INTRODUCTION
A l'instar de l'air, l'eau constitue un bien essentiel
à la vie. L'accès à cette ressource pose encore
d'énormes difficultés dans plusieurs régions du monde. En
effet, jusqu'en 2003, un milliard quatre cent millions environ d'êtres
humains dans le monde, n'avaient toujours pas accès à l'eau
potable et parmi eux, quatre cent cinquante millions se situaient en Afrique
(GAUTHIER, 2004). Alors qu'environ 85% de la population urbaine en Afrique a de
l'eau potable, 55% de la population rurale n'y a toujours pas accès
(Enterprise Works World Wide, 2003). Il existe un lien direct entre le manque
d'accès à l'eau et toutes sortes de maladies dont sont victimes
les populations pauvres dans le monde, en particulier dans les pays en voie de
développement (BRIAND et LEMAITRE, 2004). Cela se confirme
aisément à partir de l'annuaire statistique que tiennent à
jour, les institutions de santé. Les effets néfastes des
difficultés d'accès à l'eau potable sur la santé et
l'hygiène, constituent aussi un facteur prépondérant dans
le cercle vicieux de la pauvreté.
Dans de nombreuses régions des pays en
développement, la corvée de l'eau revient en effet aux femmes et
aux enfants, qui doivent souvent parcourir de longues distances, occupant ainsi
l'essentiel du temps à consacrer aux activités
génératrices de revenu et compromettant la scolarité des
enfants. Le problème de la gestion participative est actuellement
récurrent dans l'organisation des services au niveau communautaire. En
effet, plusieurs expériences ont montré que les projets
réalisés sans la participation des populations concernées
ont échoué au moment de l'exécution ou, faute d'entretien,
n'ont eu que des retombées éphémères (BANQUE
MONDIALE, 1994). Au Bénin, la plupart des efforts de
développement, en particulier ceux conduits dans le secteur de
l'approvisionnement en eau potable des populations rurales, n'ont pas
échappé à cette réalité. Avec l'aide des
partenaires au développement, jusqu'à la fin des années
1980, plusieurs ouvrages
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d'approvisionnement en eau potable ont été
réalisés par les pouvoirs publics, sans une réelle
participation des communautés bénéficiaires en milieu
rural béninois (GROUPEMENT BURGEAP-BRGM, 1994). Cette situation a
occasionné un manque d'intérêt des populations, qui s'est
exprimé par l'abandon en cas de panne des ouvrages hydrauliques
réalisés à grands frais, et le retour à
l'utilisation de sources d'eau alternatives souvent non potables. Pour y
remédier, le Bénin a opté depuis 1992, puis
renforcée en 2005, pour une nouvelle stratégie nationale
d'alimentation en eau potable en milieu rural (DGH, 2005). La stratégie
a pour objectif l'implication des populations du monde rural dans tout le
processus d'appropriation de l'alimentation en eau. Les principes fondamentaux
de cette stratégie sont notamment, la décentralisation du
processus de prise de décision ainsi que la participation des
communautés à l'investissement et à la gestion des points
d'eau. La concrétisation de cette volonté d'améliorer les
systèmes d'alimentation en eau potable se traduit par exemple, par
l'adhésion des communautés à travers leurs contributions
financières à la réalisation des ouvrages et la mise en
place de structures de gestion chargées de l'entretien et de la
maintenance de ces points d'eau. Ces structures coordonnent la mobilisation de
la participation financière des populations, la fixation du prix de
l'eau en accord avec les usagers, le choix des vendeurs (fontainiers) et la
maintenance des équipements.
Cependant, force est de constater que les populations
bénéficiaires ne conçoivent parfois pas pourquoi il faut
sortir encore de l'argent pour l'exécution d'un service public qui est
le rôle de l'Etat. Et comme la participation financière est une
des conditions à la réalisation de l'ouvrage, beaucoup
d'agglomérations continuent d'utiliser les sources d'eau non
conseillées. La nouvelle stratégie se traduit aussi par
l'entrée dans le système local lié à la gouvernance
de l'eau potable en zone rurale, de nouveaux acteurs tels que les
collectivités locales, c'est-à-dire les actuelles communes, les
ONG, les entreprises du secteur privé et les associations d'usagers
d'eau, qui représentent les consommateurs. Mieux
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cette gestion participative évolue progressivement vers
une gestion professionnalisée où l'exploitation de l'ouvrage est
confiée à un fermier : C'est un professionnel de la gestion
technique et financière des ouvrages hydrauliques.
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