2.2. Présentation de la
méthode économétrique
La présentation de la méthode
économétrique ne saurait se faire sans justifier au
préalable le choix de cette méthode.
2.2.1. Justification de la
méthode économétrique
Il existe plusieurs techniques
économétriques pour tester les relations de long terme entre les
séries. Les plus utilisées sont la procédure en deux
étapes d'Engle et Granger (1987), l'approche de Johansen (1988) et la
méthode de Johansen et Juseluis (1990). La condition nécessaire
de mise en oeuvre de ces méthodes est que les séries soient
toutes intégrées d'ordre 1. Or, dans la plupart des séries
macroéconomiques cette condition n'est pas vérifiée
(Nelson et Plosser, 1982). Cette exigence suppose alors que l'étude de
la stationnarité de ces séries soit effectuée. De plus,
l'application des tests de stationnarité sur des échantillons de
petite taille conduit à des résultats qui manquent de puissance.
Face à cette insuffisance, la méthode ARDL de Pesaran et al.
(2001) propose au contraire de ces modèles une nouvelle approche
permettant d'obtenir de meilleures estimations. Elle est plus appropriée
pour tester l'existence des relations de long terme et de court terme dans des
échantillons de petite taille et, contrairement à l'approche de
Johansen et Juselius (1990), elle permet de les tester entre des variables dont
les ordres d'intégration sont différents (Acikgoz et Merter,
2010).
2.2.2. Le modèle
Autorégressif à Décalage Temporel de Pesaran et al.
(2001)
Un ARDL est une régression des moindres carrés
contenant des retards des variables dépendantes et des variables
explicatives. Ces modèles sont généralement notés
ainsi : ARDL (p, q1,...qk), où p est le
nombre de retards de la variable dépendante, q1 est le nombre
de retards de la première variable explicative, et qk le
nombre de retards de la kème variable explicative. Un
modèle ARDL peut-être écrit ainsi:
p k qj
yt = á + ? ui yt-i
+ ? ?âj,i Xj,t-i + åt
(15)
i=1 j=1 i=1
Certaines variables explicatives, Xj, peuvent avoir
des termes non-décalés dans le modèle (qj=0).
Ces variables sont appelées variables explicatives statiques ou fixes.
Les variables explicatives avec au moins un terme décalé sont
appelées variables explicatives dynamiques. Pour spécifier un
modèle ARDL, nous devons déterminer le nombre de décalages
de chacune des variables qui doivent être incluses (C'est-à-dire
spécifier p et q1,...,qk). Puisqu' un
modèle ARDL peut-être estimé par la méthode des
moindres carrés, les critères d'information standards tels que
celui d'Akaike, Schwarz et Hannan-Quinn peuvent-être utilisés pour
la sélection du modèle. Alternativement, on pourrait utiliser le
R2 ajusté des différentes régressions.
Pesaran et al. (2001) ont estimé le modèle ARDL
conditionnel suivant les « bounds testing approaches ». Il
s'agit d'une méthode plus générale que celle
développée par Johansen. En effet, pour effectuer ce test, les
variables du modèle n'ont plus l'obligation d'être
intégrées du même ordre. On peut donc utiliser des
séries qui sont intégrées d'ordre 0 ou 1. Ainsi, Pesaran
et al. (2001) ont formulé un modèle à correction d'erreurs
qui peut s'estimer en trois étapes suivantes :
Première étape : on estime la version
bivariée d'un modèle à correction d'erreur (ECM)
Äyt = á0 +
á1t + ??yt-1 + ?xt-1+
?p-1?iÄyt-i +
?q-1?jÄxt-j + Et (16)
où ?? et ? sont les multiplicateurs de long terme,
les paramètres ?i,i= 1,..., p-1 et ?i,j =
1,...,q-1 sont les coefficients dynamiques de court terme, p
et q sont les ordres du modèle ARDL sous-jacent (p
fait référence à yt et q fait
référence à xt ), t
représente le temps (variable déterministe) et Et est
un bruit blanc non-autocorrélé avec Äxt et avec les valeurs
retardées de xt et de yt . La procédure PSS (Pesaran-Shin-Smith)
distingue entre cinq cas suivant la présence des composantes
déterministes dans le modèle :
Cas 1 (sans constante et sans trend) : le
modèle à correction d'erreur (ECM) devient :
Äyt = ??yt-1 +
?xt-1+ ?p-1?iÄyt-i +
?q-1?jÄxt-j + Et (17)
Cas 2 (avec une restreinte constante et sans
trend): le modèle ECM devient:
Äyt = (yt-1-
?oy) + ?(xt-1- ?ox)+
?p-1?iÄyt-i +
?q-1?jÄxt-j + Et (18)
Cas 3 (avec une constante et sans trend):
le modèle ECM devient:
Äyt = á0 +
??yt-1 + ?xt-1+
?p-1?iÄyt-i +
?q-1?jÄxt-j + Et (19)
Cas 4 (avec une constante et avec un
restreint trend):
Äyt = á0+
(yt-1- á1yt) + ?(xt-1-
á1xt)+ ?p-1?iÄyt-i +
?q-1?jÄxt-j + Et (20)
Cas 5 (avec une constante et avec un
trend):
Äyt = á0 +
á1t + ??yt-1 + ?xt-1+
?p-1?iÄyt-i +
?q-1?jÄxt-j + Et (21)
Deuxième étape : on teste la
nullité jointe des multiplicateurs de long terme ?? et ?
utilisant la statistique de Fisher associée au test de Wald dont on
considère l'hypothèse nulle suivante:
Ho:
= ? = 0 (non cointégration)
En effet, il s'agit d'un test de rapport de vraisemblance
standard appliqué à l'hypothèse nulle. L'hypothèse
nulle est rejetée pour les valeurs calculées
élevées de la statistique de test. Cependant, la distribution
asymptotique de ce test varie si les variables sous-jacentes sont I(0) ou I(1).
En tout cas, ce n'est pas une distribution de Fisher standard et par suite la
valeur calculée de cette statistique doit être comparée aux
valeurs critiques fournies par PSS. On dispose de deux ensembles de valeurs
critiques appropriées : un ensemble suppose que toutes les variables
sont I(1) et un autre suppose qu'elles sont toutes I(0). Cela fournit une bande
couvrant toutes les classifications possibles des variables entre I(1) et I(0)
ou même fractionnement intégrées.
Troisième étape : les
F-Statistiques calculées à la deuxième étape
seront comparées aux bornes inférieures (Flower ,
Fl) et (Fupper, Fu) supérieures de la
bande critique de la procédure PSS aux niveaux de confiance 90, 95 et 99
%. Trois cas se manifestent: Si F > Fu alors on rejette
l'hypothèse nulle et on conclut qu'il existe une relation
d'équilibre de long terme entre xt et yt, en
indiquant la présence d'une relation de cointégration. Si F <
Fl alors on ne peut pas rejeter l'hypothèse nulle, et dans
une telle situation, une relation d'équilibre à long terme ne
semble pas exister entre les variables en question. Finalement si
Fl < F < Fu alors le test est non conclusif et
l'ordre d'intégration des variables sous-jacentes doit être
étudié plus profondément.
Ø Tests de Diagnostics et de tests de
Stabilité
Afin d'évaluer la robustesse des modèles
choisis, nous ferons un ensemble de tests. D'une part, des tests de diagnostic:
le test du multiplicateur de Lagrange pour l'autocorrélation des
résidus, le test de la forme fonctionnelle de Ramsey (RESET), le test de
Jarque-Béra pour la normalité des résidus et le test de
White pour l'homoscédasticité. D'autre part, nous ferons les
tests du Cusum et du carré du Cusum pour la stabilité des
coefficients de long terme et de court terme.
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