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à‰ducation, pauvreté et limitation du nombre de mandats présidentiels. Cas du Bénin et du Burkina Faso

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par Christian Jean-Noël BATIOBO
Insitut de Recherche Empirique en Economie Politique (IREEP) - Master en Economie Publique et Statistique Appliquée 2010
  

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1.7. Présentation et analyse des résultats

1.7.1. Présentation et analyse des résultats des estimations par le modèle probit

Le tableau ci-dessous résume les résultats des estimations du modèle probit pour chacun des pays. Pour chaque pays, on a fait deux estimations. Dans la première estimation (I), on a utilisé comme variables explicatives le niveau de pauvreté, le niveau d'éducation, la proximité avec le parti au pouvoir, la confiance au président, l'appréciation de la situation économique actuelle et la participation à des débats politiques. Dans la seconde estimation (II), nous avons utilisé en plus des variables du modèle (I) des variables démographiques (âge, sexe, milieu de résidence).

Tableau 2 : Résultats de l'analyse économétrique par le modèle probit

 

(I)

(II)

 

limitation du nombre de mandats

BURKINA FASO

BENIN

BURKINA FASO

BENIN

pauvreté

0.0621

0.0653

0.0816*

0.0763

 

(0.0418)

(0.0508)

(0.0432)

(0.0515)

éducation

0.112***

0.163***

0.110***

0.145***

 

(0.0360)

(0.0329)

(0.0415)

(0.0364)

parti_pouvoir

-0.316***

-0.0298

-0.309***

-0.0159

 

(0.0887)

(0.109)

(0.0908)

(0.110)

confiance au président

-0.302***

-0.0975**

-0.301***

-0.0989**

 

(0.0488)

(0.0452)

(0.0498)

(0.0458)

situation économique

-0.0690*

-0.187***

-0.0583

-0.189***

 

(0.0360)

(0.0407)

(0.0372)

(0.0413)

débats politiques

0.187***

0.107*

0.182***

0.0932

 

(0.0620)

(0.0645)

(0.0643)

(0.0679)

âge

 
 

0.103*

0.0630

 
 
 

(0.0576)

(0.0625)

sexe

 
 

-0.0460

-0.0616

 
 
 

(0.0933)

(0.0952)

milieu de résidence

 
 

-0.209*

-0.320***

 
 
 

(0.113)

(0.0927)

Constant

 
 

1.144***

1.525***

 
 
 

(0.358)

(0.331)

Nombre d'observations

960

1115

932

1107

Prob > chi2

0.000

0.000

0.000

0.000

Pseudo R2

0.0836

0.0617

0.0921

0.0714

*** : significatif à 1%, ** : significatif à 5%, * : significatif à 10%. Les erreurs types sont entre parenthèses

Source : l'auteur

Nos estimations par le modèle probit, nous révèle dans le modèle (I) qu'au Burkina Faso les variables qui ont un effet significatif sur le choix des individus par ordre de significativité sont le niveau d'éducation, la proximité avec le parti au pouvoir, la confiance au président, la participation aux débats politiques et l'appréciation de la situation économique. Dans le cas du Bénin, les variables significatives sont le niveau d'éducation, l'appréciation de la situation économique, la confiance au président et la participation aux débats politiques.

Dans le modèle (II), on note que les variables significatives, dans le cas du

Burkina Faso, sont le niveau d'éducation, la proximité avec le parti au pouvoir, la confiance au président, la participation au débats politiques, le niveau de pauvreté, l'âge et le milieu de résidence. On remarque donc que la variable liée au niveau de pauvreté est devenue significative mais cette significativité reste faible. Dans le cas du Bénin, les variables significatives sont le niveau d'éducation, l'appréciation de la situation économique, le milieu de résidence et la confiance au président.

La pauvreté a un impact positif et faiblement significatif au Burkina Faso dans le modèle (II). Dans le modèle (I), cet effet est positif mais non significatif. On peut donc en déduire que l'impact de la pauvreté est mitigé dans le cas du Burkina Faso. Néanmoins en s'appuyant sur les résultats du modèle (II), on peut affirmer que plus on est pauvre plus on est enclin à la limitation du nombre de mandats présidentiels au Burkina Faso. Ce résultat pourrait s'expliquer par le fait que les pauvres ont tendances à penser que leur pauvreté résulte des politiques menées par le gouvernement en place. En d'autres termes, s'ils n'arrivent pas à satisfaire leur besoins fondamentaux, c'est parce que le gouvernement en place ne mène pas des politiques pouvant leur facilité l'accès à ces biens (eau, nourritures, soins médicaux,..). C'est donc à juste titre qu'ils pensent que limiter le mandat du président favoriserait le changement des instances dirigeantes et par ricochet favoriserait l'avènement d'un nouveau gouvernement qui pourrait résoudre leurs problèmes. La faiblesse de la significativité nous conduit à être prudents quant à l'interprétation que nous venons de faire de ces résultats. Dans le cas du Bénin, l'effet est positif mais non significatif dans les deux modèles. Le niveau de pauvreté n'agit donc pas sur la position des individus quant à la limitation du nombre de mandats présidentiels au Bénin.

L'éducation a un impact positif et très significatif (seuil de significativité 1%) dans les deux modèles des deux pays. Le niveau d'éducation est aussi la seule variable qui garde une forte significativité quelque soit le pays et quelque soit le modèle. Le niveau d'éducation semble être donc le meilleur déterminant du choix de la limitation du nombre de mandats présidentiels parmi nos variables. Ce résultat vient confirmer celui révélé par le test de Chi deux. Ce résultat traduit le fait que plus on a un niveau élevé d'éducation plus on est favorable à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Nos résultats concordent avec ceux de Wantchekon et al. (2006) qui avait montré que les individus plus instruits avaient tendance à adopter une vision intrinsèque de la démocratie. La limitation du nombre de mandats présidentiels est donc un désir ardent pour ceux-là qui ont un niveau scolaire de plus en plus élevé. L'influence de l'éducation est compréhensible dans la mesure où les intellectuels comprennent plus les avantages de la limitation des mandats. Ils ont en général une culture politique plus accru qui est favorisé par leur niveau d'information.

Au Burkina Faso, plus on est proche du parti au pouvoir moins on est enclin à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Tandis qu'au Bénin cette variable n'a aucun effet significatif sur les choix des individus. Cette différence de résultat entre les deux pays pourrait se justifier par la maturité du peuple béninois en termes de démocratie. En effet, comme nous l'avons souligné plus haut les béninois sont habitués à l'alternance démocratique à l'opposé des burkinabè. Il faut souligner aussi qu'au Burkina Faso, quand on parle de limitation de mandat présidentiel, les personnes proches du pouvoir majoritaire font un lien direct avec le remplacement du président Blaise COMPAORE ce qui affecte leur choix. En effet, depuis que le parti au pouvoir (CDP) a été créé, son candidat aux élections présidentielles a toujours été Blaise COMPAORE qui a d'ailleurs remporté toutes ces élections. Il y a donc une confusion entre le parti en tant qu'organisation et la personne du président.

La confiance au président a un effet négatif et significatif sur le désir de limitation du nombre de mandats dans les deux pays quelque soit le modèle. Plus les individus ont confiances en leur président respectif, plus ils sont défavorables à une quelconque limitation du nombre de mandats présidentiels. La confiance au président apparaît donc comme un très bon déterminant du choix des individus dans les deux pays.

Dans les deux pays, on note que l'appréciation de la situation économique qui prévalait au moment de l'enquête a un impact négatif sur la position des individus quant à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Cet effet est très significatif dans le cas du Bénin quelque soit le modèle mais dans le cas du Burkina Faso il est moins significatif ; il perd même sa significativité lorsqu'on passe du modèle (I) au modèle (II). Ainsi plus les individus sont satisfait de la situation économique de leurs pays respectifs plus il est probable qu'ils soient opposés à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Ce résultat ne paraît pas à priori surprenant dans la mesure où « on ne change pas une équipe qui gagne » selon une expression populaire.

Au Burkina Faso, on observe que la variable débats politiques a un effet positif et très significatif sur la limitation. En d'autres termes, plus l'individu mène des discussions en rapport avec les questions politiques plus il est porté vers la limitation du nombre de mandats présidentiels. Cela traduit le fait que les personnes qui sont plus éveillés ou qui ont une maturité (un niveau élevé d'information) en matière de questions politiques sont d'avis que la limitation est nécessaire. Dans le cas du Bénin, cet effet est positif mais il perd de sa significativité lorsqu'on passe du modèle (I) au modèle (II).

La variable âge a un effet positif dans les deux pays. Cependant il est faiblement significatif dans le cas du Burkina Faso et non significatif dans le cas du Bénin. Au Burkina Faso, plus les individus sont âgés plus ils sont favorables à une limitation du nombre de mandats présidentiels. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que les adultes ont vécu plus l'expérience de l'absence d'alternance au Burkina Faso et ont donc assisté ou assistent encore à ses inconvénients.

Les individus résidant en milieu urbain sont plus enclins à la limitation que ceux résidant en milieu rural. Loger en milieu rural diminue donc la probabilité d'opter pour la limitation du nombre de mandats présidentiels. Ce résultat pourrait s'expliquer par le fait qu'en milieu rural, les individus sont dans un environnement où la tradition domine. Le président de la république est donc comme un « chef traditionnel», on ne peut le remplacer de son vivant. En d'autres termes, on ne peut limiter le nombre de mandat.

La variable genre n'a pas d'effet significatif sur le choix des individus quant à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Le sexe de l'individu ne détermine donc pas son choix.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore