
|
41
|
31
|
Sources : FAO (1996), cité par Issaka (2010)
et par Kaboré M.et al. (2005).
V' Equivalent calorifique des produits animaux et
autres.
Les calories issues de la viande autoconsommée sont
évaluées à travers les apports calorifiques de la carcasse
et des abats comestibles. Pour la FAO (2001), la viande est définie
comme la chair d'animaux utilisée comme aliment. Le poids de la carcasse
parée est le poids de la carcasse après élimination des
parties comme le cuir ou la peau, la tête et les membres, les gros
vaisseaux sanguins, les organes génito-urinaires autres que les rognons,
les abats comestibles et non comestibles, la queue et les graisses d'abattage
autres que les graisses de rognons. Les abats comestibles sont les parties ou
organes comestibles des animaux, autres que les graisses, qui sont
généralement détachés lors de la préparation
des carcasses à l'abattoir. La démarche consiste donc à
ramener le poids moyen de la carcasse et celui des abats de chaque animal
abattu dans le ménage à son équivalent calorifique. Les
poids moyens de la carcasse et des abats sont donnés dans le tableau
3.6.
Tableau 3.6 : Equivalent calorifique des produits animaux
et autres
Produit (100g)
|
Lait frais
|
Viande blanche
|
Viande Boeuf
|
Viande petits Ruminants
|
Viande séchée
|
Poissons
|
oeuf
|
Huile arachide
|
Sucre
|
Thé
|
volailles
|
Calories (Kcal)
|
61
|
1 22
|
1 5 0
|
1 9 3
|
2 5 0
|
6 9
|
139
|
884
|
387
|
40
|
156
|
Source : FAO utilisé par Issaka (2010) et par
Kaboré M.et al. (2005).
76
Selon la structure de consommation des ménages
donnée par la FAO, ces produits représentent 21,1% de la moyenne
des besoins caloriques de 2525 Kcal. Ainsi ajoutés aux
77
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Situation alimentaire et vulnérabilité des
ménages de la commune de Ouaké
équivalents caloriques des produits vivriers, cela
représente environ 99,1% des besoins énergétiques
moyens.
|