Section II. Attitudes des chefs d'États
La plupart de chefs d'États de la région
maghrébine se sont installés au pouvoir sans la moindre
idée de pouvoir y quitter un jour. Ils ont organisé leurs
pouvoirs sous des modèles dynastiques ou des royaumes où les fils
pouvaient succéder à leurs pères et ainsi régner le
plus longtemps possible. Alors que la vague des révolutions prenait de
l'ampleur, laquelle vague demandait leur départ du pouvoir, ceux-ci n'en
étaient pas encore là. Pour sauver les crises et continuer
à se maintenir un peu au pouvoir, ils ont tenu des promesses de
complaisance.
1) En Tunisie
Le président déchu Zine El-Abidine Ben Ali avait
commencé par qualifier les manifestants comme les « voyous
cagoulés aux actes terroristes impardonnables [...] à la solde de
l'étranger, qui ont vendu leur âme à l'extrémisme et
au terrorisme ». Par la suite, pour lutter contre le
phénomène, les autorités surveillaient Facebook et ont
bloqué certaines pages de médias étrangers comme France
24, Le Nouvel Observateur, la BBC, Rue89 et Al Jazeera ; la police quant
à elle exerçait un filtrage global au niveau des fournisseurs
d'accès. Ben Ali finit enfin par écarter dans son entourage tous
les chefs et officiers militaires qui ne voulaient pas réprimer les
manifestations en s'y ralliant. C'est le cas de la révocation du
général Rachid AMMAR, chef d'état-major de l'armée
de terre, qui avait refusé de réprimer les
émeutes206. Pour sauver la crise et continuer à se
maintenir un peu au pouvoir, il promit de s'arrêter autour de l'actuel
mandat qui devrait aller jusqu'en 2014, l'instauration d'une démocratie
réelle, liberté de la presse et d'expression, les
élections anticipées en 2011, la nomination d'un gouvernement
d'union nationale. Mais au début des manifestations, il tenta de
désamorcer le mouvement en maniant la carotte et le bâton, en
accusant une minorité d'extrémistes et d'agitateurs d'avoir
politisé un cas isolé de Mohamed Bouazizi.
2) En Égypte
Les manifestants se sont vite prononcés pour leur
souhait au départ du président Hosni Moubarak. Ce dernier leur
promit de quitter le pouvoir après la transition. Plaidant pour son
action en faveur du pays, il se dit conscient des souffrances de beaucoup
d'Égyptiens et explique qu'il entend mener l'Égypte vers
davantage de démocratie et de libertés, notamment la
liberté
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 88
d'expression, mais que « la ligne entre la liberté
et le chaos était ténue ». Évoquant notamment le
problème de la corruption, le président avait annoncé la
révocation du gouvernement et la formation d'une nouvelle équipe
gouvernementale ainsi que des réformes économiques.
|