§3. La vision Russe de l'Ukraine
Il est clair pour tout observateur averti que Poutine ne va
pas accepter de perdre sans résister une zone d'influence
stratégique pour la nouvelle Russie comme l'Ukraine.
Tant qu'il ne sera pas en mesure de reprendre tout ce qu'il a
perdu en Ukraine, il essayera d'y créer une situation de chaos
permanent. Il n'a aucun intérêt à ce que la situation en
Ukraine se stabilise et que le nouveau régime pro-européen de
Kiev puisse avancer dans son rapprochement avec l'ouest.
En ce sens, des analystes spécule sur quel serait le
scenario idéal pour la Russie en Ukraine. Pour certains la Russie
pourrait s'inspirer du compromis que les occidentaux avait trouvé pour
mettre fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine dans les
années 1990. Ainsi Feodor LUKYANOV, éditorialiste du journal
Russie in Global affirme que « le scenario bosnien serait
idéal pour la Russie ; l'Est de l'Ukraine devrait être autonome
dans les affaires de politiques étrangère, il devrait être
pratiquement entièrement autogouverné mais formellement il doit
rester intégrante de la structure politique et légal ukrainienne.
Il affirme qu'il est important que les zones de l'Est contrôlé par
les séparatistes restent dans l'Ukraine car l'objectif russe est d'avoir
des mécanismes pour prévenir en cas d'émergence ou de
nécessité des progressions géopolitiques de l'Ukraine
vers, par exemple l'OTAN. A tort ou à raison cela est perçu par
la Russie comme une menace existentielle57. » Cette solution
impliquerait une Ukraine unie mais divisé, incapable de prendre la
moindre décision sur sa politique étrangère ou
économique l'accord tacite de Moscou.
Cependant, tous ces plans de la Russie doivent nous montrer la
vision russe de l'Ukraine qui est une réaction défensive. Ainsi
la Russie est en réalité en train d'avoir son impuissance pour
reprendre le contrôle sur l'ensemble de l'Ukraine ; d'où l'Ukraine
échappe de plus en plus à l'influence de Moscou, ce dernier par
et travers son soutient au rebelles séparatistes de l'Est veut limiter
les dégâts.
§.4. Le déclin de l'hégémonie
américaine en Europe centrale et les contradictions de l'Union
Européenne
La lutte contre l'État Islamique et la crise en Ukraine
sont devenue un casse-tête pour les occidentaux, en particulier pour les
États-Unis. Comme affirme un analyste de la stratégie militaire
nord américaine, ces deux crises, même si celle en Ukraine a
beaucoup plus
57 Slobodna Eevropa, « Bosnia as Russia's
solution for ukraine » du 6/9/2014 sur http//:www.lavoixdelarussie.ru
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d'implications et de risques, exigent aux États-Unis de
penser globalement son stratégie : « la crise ukrainienne a une
dynamique politique très différente de celle en Irak-Syrie. Les
forces militaires de la Russie et de l'État Islamique ne sont aucunement
coordonnées. Et enfin de comptes la victoire de l'un pourrait mettre en
danger les intérêts de l'autre. Mais pour les États-Unis,
qui doit consacrer son attention, sa volonté politique et sa puissance
militaire avec précaution, les deux crises doivent être
pensées ensemble En ce sens, cet analyste conseille au gouvernement des
États-Unis de mettre en place ce qu'il appelle la «
Stratégie de la Mer Noire ». C'est-à-dire un plan
politico-militaire offensif qui fasse de la Mer Noire l'axe géographique
fondamental pour faire face à la Russie (et la crise ukrainienne) et
à la menace
de l'EI»58. Mais cette stratégie
apparaît comme trop offensive pour un président aussi affaibli
qu'Obama. En effet, elle impliquerait non seulement une opposition militaire et
politique ouverte avec la Russie mais aussi une possible augmentation des
frictions avec l'UE car elle vise à associer de très près
un État membre comme la Roumanie et un autre allié de l'Allemagne
comme la Turquie (pièce géopolitique clé pour la
protection des « frontières de l'UE »).
L'Union Européenne précisément, est aussi
prise par ses propres contradictions. Certes elle a réussi à
faire que le parlement européen et ukrainien votent un accord
d'association mais pour ne pas trop froisser la Russie celui-ci ne rentrera en
vigueur qu'en 2016 ! Les principales puissances de l'Union Européenne
sont conscientes qu'elles n'ont pas intérêt à trop
dégrader leurs relations économiques et diplomatiques avec la
Russie. Cela est vrai pour l'Allemagne dont les entreprises dépendent
directement et indirectement du gaz russe mais aussi pour d'autres comme la
France (l'affaire de la vente des Mistrals est la preuve).
Il faut aussi ajouter des divisions au sein de l'Union
Européenne autour de l'adoption des nouvelles sanctions contre la Russie
par peur des mesures de représailles qui pourraient fragiliser de plus
en plus les économies des pays qui dépendent
économiquement
de la Russie. Tout ceci montre que de part et d'autres la
sortie de crise serai une issue favorable, et aux Européens et
à la Russie.
58 Stratfor, «Ukraine, Iraq and Black
Sea Strategy, sur http//
www.times.com
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