CHAPITRE IV
COMMENT AMELIORER LA CONTRIBUTION DES REVENUS
PETROLIERS AU DEVELOPPEMENT DU GABON ?
La production pétrolière du Gabon a
commencé à chuter dans la seconde moitié des années
90. Cette production est passée de 18,19 millions de tonnes en 1997
à 16,85 millions de tonnes en 1998 et à 11,74 millions de tonnes
en 20001. Cette baisse de la production devrait interpeller les
Autorités gabonaises sur le caractère épuisable des
réserves pétrolières et la nécessité de
mettre en place des mesures visant à améliorer la contribution du
pétrolière au développement du pays dans le cadre d'une
justice intergénérationnelle. Ces mesures doivent comporter deux
volets : le premier volet porte sur l'adoption de politiques volontaristes
visant à améliorer la compétitivité de
l'économie nationale ; le deuxième volet traite de l'adoption des
politiques oeuvrant pour un retour d'une économie de redistribution de
la rente à une économie de production compétitive.
Section 1 : L'adoption de politiques volontaristes
visant à améliorer la compétitivité de
l'économie nationale
Afin d'améliorer la compétitivité de
l'économie gabonaise qui a été
détériorée par l'abondance des revenus pétroliers,
les Autorités publiques doivent favoriser le développement des
infrastructures économiques et sociales du pays et autoriser la
stérilisation des revenus pétroliers à
l'étranger.
Paragraphe 1 : Le développement des infrastructures
économiques et sociales
Le développement des infrastructures économiques
et sociales constitue un impératif pour favoriser l'expansion des
activités de production compétitive au Gabon. A l'heure actuelle,
le Gabon ne dispose pas d'un réseau routier très étendu et
praticable en toutes
1 Données de la BEAC (2004) : « Etudes et
Statistiques », n° 287, septembre 2004.
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saisons, l'enclavement de certaines localités freine
alors les échanges inter-régionaux et entrave le
développement des activités productives et commerciales. Le Gabon
dispose d'un potentiel hydraulique considérable qui n'est pas encore
suffisamment exploité. Le sous-équipement et la
répartition inégale des infrastructures de santé sur le
territoire national, la dégradation du système éducatif et
le manque d'enseignants limitent la formation du capital humain et, par
ricochet, le développement du pays dans la mesure où «
le développement économique d'un pays dépend de la
qualité de sa main-d'oeuvre, mais celle-ci est étroitement
reliée au niveau de formation et de santé
»1. Or, ces dépenses ne peuvent être
réalisées par le secteur privé en raison de leurs
coûts extrêmement élevés, du caractère diffus
de leurs effets sur l'ensemble de l'économie et des délais de
retour sur investissement extrêmement longs, dépassant l'horizon
temporel des seuls intérêts privés. Il revient donc
à l'Etat gabonais d'engager un ensemble de dépenses
génératrices d'effets externes positifs sur l'ensemble de
l'économie telles que : le bitumage des routes principales qui ne sont
pas praticables en saison des pluies et la création de nouvelles routes
en vue de désenclaver certaines localités ; la construction des
hôpitaux dotés d'un matériel de fonctionnement
conséquent ; la construction de nouvelles écoles, lycées
et universités afin d'éviter le surpeuplement des salles de
classe ; le recrutement d'un grand nombre d'enseignants du primaire, secondaire
et supérieur ; la construction de nouveaux barrages
hydroélectriques en vue d'augmenter la production du pays en
électricité ; le soutien à la recherche et
développement dans le secteur agricole en vue d'adapter les moyens de
production aux spécificités du climat du Gabon ; le renforcement
des infrastructures de télécommunications (satellites,
réseau filaire) et l'extension des réseaux d'adduction d'eau et
d'électricité pour atteindre les villages les plus
reculés. La réalisation de ces dépenses contribuera
à améliorer la compétitivité de
l'économie.
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