2.1. Nation
C'est une ethnie, peuple, communauté humaine
qui possède une unité historique, linguistique, culturelle,
économique plus ou moins forte. C'est en d'autres termes une grande
solidarité constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a
faits et de ceux qu'on est disposé à faire
encore18.
En outre, le nationalisme, note Robert Keyserling, est
un concept complexe, souvent contradictoire, mais toujours dynamique. Il a
plusieurs dimensions qui varient en structures et changent avec le temps. Il
est impossible d'emboiter, dans une formule étroite et rigide, une
institution et une idée, perpétuellement en
devenir19.
18 KALUBI L., Relations internationales II,
Kinshasa, Betras, 2009, p.50
19 KEYSERLING R., « La nation vivante ;
idéologie et analogie, In, Etudes internationales, n°03,
Québec, centre québécois des Relations internationales,
1972, P.38.
22
Le nationalisme est d'après Lalande, une
doctrine politique revendiquant la primauté de la puissance nationale
sur toute autre considération des rapports
internationaux20.
Raoul Girardet ne dit pas autre chose lorsqu'il
écrit que le nationalisme est une notion d'une persistante et irritante
confusion. Portée omniprésente mais insaisissable et multiforme ;
il est plus souvent exalté ou déploré que défini,
cerné, décrit et inventorié21.
La confusion dont cet auteur fait état tient
pour une large part au fait que la Nation est une réalité qui n'a
pas de définition univoque, unanimement admise par tous les penseurs.
Deux conceptions ont traditionnellement, occupé la scène au sujet
du fait national. Selon la première dite objective, la
caractéristiques raciales, linguistiques, religieuses, etc. La seconde
dite subjective, fait place a des éléments volontaristes en
voyant, dans la communauté nationale comme lien séquentiel, le
désir de la vie commune22.
La conception subjective, dite aussi française
nous semble plus convaincante dans la mesure où elle met l'accent sur un
facteur qui revêt une importance capitale, à savoir « le
vouloir vivre ensemble », qui implique, non seulement la reconnaissance de
diverses entités raciales composant la communauté
nationale,
20 LALANDE A., op.cit., p.518
21 GIRARDET R., Autour de l'idéologie
nationaliste. Perspectives de recherche, Paris, PUF, 1982, p.87
22 MERLE M., Sociologie des Relations
internationales, Paris, Dallas, 1974, 9.87.
23
mais aussi l'attachement du groupe aux
éléments matériels et spirituels et à une
communauté d'intérêts.
L'histoire commune, les traditions, les Croyances, le
souvenir des épreuves communes et les mythes de l'avenir jouent ainsi un
rôle important dans la prise de conscience nationale.
La nation c'est continuer à être ce que
l'on a été, à vivre selon la même loi que celle qui
fit la force des générations précédentes. C'est
donc, même à travers la solidarité que l'on éprouve
à l'égard du passé, une représentation du
futur23. Elle est l'unité de destin dans
l'universel.
Qui plus est, soulignons que Raymond Aron est du
même avis et ajoute un facteur important dans le processus
d'intégration nationale : l'action de la force. Une Nation,
écrit-il, est toujours un résultat de l'histoire, une oeuvre des
siècles. Elle nait à travers les épreuves, à partir
de sentiments éprouvés par les hommes, mais non sans action de la
force ; force d'une unité politique qui détruit les unités
préexistantes, ou force de l'Etat qui met au pas les régions ou
les provinces24.
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