WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La dynamique du discours nationaliste au Gabon.

( Télécharger le fichier original )
par ADIELA BOUSSOUGOU KASSA
Université Omar Bongo - Master de sociologie 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3. Les universitaires gabonais et le fait nationalitaire.

Référence d'abord à Fidèle-Pierre Nze Nguema, avec sa sociologie historique de l'Etat au Gabon. Sa prise de vue de la question ethnique porte essentiellement à analyser l'ordre social au prisme des équilibres régionaux, à travers le recrutement et la nomination du personnel des ressources humaines dans l'Etat et les partis politiques. Comme Bayart dans L'Illusion

63 Puisqu'Amselle entre autres affirme que « Les ethnies ne procèdent que de l'action du colonisateur qui, dans sa volonté de territorialiser le continent africain, a découpé des entités ethniques qui ont été elles-mêmes ensuite réappropriées par les populations ».

64 Amselle, op.cit. p. 140.

65 GEMDEV, Les Avatars de l'Etat en Afrique, Paris, Karthala, 1997, p. 328.

29

identitaire, il s'ensuit, la génération des identités « politisées ». Son analyse se forge en l'occurrence autour du concept de « régionalocratie », en marge de la rationalité bureaucratique au sens wébérien du terme.

Bien qu'il aborde succinctement la causalité rétrospective dans ses analyses, la délimitation dans le temps de l'oeuvre, en l'occurrence de 1929 à 1990, n'est cependant pas dans le cadre de notre analyse suffisamment pertinente du manifeste de l'ethnie dans l'Etat postcolonial au Gabon. Ce travail connexe certes, est une ressource importante dans les rapports plurielles avec notre thématique sont développés infra. « Il s'agit donc de communautés humaines qui échappent à toutes forme de structure formel... »66.

Formalité et/ou informalité dans les nominations politico-administratives ; telle est le modèle d'intelligibilité que propose Fortuné Matsiegui Mboula, dans la corrélation qu'il établit entre l'Etat et le tribalo-régionalisme au Gabon. Son intérêt porte également sur la gestion politique des ressources humaines dans l'administration publique et la gestion des ressources humaines politiques ; deux variables inextricablement liés dont le cordon ombilical pointe l'ethnicité au coeur67.

Aussi, la thèse de Jean Ferdinand Mbah postule que le tribalisme est l'idéologie de la bourgeoisie politique qui, en intervenant dans le champ politique, freine le processus d'émergence de la conscience de classe, en maintenant dans les consciences le fait d'appartenance ethnique. Le tribalisme est un alibi idéologique qui empêche la prise de conscience des classes dominées afin d'éviter la lutte des classes inévitable dans le mouvement historique des sociétés (modes de production) selon la tradition marxiste68. Point de vue partagé par Jean Ziégler, qui écrit que les « complots, insurrections, coups d'Etat et assassinats politiques (...) procèdent d'un phénomène commun : la lutte des classes antagonistes pour le contrôle de l'Etat et du pouvoir »69.

La transposition mécanique de certains chercheurs africains et africanistes des théories décontextualisées de leur cadre empirique de gestation et de leur application sur les terrains africains, à part entière, sont d'un simplisme qui pour Jean Copans procède autant des logiques

66 F.P. Nze-Nguema, Op.cit., p.55.

67 F. Matsiegui Mboula, Op.cit.

68 Jean Ferdinand Mbah, Le tribalisme, adaptation et/ou survivance de l'idéologie dominante au Gabon, Thèse de Doctorat 3ème Cycle, Paris V, 1979.

69 J. Ziegler, Sociologie de la nouvelle Afrique, paris, Gallimard, coll. « idées nrf »1964, p.12. « La lutte des classes en Afrique » fait d'ailleurs l'objet de tout une partie de cet ouvrage. Cf. pp.9-49.

30

de « manque de familiarité et/ou de l'incompétence linguistique des chercheurs étrangers »70. Nous nous contenterons à l'encontre de Mbah et de Ziegler, de questionner la pertinence et l'opérationnalité du concept de classe dans le contexte gabonais.

Aussi, Lukacs fit-il remarquer que « c'est un malheur pour la théorie, comme la praxis du prolétariat, que l'oeuvre principale de Marx s'arrête juste au moment où elle aborde la détermination des classes. »71 En effet, Le Livre III inachevé du Capital s'interrompt avec le chapitre 52 qui devait lui être consacré, laissant ainsi libre cours à l'exégèse, qui n'a jamais cessé de mobiliser « le jeune Marx » contre « le Marx de la maturité », les textes politiques contre les textes économiques, etc. L'on peut dès lors questionner la pertinence d'une analyse « classiste » alors que Ziegler, lui-même, titre un chapitre de son ouvrage « l'absence d'un prolétariat africain ».

Enfin, référence indirecte peut-être par rapport à notre travail, mais à évoquer. Adrien Ondo Essono, étudie le nom dans sa liaison avec la stratification et la mobilité sociale au Gabon72. L'analogie de ses travaux à notre objet est rendue possible par l'expression de la nationalité dans le nom, car l'identité a un nom et le nom a une identité. Et si le nom se rapporte aux origines, à une communauté, son identité consiste à promouvoir la subjectivation d'une nationalité.

L'ensemble de ces théories serviront tour à tour de référence à notre étude sur le discours nationalitaire, par des confrontations avec l'empirie. Nous y reviendrons donc dans l'optique d'une mise en perspective de leur lecture, dans la suite de notre travail.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite