Aide au développement et croissance économique en RDC. Une étude critique du modèle économétrique.( Télécharger le fichier original )par Junior Assumani Manyota Universite de Kindu - Licence 2014 |
Première partie : CONSIDERATIONS GENERALESIl s'agit principalement dans cette première partie de jeter les bases théoriques nécessaires à la compréhension du phénomène étudié. Tour à tour, nous brosserons les fondements théoriques/ scientifiques de l'Aide publique au Développement ; nous passerons en revue les notions générales sur la croissance économique et présenterons la République Démocratique du Congo, lieu de nos investigations. Chapitre Un : FONDEMENTS THEORIQUES SUR L'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENTIl s'agit dans ce chapitre de faire un tour d'horizon sur les définitions pour se familiariser aux différents concepts liés à l'APD. Aussi, il sera passé en revue les différentes réflexions, les analyses et les controverses des auteurs sur l'aide publique au développement. I.1. Définitions et fondements théoriques de l'APDI.1.1. Définition et importance de l'Aide au DéveloppementL'aide internationale est l'ensemble des ressources, publiques ou privées, transférées à l'échelle internationale, dans le but de favoriser le progrès économique et social des pays bénéficiaires26(*). Le concept « Aide Publique au Développement » peut être appréhendé comme tous les apports de ressources qui sont fournis par les pays développés ou les institutions internationales aux pays en voie de développement. Ces aides émanent d'organismes publics, y compris les Etats et les collectivités locales, ou d'organismes agissant pour le compte d'organismes publics. L'Institut pour le Développement Durable, définit l'APD comme étant le budget alloué à la coopération au développement par les vingt deux (22) pays du Comité d'Aide au Développement (CAD) suivant trois canaux de distribution : la coopération bilatérale directe, la coopération bilatérale indirecte et la coopération multilatérale27(*). Il faut noter qu'aux côtés des acteurs étatiques, on trouve, de plus en plus, des collectivités locales au titre de la « coopération décentralisée » et des acteurs privés (organisations non gouvernementales (ONG), fondations). Ces derniers entrent en contact direct avec les populations à travers des organisations de la société civile ou élus locaux. L'importance théorique de l'APD pour une économie en besoin de financement remonte aux travaux sur le « Big push » de ROSENSTEIN-RODAN28(*). Cet auteur souligne en substance que des apports massifs en capitaux extérieurs doivent permettre aux pays pauvres de financer leurs investissements et de brûler des étapes préalables au décollage. L'idée clé est qu'il faut réaliser, de façon simultanée, un grand nombre d'industries qui se tiennent mutuellement par leurs clientèles, de telle sorte que la demande existe et soit suffisante. L'aide publique au développement comprend, selon la définition du Comité d'aide au développement de l'OCDE, les dons et les prêts préférentiels prévus au budget et transférés des pays développés vers les pays en voie de développement pour la promotion des industries, mais cette aide doit aussi faire en sorte que l'économie dans son ensemble profite des effets externes. Toutefois, NURSKE29(*) nuance en soulignant le risque de voir l'aide détournée vers la consommation au lieu de la production. Plus tard, HIRSCHMAN30(*) émet des doutes sur la possibilité de développer une économie au moyen d'investissements massifs et simultanés étrangers dans tous les secteurs, sans améliorer les qualifications des populations. Il soulève à ce niveau le faible impact des capitaux étrangers sur la croissance économique si le nombre de personnes qualifiées du pays aidé est insuffisant. Il met l'accent sur la croissance déséquilibrée, car pour lui, l'aide extérieure accroît les investissements et la capacité de production. Si l'économie se développe pour employer suffisamment cette capacité, le revenu supplémentaire créé par la hausse de cette capacité va entraîner une augmentation de l'épargne, et par conséquent de nouveaux investissements. Par ailleurs, un autre apport théorique a été celui de HARROD et DOMAR31(*). Pour ces auteurs, l'APD accroît l'investissement et à la suite la croissance économique. Dans leur analyse, lorsque l'épargne intérieure est insuffisante, on est à mesure de déduire le montant d'épargne étrangère nécessaire pour atteindre un taux d'investissement compatible avec le taux de croissance désiré. Le retard d'un pays s'explique par une insuffisance de capital et le rattrapage est bien possible. Ces premiers travaux considéraient la possibilité de rattrapage et acceptaient les hypothèses d'analyse néoclassique, notamment l'hypothèse de rendements décroissants du capital et un progrès technique exogène. En définitive, l'objectif assigné à l'APD est d'accompagner les pays en voie de développement dans le financement des investissements publics en l'occurrence les infrastructures. De ce point de vu, l'APD complète une épargne locale qui du reste est insuffisante pour soutenir l'effort d'équipement, base de la promotion du développement. * 26 JACKY Amprou et LISA Chauvet, Op cit, p.312 * 27 OCDE/CAD (2005): Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide au développement, Février 2005 * 28 ROSENSTEIN-RODAN cité par MALAM Maman NAFIOU, (2009), Impact de l'aide publique au développement sur la croissance économique du Niger, Revue africaine de l'Intégration. * 29 NURSKE cité par MALAM Maman NAFIOU, Idem. * 30 HIRSCHMAN cité par MALAM Maman NAFIOU, Idem. * 31 DOMAR, HARROD, (2004), «The Increasing Selectivity of Foreign Aid, 1984-2002», Working Paper 3299, The World Bank, Washington D.C. |
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