3.1.4 Influence des pratiques culturales
Les stratégies de contrôle des pratiques
culturales visant le chancre bactérien ont également
été étudiées. Par exemple, des essais sur terrains
ont été menés sur le prunier pour évaluer
l'efficacité de la pulvérisation de cuivre et la fertilisation
N-P-K sur la gravité et l'incidence de la maladie. Les résultats
indiquent que la pulvérisation de cuivre tout au long de la saison de
dormance en combinaison avec l'application semestrielle du N-P-K ainsi que les
micronutriments réduisent de manière significative les risques de
chancre bactérien par rapport au témoin non traité (Sayler
and Kirkpatrick, 2003). Une très bonne gestion de l'alimentation
hydrique (éviter les accours) contribue également à
réduire la sensibilité. Les tailles tardives (fin hiver) sont
à privilégier. Une explication de l'inefficacité des
mesures de contrôle comme les antibiotiques tient à ce que les
gènes de résistance aux antibiotiques sont très communs
chez P. syringae (Kennelly et al., 2007) en raison de la
sélection des populations pathogènes pour leur résistance
au cuivre et à la streptomycine (Scheck et al., 1996). D'ailleurs la
résistance plasmidique au cuivre et la résistance à la
streptomycine sont de plus en plus répandues chez plusieurs
bactéries phytopathogènes telles que les Pseudomonas,
Xanthomonas, et Erwinia (Cooksey, 1990). Des souches de
P. syringae pv syringae résistant à des concentrations
élevées de cuivre et de streptomycine (Spotts and Cervantes,
1995) ont ainsi été prélevées dans les vergers
à l'ouest des Etats Unis et dans les pépinières de plantes
ligneuses commerciales (Sundin and Bender, 1993).
En Nouvelle Zélande, un programme a été
mis en oeuvre pour identifier des produits permettant le contrôle de
Pseudomonas syringae pv actinidea chez le kiwi, dont l'un des
éliciteurs (molécule produite par un agent phytopathogène
ou un ravageur, qui induit chez une plante la production de phytoalexines et
par extension, une molécule qui déclenche les mécanismes
de défense des plantes avec production de substances défensives).
L'un des plus efficaces chez A. chinensis est l'acibenzolar-S-methyl
(ASM), analogue à l'acide salicylique (Scortichini and Liguori, 2003),
sous le nom commercial de Bion (syngenta). Son efficacité est
démontrée pour les maladies d'origine bactérienne telle
que Xanthomonas et Pseudomonas chez la tomate, le pommier, le
poirier, et les oignons. Afin de surmonter les limites des bactéricides,
de nouvelles recherches se sont orientés vers des composés
biodégradables et
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biocompatibles qui activent la défense des plantes et
induisent leurs résistance telle que la chitosane en raison de sa forte
activité antimicrobienne sur une large gamme de pathogènes
(Badawy and Rabea, 2011). D'autres éliciteurs ont montré in
vitro des effets inhibiteurs sur P. syringae comme les peptides
antimicrobiens (Cameron and Sarojini, 2014), et les terpènes (Ferrante
and Scortichini, 2010).
Cependant, tandis que ces éliciteurs peuvent être
efficaces dans des conditions de contrôle, la réponse de
l'hôte peut être très variable au champ, ce qui
soulève la question de leur intérêt potentiel pour la
gestion de la maladie. Par ailleurs, il a été montré que
la résistance induite par l'utilisation de ces éliciteurs
chimiques, peut s'accompagner d'une réduction de la production des
fruits et /ou de la qualité (Walters and Heil, 2007).
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