3. Proposition pour le milieu d'étude
Aguégués
Aujourd'hui, l'idée de la gestion participative est
soutenue par plusieurs organismes lorsqu'il s'agit des réalisations au
niveau communautaire. En effet, plusieurs expériences ont montré
que les projets réalisés sans la participation des populations
concernées ont échoué en cours d'exécution ou,
faute d'entretien, n'ont eu que des retombées
éphémères (BANQUE MONDIALE, 1994). Mais il faudrait
organiser cette gestion participative. Pour cela il serait indiqué de
structurer et former les associations des bénéficiaires pour
éviter les dérapages. Dans la même lancée, il
faudrait que l'autorité locale, soit représentée au sein
de la gestion. Enfin, pour limiter les risques d'échec, il faudrait
rendre la gestion professionnelle en contractant directement avec un
spécialiste ayant fait ses preuves dans l'affermage.
De toutes les options présentées plus haut,
celle qui justifie le mieux tous les aspects sus argumentés est l'option
de gestion tripartite animée par une équipe constituée de
la commune, du fermier et de l'AUE. Cette option responsabilise davantage la
mairie qui est bien dans son nouveau rôle de maître d'ouvrage.
Cette option intègre également la dimension participative de la
gestion puisque les usagers sont représentés par l'AUE qui
changera de dénomination et dont les attributions seront autres que dans
la gestion antérieure. Aussi faudrait-il observer que cette option tient
compte des faiblesses du passé et n'a pas laissé toute la gestion
à l'AUE, mais elle a limité les rôles de chaque acteur avec
des garde-fous cités dans le contrat, (voir modèle de contrat en
annexe). Par ailleurs, comme la plupart des options, celle-ci aussi fait la
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promotion de l'initiative privée dans la mesure
où, le fermier qui est un opérateur privé, va employer du
personnel, fera des profits et le secteur des petites et moyennes entreprises
se trouverait ainsi valorisé.
Aussi faudrait-il réaliser de nouveaux ouvrages, de
préférence des adductions d'eau villageoise pour relever le
faible taux de desserte en eau potable du milieu. Ainsi on pourrait
réduire considérablement le nombre de personnes n'ayant pas
accès à l'eau potable dans un proche avenir comme le visent les
Objectifs du Millénaire pour le Développement. Il serait aussi
intéressant d'accompagner ces réalisations de grandes campagnes
de sensibilisation en langues nationales sur l'hygiène et
l'assainissement en sollicitant le concours des structures
d'intermédiation sociale spécialisées en la
matière.
La présente étude menée dans la commune
des Aguégués sur la problématique de l'approvisionnement
en eau potable a conduit à des résultats qui vérifient les
hypothèses de départ.
D'abord, les enquêtes de terrain ont
révélé qu'il est difficile d'aller chercher l'eau avec les
récipients dans une pirogue à des distances allant parfois
à de plus deux kilomètres de chez soi, selon 55% des
enquêtés. Lors des inondations la situation devient très
pénible. Ces difficultés incitent les populations à se
servir de l'eau des rivières de proximité, 26% des
enquêtés partagent cette idée. Ce sont là autant
d'informations mesurables qui confirment la partie de la première
hypothèse selon laquelle la population des Aguégués a un
accès difficile à l'eau potable.
Ensuite, la commune des Aguégués compte une
quinzaine de points d'eau alors qu'il en faudrait plus d'une centaine si on
s'en tient à la norme nationale qui recommande un point d'eau pour deux
cent cinquante habitants (1PE/250hbts). A tout cela s'ajoute le coût
élevé de l'eau selon 93% des ménages
enquêtés. De ces résultats obtenus après traitement,
analyse des
données de terrain et autres statistiques utiles, on
peut dire que l'autre partie de la première hypothèse selon
laquelle la population des Aguégués a un accès
insuffisant à l'eau potable est vérifiée.
Enfin la deuxième hypothèse qui stipule que
l'approche de gestion adoptée dans le milieu, ne conduit pas
à terme à la pérennité des ouvrages
à l'ère de la décentralisation se vérifie
à plus d'un titre. En effet, les enquêtes de terrain ont
révélé que les ouvrages existants ne sont pas
gérés au mieux. La simulation de gestion à un point d'eau
dépasse largement les montants en caisse. Les points d'eau ne sont pas
judicieusement exploités. A cela s'ajoute la gestion hasardeuse
dénoncée par 76% des enquêtés et confirmée
par les élus locaux. Tout cela est couronné par un manque de
suivi constaté sur le terrain. Comme plusieurs auteurs qui ont
réfléchis sur la problématique de l'approvisionnement en
eau, la présente étude appelle tous les acteurs du secteur de
l'eau à traiter la question des ressources en eau à travers une
approche intégrée et concertée, avec une attention
particulière aux zones lacustres, particulièrement la commune des
Aguégués du fait de sa sensibilité.
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