Chapitre I : Analyse Théorique et empirique
I.1 Analyse théorique
L'analyse de facteurs explicatifs de l'inflation a
été largement développée dans la littérature
économique.
On peut retenir principalement les types d'analyses
théoriques suivants.
I.1.1 L'inflation par la demande
Sur un marché concurrentiel d'un produit, la hausse du
prix est due à un excès de demande par rapport à l'offre.
L'inflation par la demande est due au fait que la demande excède
durablement l'offre sur les marchés.
L'origine de l'excès de demande est le suivant :
- hausse des dépenses de consommation à cause de
la hausse des salaires ou de la hausse du crédit.
- hausse des dépenses d'investissement des entreprises
financées par le crédit bancaire sans épargne
préalable
- hausse des dépenses publiques avec déficit
budgétaire
- hausse de la demande extérieure
- accroissement des revenus provenant d'un excédent
courant (entrée de devises)
Alors que l'insuffisance de l'offre est due aux :
- blocage des importations
- Inélasticité de l'offre due à divers
goulots d'étranglements : pénurie de matières
premières, d'énergie, d'outillage, de main d'oeuvre
spécialisée, absence de capitaux.
Keynes (1940) a mis en évidence la théorie de
l'inflation par la demande durant la seconde guerre mondiale où les
facteurs de production sont en partie orientés vers l'armement, ce qui a
conduit à une rigidité de l'offre. Si le gouvernement fixe les
prix, la population peut être confrontée à des
pénuries (= épargne forcée). Si les prix sont libres, il y
a hausse des prix.
I.1.2 L'inflation par les coûts
L'inflation provient d'une croissance de la
rémunération des facteurs de production supérieure
à celle de leur productivité. Cette hausse incite les chefs
d'entreprise à relever le prix des biens et services offerts ce qui
conduit à des revendications de nouvelles hausses de salaires.
L'inflation est due à la hausse excessive des
coûts de production : matières premières
(chocs pétroliers), charges fiscales et
financières, salaires et charges sociales.
Le rôle des syndicats est important ici : ils
parviennent à étendre à tous les salariés les
hausses de salaires. Ils y aboutissent d'autant mieux qu'il y a plein emploi et
que les entreprises sont en situation d'oligopole (elles peuvent facilement
augmenter leurs prix).
Ensuite peut se mettre en place la boucle prix/salaires. Dans
cette boucle, le principe d'indexation des salaires sur les prix joue un
rôle central et constitue un facteur élevé d'inflation.
Au niveau de l'enchainement, l'inflation est souvent
causée au départ par la hausse des prix des matières
premières qui se répercute sur les produits finis. Les salaires
étant en général indexés sur l'inflation, cela
entraine une hausse des salaires, par un phénomène d'inflation de
second tour.
Pour Keynes : l'inflation s'explique par l'évolution
des coûts salariaux. « L'accroissement de la quantité de
monnaie ne produit aucun effet sur les prix tant que l'augmentation de la
demande effective se traduit par une baisse du chômage. Aussitôt
que le plein-emploi est atteint, la hausse de la demande effective
entraîne la hausse des salaires et des prix ». Keynes,
Théorie générale, 1936.
Pour le courant keynésien, l'inflation est le
résultat plus ou moins inéluctable de la croissance
économique et des hausses de salaires qu'elle engendre.
L'inflation par les coûts rejoint l'idée
d'inflation de croissance. La croissance exerce une pression sur les ressources
disponibles, et notamment une hausse des salaires, d'où hausse de la
demande et des coûts.
L'idée d'inflation de croissance se retrouve dans la
courbe de Phillips : elle montre une liaison inverse entre le taux de variation
des salaires nominaux et le taux de chômage.
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