2) Les idées critiques d'ISOCRATE
ISOCRATE a renchéri que les penseurs de ladite
démocratie se sont toujours renfermés dans la spéculation
théorique, d'où l'abandon intérieur de la
démocratie. Il propose alors une démocratie de principe où
le peuple exercerait sa souveraineté par l'élection, non par le
tirage au sort, et où les notables seraient aux
affaires34.
3) Les critiques de XENOPHON sur la démocratie
athénienne
XENOPHON (425-355) se livre à une âpre critique
de la démocratie athénienne caractérisée, selon
lui, par la division, l'indiscipline et l'incompétence. Il illustre
dès lors un autre aspect de la pensée politique autoritaire : les
idées monarchiques35. Il croit profondément au
rôle du chef et aux mérites du gouvernement d'un seul. Il se borne
à montrer comment un
31 Jean TOUCHARD, Histoire des idées
politiques : des origines au XVIIIème siècle, Paris, PUF,
Tome 1, 1959, p.16.
32 Idem, p.17.
33 Idem, p.25.
34 Idem, p.26.
35 Idem, p.27.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 24
tyran peut essayer de surmonter les tares matérielles
et morales du régime qu'il incarne en prenant pour seul objectif
l'intérêt de ses sujets36.
4) Les idées politiques de PROTAGORAS
L'apport de Protagoras dans la pensée politique est son
scepticisme à l'égard de la tradition et son engagement en faveur
de la démocratie37. A travers une relecture du mythe de
Prométhée, il soutient que les dieux ont oublié de doter
les hommes de certains talents naturels accordés aux animaux (la
capacité de vivre sans conflit notamment) ; les hommes ont donc
été tenus d'inventer l'art politique afin de vivre ensemble.
Dès lors, l'invention de la cité est pour Protagoras le
résultat de l'intervention des hommes qui n'ont pu faire autrement que
de forger des lois et des conventions pour se gouverner librement.
5) Les idées critiques de PLATON
Pour PLATON, la démocratie est le règne des
sophistes qui, au lieu d'éclairer le peuple, se contentent
d'étudier son comportement et d'ériger en valeurs morales ses
appétits. En ce sens, la tentative de Platon est destinée
à sauver morale et politique du relativisme à quoi les
réduisait PROTAGORAS. L'une des idées les plus
célèbres de Platon est de confier le pouvoir aux philosophes
(...). La cité n'apparaît pas parfaitement heureuse que si elle
est gouvernée par des philosophes-rois, soit que le philosophe devienne
roi, soit que le roi se fasse philosophe38. Il s'agit pour Platon de
céder la direction de la cité à ceux qui maitrisent l'art
politique, un art qui implique une connaissance approfondie de la nature
humaine. La science politique doit retrouver les lois idéales en faisant
donc corps avec la philosophie, et la politique ne sera une science, selon lui,
que quand les philosophes seront rois39. Ainsi, le problème
central de Platon, quand il écrit la république, est
celui de la justice, individuelle ou collective, c'est-à-dire le vrai ou
le bien appliqué au comportement social. Platon recherche donc la
cité idéale ou juste.
Dans son oeuvre de vieillesse, les lois, Platon n'y
décrit pas ce qu'est réellement la cité idéale
mais, seulement elle peut être comprise comme le meilleur que l'on puisse
construire en pratique. Il prône ainsi un État théocratique
et intolérant où l'athéisme doit être
sévèrement
36 Jean TOUCHARD, Histoire des idées
politiques : des origines au XVIIIe siècle, Tome I,
Op. Cit., p.28.
37 Olivier NAY, Op Cit., p.32.
38 Idem, p.39.
39 Idem, p.29.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 25
pourchassé et où les lois doivent avoir une
origine divine et c'est Dieu qui est la mesure de toute chose. Aux dispositions
légales se mêlent des prescriptions religieuses impératives
qui font que la religion et le droit s'épaulent constamment.
En second lieu, Platon croit devoir conclure que le
gouvernement le plus stable doit être une aristocratie agraire à
base assez large où tous seraient propriétaires des terres et
exerceraient tous les mêmes droits politiques. Ladite cité doit
être isolée de la mer pour éviter toute vocation
commerciale, tâche réservée aux seuls esclaves et aux
non-citoyens.
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