§2. Les idées politiques du XVIIème
siècle
Le XVIIème siècle est un
siècle de crises sur plusieurs plans. Au plan économique, il y a
des famines et des révoltes paysannes. Au plan politique, plusieurs
guerres déciment la planète (guerre de trente ans 1618-1648,
exécution de Charles Ier en 1649, remplacement de Jacques II
par Guillaume d'Orange en 1688, troubles aux Pays-Bas). Crises religieuses :
jansénisme (qui préconise une réforme de la liturgie
fondée sur la Bible et l'utilisation de la langue nationale, le romain),
révocation de l'édit de Nantes en 1685, quiétisme. Crises
intellectuelles : le libertinage, la préciosité, le baroque.
De ces diverses crises, les idées politiques seront
toujours dominées par l'absolutisme qui sort apparemment
renforcé. Il n'est plus question comme l'avait noté de
façon moins précise BODIN et d'autres après lui, « le
roi demeure administrateur et usufruitier, tenu d'observer les lois
fondamentales ». Déjà plus tard apparaissait la
contradiction intime de cet absolutisme classique: le roi doit respecter les
lois, mais personne ne peut l'y contraindre48. Ce siècle est
venu grandement marquer la victoire de l'absolutisme (absolutisme triomphant),
alors précaire et hybride49. Cet absolutisme est
précaire parce que les motifs qui favorisent temporairement
l'absolutisme ne peuvent que provoquer à plus ou moins brève
échéance sa dissolution et il est hybride car il fait reposer la
notion de souveraineté à la fois sur des éléments
traditionnels (les devoirs du monarque, le contrat, la coutume, les lois
fondamentales du royaume), et sur des éléments nouveaux (le
mercantilisme et l'utilitarisme).
48 Marcel PRELOT et Georges LESCUYER, Histoire
des idées politiques, Paris, Dalloz, 6ème
édition, 1977, p. 294.
49 Jean TOUCHARD, Histoire des idées
politiques : des origines au XVIIIe siècle, Tome 1,
Op. Cit., p.315.
Cet absolutisme du XVIIème siècle a
été conçu comme une négation de la
féodalité, c'est-à-dire la monarchie absolue restant
limitée par la loi divine et par la loi naturelle, s'oppose à
l'éparpillement féodal tout en ne signifiant pas despotisme et
tyrannie50.
Vu le développement du commerce et de la richesse de
l'Europe occidentale, cela s'accompagna d'un parallélisme entre le
développement du capitalisme et le développement de la
pensée politique. Le développement du capitalisme commercial
avait contribué à miner l'absolutisme en dressant contre le
pouvoir monarchique une bourgeoisie qui se jugeait assez puissante pour exiger
d'être associée à l'exercice du pouvoir.
Le mercantilisme qui se voit couronné par l'absolutisme
constitue une réaction contre la stagnation, affirmation de puissance
à l'extérieur comme à l'intérieur. D'où,
selon la doctrine mercantiliste, il faut à la fois amasser l'or et
l'argent qui viennent d'outre-mer (extérieur) et développer au
maximum la production nationale tout en protégeant les industries
nouvelles contre la concurrence étrangère51. On
comprend donc ici que le mercantilisme est une double réaction contre
l'universalisme et surtout contre le particularisme provincial ou municipal, il
est à la fois nationaliste et protectionniste.
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