1.2. Le test de
cointégration
Nous pouvons maintenant mettre en oeuvre le test de
cointégration développé par Pesaran et al. (2001) pour
déterminer l'existence (ou non) d'une relation de long terme entre les
variables des deux modèles retenues dans cette étude.
Selon l'approche ARDL, une relation de long terme entre les
variables du modèle existe lorsqu'on rejette l'hypothèse nulle
d'absence de relation de cointégration. Cette hypothèse est
testée à travers un test de Fisher dont la valeur calculée
de la statistique est comparée aux valeurs critiques simulées par
Pesaran, Shin, et Smith (2001). Ces auteurs fournissent deux ensembles de
valeur représentant respectivement des limites supérieures et des
limites inférieures. L'hypothèse d'absence de
cointégration est rejetée lorsque la valeur calculée de la
statistique de Fisher est plus élevée que la limite
supérieure. Elle n'est pas rejetée dans le cas où elle est
plus faible que la limite inférieure, et il n'est pas possible de
conclure au cas où elle est comprise entre les deux limites.
La méthode du critère d'information de Schwarz
(SIC) a été préférée car il est plus
parcimonieux que le critère d'information d'Akaike (AIC). Les
résultats des tests de co-intégration sont rapportés dans
le tableau 4.2 et les résultats empiriques de l'ARDL (1,1,1, 1, 0) sont
présentés dans le tableau 4.3 et ils présentent les
coefficients de court terme.
Tableau 4.2 : Statistiques des tests
de Wald
|
Valeurs critiques
|
F Wald test
|
P-value of Wald test
|
Modèles
|
1%
|
5%
|
10%
|
|
|
I(0)
|
I(1)
|
I(0)
|
I(1)
|
I(0)
|
I(1)
|
FCR(DET,APD,TPIB,OUV,RTO) (1)
|
3,29
|
4,37
|
2,56
|
3,49
|
2,2
|
3,09
|
5,20
|
0,0030
|
DET(FCR,APD,TPIB,OUV,RTO)
(2)
|
3,29
|
4,37
|
2,56
|
3,49
|
2,2
|
3,09
|
0,96
|
0,4211
|
Source : Auteur
à partir d'Eviews 9.
Notes : Les valeurs critiques sont
tirées de Pesaran et al. (2001).
Les résultats de la statistique de Fisher
associée au test de Wald font ressortir deux constats. Dans un premier
temps, nous notons l'existence d'une relation de long terme entre la fuite des
capitaux, la dette extérieure, l'aide publique au développement
le taux de croissance du PIB et l'ouverture commerciale. En effet, la
statistique de Fisher associée au test de Wald (6,91) est
supérieure à la borne supérieure de la valeur critique du
test limite (3,49) telle que tabulée par Pesaran et al.(2001). En outre,
la p-value associée est inférieure à 0,05. Ceci nous
amène à valider l'existence d'une relation de long terme entre la
fuite des capitaux, la dette extérieure, l'aide publique au
développement, le taux de croissance du PIB et l'ouverture commerciale
aux différents seuils retenus.
En revanche, en observant la ligne 2 du tableau 4.2, nous
constatons que cette relation n'est pas réciproque car non-seulement la
statistique de Fisher associée au test de Wald (0,88) est
inférieure à 3,49, mais aussi la p-value associée au test
de Wald (0,42) est supérieure à 5%. Ceci nous amène
à rejeter l'existence d'une relation de long terme entre la dette
extérieure, la fuite des capitaux, l'aide publique au
développement, le taux de croissance du PIB et l'ouverture commerciale
(Modèle 2). Nous pouvons donc dire qu'au Cameroun, la dette
extérieure affecte la fuite des capitaux (Modèle 1) mais la fuite
des capitaux à son tour n'affecte pas la dette extérieure
(Modèle 2).
Après avoir détecté l'existence d'une
seule relation de long terme entre la fuite des capitaux, la dette
extérieure, l'aide publique au développement, le taux de
croissance du PIB et l'ouverture commerciale, la deuxième étape
de la méthode consiste à rechercher les coefficients
estimés de court terme et de long terme du modèle pour lequel la
relation d'équilibre de long terme est validée. Dans notre cas,
il s'agit du modèle (1).
Présentation des
élasticités de court terme et de long terme
Les résultats obtenus dans le cadre de notre travail sont
résumés dans les tableaux qui suivent :
Tableau 4.3: Fuite des capitaux et dette
extérieure : élasticités de court terme
Variables coefficients
t-statistic P>[t]
Dépendante : FC
|
FCt-1
-1,0436***
-4.975061 0.0001
DETt-1
0.563554** 2.540027
0.0205
APDt-1
3,335468* 2,008805
0,0543
OUVt-1
0,817153* 2,026693
0,0508
TPIB 0,448642
0,917756 0,3658
TCEt-1
-855285***
-6,065609 0,0000
|
R2
70,36%
Observations
38
Log Vraisemblance -95,74
F-Statistique
3,932146
|
Source : Auteur à partir
d'Eviews 9. *** (**) [*] significativité à 1% (5%) [10%]
Tableau 4.4 : Fuite des capitaux et
dette extérieure : élasticités de long terme
Variable dépendante :
coefficients t-statistic
P>[t]
Fuite des capitaux
|
FCt-1
-0,855805*** -5,831656
0.0000
DETt-1
0,165825* 1,863796
0,0729
OUV
0,947014* 2,276800
0,0543
REP
1,032355** 2,186511
0,0360
RTO 1,202877**
2,121847 0,0414
APD -1,232877
2,121847 0,0414
TPIB 0,448642
0,917756 0,3658
|
R2
70,36%
Observations
41
Log Vraisemblance -161,67
|
Source : Auteur à partir
d'Eviews 9. *** (**) [*] significativité à 1% (5%) [10%]
Après estimation, nous constatons que :
- Le coefficient du terme d'erreur (TCE) qui représente
la vitesse d'ajustement de la relation de court terme vers l'équilibre
de long terme est bien négatif et significatif à 1%, ce qui
confirme donc l'existence de la relation de long terme.
- Au niveau global, le modèle est significatif avec un
coefficient de détermination R2 (0,7036) élevé.
Ce coefficient montre que la qualité d'ajustement du modèle est
assez bonne.
Cependant, certains tests de validation des hypothèses
sont nécessaires pour vérifier non seulement la bonne
spécification des modèles mais aussi la stabilité des
coefficients. Dans le premier cas, il s'agit du test d'autocorrélation
des erreurs, du test de normalité des résidus, du test de
spécification, du test d'hétéroscédasticité.
Dans le deuxième cas, il s'agit du test de stabilité des
paramètres du CUSUM et du carré du CUSUM.
Ø Test de l'autocorrélation des
résidus :
L'autocorrélation des résidus a
été testée à l'aide du test du multiplicateur de
Lagrange de Breusch-Godfrey pour l'autocorrélation des résidus
d'ordre n. Sous l'hypothèse nulle, toutes les autocorrélations
sont statistiquement nulles. L'acceptation de l'hypothèse nulle revient
à prouver la non-autocorrélation des résidus. Cette
décision est prise si la statistique de Breusch-Godfrey calculée
est inférieure à la valeur critique (5,99). La même
conclusion est prise si la probabilité critique de cette statistique est
supérieure au seuil de significativité de 5%. La p-value
associée à la statistique du test de Breusch-Godfrey est de
25,77%. On accepte donc l'hypothèse nulle de l'absence
d'autocorrélation des erreurs.
Ø Test de normalité des résidus
Pour tester la normalité des résidus, le test
J-B dit de JARQUE et BERA a été utilisé. Ce test suit une
distribution de Chi-deux à deux degrés de liberté. Il
formule l'hypothèse nulle de distribution normale des résidus et
cette hypothèse n'est acceptée que si la statistique J-B est
inférieure à la valeur critique = 5,99. Cette normalité
des résidus est aussi conclue lorsque la probabilité critique est
supérieure au seuil de 5%. Ainsi, la p-value associée à la
statistique de J-B est de 17,94%. On conclut que les résidus sont
normalement distribués.
Ø Test de spécification
Pour vérifier s'il n'y a pas des variables omises dans
le modèle et si la spécification est correcte, nous avons fait
recours au test de Ramsey RESET. Ce test procède par régression
successive en ajoutant des variables supplémentaires à la
régression initiale. Sous l'hypothèse nulle, les coefficients
estimés des régresseurs supplémentaires sont
statistiquement nuls, il n'y a donc pas d'erreurs de spécification ou de
variables pertinentes omises. L'hypothèse nulle est aussi retenue si la
probabilité critique de la statistique F-RESET est supérieure au
seuil de significativité (ici 5%). Pour notre estimation, la
probabilité F-RESET est de 42,5%. Il n'y a donc pas de
variables omises dans le modèle et par conséquent la
spécification du modèle est bonne.
Ø Test
d'hétéroscédasticité
L'identification de
l'hétéroscédasticité peut être faite à
l'aide de plusieurs tests, par exemple le test de Breusch-Pagan, le test de
Goldfeld, le test de Gleisjer et le test de White. Dans notre étude,
nous utilisons le test de Breusch-Pagan pour tester
l'hétéroscédasticité. Les critères de
décision sont les suivants :
· H0 : homoscédasticité
· H1 :
hétéroscédasticité
Si la probabilité associée au test est
inférieure à 5%, on rejette l'hypothèse
d'homoscédasticité (H0). En revanche, si la probabilité
est supérieure à 5%, l'hypothèse nulle est
vérifiée et nous pouvons supposer
l'homoscédasticité des résidus. Dans notre cas, la p-value
(32,08%) est supérieure à 5%. Nous ne rejetons donc pas
l'hypothèse nulle d'homoscédasticité.
Tableau 4.5 : Récapitulatif des
Tests de Diagnostic
Intitulé
|
p-value
|
Test de Normalité de
Jacque-béra
|
0,179424
|
Test d'autocorrélation de Breush
Godfrey
|
0,2577
|
Test d'hétéroscédasticité
de Breusch-Pagan
|
0,3208
|
Test de RESET
|
0,425
|
Source : Auteur à
partir d'Eviews 9
· Test de stabilité des
coefficients
Afin de mener à bien notre étude, il est
important de tester si les relations de court terme et de long terme
précédemment trouvées sont stables sur toute la
période de l'étude. Pour ce faire, nous devons tester la
stabilité des paramètres du modèle. La méthode que
nous utilisons ici est basée sur la somme cumulée (CUSUM) et la
somme cumulée carrées (CUSUMSQ) proposée par Brown et al.
(1975). Contrairement au test Chow qui exige que les points de rupture soient
spécifiés, les tests CUSUM peuvent être utilisés
même lorsque les points de rupture ne sont pas connus. Le test de CUSUM
utilise la somme cumulée des résidus récursifs sur la base
des n premières observations et il est mis à jour de
manière récursive. Le test de CUSUM carré utilise le
carré des résidus récursifs et suit la même
procédure.
Si les parcelles du CUSUM et du carré du CUSUM restent
dans les limites critiques du niveau de significativité de 5%,
l'hypothèse nulle selon laquelle tous les coefficients sont stables ne
peut être rejetée. Cependant, si la courbe coupe le corridor,
l'hypothèse nulle de la stabilité des paramètres est
rejetée. Les graphiques 4.1 et 4.2 présentent les
résultats des tests du CUSUM et du CUSUMSQ. L'observation de ces
graphiques permet de constater que les courbes du CUSUM et du CUSUMSQ qui
représentent la variable testée sont contenues dans la zone de
significativité. Il y'a donc stabilité de la relation sur le long
terme et le court terme.
Graphique 4.1 : Test de CUSUM
Source : Auteur à partir d'Eviews
9
Graphique 4.2 : Test de CUSUM
carré
Source : Construit par l'auteur à
partir d'Eviews 9
Les tests de diagnostic et de stabilité
effectués, nous pouvons passer à l'interprétation des
résultats obtenus de l'étude et formuler les recommandations de
politique économique qui en découlent.
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