Description des conséquences des violations de coutumes Luba-Kasai et leurs thérapies.( Télécharger le fichier original )par Augustin Mubiayi Mamba Université de Kinshasa, RD Congo - Diplome d'Etudes Superieures (D.E.S.) en Psychologie 2015 |
1.2. ETHNONYMIESelon l'historique, on rencontre deux grandes variantes : les Luba du Kasaï et les Luba du Katanga, toutes les deux variantes étant issues de « Nsanga Lubangu », région située aux alentours du Lac Kisale et Upemba, dans la province du Katanga dont le nom fut changé, du temps de Mobutu à "Shaba" pour être rebaptisée "Katanga" par Laurent Désiré Kabila. Un groupe a émigré de cette localité pour aller dans la province du Kasaï. Ici, ils se sont encore séparés, une branche s'installa tout autour de la rivière Lubulanji pour donner les Baluba-Lubilanji, et l'autre branche est allée s'installer dans la région de la rivière Lulua pour donner la variante Baluba-Lulua. La présente recherche s'est effectuée dans le cadre de l'espace de cette variante Lulua située dans le territoire de Demba, qui est au centre même de cette ethnie. C'est un territoire à vocation agricole, parsemé par plusieurs cours d'eaux dont les principaux sont Lulua, Lombelu, Muanzangoma, Lubudi, Tshibashi, Tshibungu, Katusenga. Il est connu sous la dénomination de « Demba `a Mutombo » et ou encore « Demba base », car vers les années 1960, ce territoire était parmi les grands théâtres de guerres fratricides Luba-Lulua et c'est justement dans ce terroir, plus précisément dans la localité du nom de Tshibumbula (exterminateur) actuellement Tshibambula, qu'il y a eu usage de la flèche magique appelée tshibola (qui signifie « pourri ou pourriture », est une flèche qui, une fois lancée pouvait tuer toute personne en contact avec elle ou avec toute personne touchée par elle). On a pensé que les effets néfastes de cette flèche magique pouvaient ressembler à l'épidémie de la fièvre hémorragique d'Ebola que nous connaissons ces jours. Cette société Luba a connu un corps de différents métiers : les chasseurs, les pêcheurs, les ouvriers, les guerriers, les charpentiers, les agriculteurs, les éleveurs, les sculpteurs, les ouvriers du métal (cuivre), les bijoutiers (ornements ou colliers avec les pierres précieuses, couronnes royales en cuivre serties des diamants et de malachites) et les sages qui entouraient le Roi pour diriger le royaume, faire le juge, penser à l'amélioration des aliments et des conditions de vie, la prospérité du royaume. De cette stratégie Luba, il est remarquable de constater que dans le bassin du Congo, toute oeuvre artistique notable, le peuple travailleur, structuré et à chaque fois capable d'amener des changements, se retrouve dans cette lignée. Ceci permet de comprendre l'influence de la civilisation Luba à travers le temps. Nous trouvons la trace des traditions luba en Angola, en Zambie, en Tanzanie jusque vers la Namibie. Vint ensuite le Royaume Lunda au VIème siècle et le royaume Kongo au VIIème siècle. Les songye sont les descendants du fils insoumis Songye à son père, le Roi du peuple originel vivant au bord du Lac Moéro en Zambie. Pour des raisons de sécurité et de pérennité, le Roi était chez les luba venu faire épouser son fils insoumis vers le VIème siècle. Ils sont originaires du lac Moéro en Zambie. Le mariage s'était fait sur base d'une alliance entre la royauté luba et celle du Roi Songye pour écarter ce fils insoumis qui voulait attenter à son père et mettre de l'ordre sur la succession du côté du Lac Moéro. Le Roi Songye, par ce mariage, avait atteint deux objectifs : 1° faire l'alliance avec un royaume prospère et fort afin d'éviter d'être tôt ou tard envahi et 2° protéger son peuple et bénéficier de la science infuse de ce peuple, Luba. Pour corroborer l'histoire, le constat de voir combien le peuple songye, sans tradition finie, essaye de trouver les similitudes avec les traditions Luba. De fois, ils ont même la prétention de dire que les traditions Luba, sont songye. Les luba, après le mariage, ont donné un territoire au fils insoumis accompagné d'un corps de garde, du côté de Kabinda au Kasaï Oriental. C'est cette lignée qui donna naissance au peuple communément appelé Songye du Congo aujourd'hui. Le commerce de l'esclavage régna avec Tippo-Tippo. Il venait du Nord en suivant la première route, le fleuve Nil, jusqu'à sa source au Nord du Congo dans les montagnes. Après avoir occupé le Nord du bassin du Congo, il se dirigea vers une deuxième route en suivant la côte de l'océan indien. Il arriva en Tanzanie, en poursuivant les esclaves dans toute cette région et l'ayant facilement occupée, il a commencé à remonter les rivières qui forment les sources du fleuve Congo. Il captura le Roi des Songye et fit esclave la population. Il commença la conquête du peuple luba et fit prisonnier les songye du Kasaï. Pour protéger sa population, le Roi des Songye Lumpungu conclut un accord pour trahir la couronne luba et permettre à Tippo-Tippo d'en faire des esclaves. Il y a eu plusieurs fronts dont celui de l'Est menés par Tippo-Tippo lui-même qui a vu reculer les luba en cédant une partie de l'actuel Katanga aux guerriers venus de la Tanzanie et de la Zambie. Les conquêtes de Tippo-Tippo se manifestent par la langue swahili et les pratiques barbares ou de velléité vis-à-vis de l'autorité. Ayant rencontré des résistances au front de l'Est, Tippo-Tippo attaqua les luba en venant vers le Nord. Il fit prisonniers les songye et leur Roi Lumpungu. Il avait conclu un accord pour protéger son peuple et faire des luba des esclaves. Lumpungu fut pendu à l'arrivée des belges qui ont mis fin à l'esclavage de Tippo-Tippo après que ce dernier leur ait montré la route et le commerce de l'ivoire. L'oeuvre fut de Stanley et sauva ainsi les luba de l'extermination et de différentes guerres. Leur berceau est le Katanga, plus précisément la région du lac Kisale. Les Baluba se sont répandus dans presque tout le nord-est du Katanga et le Sud du Kasaï, formant ainsi différentes ethnies et tribus. Le premier empire Luba fut fondé vers le XIIIème siècle par Nkongolo Mwamba. Le deuxième empire Luba est né d'une sécession entre la lignée de Luluabourg (Lulua), de Mbuji-Mayi (Luba). Au XVIème siècle l'État qu'ils créèrent, était organisé en chefferies décentralisées qui s'étendait de la rivière Kasaï au lac Tanganyika. Les chefferies recouvrent un petit territoire sans véritable frontière qui regroupe tout au plus trois villages. Cependant les différentes chefferies sont liées par le commerce. Leur système politique et d'organisation influencèrent beaucoup des peuples qui habitaient tout autour d'eux, qui les adoptèrent. Les figures marquantes de cette monarchie Luba sont les rois Kongolo, Kalala Ilunga ( XVIème siècle) et leurs successeurs Kasongo Nyembo et Kabongo. Les Baluba se fractionnèrent souvent, donnant naissance à d'autres tribus dont certains devinrent des ethnies à part entière, telles les Baluba du Kasai, les Lundas, les Babemba, les Baholoholo, les Babwari, les Basanze, les Bavira, sans oublier les Bagoma, les Bajiji ainsi que les Bafipa dont une grande partie se trouve maintenant en Tanzanie, etc. Ainsi le Mwant Yav, empereur Lunda est né d'un père luba, et Moïse Tshombe, un de ces descendants, est donc aussi d'origine luba. ] Au XIXème siècle, les BaLuba du Kasaï ne purent faire face aux assauts des Tchokwés, et Lélés; tandis que les Baluba du Katanga à ceux des Yékés. En 1897, Léopold II a rayé les chefferies Luba de la carte et engloba leurs territoires dans son Etat Indépendant du Congo. Leurs territoires furent confiés à des compagnies concessionnaires dont La Compagnie du Kasaï et La compagnie du Katanga. Auparavant les balubas vénéraient leurs ancêtres morts résidant au ciel et devant les protéger. Il y avait également des oracles (lubuku) avec des divinateurs (bilumbu). Au Kasaï, les prêtres flamands ont néanmoins transcrit et enseigné le Tshiluba dans les écoles à côté du français. Les baluba ne connaissaient pas la propriété privée, la notion de vendre un terrain est arrivé avec la colonisation. |
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