DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DU MARCHE FINANCIER
CAMEROUNAIS ET DE SES
ECUEILS
36
Nous nous attèlerons, dans cette
deuxième partie, à présenter le marché
financier camerounais dans ses aspects offre, demande, et
efficience informationnelle (Chapitre III) ; puis à examiner son
fonctionnement et, partant, les obstacles qu'il pose aux entreprises quant
à leur gestion et à l'accès aux crédits court terme
(Chapitre IV).
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
37
CHAPITRE III : LES CARACTERISTIQUES DU MARCHE
FINANCIER CAMEROUNAIS
Un marché financier peut être
caractérisé par son offre, sa demande, et son efficience
informationnelle.
III-1-L'offre : les acteurs et les produits
a) Les acteurs
Le marché financier regorge de trois types d'acteurs, d'un
point de vue offre
- Les banques commerciales ordinaires
- Les autres établissements de crédit et les
sociétés d'affacturage récemment entrées dans ce
marché,
- Les établissements de microfinance
a-1- les banques commerciales ordinaires
Au nombre de treize aujourd'hui, avec 387 guichets repartis
sur le territoire, elles ont un niveau de liquidité assez
élevé. L'ensemble de ces établissements présente un
niveau de liquidité assez élevé, ainsi que le
reconnaît le site « Cameroon Web News » : «
La surliquidité bancaire observée depuis quelques années
au sein des institutions bancaires d'Afrique centrale se renforce, notamment au
Cameroun où celle-ci est passée de 600 milliards de francs CFA il
y a quelques mois à 763 milliards de francs CFA actuellement,
d'après les chiffres actualisés de la Banque des Etats d'Afrique
Centrale (BEAC). »
a- 2- Les autres établissements de
crédit
Il s'agit des établissements financiers plus ou moins
spécialisés tels que le Crédit Foncier du Cameroun, «
Pro-PME Financement », et les sociétés d'affacturage dont la
loi faitière est d'adoption récente dans le pays. Il s'agit donc
des acteurs peu nombreux,
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
38
mais qui nous intéressent dans le cadre de cette
étude, notamment en ce qui concerne les arbitrages.
a-3- Les établissements de
microfinance
Leur définition, tirée du Règlement CEMAC
N°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC portant conditions d'exercice et de
contrôle de l'activité de microfinance est la suivante
:
« La «microfinance » est une
activité exercée par des entités agrées n'ayant pas
le statut de banque ou d'établissement financier tel que défini
à l'Annexe de la Convention du 17 janvier 1992 [...] et qui pratiquent,
à titre habituel, des opérations de crédit et ou de
collecte de l'épargne et offrent des services financiers
spécifiques au profit des populations évoluant pour l'essentiel,
en marge du circuit bancaire traditionnel ». Les
établissements de microfinance ont une réputation plutôt
controversée. Les uns voyant en eux la voie royale d'accès au
développement car adaptés aux pays pauvres.
« [...] En second lieu, au plan international, le
mouvement de la microfinance, considéré comme l'un des vecteurs
essentiels de la lutte contre la pauvreté, a obtenu une audience de plus
en plus favorable. En effet, hormis les services complémentaires
(alphabétisation, formation, santé, etc.) prévus dans
leurs différents programmes financiers, les bailleurs de fonds
internationaux reconnaissent qu'une partie significative des besoins cruciaux
des populations marginalisées peut être satisfaite par des
micro-crédits pour lesquels les banques classiques ne sont pas
disposées à intervenir.[...] » (Rapport COBAC 2002 ;Site
BEAC/CEMAC) tandis que d'autres les considèrent tout simplement
comme des « fausses banques ». Les événements
(Annexe V) donnent du reste raison à certains
égards, aux derniers évoqués.
En effet, bien que de loin plus nombreuses que les banques
ordinaires (autour de 418 en mai 2015, MINFI) et drainant de gros volumes
d'épargne (encours septembre 2013 : 294,5 milliards de FCFA, «
Bulletin Trimestriel Secteur Financier », DGTCFM, MINFI) par des
méthodes artisanales (porte-à-porte, montant collecté
dérisoire), elles
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
39
sont sujettes à des faillites régulières,
et sont fréquemment sommées par le MINFI de fermer, car beaucoup
sont illégales. (Annexe V sus-citée).
Sur le plan fonctionnel ils ne sont pas participants au
système de paiement CEMAC (le système de
télé-compensation interbancaire-SYSTAC/SYGMA-). Ils sont clients
eux-mêmes des banques ordinaires à travers lesquelles ils
réalisent les opérations de leurs propres clients. La
conséquence en est les délais allongés et la
difficulté de gestion des incidents de paiement et autres double-emplois
ou trop-perçus. En outre, seules quelques rares d'entre ces
établissements émettent des cartes de crédits.
Cependant, vu leur reconnaissance par la réglementation
communautaire CEMAC (Règlement CEMAC N°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC) et
leur poids s'agissant tant de leur nombre que de l'épargne qu'ils
mobilisent (encours des dépôts à septembre 2013 : 294,5
milliards de FCFA selon le "Bulletin trimestriel sur le secteur financier
camerounais" N° 011, Mars 2015) ; l'on ne saurait les négliger.
b) Les offres de financement
Dans le cadre du financement à court terme, les offres
sont traditionnellement réparties en deux grandes catégories :
les crédits objectifs avec contrepartie réelle et les
crédits subjectifs eux-mêmes ventilés en
généraux et spécialisés (TOPSACALIAN et TEULIE,
2013).
Pour le marché camerounais, s'agissant de la
catégorie crédits objectifs, on peut citer principalement
l'escompte ; pour la seconde catégorie, on a le découvert (qui
est modal dans sa catégorie), les crédits spot, et les
crédits de campagne. Il est à noter que s'il est vrai que
pratiquement toutes les banques proposent l'escompte, dans la première
catégorie, et le découvert dans la seconde, toutes les autres
variantes des deux catégories ne figurent pas à l'étal de
tous les établissements de crédit. C'est dire que l'offre de
financement court terme est assez standard et restreinte.
|