B. Hypothèses et construction du tableau de bord de
l'étude
1. Hypothèses de l'étude
Une hypothèse est une réponse provisoire
à une interrogation formulée par rapport à un
élément de la problématique. Sa formulation part de
l'identification des causes possible pour en choisir celle la plus plausible.
Dans le cas de notre étude, trois causes possibles sont
identifiées et présentées pour chaque problème et
c'est la plus plausible, c'est-à-dire celle qui semble mieux justifier
le problème en résolution, qui est retenue pour formuler
l'hypothèse qui se veut une assertion à double pans : un pan
cause et un pan problème. Ces hypothèses peuvent être
confirmées ou infirmées à l'issue des données de
l'enquête.
a. Causes et hypothèse liées au problème
spécifique n°1
Le problème spécifique n°1 est
l'inexistence d'information détaillée sur la situation
patrimoniale de l'État. Pour résoudre ce problème, nous
avons identifié trois causes possibles présentées dans un
ordre croissant d'importance comme ci-après :
3. l'importance du patrimoine de l'État ;
4. le paramétrage du système de réflexion
;
5. l'absence de suivi et d'évaluation comptable du
patrimoine de l'État.
La production d'une situation patrimoniale
détaillée de l'État nécessite la connaissance
exhaustive des biens appartenant à l'État. En effet, une
situation patrimoniale
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détaillée doit comporter les différentes
rubriques comptables ainsi que leurs détails. Il s'agit des
immobilisations, des stocks et des disponibilités. Chacune de ces
grandes masses doit être détaillée au niveau ultime
nécessaire permettant aux utilisateurs ou destinataires de comprendre
aisément les informations qui y sont contenues. Cependant, le patrimoine
de l'État est important. Il comprend l'actif et le passif des
ministères et institutions de l'Etat et leurs démembrements de
même que ceux des établissements publics de l'État. Cette
importance du patrimoine de l'État constitue un frein à la
production d'une situation patrimoniale détaillée de
l'État. Mais cette cause n'est pas la plus plausible car, la
méthode de consolidation est celle requise pour produire les
informations comptables des grandes organisations comme l'État.
Pour ce qui est du paramétrage du système de
réflexion, il faut noter que la tenue de la comptabilité
patrimoniale de l'État est une mission dévolue à la
Direction de la Centralisation des Comptes de l'État (DCCE). Cette
direction se base sur les informations budgétaires qui lui sont fournies
par la Recette Générale des Finances pour renseigner les comptes
patrimoniaux et de gestion. Cela se fait par le biais du système de
réflexion qui est un système paramétré car il ne
permet pas à la DCCE d'avoir les détails nécessaires sur
les opérations budgétaires réalisées. De
même, ce système ne permet pas de suivre l'évolution des
biens patrimoniaux afin de produire une situation détaillée
fiable sur ces derniers. Cette cause du système paramétré
de réflexion justifie bien l'inexistence d'information
détaillée sur la situation patrimoniale de l'État mais
nous paraît moins plausible car les pièces justificatives
accompagnent les opérations budgétaires réalisées
par la RGF et ses démembrements. Nous abandonnons donc cette cause pour
la formulation de notre hypothèse.
S'agissant de la concentration de la tenue de la
comptabilité patrimoniale, seule la Direction Générale du
Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP) tient la
comptabilité patrimoniale par le biais de la DCCE. Ainsi, toutes les
opérations effectuées au niveau des différents postes
comptables sont convoyées au Receveur général des
finances, comptable principal de l'État. C'est en fin de gestion que ces
informations comptables sont envoyées à la DCCE pour tenue de la
comptabilité patrimoniale et élaboration de la Loi de
règlement. Il n'y a donc pas un dispositif de suivi et
d'évaluation comptables du patrimoine de l»État. Cette
absence de suivi et d'évaluation comptables du patrimoine de l'Etat ne
permet pas de renseigner les comptes patrimoniaux au jour le jour pour donner
une image fidèle du patrimoine de l'État à tout instant.
Cette cause justifie bien l'inexistence d'information détaillée
sur la situation patrimoniale de l'État et nous semble
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la cause la plus plausible se trouvant à la base de ce
problème. Notre hypothèse n°1 est formulée comme suit
: « l'inexistence d'informations détaillées sur la
situation patrimoniale de l'État est due à l'absence de suivi et
d'évaluation comptables du patrimoine de l'État
».
b. Causes et hypothèse liées au
problème spécifique n°2
Il faut rappeler que le problème spécifique
n°2 que cherche à résoudre cette étude est
l'incomplétude de l'établissement des états financiers de
l'Etat. La résolution de ce problème nous a conduit à
identifier trois causes possibles présentées dans un ordre
croissant d'importance comme suit :
- l'intérêt général que poursuit
l'activité de l'État ;
- le manque d'information sur les opérations
budgétaires réalisées ;
- la période restreinte de l'élaboration
proprement dite des états financiers.
L'activité de l'État est une activité
publique poursuivant l'intérêt collectif et non le profit comme le
cas des entreprises. C'est donc la satisfaction des populations que poursuit
l'État. C'est ainsi que la production des états financiers ne
présente pas une importance capitale aux yeux de l'administration
publique. L'état n'a donc pas de profit donc la détermination
d'un résultat serait superflue. Cette cause peut être à la
base de l'incomplétude de l'établissement des états
financiers de l'État mais nous semble peu plausible pour être la
vraie cause du problème.
En ce qui concerne le manque d'information sur les
opérations budgétaires réalisées, nous pensons que
les informations les informations budgétaires fournies par la RGF ne
permettent pas à la DCCE de produire tous les états financiers.
En effet, la production des états financiers de l'État
composés du bilan, du compte de résultat, du tableau des
opérations financières du Trésor, du tableau des flux de
trésorerie et l'état annexé nécessite la
disposition des informations exhaustives sur la gestion et celles liées
au suivi du patrimoine. Cette cause nous semble moins plausible pour être
la vraie cause.
La période restreinte de l'élaboration
proprement dite des états financiers justifie l'incomplétude de
l'établissement des états financiers. En effet, les états
financiers sont élaborés après la loi de règlement
pour accompagner cette dernière. C'est après la production du
compte de gestion par le comptable principal que commence
l'établissement de la loi de règlement et des états
financiers par la DCCE. Les comptes du RGF sont envoyés à la DCCE
après le mois de juin alors que la loi de règlement et les
états financiers doivent être déposés au plus tard
avant l'ouverture de la session budgétaire en octobre. Ainsi, bien que
les opérations budgétaires courantes en constituent le
soubassement, la
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comptabilité patrimoniale est tenue dans un
délai de trois mois pour l'établissement des états
financiers courant la même période. Dans cette même
période s'élabore la loi de règlement. Cette
période se trouve donc restreinte pour l'établissement de tous
les états financiers de l'État. Cette cause justifie bien le
problème et est prise en compte pour la formulation de notre
hypothèse qui se présente comme suit : «
l'incomplétude de l'établissement des états financiers de
l'Etat est liée à la période restreinte de
l'élaboration proprement dite des états financiers
».
c. Causes et hypothèse liées au problème
spécifique n°3
Le problème spécifique n°3 en
résolution est le risque de non-respect du principe des droits
constatés au regard du nouveau contexte de gestion des finances
publiques. La recherche sur ce problème nous a permis d'identifier trois
causes possibles que nous présentons ici dans un ordre croissant
d'importance. Il s'agit :
? du retard dans la prise des textes réglementaires de
base ;
? de l'organisation administrative des services de l'ordonnateur
par rapport aux services du trésor public ;
? de la lenteur dans la mise en oeuvre des textes organisant le
nouveau contexte de gestion des finances publiques.
Le retard dans la prise des textes règlementaires de
base peut être une cause du risque de non-respect du principe des droits
constatés au regard du nouveau contexte de gestion des finances
publiques. En effet, pour que le principe des droits constatés soit
respecté conformément au nouveau contexte de gestion des finances
publiques, les décrets et arrêtés d'application doivent
être pris. Ce sont ces textes de base qui déterminent les
modalités d'application des différentes dispositions ou mesures
qu'exige le nouveau contexte de gestion des finances publiques. Cette cause est
susceptible d'être à la base du problème en étude
mais nous paraît moins plausible.
La deuxième cause possible pouvant être à
la base du problème de risque de non-respect du principe des droits
constatés au regard du nouveau contexte de gestion des finances
publiques est l'organisation administrative des services de l'ordonnateur par
rapport aux services du Trésor. En effet, selon les nouveaux textes qui
organisent le nouveau contexte de gestion des finances publiques, le principe
des droits constatés serait respecté par la comptabilisation de
l'opération par le comptable, dès que l'existence de celle-ci
devient certaine. Ainsi, les dépenses sont comptabilisées
à la l'étape de liquidation qui est une phase administrative
d'exécution de la dépense. Or, les services de
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l'ordonnateur sont pour la plupart éloignés des
services du Trésor public. Alors, l'organisation administrative des
services de l'ordonnateur par rapport aux services du trésor ne favorise
pas le respect du principe des droits constatés au regard du nouveau
contexte de gestion des finances publiques. Mais à bien analyser, nous
pensons que cette cause n'est pas la plus plausible.
S'agissant de la lenteur dans la mise en oeuvre des textes
organisant le nouveau contexte de gestion des finances publiques, il peut
être une cause se trouvant à la base du problème en
étude. En effet, la plupart des textes organisant la gestion
budgétaire axée sur les résultats dans laquelle s'inscrit
la gestion des finances publiques donnent un délai supplémentaire
de mise en oeuvre complète des dispositions qu'ils contiennent. Ce
délai supplémentaire qui, dans le vrai sens se veut le
délai butoir pour que toutes les dispositions soient mises en oeuvre
reste l'argument avancé par l'administration pour retarder les
réformes introduites dans la gestion des finances publiques. Cette cause
est donc la cause la plus plausible se trouvant à la base du
problème en résolution. Elle est donc utilisée pour la
formulation de notre hypothèse n°3 qui est libellée comme
suit : « la lenteur dans la mise en oeuvre des textes organisant
le nouveau contexte de gestion des finances publiques est à la base du
risque de non-respect du principe des droits constatés
».
d. Cause et hypothèse liées au
problème général
Le problème général soulevé par
notre recherche est la tenue non satisfaisante de la comptabilité
patrimoniale de l'État au Bénin. Il faut rappeler que
l'hypothèse générale est une réponse provisoire
à l'interrogation que suscite le problème général.
Elle est formulée à partir d'une cause supposée qui est
une formulation générique unifiée des causes
spécifiques. N'ayant pas pu formuler une cause générique
unifiée qui coiffe les différentes causes spécifiques
identifiées, nous n'avons pas pu formuler une hypothèse
générale liée à la tenue non satisfaisante de la
comptabilité patrimoniale de l'État au Bénin.
Néanmoins, la résolution des différents problèmes
spécifiques contribue à la résolution du problème
général.
2. Construction du tableau de bord de l'étude
Le tableau de bord (TBE) est un outil récapitulatif des
principaux repères de la recherche. Il est constitué des
éléments suivant : la problématique choisie, des
problèmes spécifiques retenus, des objectifs, des causes
supposées et des hypothèses de l'étude. Ainsi, il sert de
repère à l'évolution future de l'étude en termes de
la méthodologie à adopter, de la revue de littérature, du
diagnostic, puis des solutions à proposer. Il se présente
ci-après :
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Tableau n° III : Tableau de Bord de l'Etude
(TBE)
Niveaux
|
Problématiques
|
Objectifs
|
Causes
|
Hypothèses
|
Niveau Général
|
Tenue non satisfaisante de la
comptabilité patrimoniale de l'État au Bénin
|
Rechercher les conditions d'amélioration de la tenue
de la comptabilité patrimoniale de l'État
au Bénin
|
-
|
-
|
Niveaux Spécifiques
|
1
|
Inexistence d'informations détaillées sur la
situation patrimoniale de l'Etat
|
Identifier les mesures de production d'informations
détaillées sur la situation patrimoniale de l'État
|
L'absence de suivi et d'évaluation comptables
du patrimoine de l'État
|
l'inexistence d'information détaillée sur la
situation patrimoniale de l'État est due à l'absence de suivi
et d'évaluation comptables du patrimoine de l'État
|
2
|
Incomplétude de l'établissement des
états financiers de l'État
|
déterminer les conditions nécessaires
à l'établissement de tous les états financiers de
l'État
|
la période restreinte de l'élaboration
proprement dite des états financiers
|
la période restreinte de l'élaboration proprement
dite des états financiers est à la base de
l'incomplétude de l'établissement des états financiers
de l'État
|
3
|
Risque de non-respect du principe des
droits constatés au regard du nouveau contexte de gestion des
finances publiques
|
définir les modalités de respect du principe
des droits constatés au regard du nouveau contexte de gestion
des finances publiques
|
La lenteur dans la mise en oeuvre des textes organisant
le nouveau contexte de gestion des finances publiques
|
Le Risque de non-respect du principe des droits
constatés au regard du nouveau contexte de gestion des
finances publiques est lié à la lenteur dans la mise en oeuvre
des textes organisant le nouveau contexte de gestion des finances
publiques
|
Source : Réalisé par nous-même
à partir des données de l'étude
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II. Revue de littérature
La revue de littérature se définit comme le
point des connaissances acquises sur les problèmes en résolution
en termes d'outils de mobilisation et d'analyse des données. Cet
exercice se fera par rapport au problème général et aux
problèmes spécifiques. Il s'agit de façon concrète,
des apports des auteurs, des études antérieures par rapport au
problème général de même que les problèmes
spécifiques.
|