La réintégration du Maroc à l'Union Africaine( Télécharger le fichier original )par Manne SORY Université Africaine de Technologie et de Management - Licence Professionnelle 2017 |
B- Des investissements massifsLe royaume du Maroc n'a pas attendu que son retour soit effectif au sein de l'UA, avant de se lancer dans des investissements à travers tout le continent. Ces investissements faits dans plusieurs domaines, réconfortent la place du Maroc en tant que puissance en devenir sur le continent. 3e pays le plus prospère en Afrique (derrière l'Afrique du Sud et le Burundi)33, 11e pays de par sa population (2016)34, 4e budget militaire du continent35 et l'un des premiers investisseurs du continent (avec l'Afrique du Sud), le royaume du Maroc veut s'ériger au rang de hub continental et régional à travers ses investissements. Comme l'a souligné l'analyste Amine Dafir : « l'intérêt économique croissant généré par le Maroc sur le continent permet de renforcer l'influence perdue par le pays du fait de son retrait de l'UA ». depuis l'annonce de Kigali (capitale rwandaise) affirmant l'intention du Maroc de regagner le giron de l'institution panafricaine en 2016, pas moins de 113 conventions, accords, mémorandums et 32 Ibid. 33 Rapport « Africa Prosperity Report 2016 » réalisé par le Think tank londonien Legatum Institute in Agence Ecofin, classement des pays les plus prospère en 2016 selon Legatum Institute, Finance [en ligne], publié le 02-06-2016 [consulté le
05-09-2017], disponible à l'adresse : 34 Démographie de l'Afrique, Wikipédia [en ligne], [dernière modification le 14-08-2017], [consulté le 1009-2017], disponible à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mographie de l%27Afrique 35 Badya Khalid, le Maroc une valeur montante en Afrique, Challenge [en ligne], publié le 24-08-2017], [consulté le 09-09-2017], disponible à l'adresse : http://www.challenge.ma/maroc-valeur-montante-afrique-79619/ Manne SORY Page 25 sur 124 LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE | 2017 accords d'investissements 36 dans de grands secteurs comme l'agriculture, la banque/assurance, les énergies renouvelables, les mines, le tourisme et la logistique à travers les Etats anglophones visités qui était jusque-là pour lui Terra Incognita. A travers ses différents investissements, le souverain chérifien a préconisé, à cet effet, une vision à long terme ayant pour socle stratégique la coopération sud-sud pour un développement durable fondé sur des rapports économiques justes, équitable et gagnant-gagnant. Ainsi, le montant des Investissements Directs Etrangers (IDE) marocain sur le continent est chiffré à environ 4milliards de dollars US en 201637, ce qui permet au Maroc de damer le pion à l'Afrique du Sud pour devenir le premier investisseur en Afrique selon certaines sources. Un chiffre qui affiche clairement les ambitions du royaume chérifien. Assurément, avec ses nombreux investissements, le Maroc a su avec le temps, faire changer les positions de certains Etats qui étaient restés « hostiles » à la réintégration du Maroc et à la suspension de la RASD de l'organisation, grâce à son influence économique qu'il a fait jouer en sa faveur. Au Rwanda comme en Ethiopie, en passant par le Nigeria, le Sénégal ou encore la Tanzanie, le souverain chérifien avec tout son royaume se présentent comme des investisseurs aguerris faisant ce qu'ils savent faire de mieux : développer des liens économiques avec de nombreux pays du continent par le biais du commerce et de l'investissement. Cependant, si le Maroc a réussi à convaincre à travers ses investissements, c'est aussi en partie grâce à la particularité du modèle de coopération que le Maroc s'emploie à développer avec l'Afrique. Ce dernier réside dans la diversité des acteurs et des partenaires impliqués. Une coopération qui n'est plus l'apanage unique des gouvernements et des institutions gouvernementales, bien au-delà, le modèle marocain privilégie les opérateurs économiques privés et les acteurs de la société civile. 36 Nadia Lamlili, Maroc-Afrique : la diplomatie économique de Mohammed VI, Jeune Afrique [en ligne], publié le 23-02-2017, [consulté le 06-09-2017],
disponible à l'adresse : 37 Oumar Baldé, Investissement en Afrique : le Maroc monte en puissance, les cahiers des éco [en ligne], publié le 09-05-2017, [consulté le 13-09-2017], disponible à l'adresse : http://www.leseco.ma/les-cahiers-des-eco/afrique/57177-investissement-en-afrique-le-maroc-monte-en-puissance.html Manne SORY Page 26 sur 124 LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE | 2017 Les investissements du Maroc en Afrique portent généralement sur les secteurs des banques et des télécommunications. La principale banque du pays, le groupe Attijariwafa Bank, ainsi qu'une partie de la Société Nationale d'Investissements (SNI) sont présentent dans 10 pays notamment au Togo, en Côte d'Ivoire, au Mali, Sénégal, Guinée-Bissau, Niger et Mauritanie en Afrique de l'Ouest ; en RDC, au Gabon et au Cameroun en Afrique centrale 38 . Outre le groupe Attijariwafa Bank, la Banque Marocaine pour le Commerce Extérieur (BMCE) est aussi présente sur le continent dans 19 pays, principalement en Afrique de l'Ouest (Bénin, Togo, Mali...) sous le nom de « Bank Of Africa » (BOA) en Afrique centrale et en Afrique de l'Est à travers sa filiale, la banque d'Afrique39. Dabs le secteur des télécommunications, avec sa compagnie de téléphonie « Maroc Télécom », il mène des activités dans 11pays africains comme le Bénin, le Burkina, le Mali... souvent sous des noms différents comme « Moov » en Afrique de l'ouest francophone40. Au-delà de ces secteurs privilégiés, les entreprises marocaines se sont également investies dans l'assurance, notamment avec le « « Saham Insurance Group ». Une compagnie qui continue par se développer à travers ses installations en Afrique dont le Bénin, le Madagascar, la Côte d'Ivoire ou encore le Kenya41. Toutefois, pendant ses nombreuses années, l'Afrique subsaharienne représente la partie du continent qui a le plus bénéficié des investissements marocains, avec en moyenne 62% des investissements du royaume dans le monde avec un pic de 88.2% enregistré en 201042. Pour Ernst & Young, cabinet de conseil financier, l'intérêt croissant porté par le Maroc à l'Afrique subsaharienne s'explique par le fait que « les entreprises marocaines regardent vers l'Afrique de l'ouest alors même que leur pays devient une plateforme d'exportation 38 Attijariwafa Bank, Wikipédia [en ligne], [dernière modification le 25-08-2017], [consulté le 04-092017], disponible à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/Attijariwafa Bank 39 BMCE Bank, Wikipédia [en ligne], [dernière modification le 03-09-2017], [consulté le 14-09-2017], disponible à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/BMCE Bank 40 Franc Kuwonu, Union Africaine : le retour du Maroc, Afrique Renouveau [en ligne], Décembre 2016- Mars2017, [consulté le 13-09-2017] disponible à
l'adresse : 41 Ibid. 42 Le 360, Afrique-MAP, investissements : 62% des IDE marocains vont à l'Afrique subsaharienne, le 360 [en ligne], publié le 30-11-2016, [consulté le 04-09-2017], disponible à l'adresse : http://afrique.le360/ma/maroc-mauritanie-cote-divoire-senegal-guinee-mali-gabon/economie/2016/11/30/7932-investissements--é-des-ide-marocains-vont Manne SORY Page 27 sur 124 LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE | 2017 vers d'autres pays africains »43. Les liens d'amitiés et la longue histoire que partage le Maroc avec cette partie du continent prouve de ce fait cet intérêt qu'affiche le royaume chérifien à l'Afrique subsaharienne. Le roi Mohammed VI veut donc donner un nouvel élan à la fois politique, économique, et culturel à son royaume dans un contexte sécuritaire et économique actuel lourd, vu que l'intégration maghrébine est devenue en quelques années une chimère. Une politique qui donnera ainsi les moyens au royaume chérifien de pouvoir accélérer sa réadmission au sein de l'UA par la mise en place d'une politique de réintégration. |
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