1.2. Travaux menés avec différentes
méthodes
Les premiers travaux sur le concept d'efficacité sont
attribués à Koopmans (1951) et Debreu (1951). Alors que Koopmans
fut le premier à proposer une mesure du concept d'efficacité,
Debreu fut le premier à le mesurer empiriquement. Debreu proposa ainsi
le coefficient d'utilisation des ressources qui portait
essentiellement sur des mesures de ratio extrant-intrant. Cependant, Farrell
(1957) introduisit le concept d'efficacité économique tout en
distinguant les notions d'efficacité technique et d'efficacité
allocative.
Deux principales méthodes sont
généralement utilisées pour analyser l'efficacité
de la production. L'approche paramétrique, tel que proposé par
Aigner et al. (1977), consiste à spécifier et à estimer
une fonction de frontière de production paramétrique, et le
calcul de l'inefficacité technique. Une frontière de production
reflète la production maximale obtenue étant donné un
ensemble d'inputs ; l'efficacité technique, dans ce cas, décrit
la proximité de la production d'un ménage agricole à cette
production possible (Coelli et al., 2002). Bien que cette approche fournit un
cadre pratique pour la réalisation des tests d'hypothèses, les
résultats peuvent être sensibles à la forme
paramétrique choisie (Chavas et al., 2005) et Wouterse (2010, 2011).
Les approches non paramétriques et paramétriques
permettent la détermination d'une fonction frontière
déterministe partagée par toutes les firmes c'est-à-dire,
toutes les firmes partagent un mode de production commun et leurs performances
respectives sont comparées à la même frontière de
production, de coût ou de profit. De plus, tout écart que les
firmes affichent par rapport à la frontière est totalement
attribué à de l'inefficacité. Farrell (1957) fut aussi
à l'origine de l'approche déterministe et paramétrique. Il
propose l'approximation de la fonction de production efficace par une forme
fonctionnelle connue à priori. Ainsi, une spécification plus
facile et une meilleure analyse des différentes propriétés
algébriques de cette fonction deviennent possibles. Il emploie la forme
fonctionnelle Cobb-Douglas pour illustrer l'utilisation de cette approche sur
des données agricoles de 48 Etats américains, tout en imposant
des rendements constants à l'échelle. Aigner et Chu (1968) ont
continué sur la même voie en utilisant également la forme
fonctionnelle Cobb-Douglas pour estimer une fonction de production
frontière à partir d'un échantillon de firmes
manufacturières américaines. Ils ont, par ailleurs,
relâché l'hypothèse des rendements d'échelle
constants en faveur de l'hypothèse moins contraignante de
l'homogénéité de la fonction de production. Inspiré
par les suggestions de Aigner et Chu (1968), Timmer (1971) a proposé le
modèle
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Mémoire de Master II soutenu par : NGASSEU NOUPIE Elie
probabiliste pour pallier l'une des lacunes de l'approche
déterministe et paramétrique, soit la sensibilité de la
fonction frontière aux observations extrêmes. Cette méthode
en trois étapes consiste à estimer, dans un premier temps, la
fonction frontière pour l'ensemble de l'échantillon. Par la
suite, la taille de l'échantillon est réduite d'un certain nombre
de firmes, choisies à priori, parmi celles qui sont les plus près
de la frontière. Finalement, une nouvelle frontière est
estimée à partir de l'échantillon réduit. Timmer a
constaté aussi que l'élimination de quelques observations
extrêmes faisait en sorte que les coefficients rattachés à
la fonction de production frontière devenaient beaucoup plus stables.
Malgré la nature arbitraire de cette approche en ce qui a trait au choix
du pourcentage des firmes à éliminer de l'échantillon
initial, plusieurs auteurs s'en sont inspirés, dont Bravo-Ureta (1986)
et Ali et Chaudhry (1990), dans des études portant sur le secteur
agricole. Une autre méthode proposée par Richmond (1974) est
utilisée pour estimer la fonction frontière déterministe.
Il s'agit de la méthode des moindres carrés ordinaires
corrigés (MCOC) (Taylor et al., 1986 ; Aly et al., 1987 ; Tauer et
Belbase, 1987 ; Ekayanake et Jayasuriya, 1987 ; Kalaitzandonakes et al., 1992).
Cette méthode consiste à estimer la fonction de production
moyenne pour l'ensemble de l'échantillon et à ajuster l'origine
en lui ajoutant la valeur de la plus grande erreur positive. Cette
méthode fait en sorte qu'une seule entreprise est parfaitement efficace
et que les niveaux d'efficacité des autres entreprises sont
calculés par rapport à cette entreprise. Greene (1980) a
prouvé que les estimateurs obtenus par cette méthode sont
consistants si les termes d'erreurs aléatoires sont indépendants
et possèdent une distribution identique. Cette approche est cependant
sujette à plusieurs critiques. La plus importante renvoie à la
sensibilité de cette correction de l'ordonnée à l'origine
quant à la distribution assignée au terme d'erreur. Cette notion
de frontière déterministe néglige la possibilité
que la performance d'une firme puisse être affectée par plusieurs
facteurs hors de son contrôle, tels les aléas climatiques, le
mauvais rendement des machines ou encore les pénuries des intrants, dont
l'effet est aussi important que les facteurs contrôlables par la
firme.
Ces arguments sont à l'origine du développement
de l'approche stochastique ou d'erreur composée, initialement
proposée par Aigner et al. (1977), Meeusen et Van Den Broek (1977), et
améliorée par Jondrow et al. (1982) pour permettre l'estimation
d'indices d'efficacité technique spécifique à chaque
firme. Cette approche modifie la fonction de production standard en supposant
que l'inefficacité forme la partie du terme d'erreur. Ce terme d'erreur
composé inclut donc un composant d'inefficacité et un composant
purement aléatoire qui capture l'effet des variables qui sont
au-delà du contrôle de l'unité de production
27
Mémoire de Master II soutenu par : NGASSEU NOUPIE Elie
qui est analysée12. La fonction de
frontière de production est bâtie sur le principe suivant : la
production optimale peut être réalisée, si toutes les
décisions ont été prises en fonction des meilleures
pratiques (Friebel et al, 2003). Dans les petites exploitations agricoles,
l'efficacité technique d'une exploitation agricole est une mesure de sa
capacité à produire le maximum d'output possible à partir
d'un ensemble donné d'intrants et la technologie de production (Aigner
et al., 1977 ; Meeusen et van den Broeck 1977). Ainsi, l'approche de
frontière stochastique (AFS) permet d'isoler l'influence de facteurs
autres que l'efficacité. Toutefois, elle s'appuie sur une approche
paramétrique13 . De fait, il est nécessaire de
spécifier des hypothèses distributionnelles pour séparer
les deux composants du terme d'erreur.
Par ailleurs, l'indice de productivité de Malmquist
(1953) permet d'observer les changements sur la productivité à
partir des évolutions de l'efficacité technique. En outre,
à la différence de l'AFS, il offre un taux différent de
changement technique pour chaque individu. Aussi, s'il emploie un modèle
de frontière non-paramétrique14, qui est le plus
généralement l'approche employée, il ne sera pas
nécessaire d'imposer n'importe quelle forme fonctionnelle aux
données, ni faire des suppositions distributionnelles pour le terme
d'inefficacité, à la différence du AFS.
L'inconvénient principal de cette approche est que l'évaluation
d'inefficacité peut montrer un déplacement ascendant,
capturé comme l'inefficacité l'influence d'autres facteurs, tels
des erreurs dans la mesure de données, la malchance, le temps, etc.
L'indice de Malmquist emploie la notion de fonction de distance, donc son
calcul exige l'évaluation antérieure de la frontière
correspondante. Maudos et al. (1998), ont employé la méthodologie
de frontière déterministe non paramétrique (DEA).
Seulement deux périodes (t et t+1) ont
été considérées, et ces définitions ont
été faites en prenant comme référence la
technologie de la période t ou t+1. Cependant,
l'analyse du changement productif d'une plus longue série qui s'appuie
sur l'utilisation d'une technologie connue (référencée)
peut causer des problèmes lorsqu'on approche l'année de
référence. Selon Moorsten (1961), le choix d'une année de
référence n'est pas neutre dans les résultats. Pour
essayer de résoudre ces problèmes, on offre deux
méthodologies. La première consiste à calculer deux
indices basés sur les paires des années consécutives qui
prennent comme base la technologie des deux périodes t et
t+1 et le calcul de la moyenne géométrique des deux.
Ainsi, en est-il de l'admission de la technologie de référence
pour examiner la minimisation des problèmes causés par le
changement (Färe et al., 1994). Une autre procédure,
employée
12 Le temps, la malchance, etc.
13 Il est nécessaire d'imposer a priori la
forme fonctionnelle particulière.
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14 Data envelopment analyse (DEA).
Mémoire de Master II soutenu par : NGASSEU NOUPIE Elie
par Berg et al. (1992) pour résoudre les
problèmes ci-dessus mentionnés consiste à
considérer deux frontières de référence
correspondant aux années initiales et finales et de prendre la moyenne
géométrique de deux indices de Malmquist.
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