VI.2. Implications de politiques économiques
L'efficience des dépenses publiques traduit le fait
pour celles-ci d'atteindre leur cible de manière optimale, c'est
à dire telle que souhaitée par le décideur public pour le
bien-être des populations préalablement défini de
manière participative. Ce n'est pas tant le niveau d'un budget qui
importe pour une économie, mais la manière dont les ressources
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 72
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
(rares) sont affectées à la couverture des
besoins (illimités). Dans cette optique, l'augmentation ne devrait pas
être une fin en soi, mais plutôt un moyen de rationalisation de ces
ressources afin de les rendre plus productives. Il est donc important de
prôner la qualité de la dépense non seulement au niveau de
l'affectation mais plus encore au niveau de l'orientation et du ciblage en
particulier dans les secteurs sociaux clés de l'économie qui
affecte directement le capital humain des individus et partant la croissance
inclusive. Ainsi, dans le secteur de la santé, au regard de nos
résultats nous formulons les politiques suivantes :
Sur le plan macro :
? Bien que notre étude ne s'intéresse pas aux
facteurs explicatifs (les déterminants) de l'inefficience de ces
dépenses, de nombreuses études réalisées dans ce
domaine ont montré que la promotion de la stabilité socio
politico-économique, l'efficacité des pouvoirs publics, la
transparence et la lutte contre la corruption sont des conditions
nécessaires pour améliorer l'efficience. Ainsi, les pays de la
zone CEMAC doivent mettre en place les politiques visant à créer
un environnement politique et socio-économique sain, un plan de
sécurité publique national et un plan de développement
visant à favoriser la réhabilitation des infrastructures
socio-économiques, le renforcement des institutions et le
développement des investissements.
? Améliorer dans chaque ministère de
santé publique le système de suivi des dépenses depuis les
caisses nationales jusqu'à leur destination (traçabilité)
en vue d'identifier les sources de gaspillages et d'améliorer
l'équité de ces dépenses ainsi que leur impact sur le
bien-être des populations. Le parlement et le citoyen doivent pleinement
être en mesure d'apprécier la totalité des moyens
déployés pour mettre en oeuvre chaque politique, mais aussi les
résultats attendus dans l'optique d'une évaluation.
? Soutenir les efforts des organismes dans la gestion
axée sur les résultats en matière de
développement, d'une part en mettant l'accent sur tous les aspects du
processus de développement, et d'autre part en intégrant les
principes reconnus de bonne gouvernance à savoir des objectifs clairs,
une prise de décision fondée sur des données factuelles,
la transparence et l'obligation de reddition des comptes actualisés sur
les ressources et sur les résultats.
? Et enfin renforcer les contrats de partenariat
public-privé en impliquant d'avantage le secteur privé dans la
prestation des services sociaux afin de profiter d'avantages de telles
associations.
Sur le plan micro :
? Même si il est impératif de collecter
suffisamment d'argent pour la santé, les possibilités d'obtenir
d'avantage avec les mêmes ressources existent dans tous les pays. En
effet, les médicaments chers sont souvent utilisés lorsque les
options plus abordables et aussi efficaces sont disponibles ; dans de
nombreuses situations ils existent une utilisation abusive des antibiotiques et
des injections, des problèmes de stockage et de gaspillages et aussi de
grande variation dans les prix que les agences d'approvisionnement
négocient avec les fournisseurs. Selon l'Organisation Mondiale de la
Santé, dans son document de synthèse du rapport sur la
santé dans le monde en 2010 portant sur le financement des
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 73
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
systèmes de santé ; réduire les
dépenses inutiles liées aux médicaments en les utilisant
mieux pourraient amener les pays à économiser jusqu'à 5%
de leurs dépenses de santé.
+ Equiper adéquatement les formations sanitaires en
particulier dans les zones rurales d'accès difficile afin
d'améliorer leur qualité d'équipements pour
répondre à la forte demande et intensifier la lutte contre
certaines maladies prioritaires qui constituent une barrière à la
constitution d'un capital humain sain.
+ Entreprendre les politiques visant à accroitre
l'efficience des centres de santé en promouvant la transparence par
l'instauration dans les centres sanitaires, d'un système d'affichage des
prix des consultations pour faciliter l'information du patient et éviter
des actes de corruption qui pourraient engendrer des
désagréments.
+ Enfin tout ce qui précède ne saurait se faire
sans l'amélioration des conditions de travail du personnel
qualifié au sein des formations sanitaires, surtout dans les zones
rurales. Les bas salaires ont pour conséquence que le personnel soignant
arrondit ses revenus en acceptant simultanément un 2e
travail, ce qui réduit les performances de leur 1eremploi ;
soutenir et motiver le personnel accroît le coût
d'opportunité de la corruption et celui de la non application des
réglementations sous réserve que ces manquements puissent
être détectés et sanctionnés.
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