La réintégration du Maroc à l'Union Africaine( Télécharger le fichier original )par Manne SORY Université Africaine de Technologie et de Management - Licence Professionnelle 2017 |
B- Une étroite collaboration avec d'autres géants du continentIci, un constat s'avère crucial. Celui de l'observation d'un décalage entre le leadership économique marocain et le leadership politique du Maroc en Afrique. Ce dernier (le leadership politique), est totalement réduit à une faible visibilité du royaume à travers le continent quand bien même, il faut le souligner, le roi du Maroc se fait de plus en plus présent à travers le continent de par ses nombreux déplacements. D'autre part, ceci est aussi l'une des conséquences directes de l'absence du Maroc dans la sphère panafricaines. De ce fait, le Maroc a déjà plusieurs reprises payé les frais sur le terrain. Ceci intervient dans le processus de signature d'accords où seul l'aspect bilatéral domine. Sur le plan multilatéral au sein du continent, le royaume chérifien n'arrive pas à sortir la tête de l'eau. Il laisse donc cet avantage à d'autres géants comme l'Afrique du sud, l'Algérie, le Nigéria, l'Egypte ou encore d'autres Etats africains avec une économie émergente comme le Rwanda ou la Côte d'Ivoire. Entre les deux extrémités, celui du leadership économique et du leadership politique, un faussé se creuse en défaveur du royaume chérifien. Il s'en suit un déséquilibre à l'égard du Maroc. Cette quête de symétrie et d'équilibre explique, dans une large mesure, la volte-face du royaume vers ses protagonistes du continent en vue de rejoindre l'UA. 2e investisseur du continent derrière l'Afrique du sud, le Maroc pourrait bien tirer de ses divergences avec ces Etats qui constituent des soutiens de la RASD. Le royaume du Maroc pourra ainsi s'insérer dans un contexte continental multipolaire caractérisé par un essoufflement du bilatéralisme, avec une montée du multi partenariat et une prolifération des accords régionaux et multilatéraux. En effet, contrairement à son père le roi Hassan II pour qui, tourner dos à ses protagonistes était la meilleure solution (ce qui lui fait claquer la porte de l'OUA en 1984), la stratégie du roi Mohammed VI reste différente. Pour lui, il s'agit de s'appuyer 128 Voir note de bas de page n°112 Manne SORY Page 85 sur 124 LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE | 2017 sur deux faits. Le premier consiste en l'application de la stratégie laissant large choix au roi d'apporter une compréhension à ses homologues des revendications marocaines, comme cela a été le cas avec Kagame. La seconde stratégie a consisté au déploiement de trois principaux volets de la diplomatie chérifienne : ? Par les ambassades, les voyages et les accords diplomatiques. Il a patiemment noué des liens avec la majorité des Etats africains par une diplomatie des voyages et un élargissement des alliances. Le roi Mohammed VI a ainsi effectué 40 voyages en Afrique. ? Par le « soft power » religieux et une lutte contre le salafisme et le wahhabisme. De nombreuses relations ont ainsi été mises en oeuvres dans le champ religieux (mosquées, formations d'Imam dont 500 au Mali, confréries Tidjane avec le Sénégal, islam malékite). ? Par une coopération sécuritaire renforcée. Le "roi africain" a su trouver la majorité des alliés lui permettant de réintégrer l'UA contre les positions de l'Algérie, de l'Afrique du sud, de l'Angola ou du Nigéria. Il n'a plus posé comme condition de sa réintégration le départ de la RASD. Certains opposants considèrent toutefois que le loup était rentré dans la bergerie pour éliminer ensuite le mouton noir129. En revanche, la mise en place d'une telle stratégie, même à l'intérieur de l'Union Africaine pourra favoriser la destruction de l'axe Alger-Lagos-Pretoria (respectivement Algérie-Nigéria-Afrique du sud) qui représente les poids lourds du soutien sahraoui. Cependant, cette destruction ne consistera pas à toujours créer un statu quo sur le désaccord, mais plutôt faire usage de ces divergences pour créer ces cercles ce collaborations qui finiront par percer une brèche à l'intérieur de cet axe. En d'autres termes, au lieu de vouloir s'octroyer forcément le soutien de tous, il peut toutefois les conduire à conserver une position plus simple : celui de la neutralité. 129 Philippe Hugon, le retour du Maroc au sein de l'UA et son adhésion à la CEDEAO : quelles conséquences pour les ensembles régionaux, IRIS [en ligne], 22-06-2017, [consulté le 30-09-2017], disponible à l'adresse : http://www.iris-france.org/96440-le-retour-du-maoc-au-sein-de-lunion-africaine-et-son-adhesion-a-la-cedeao-quelles-consequences-pour-les-ensembles-regionaux Manne SORY Page 86 sur 124 LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE | 2017 Ainsi, le royaume chérifien pourrait commencer par diminuer l'écart du fossé, en s'insérant dans le concert des grandes nations du continent pour se fourrer une place dans l'harmonisation de son leadership. |
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