2) Prévention et explosion de la
révolution
Craignant que la révolution qui a surgi dans le monde
arabe ne puisse pas toucher la Libye, et pour contenir les manifestations, le
pouvoir avait procédé par prendre des mesures préventives
: interdiction des rassemblements, annulation de rencontres sportives, baisse
du prix des aliments de base, et quelques mesures sociales. Afin
d'éviter l'effet domino des voisins tunisiens et égyptiens, le
pouvoir avait aussi bloqué l'accès à YouTube, et
annonça qu'il débloque un fonds de 24 milliards de dollars pour
fournir des logements et développer le pays. Jusqu'à la
mi-février 2011, Kadhafi réussit donc à contenir la
contestation.
Mais le 15 février, une manifestation avait eu lieu
à l'occasion du procès de prisonniers d'Abou Salim morts en
détention et c'est celle-ci qui a conduit à l'insurrection les
jours suivants. Elle fut durement réprimée par la police qui
utilisa des armes à feu, en plus des canons à eau et des
lacrymogènes. La répression est menée en partie au moins
par des mercenaires, souvent recrutés au Tchad ou au Niger, au Nigeria,
au Zimbabwe, au Liberia et au Soudan. Les manifestants de Benghazi, qui
protestaient contre la détention d'un avocat et activiste des droits de
l'homme, ont été attaqués par la milice défendant
le pouvoir, les gardiens de la Révolution, armés de
bâtons cloutés et de sabres. Les prisonniers ont été
payés pour réprimer les manifestants. D'autres villes du pays se
soulevèrent : à Zenten, El Beida, Tobrouk, Misurata, Khoms,
Tarhounah, Zliten, Zawiya, Zouara, Syrte (ville natale du colonel Kadhafi),
Tadjourah, Koufra, Ajdabiyah (terminal pétrolier), Marsa El Brega (grand
port industriel de Libye), Ras Lanouf (terminal pétrolier), Ben Jawad,
Misratah, Nofilia, etc.
§2. La résolution 1973 et l'intervention
étrangère
A. Le vote de la résolution 1973
La répression des opposants y a pris un tour sanglant,
le pouvoir utilisant des milices, des mercenaires et les comités
révolutionnaires pour réprimer les manifestants. Les menaces sur
les manifestants ont plus été accentuées par le
régime, beaucoup de pertes en vies humaines étaient
signalées partout et la situation humanitaire se
détériorait de plus en plus, la presse muselée, les
réseaux sociaux et Internet restant les seules sources d'information
possibles. Les manifestations se sont mues plus tard en révolte
armée, et le régime de Kadhafi fut peu à peu
abandonné par ses cadres : diplomates et ministres notamment. Certaines
unités de l'armée commençaient à se rallier aussi
aux insurgés, comme une des sept brigades d'élite de
l'armée,
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 78
basée à Benghazi192. Il a fallu la
folie criminelle de Mouammar Kadhafi qui a lancé l'armée libyenne
contre une partie de son propre peuple, pour que le conseil de
sécurité des Nations Unies, avec l'impulsion décisive des
gouvernements de la France et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne, réuni
le jeudi 17 mars 2011 alors que l'armée libyenne était aux portes
de Benghazi, adopte en fin de soirée la résolution 1973 qui
autorisa les États membres à intervenir en Libye, au nom du
principe d'ingérence humanitaire, et instaurer une zone d'exclusion
aérienne pour interdire tous vols dans l'espace libyen, le gel des
avoirs de Mouammar Kadhafi ainsi que des mesures nécessaires afin
d'aider à protéger les civils et faire cesser les
hostilités. Cette résolution exclut l'occupation au sol. Plus
tard, ladite résolution a autorisé également des frappes
aériennes contre les forces de Kadhafi pour fragiliser la
capacité de nuisance de celles-ci. Elle a été mise en
oeuvre par une coalition internationale le 19 mars 2011, composée par
les forces de l'intervention de l'OTAN (Organisation du Traité de
l'Atlantique Nord).
Ladite résolution a été arrachée
à la demande de la France, du Royaume-Uni et du Liban et adoptée
sous le chapitre VII de la charte des Nations Unies, par le conseil de
sécurité de l'ONU par 10 voix (10 pour, 0 contre, 5 abstentions
dont la Russie, la Chine et l'Allemagne)193. D'autres pays vont
ultérieurement manifester leur participation à la coalition
internationale, c'est le cas de la Belgique, la Norvège, le Danemark,
les Pays-Bas, le Qatar et le Canada. Elle a été acceptée
et soutenue par la ligue arabe et compte parmi ses participants aux
interventions militaires des pays comme le Qatar.
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