3.2. L'ingérence humanitaire et la cohérence
des Droits
Il s'agit de montrer ici que le droit
d'ingérence humanitaire se heurte souvent à des obstacles. En
effet, les lois nationales de plusieurs Etats ne permettent souvent pas de voir
les grandes puissances venir intervenir dans leurs pays lorsqu'il y a des
conflits.
3.2.1. La Controverse sur l'ingérence
humanitaire
La controverse sur l'ingérence humanitaire est
une manifestation de la problématique plus générale de la
cohérence, au niveau mondial, entre différents droits
également reconnus sur le plan théorique mais contradictoires en
pratique.
Les droits de l'homme, en l'occurrence, sont
considérés comme ayant des valeurs universelles et sont donc
censés devoir être appliqués en tout lieu et ce,
indépendamment de la volonté des dirigeants locaux.
L'une des conséquences ultimes de la
philosophie des droits de l'homme est l'illégitimité des
gouvernements qui ne les respectent pas, et a contrarié la
légitimité des interventions extérieures tendant à
les faire respecter.
59
rétribution quelconque de leur part, est un
autre sujet, qui ne remet pas en cause le principe.
3.2.2. La souveraineté nationale
La souveraineté nationale est cependant un
autre principe fondamental universellement reconnu.49 Ce principe
rend nécessairement illégitime toute intervention
extérieure non sollicitée par le pouvoir local, quelles qu'en
soient les raisons.
Le droits international ne définit pas de
hiérarchie explicite donc pas de réponse strictement juridique
à la question de savoir si un Etat illégitime au regard des
droits de l'homme reste légitime dans son opposition à toute
intervention étrangère.
Cette situation contradictoire est d'autant plus
complexe que, par ailleurs, il n'existe pas de consensus international sur le
contenu et l'interprétation des droits de
l'homme50.
En outre, certains pays ont officiellement
aménagé leur adhésion à la déclaration
universelle en la « complétant » par des déclarations
régionales qui mettent les devoirs envers les institutions locales
(famille, Etat) sur le même plan que les droits et qui mettent en avant
la notion de droit des peuples qui a pour effet de relativiser les droits des
individus ou des minorités face aux autorités politiques
nationales.
49 PEYA M.-I., La démocratie à
l'Africaine, Bordeaux, Meyard, 2015, p.174
50 Wikipedia consulté le 02 novembre
2015
60
La charte africaine des droits de l'homme et des
peuples est une illustration significative de cette approche, elle reconnait
notamment (article 20-3) le devoir d'ingérence lorsqu'il s'agit d'aider
un peuple à se libérer d'une domination étrangère,
mais n'en fait pas mention en cas d'oppression de ce peuple où d'une
partie de ses membres par un gouvernement national agissant sur son
territoire51.
Nous achevons sur cette inspiration le deuxième
chapitre consacré à la République Démocratique du
Congo face aux rapports des ONG. Différentes sections ont
étayé, en long et en large toute la problématique
abordée. Nous allons, dans le dernier chapitre, parler de la RDC face au
rapport de Human Rights Watch sur l'opération likofi.
51 Charte Africaine des droits de l'homme et des
peuples, article 20-3.
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