Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC.( Télécharger le fichier original )par Hermann Blondel AJOULIGA DJOUFACK Université de Dschang - Master 2 2016 |
IV.3. Choix des variablesLes variables à utiliser dans le cadre de ce travail sont de deux ordres : celles utilisées pour l'estimation des scores d'efficience et celles pour évaluer l'impact du degré d'efficience sur la croissance. IV.3.1. Variables relatives aux scores d'efficienceL'OMS suggère plusieurs types indicateurs pour mesurer l'efficience des systèmes de santé dans son rapport sur la santé. Toutefois, nous avons retenu (comme Damas Hounsounon, 2009 inspiré par Saoussen Ben Romdhane, 2006) pour chaque pays, les variables suivantes : ? Les inputs : les dépenses publiques de santé uniquement (en pourcentage totale du PIB) d'une part pour un problème de disponibilité de données sur une longue période, et d'autre part ce qu'elles reflètent l'intérêt qu'attache le gouvernement dans le secteur de la santé ? Les outputs : l'espérance de vie à la naissance et le taux de mortalité infantile sont les deux outputs retenus pour mesurer la production publique. il s'agit des indicateurs les plus couramment utilisés par l'OMS et les auteurs pour refléter l'état de la santé de la population et effectuer des comparaisons internationales. IV.3.2. Variables relatives aux modèles économétriquesAfin d'évaluer l'effet des scores d'efficience des dépenses publiques de santé sur la croissance économique dans les pays de la zone CEMAC, nous distinguons deux types de variables : d'une part la variable endogène ou dépendante, et d'autre part les variables explicatives. Variable endogène La littérature nous enseigne que pour apprécier les niveaux de vie on fait recours au PNB par tête et lorsqu'il s'agit d'analyser l'activité économique d'un pays on prend le Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 54 Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC PIB par tête. Or dans le cas de cette étude, il est question d'analyser l'évolution des activités économiques dans la zone CEMAC et ceci dans une dynamique d'efficience des dépenses socio-publiques; d'où le choix du taux de croissance du PIB par tête comme variable endogène est indispensable. Variables exogènes Nous avons utilisé : + Le capital physique : il est mesuré par le ratio de la formation brute du capital fixe et du FIB. Elle a été identifiée comme un déterminant clé de la croissance économique depuis les modèles de Solow(1956) et Swan (1956). Etant donné cette littérature, le signe attendu du coefficient de cette variable est un signe positif. + Le capital humain : cette variable est introduite dans le modèle conformément à la théorie de la croissance endogène dans le but de mesurer l'impact du niveau d'éducation sur la croissance économique (modèle de Lucas). Plusieurs études (Becker, 1972, Barro, 1998 et 2000, Hewitt, 2005) ont démontrées que le capital humain est un facteur déterminant de la croissance économique. le signe attendu du coefficient de cette variable est donc positif. Il est souvent mesuré par le taux de scolarisation brut dans l'enseignement primaire ou secondaire, le taux d'alphabétisation, ou par le rapport enfants scolarisés dans le primaire sur la population active. Ici, en se basant sur le travail de Mankiw, Romer, et Weil (1992) comme Proxy du capital humain nous avons retenu le taux brut de scolarisation dans l'enseignement secondaire (TBSES). + La densité de la population : elle est mesurée ici par le taux de croissance démographique. Selon le modèle de croissance de Solow (1956), à long terme, le taux de croissance de l'économie dépend des paramètres du modèle à l'instar du taux de croissance démographique. D'après le modèle de Solow, une augmentation du taux de croissance démographique entraine une diminution de la croissance. Le signe attendu est donc négatif. + Degré d'ouverture : il est mesuré par le taux de couverture (TC), calculé à partir du ratio de la somme des exportations et des importations par rapport au PIB. De nombreuses études empiriques ont montré que l'ouverture commerciale et la libéralisation commerciale favorisent la croissance économique (Hounsounon, 2009 ; Romdhane, 2006). Selon les théoriciens du libre-échange, plus une économie est ouverte, mieux elle s'intègre à l'économie mondiale et donc meilleures seront ses performances économiques. Le signe attendu du coefficient de cette variable est donc un signe positif. + L'inflation : cette variable est captée par le taux d'inflation. L'inflation est définie comme la hausse généralisée des prix du à un déséquilibre entre l'offre et la demande globale des biens et services disponibles sur le marché. Une inflation forte accroit le cout du capital, et par conséquent décourage l'investissement à long terme et exerce un effet nuisible sur la croissance économique. Un taux d'inflation élevé est synonyme d'instabilité macroéconomique ; car il influence négativement les performances macroéconomiques d'un pays (Edwards, 1998). Le signe attendu du coefficient de cette variable est un signe négatif. + Dépenses publiques : Il existe une littérature abondante et controversée sur les effets des pouvoirs publics sur l'évolution de l'économie. Pour les uns, le gouvernement Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 55 Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC fourni un ensemble de biens publics qui sont complétés par la production du secteur privé dont la résultante est l'essor économique (Barro, 1990 ; Rebelo, 1993). Pour les autres, l'augmentation de la consommation publique est accompagnée par un accroissement des taxes et une monétarisation accrue du déficit budgétaire, lesquelles dénaturent l'allocation des ressources, augmentent l'inefficacité et réduisent la croissance (Ojo et al, 1995). Il est donc clair que les dépenses gouvernementales influencent beaucoup la croissance économique. ? La gouvernance : depuis les années 90, la gouvernance fait l'objet d'un grand nombre de travaux qui fournissent des résultats aussi bien convergents que contradictoires, suscitant ainsi des réflexions supplémentaires sur l'impact réel que peut avoir son amélioration. Aussi, plusieurs travaux théoriques et empiriques ont-ils été menés pour montrer la relation entre la qualité de gouvernance et la croissance économique dont les plus répandus sont ceux réalisés par Kaufman (1996) et Mauro (1995). Selon Transparency International (TPI), la qualité de la gouvernance peut se mesurer par l'indice de perception de la corruption (IPC). L'IPC a été mis en place en 1995 par Kauffman avec pour vocation d'être un indicateur composite utilisé pour mesurer la perception de la corruption dans le secteur public dans différents pays du monde. L'IPC évalue et classe les pays ou les territoires selon le degré de corruption perçue dans le secteur public. C'est l'indicateur de corruption le plus utilisé à l'échelle mondiale. La Banque Mondiale quant à elle, en distingue 6 indicateurs à savoir voix et responsabilité (indicateur de niveau des libertés civiles et de fonctionnement des institutions politiques), stabilité politique (indicateur du niveau de stabilité politique), qualité de régulation (liberté de fonctionnement des marchés), Etat de droit (respect des lois et règlements par les citoyens et l'Etat), efficacité gouvernementale (capacité de l'Etat à formuler et appliquer sa politique), contrôle de la corruption (indicateur de contrôle de la corruption). Néanmoins dans le cadre de notre travail, compte tenu de notre contexte nous nous sommes basés sur le seul indicateur indice de perception de la corruption plus précisément l'indice de perception de la corruption (IPC) de Kauffman. Le tableau (4.1) présente de façon générale les variables ainsi que les signes attendus. Tableau 4.1 : Récapitulatif des variables et signes attendus des coefficients des variables
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Source : Auteur à partir de la revue de la littérature existante. |
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