b. Interprétations des résultats des
coefficients des variables
Nous interprèterons tour à tour les coefficients
de nos variables d'intérêts et ceux de nos variables de
contrôle.
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Hermann Blondel 67
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
? Interprétations des variables
d'intérêts
Il ressort des résultats de nos régressions que
:
- les dépenses publiques de
santé ont un impact négatif et significatif sur la croissance
économique des pays de la zone CEMAC. En effet, le coefficient de cette
variable est négatif (-5,247116) et la p-value associée à
la statistique du coefficient de cette variable est de 0,038 qui est
inférieur au seuil de significativité de 5%. Toutefois, notons
que cet effet négatif sur la croissance économique des
dépenses publiques de santé, bien que contraire aux
prédictions des modèles de croissance endogène qui
prévoyaient un signe positif, est conforme à ceux obtenus par Kim
et Moody(1992), Musgrave (1996), Gupta et Tiongson (2003), Romdhane et al
(2006) et Fouopi et al (2013). Selon ces auteurs, ce
résultat peut être dû la faible part des budgets
alloués par les gouvernements des pays de la zone dans le secteur de la
santé restant toujours insuffisants au regard des besoins des
populations et des objectifs fixés en terme de croissance
économique et de couverture sanitaire ( Fouopi et al, 2006) et
par ailleurs aux effets pervers de la corruption et des comportements
opportunistes tendant à détourner ces flux financiers à
d'autres fins et sont par conséquent préjudiciables à
l'état de santé de la population dans la mesure où ils
engendre une perte d'efficacité de ces dépenses (Gupta et al,
2002
- Par contre, en ce qui concerne l'effet de
la qualité des dépenses publiques de santé sur la
croissance économique mesuré par la variable score d'efficience
des dépenses publiques de santé sur le taux de croissance du PIB
; les résultats de nos analyses nous révèlent que
l'efficience des dépenses publiques de santé a une influence
positive et significative au seuil de 10% sur la croissance économique
de la zone CEMAC. En effet, selon nos estimations, le coefficient de cette
variable a un signe positif (0,1052443) et la p-value associé à
la statistique du coefficient de cette variable est nettement inférieur
à 10% (p-value=0,078?0,1). Ainsi une augmentation d'1% de l'efficience
des dépenses publiques de santé entrainerait une augmentation de
la croissance de 10,52% dans la sous-région. Ce résultat
corrobore les résultats obtenus par Ebert, Schuknecht et Thorne (2005),
Romdhane (2006) et Houssounon (2009) sur les pays de l'UEMOA. Ainsi une
allocation efficiente des ressources publiques de santé, que ce soit par
une rationalisation des procédures de financement et d'administration,
une optimisation des incitations pour les prestataires, de meilleurs pratiques
d'approvisionnement, l'augmentation des infrastitures et d'équipements
de santé, la multiplication des campagnes de sensibilisation et de
vaccination ou une utilisation plus généralisée des
médicaments génériques et bien d'autres, est porteuse de
croissance économique dans la mesure où elle améliore le
capital santé des individus et partant leur productivité
globale.
En somme, il ressort de nos estimations qu'une utilisation
efficiente des ressources publiques de santé est source de croissance
économique plus vite que le volume des dépenses engagées ;
ce qui est conforme à notre 2e hypothèse
d'étude.
? Interprétations des coefficients des variables
de contrôle
- La variable Formation Brute du
Capital Fixe (FBCF) qui mesure l'effet de l'investissement sur la
croissance a un impact positif et significatif sur la croissance
économique. En effet, le coefficient de cette variable est positif sur
l'ensemble des 2
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 68
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
modèles (0,3673215 pour le modèle 1 ; et
0,3417129 pour le modèle 2) et les p-value associées aux tests de
significativité des coefficients de cette variable sont nettement
inférieur à 1% (0,004<0,01 pour le modèle 1 et 0,000
<0,01 pour le modèle 2). Ce qui est conforme à nos attentes et
corroborent les résultats empiriques des théories du capital
physique.
- Le taux brut de scolarisation dans l'enseignement
secondaire (TBSES) représentant le capital humain exerce comme
attendu au regard des développements théoriques sur la croissance
endogène (la théorie du capital humain) une influence positive et
significative sur le taux de croissance du PIB sur l'ensemble des 2
modèles. Par conséquent, il apparait que l'accroissement du
capital humain via l'augmentation des capacités, des connaissances et
des compétences dont disposent les personnes et acquise par
l'éducation, la formation et l'expérience contribue notamment
à la relance de l'activité économique. Ce résultat
corrobore également les résultats de plusieurs études
telles que celle de Lucas (1998), Aghion et al (2007), Ouattara (2013).
- L'environnement macroéconomique a
été représenté par 2 indicateurs :
l'inflation (INFL) et le taux de couverture (TC).
Les résultats indiquent que l'inflation a un effet
négatif et significatif sur la croissance ; en effet le signe
négatif des coefficients de cette variable sur chacun des modèles
signifie qu'une hausse du taux d'inflation entraine une baisse de la croissance
économique, ce qui est conforme à nos attentes et corrobore les
travaux tels que ceux de Khan et Senhadji (2001), Fouopi et al (2013). La
variable taux de couverture qui mesure l'ouverture commerciale, a un effet
positif sur la croissance économique (signe attendu) mais non
significatif sur l'ensemble des modèles, car les p-value
associées aux tests de significativité des coefficients de cette
variable pour chacun des modèles est nettement supérieur au seuil
théorique de 10 %. Ces résultats rejoignent ceux trouvés
par Mehleun et al (2006a) et Ouattara (2007) dans le cas de la côte
d'ivoire.
- Dans l'optique de tester l'incidence du
taux de croissance démographique (TCPOP) sur
l'activité économique de long terme selon les résultats
empiriques du sentier de croissance équilibré du modèle de
Solow ; dans le cadre de notre étude, les résultats obtenus
montrent que le taux de croissance démographique a un impact
négatif et significatif sur le taux de croissance économique dans
la zone CEMAC. En effet, il ressort de nos estimations que le coefficient de la
variable TCPOP a un signe négatif sur les 2 modèles et la p-value
associée au test de significativité du coefficient de cette
variable est nettement inférieure au seuil de significativité de
1%. Cet effet négatif est conforme à nos attentes et
vérifie ainsi la théorie de la croissance exogène de
Solow. Toutefois ce résultat est contraire à celui obtenu par
Fouopi et al (2006)
- Enfin la variable indice de
perception de la corruption (IPC) qui matérialise
l'environnement institutionnel (variable institutionnelle) affecte
négativement la croissance économique dans la zone CEMAC (signe
attendu) car le coefficient de cette variable est négatif sur chacun des
modèles. Toutefois cette influence est non significative car la p-value
du test de significativité associé à chacun des
coefficients du modèle est supérieure au seuil théorique
de 10%. Les détournements de fonds au profit d'élites corrompus
alimentent les caisses noires des paradis fiscaux (Mauro, 1998) ayant ainsi
pour conséquence visible l'accroissement d'une hémorragie
criminelle des capitaux
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 69
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
(Shleiffer et Vishny, 1993) qui résulte d'un
accroissement injustifié des dépenses publiques les rendant ainsi
improductives (Muller, 2005). Par ailleurs, la petite corruption qui se
matérialise par les pots de vins reçus par le personnel
santé en raison des bas salaires ou du comportement immoral de ces
derniers constitue une barrière à l'accès aux soins de
santé et partant à la constitution du capital humain des
individus, et partant entraine une baisse de la croissance. Toutefois, ce
résultat est conforme à nos attentes et corrobore les
théories du marché politique (Gordon Tullock et James Buchanan,
1961) et de la bureaucratie (Weber et Niskamen, 1968).
Parvenu au terme de ce chapitre, après estimation
à l'aide de nos différents logiciels (DEAP pour
l'hypothèse 1 et STATA 12 pour l'hypothèse 2) ; nos
résultats ont montré que en ce qui concerne la mesure des scores
d'efficience, les pays de communauté économique et
monétaire de l'Afrique centrale sont inefficients dans la prestation des
services sociaux sanitaires de santé sur toute la période
considérée. Ce qui a infirmé ainsi notre 1ere
hypothèse d'étude. S'agissant de la vérification de la
deuxième hypothèse d'étude, nos résultats ont
montré que les dépenses publiques de santé ont un impact
négatif et significatif sur la croissance économique dans la zone
CEMAC au seuil 5%, contrairement aux degrés d'efficience de ces
dépenses qui ont un impact positif et significatif au seuil
théorique de 10% sur la croissance économique dans la zone. Ce
qui a confirmé notre 2e hypothèse.
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croissance économique en zone CEMAC
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