Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe.( Télécharger le fichier original )par Joseph APOLO MSAMBYA Université Officielle de Bukavu - Licence en Relations Internationales 2010 |
Section III. Organisation de la transitionAprès les chutes des régimes honnis, une nouvelle équipe gouvernementale a été nommée en Tunisie en remplacement de l'ex-premier ministre Mohamed GANNOUCHI et en Égypte c'est l'armée qui dirige la transition. En Libye par contre, les insurgés se sont réunis autour du Conseil National de Transition (CNT). §1. La transition en TunisieAprès la fuite du président Ben Ali, le Premier ministre Mohamed GHANNOUCHI, annonça qu'il entend assurer la présidence par intérim au nom de l'article 56 de la constitution. Mais deux jours après, le président du Parlement tunisien, Fouad MEBAZAA, fut proclamé Président de la République tunisienne par intérim par le Conseil constitutionnel en vertu de l'article 57 de la Constitution, écartant ainsi la possibilité d'un retour à la tête de l'État de Zine Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 89 el-Abidine Ben Ali, contrecarrant ainsi le plan de retour imaginé par la garde rapprochée présidentielle. Fouad MEBAZAA est chargé d'organiser l'élection présidentielle à venir, que la Constitution prévoit normalement dans un délai de soixante jours. Les tunisiens se préoccupant alors de l'avenir du pays en débattant de la transition à entamer, plusieurs conférences furent organisées pour former un gouvernement de transition et à l'issue de celles-ci, une nouvelle équipe a été nommée le 27 février 2011207. D'autres conférences continuaient toujours à se tenir en vue d'organiser cette transition démocratique208. Ce gouvernement transitoire fut dirigé par BEJI CAÏD ESSEBSI et avait pour mission de mener à bien la transition en évitant la chasse aux sorcières, tout en veillant à ce que justice soit faite209. Mais, peu avant la fuite de Ben Ali, le 11 février 2011, un Conseil National pour la Protection de la Révolution (CNPR) avait été formé. Il regroupait des représentants de l'ordre des avocats, de la ligue tunisienne des droits de l'homme, du syndicat UGTT, du parti islamiste Ennahda, et du Front du 14 Janvier. Il demandait la convocation d'une Assemblée Constituante et la dissolution de toutes les institutions héritées de l'ère de Ben Ali, à savoir le Parlement, le RCD (parti au pouvoir) et la police politique210 ». Sa reconnaissance éventuelle par un décret présidentiel rencontra l'opposition du parti Ettajdid, du PDP, des Femmes Démocrates et du Syndicat des journalistes, qui ont refusé de le soutenir211. Avant d'arriver au gouvernement de BEJI CAÏD ESSEBSI, plusieurs autres gouvernements ont été formés mais n'ayant pas satisfait les aspirations des manifestants qui dénonçaient la présence de certaines personnalités de l'ancien régime. A. Le premier gouvernement de transitionÀ la suite des négociations sous la houlette de Mohamed GHANNOUCHI avec certains partis d'opposition « légale », le pouvoir intérimaire annonça la constitution d'un gouvernement 207 Jamel ARFAOUI, « Les Tunisiens débattent de la transition démocratique », édicté sur le http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2011/03/08/feature-03, mis en ligne le 08 mars 2011, consulté le 11 juin 2011. 208 Ahmed SAHRAOUI, « Tunis : la conférence sur les transitions démocratiques du 30 et 31 mars », édicté sur le lien http://www.tunisienumerique.com/2011/03/tunis-conference-sur-les-transitions-democratiques-les-30-et-31-mars/, mis en ligne le 29 mars 2011, consulté le 11 juin 2011. 209 MARWANE BEN YAHMED, « La révolution, ce n'est pas la démocratie » in Jeune Afrique, n°2621, du 03 au 09 avril 2011, pp.58-63. 210 Dominique LAGARDE, « Touche pas à ma révolution », édicté sur le lien Internet http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/tunisie-touche-pas-a-ma-revolution_967372.html, mis en ligne le 1er mars 2011, consulté le 15 juin 2011. 211 Hichem SKIK, « Des voix s'élèvent contre un conseil national de protection de la révolution », édicté sur le http://www.espacemanager.com/politique/tunisie-les-voix-selevent-contre-un-conseil-national-pour-la-protection-de-la-revolution.html, mis en ligne le 24 février 2011, consulté le 15 juin 2011. provisoire dont seraient exclues les figures importantes du régime Ben Ali. Les promesses faisaient écho que ce gouvernement exclurait tous les partis pro-gouvernementaux et serait composé des représentants du Mouvement Ettajdid, du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) et du PDP, rejoints par des personnalités indépendantes et de la société civile212. Les partis d'oppositions « illégaux » n'ont pas été conviés à ces négociations : ni le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), ni le parti islamiste Ennahda de Rached GHANNOUCHI, ni le Congrès pour la République (CPR) -- parti de gauche laïque de l'opposant Moncef MARZOUKI n'ont pas été présents aux négociations. Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 90 Trois commissions de gestion de la transition ont été installées : ? La Commission sur la réforme des lois présidée par YADH BEN ACHOUR ; ? La Commission d'enquête sur la corruption ; ? Et une Commission indépendante d'enquête sur le rôle des forces de sécurité dans la répression sanglante des manifestations. Tandis que six anciens ministres du RCD comptaient dans cette équipe, ce nouveau gouvernement n'avait pas convaincu et des nouvelles manifestations éclatèrent. |
|