WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Accessibilité à  l'eau potable en milieu lacustre au Bénin. Cas de la commune des Aguegues.

( Télécharger le fichier original )
par Femi COCKER
IIM/Université Nationale du BENIN - MASTER EN GESTION DES PROJETS 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4. Etat théorique de la question

« Le cadre théorique sert principalement à présenter un cadre d'analyse et à généraliser des relations théoriques déjà prouvées dans d'autres contextes pour tenter de les appliquer au problème. » (LARAMÉE ET VALLÉE, 1991)

La théorie de l'accessibilité et l'accès à l'eau potable

La théorie de l'accessibilité a pour but de présenter un projet en fonction du service, du temps et du prix. L'accessibilité est une notion qui rend compte de la plus ou moins grande facilité avec laquelle on peut accéder à un service. Appliquée à l'eau potable, elle se décline en termes de disponibilité de la ressource, de permanence, de distance qui sépare le ménage de son point d'eau de qualité. En termes de distance, on entend par accessibilité raisonnable, l'existence d'un point d'eau potable permanent à une distance inférieure à deux cents mètres de la concession (OMS, 2003). En termes de coût, l'accessibilité à l'eau potable est plus difficilement mesurable puisque le prix de l'eau varie en fonction des villes, des quartiers, des saisons, du type d'infrastructure, des conditions d'accès et biens d'autres paramètres sociaux. C'est le cas de notre milieu d'étude où le prix de l'eau varie selon ces paramètres qui sont déterminants.

La notion d'accès à l'eau potable est un indicateur qui représente la quantité et la qualité de l'eau dont dispose chaque personne par jour. La norme fréquemment

1 Encyclopédie Microsoft Encarta, (2004)

14

citée pour la quantité est celle de l'OMS qui s'établit à 20 litres par personne et par jour pour la satisfaction de tous les besoins de base. La qualité de l'eau est d'autant plus importante qu'elle a des implications sur la santé de la population et particulièrement celle des enfants. D'une manière générale, l'accès à l'eau potable est un indicateur de santé très important puisqu'il est avéré que « plus on dispose d'eau, plus on adopte facilement des mesures d'hygiène adéquates » (SATTERHWAITTE D., 1995).

La question de l'approvisionnent en eau potable en milieu rural préoccupe plusieurs auteurs, institutions et l'état béninois à travers son Ministère de l'Energie et de l'Eau (MEE). En effet, le MEE avec l'appui des partenaires au développement a élaboré plusieurs documents. Compte tenu de l'importance du sujet, des organismes internationaux, institutions caritatives, et autres personnes morales ou physiques se sont également intéressés à la question de l'approvisionnement en eau potable. Il y a aussi d'autres documents qui ont parlé directement du cas des zones lacustres et de la commune des Aguégués, cadre de cette étude.

En effet, la (DGH, 2005) à travers son document de stratégie nationale, a exposé des principes cardinaux : La décentralisation du processus de décision à travers les communes. En effet, la loi confère aux communes la production et la distribution de l'eau1. Ainsi les communes sont maîtres d'ouvrage donc suffisamment responsables pour prendre toutes les décisions liées à leur développement. Puis qu'elles sont plus en contact des populations que l'Etat central, les autorités communales pourront mieux identifier les besoins de leurs administrés à l'aide de l'approche participative et de la gestion concertée. La réduction du prix de revient de l'eau. Ce principe est d'une importance particulière, car il n'est pas rare de constater que malgré l'existence d'un point d'eau potable, certaines populations rurales continuent d'aller vers les eaux souillées. Après enquête on se rend compte que c'est le prix de l'eau qui les

1 Recueil des lois sur la décentralisation.

15

repousse. Leur pouvoir d'achat ne suffit pas, même si elles ont la volonté de consommer l'eau de bonne qualité. C'est pour cela que la stratégie nationale tend vers une réduction forte du prix de revient de l'eau. Le renforcement de la déconcentration de l'administration centrale dans son rôle de régulateur du secteur de l'eau et la promotion du secteur privé. Cette disposition aidera les communes à mieux s'outiller pour atteindre les objectifs de développement.

D'un point de vue administratif et territorial, c'est l'échelon communal qui est le territoire d'exercice de la compétence en eau potable dans un contexte de préoccupations de santé publique et d'environnement fortement encadrées par l'Etat. (TABI et VERDON, 2006). Les modes de gestion relèvent de règles spécifiques sur le plan réglementaire allant de la régie directe communale à la concession privée en passant par l'affermage. Les modes de coopération intercommunale se superposent et constituent une strate supplémentaire de la configuration organisationnelle des services publics d'eau. La commune des Aguégués, voisine de celle de Porto-Novo qui est relativement plus avancée peut, au nom de l'intercommunalité, en tirer quelques avantages et inversement.

Quant au (MMEH, 2005), dans son document de politique nationale de l'eau, il pose la problématique nationale de gestion intégrée des ressources en eau et ses implications. Il montre dans ses encadrés que l'eau douce ne représente que 2,5% des réserves mondiales et fait siens les quatre principes de Dublin qui stipulent :

Ø L'eau douce est une ressource limitée et vulnérable, indispensable au maintien de la vie, au développement et à l'environnement.

Ø Le développement et la gestion de l'eau doivent se fonder sur une approche participative, impliquant les usagers, les planificateurs et les décideurs politiques à tous les niveaux.

Ø Les femmes jouent un rôle central dans l'approvisionnement, la gestion et la préservation de l'eau.

Ø

16

L'eau a une valeur économique dans tous ses usages concurrentiels et doit être reconnue comme un bien économique. Cette question est si importante qu'elle a déjà fait l'objet d'une proposition de loi par les pouvoirs publics.

En effet, la (Commission Nationale de Législation et de Codification, 2005) a proposé un avant projet de loi qui servira de balise aux dérives comme l'a souhaité PLATON dans le Livre VII de son ouvrage Les lois, où il soutient que l'eau est si nécessaire qu'il faut la protéger avec la loi pour éviter qu'elle soit corrompue. L'auteur indexe ainsi la pollution et le gaspillage de l'eau. L'homme doit éviter de souiller l'eau. Mieux, il doit également l'utiliser rationnellement, car l'eau n'est pas une ressource illimitée. En effet, l'avant-projet de loi sur le Code de l'eau, dont l'adoption est actuellement est en cours, sera le bréviaire de tous les acteurs intervenant dans le secteur de l'eau. A l'instar du document de politique nationale, ce code rappelle les principes relatifs à la gestion de l'eau, précise le statut juridique de l'eau et donne les dispositions générales, institutionnelles, pénales, prospectives, conservatoires, transitoires et finales sur l'eau. On peut parler de la gouvernance relative à l'eau

Il est difficile de traiter la question de l'approvisionnement en eau, sans évoquer les aspects liés à l'assainissement. Pour éviter la contamination de l'eau déjà potable, il faudrait maintenir dans le milieu, une certaine propreté. Mais cela est difficile à observer dans cette zone d'étude essentiellement lacustre. Selon les recherches (d'OGOUWALE, 2007), en plus de la pollution et du comblement du lac par la jacinthe d'eau (Paspalum vaginatum), la mauvaise gestion des ordures contribue à la dégradation environnementale de ce milieu. En effet, les ordures ménagères sont déposées de façon anarchique et les déjections humaines sont directement rejetées dans les eaux par le biais des latrines sur pilotis installées sur le lac. Cet état de chose est un terrain fertile pour les maladies liées à l'eau et les épidémies. Par ailleurs, la pollution et le comblement du lac contribuent à la diminution de la profondeur de l'eau. Cette

17

situation favorise la pénétration trop intense des rayons solaires avec absence de stratification thermique. Les températures de l'eau y sont relativement élevées (27°C -32°C) et ne correspondent plus à l'optimum écologique de nombreuses espèces, en l'occurrence les Tilapia, qui se reproduisent à une température voisine de 23°C (OGOUWALE, 2007). Plus généralement, cette élévation de la température a une action négative sur la croissance de nombre des espèces du lac. Egalement, la faible profondeur engendre une plus forte turbidité de l'eau, réduisant ainsi l'activité photosynthétique avec une baisse de la production primaire. Cette turbidité est aussi préjudiciable à la vie des poissons car les sédiments en suspension peuvent colmater les branchies des poissons. Ainsi à long terme, la pêche qui est l'activité caractéristique de ces populations lacustres pourrait être menacée (PANA, 2006)

La représentation de (l'UNICEF, 1994) au Bénin n'est pas tout de même restée indifférente sur la question puisqu'à travers les conclusions d'une étude qu'elle a réalisée, l'approche participative semble être l'option la mieux indiquée. En effet, lorsque les communautés ne sont pas impliquées depuis le début du processus, elles ne s'approprient pas les réalisations et par ricochet ne se sentent pas concernées par l'entretien et le suivi des ouvrages. C'est le cas des premiers forages réalisés dans la zone lacustre pour lesquels les populations ne sont pas suffisamment associées au processus de réalisation. Ils ont été mal entretenus et sont tombés souvent en panne ou quelques fois négligés.

De même, sur la demande de la Direction de l'Hydraulique, le (GROUPEMENT BURGEAP-BRGM, 1994), Bureau de Géologie Appliquée - Bureau de Recherches Géologiques et Minières), dans son rapport final a fait le point des réalisations d'ouvrages d'hydraulique villageoise à Sô-Ava et aux Aguégués suivies d'une organisation de la maintenance et des formations pratiques données aux comités de gestion.

Quelques années plus tard, sur la demande du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD) et le Service de la Charité pour le

18

Développement Intégral de l'Homme (SCDIH), (KORI-DEVELOPPEMENT, 2005) à travers une étude diagnostique a relevé les faiblesses de la gestion actuelle et suggéré des stratégies de gestion efficace et durable de l'eau dans la zone lacustre.

Les populations sont-elles les seules responsables d'une telle situation ? Quelle est la part des gouvernants dans la question ? (LE PROGRAMME MONDIAL POUR L'EVALUATION DES RESSOURCES EN EAU, 2006) semble nous libérer dans son rapport. En effet, ce rapport met le doigt sur ce qu'il appelle une « crise de gouvernance » dans la gestion des ressources mondiales en eau. Il critique le silence coupable des gouvernants parce que les ressources en eau s'amenuisent pendant que la population mondiale augmente à une vitesse exponentielle. Le cas de la présente étude est bien édifiant. La population des Aguégués est passée de 21 904 habitants en 1992 (INSAE) à 30 456 en 2008 (Projection INSAE). Cela interpelle vraiment l'attention de tous et surtout les gouvernants, car cette population a augmentée de près du tiers en une quinzaine d'années seulement. Alors, cette pression démographique doit être accompagnée par la réalisation des infrastructures adéquates pour un bon épanouissement humain durable. La priorité serait ici les équipements de survie comme les ouvrages hydrauliques.

En dehors de ce qui précède, (LE BARBE et al 1993) font l'inventaire des ressources en eau superficielle et évalue les paramètres nécessaires à leur mise en valeur. C'est le cas de la zone lacustre des Aguégués.

Enfin, l'aspect gestion pérenne des ouvrages d'approvisionnement en eau potable préoccupe plusieurs auteurs. Après la gestion communautaire qui a montré ses limites (DGEau, 2006), la tendance actuelle dans les communes, c'est la gestion professionnalisée (affermage). Une gestion similaire s'observe à Nantes en France, c'est le triptyque « élu-manager-usager » (TABI et VERDON, 2006). En effet,

Ø L'opérateur (le manager) est strictement dans un rôle de production et de

19

prestataire de service, il doit justifier de son action d'un point de vue commercial et respecter l'ensemble des critères de service définis vis à vis de l'usager, il doit rendre compte des résultats en termes d'efficacité et d'efficience à l'acteur politique, autorité-organisatrice. Il peut être assimilé au fermier ;

Ø L'usager est considéré comme partie-prenante de l'action, il n'est donc pas réduit à son statut officiel de « client » hérité de la démarche qualité, mais il est aussi évaluateur. Il est destinataire réglementaire du bilan d'activité, des résultats d'analyse d'eau. Il est celui qui paye et doit donc être convaincu de payer le juste prix, il est par ailleurs citoyen et à ce titre concerné par le contenu du service public et ses modalités de fonctionnement. Il est assimilé à l'usager ou au consommateur ;

Ø L'élu est l'autorité publique légitime, l'acteur stratège qui conçoit le contenu et le niveau des missions de service public d'eau en concertation avec les autres acteurs du système, et celui qui décide. Il s'inscrit aussi dans le rôle de représentant du citoyen et de garant de l'intérêt général. A ce titre, il doit rendre compte de son action à l'usager qu'il dessert sur son territoire et être capable d'en apprécier la pertinence sur la base d'informations dédiées. Il est assimilé aux élus locaux (la mairie).

Les recherches envisagées dans le cadre du présent mémoire, permettront d'élucider les questions relatives à l'approvisionnement en eau potable dans la commune des Aguégués.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry