IV.2.2. Efficience et croissance
Afin de tester si l'efficience des dépenses
allouées aux services publics de la santé est porteuse ou non de
la croissance économique plus vite que leur volume (vérification
de
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 50
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
l'hypothèse 2). Nous avons développé
comme Damas Hounsounon (2009) inspiré du modèle de Solow (1956),
un modèle de croissance néoclassique à la
Solow augmenté31.
Dans son modèle, Solow (1956) fait l'hypothèse
qu'un terme d'efficience At (progrès technique neutre au sens
de Harrod) vient, de manière exogène, augmenter le nombre
d'unités de travail efficace et stimuler de façon temporaire la
croissance. Ce terme d'efficience, multiplicatif du facteur travail au sein de
la fonction de production, peut être considéré comme
capital humain. Par conséquent, dans le cadre du modèle de Solow
(1956), même si la croissance s'épuise avec l'accumulation du
capital physique selon la règle des rendements décroissants des
facteurs, la présence du capital humain permet d'augmenter le taux de
croissance d'équilibre au-dessus du taux naturel n (taux de
croissance démographique). A partir de là, Mankiw, Romer et Weil
(1992), pensent qu'il est probable que l'accumulation du capital humain
réponde à un processus endogène. Ainsi, ces auteurs se
sont proposés d'intégrer dans le modèle de Solow,
l'évolution de la qualité de la main-d'oeuvre afin de mieux
rendre compte du déroulement de la croissance économique. Ceci se
justifie par le fait qu'on peut accroître le capital humain en
investissant dans le système éducatif, dans le système de
santé, etc. Leur analyse part de la thèse selon laquelle
l'accumulation du capital physique ne suffit pas (dans le modèle de
Solow) pour expliquer la disparité des performances
économiques.
IV.2.2.1. Présentation du modèle
théorique de base
Le modèle théorique de base qui servira à
notre analyse est fondé sur le modèle de croissance de Mankiw et
al. (1992), Knight et al. (1993), Ghra et Hadjmichael (1996), Demetriades et
Law (2006). Ainsi comme l'ont fait ces auteurs, la fonction de production
considérée est une fonction de production
néoclassique32 du type Cobb Douglas et satisfait les
conditions d'Inada33.
Sa forme générale est donnée par :
Yt= F(Kt, Ht, AtLt) = Kt aHt bAtLt 1-a-b a?0, b?0, a+b?1.
(11)
Où Yt est le niveau de la production, Kt le capital
physique, Ht le capital humain, At le niveau de la technologie, et Lt le
travail.
Grâce aux rendements d'échelle constants
(propriété des fonctions néo classiques), la
fonction de production (11) peut s'écrire sous la forme per
capita suivante :
Yt= F(Kt, Ht, AtLt) = AtLt F(Kt, Ht, AtLt) = F(Kt/
AtLt, Ht/ AtLt, 1) = AtLtf(kt, ht)=
kta htb (12)
Avec kt et ht les variables par têtes
ou variables intensive, ou variables par unité de travail efficace.
31 Le modèle présenté par Mankiw, Romer
et Weil en 1992 « A Contribution to the Empirics of Economic Growth
», Quarterly Journal of Economics. est souvent qualifié de
modèle de Solow augmenté.
32 Une fonction de production F(K,L) est dite
néoclassique si elle vérifie les propriétés de
décroissance des productivités marginales (F'k?0 ; F `'k0, F'L?0
; F»L?0) et de rendement d'échelle constant [F(cK, cL)=cF(K,L)].
33 Les conditions d'Inada sont telles que
lim~?~~ F'k = 0; limK?O F'k = +8 ; lim~?~~ F'L =
0;limL?O F'L = +8
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
En outre le modèle suppose que At et Lt
croissent aux taux respectifs g et n tels que :
At= A0e(gt+áX) et Lt=
L0ent
(13)
Où X est un vecteur de politique et autres
facteurs pouvant affecter le niveau de la technologie et l'efficacité de
l'économie tels que le degré d'efficience des services publics,
les dépenses publiques de santé et d'éducation, le
degré d'ouverture etc., á représente le vecteur
des coefficients relatifs à ces politiques et autres variables.
Par ailleurs le modèle suppose que les individus
consacrent une fraction de leurs revenus sk à l'acquisition des biens
d'équipement et une fraction sh à l'accumulation du capital
humain. En outre le modèle suppose également que le capital
humain et le capital physique se déprécient au même taux
ä. Les équations d'accumulation des capitaux sont alors
données par :
?kt= skyt - (n+g+ä)kt (14)
Äht= shyt - (n+g+ ä)ht (15)
Où ?kt et Äht désignent respectivement la
variation instantanée de l'intensité capitalistique et du capital
humain.
En régime permanant (à l'état
stationnaire34) les variations de l'intensité capitalistique
et du capital humain par tête sont nulles. Dans ces conditions, on aura
:
skyt = (n+g+ä)kt (16)
shyt = (n+g+ ä)ht (17)
Le rapport de ces deux relations (16 et 17) donne :
(18)
ht
kt
=
sk sh
En utilisant ce résultat de l'équation (18) et
la fonction de production intensive (équation 12), on arrive à
établir que :
(sk1-b shb)
ä
n+g+
1
1--a--b h*=
(ska sh
1-a \
n+g+ 8)
K* =
1
1--a--b
(19)
D'après la relation (12) on a :
(
Y )* =
(k*)a(h*)b ·=>
(Y)* = y* =(A*)
(k*)a(h*)b AL
L (20) La relation (20), représente
la production par ouvrier à l'état d'équilibre.
A l'état stationnaire, en substituant les relations
(19) et (20), dans la relation précédente, on obtient :
(sk1-b shb)
ä
n+g+
1
1-a
1--a--b ( ska sh \
n+g+ 8)
1
1--a--b
y*= A0egt+ax
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
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34 L'état stationnaire ou sentier de
croissance équilibrée est une situation de long terme où
toutes les variables de l'économie croissent à taux constant.
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Mankiw et al. (1992), supposent que le taux
d'amélioration de l'efficacité technologique g
est constant au cours du temps.
? y*= A0 ~ 1
~~~~ ~~
|
a+b
|
|
a
|
|
|
b
|
|
1-a-b. sk
|
|
|
|
1--a--b sh
|
1--a--b (21)
|
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L'équation réduite du modèle de Solow
augmenté prend la forme log-linéaire suivante :
~ ~~~
1 1 1
--a--b lnsk + --a--b lnsh -
--a--bln(n+g+ä) (22)
lnY*= lnA0 + g + áX + + ~
Par ailleurs, g + ä = 0.05 (Mankiw,
Romer, et Weil 1992). En regroupant les termes constants lnA0,
et g dans un même terme constant a0 ;
on obtient après arrangement de l'équation (22) la relation entre
l'efficience des services publics et le produit par ouvrier (après ajout
des indices temps et individus):
Lnyi,t*= a0 + áXi,t+a1lnki,t +a2lnhi,t
+a3ln(ni+gi+äi)
Où X est l'ensemble des facteurs
pouvant affecter le niveau de la technologie et l'efficacité de
l'économie tels que le degré d'efficience des services publics,
les dépenses publiques de santé et d'éducation, le
degré d'ouverture, le risque politique, etc., á représente
le vecteur des coefficients relatifs à ces politiques et autres
variables.
D'où nous formulons en s'inspirant de Hounsounon (2009)
le modèle économétrique qui nous servira de base aux
modèles empiriques qui seront estimés :
S
G = a0+ a1X + ~
Dans cette équation, G
représente la variable dépendante qui est le taux de
croissance du PIB/tête ; X regroupe un ensemble de neuf (08)
variables exogènes qui sont introduites dans les modèles de
façon graduelle ; et ì le terme d'erreur.
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