Section 3 : RAPPORT DE HRW ET REACTION DU
GOUVERNEMENT CONGOLAIS
Depuis longtemps, les relations entre la RDC et HRW
étaient très bonnes. Depuis la publication du rapport sur
l'exaction et la tuerie des Kuluna, beaucoup de choses ont changé. C'est
ce que nous allons voir dans cette section.
3.1. Analyse et commentaire du rapport de HWR face à
l'opération Likofi
Dans son rapport publié, Human Rights Watch
dénonce la mort ou la disparition de plus de 80 personnes victimes selon
l'ONG, de violences policières lors de l'opération « Likofi
», grande opération anti banditisme menée à Kinshasa
entre novembre 2013 et février 2014.
Dans son rapport, les policiers qui ont participé
à l'opération Likofi ont souvent agi de façon
illégale et brutale. Les policiers en uniforme, le visage
dissimilé par des cagoules noires ont trainé sous la menace des
armes leurs victimes hors de chez eux, la nuit, sans mandats d'arrêt ;
avant de les abattre, souvent devant des membres de la famille et des
voisins.
D'autres ont été arrêté et
exécuté dans les marchés ouverts où ils dormaient
ou travaillaient, ou bien sur des terrains à proximité ou dans
des espaces isolés, ajoute le rapport. Au début, écrit
l'ONG, la police semblait utiliser ses techniques brutales comme avertissement
pour les autres. Dans plusieurs
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cas, les policiers laissaient le corps dans la rue,
peut être pour effrayer les autres, et ne les récupéraient
que plus tard pour le transférer aux morgues de la ville ajoute HRW,
pour que le nombre des victimes de l'opération Likofi soit probablement
supérieur aux cas qu'elle dit avoir documenté à partir
d'entretiens avec une centaine des personnes (Témoins, Proches des
victimes, policiers).
Notons que l'opération Likofi avait pour but de
mettre fin à la criminalité en bande à Kinshasa et que les
« Kuluna » s'étaient rendus responsables de nombreux crimes
graves depuis plusieurs années. HRW déplore que celle-ci n'ait
pas fait progresser l'Etat de droit en RDC, mais qu'elle en a plutôt
été la négation.
3.2. Le Climat entre l'Etat congolais et l'ONG HRW
Le ministre Richard Muyej aurait déclaré
que le personnel de l'opération Likofi n'agissait pas en cagoule et
l'excellence Muyej aurait encore également communiqué la liste
d'une trentaine des membres de la police condamnés pour leur
comportement dans l'opération Likofi, dont cinq pour meurtre ou homicide
involontaire, et deux pour enlèvement ou détention
arbitraire.60
60 Cfr : Conférence de presse de l'ex ministre
de l'intérieur Richard Muyej à l'Hôtel Venus enAvril
2014
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Tandis que HRW a connaissance de neuf policiers qui
ont été traduits en justice depuis le début de
l'opération Likofi pour des meurtres commis à Kinshasa. Quatre
d'entre eux ont été inculpés de meurtre, assassinat,
homicide par imprudence, ou homicide involontaire. Ils ont été
condamnés à des peines capitales. Un policier a été
acquitté, et quatre procès encours au moment de la
rédaction du rapport de HRW début novembre 2014. Et aussi un
policier qui était inculpé et condamné à dix ans de
prison pour enlèvement lors de l'opération
Likofi61.
Le ministre de l'intérieur ainsi que des
officiers de police de haut rang ont indiqué à Human Rights Watch
que les policiers arrêtés et inculpés pour ces crimes
avaient pris part à l'opération Likofi. Des magistrats
assignés à l'opération Likofi ont toutefois donné
une explication différente62.
Bien qu'il soit possible que des policiers et des
soldats n'ayant pas pris part à l'opération Likofi aient commis
des meurtres et d'autres crimes à Kinshasa pendant que se
déroulait cette opération, les recherches de HWR ont abouti au
constat que les meurtres et les disparitions forcées documentés
dans leur rapport aurait été commis par des policiers
assignés à l'opération Likofi.
61Human Rights Watch, opération likofi,
meurtres et disparitions forcées aux mains de la police à
Kinshasa, République Démocratique du Congo, 2014 Human Rights
Watch, p.52
62 Entretien de Human Rights Watch avec six
magistrats militaires et civiles qui avaient été assignés
à l'opération Likofi Kinshasa, 05 novembre 2014 cité par
rapport HRW, p.52
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