SECTION 2 : MOBILISATION DES RECETTES FISCALES ET
VARIABILITE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE.
Cette section a pour vocation de présenter la
méthodologie (II.1), et de présenter les méthodes
d'estimations économétriques de notre modèle [III.2]
(II.2)
II.1 Méthodologie
En ce qui concerne la relation entre l'instabilité des
recettes fiscales et celle de la croissance économique, nous adoptons un
modèle similaire à celui de Ebeke et Ehrahrt(2013), qui est une
amélioration des travaux de Lim(1983) et de Bleaney et al. (1995). De
plus, nous nous sommes basés sur les travaux théoriques de Barro
(1991), qui stipulent que la hausse des dépenses gouvernementales sont
à l'origine des externalités positives qui
bénéficient à l'économie toute entière ; et
il en résulte une croissance économique soutenue. Ainsi, la
volatilité des recettes publiques est coûteuse, car elle force les
Etats à par conséquent, réduire les dépenses
publiques ce qui conduit à l'instabilité des dépenses
publiques, mais aussi de la croissance économique (Lim, 1983;
Guillaumont et al., 1999; Fatas et Mihov, 2003; Furceri, 2007; Loayza et al.,
2007). A cet égard, nous nous sommes permis de remplacer la variable
dépendante (logarithme de l'écart-type des dépenses
publiques) du modèle de Ebeke et Ehrahrt (2013), par le logarithme de
l'écart-type du niveau du taux de croissance du PIB. Nous utilisons
alors un modèle en panel à erreurs composées avec
variables instrumentales.
Le modèle est donc le suivant :
~~~|~,~
} ~ = ai + ~~~~|~,~
~ ~ + p1 ln(Yct$~) + Pz 1n(€ct$~ ) +
133 ln(dettea$~) + 1elecct$~ + +2cnÉlitct$~ + %u
S....2T Avec %i,t représentant le terme d'erreur et ai = a + '~ ; a
désigne la composante fixe et 'la composante stochastique individuelle,
non observable.
Variable dépendante :
L'instabilité de la croissance
économique : |~,~
}
Notre variable dépendante est l'écart-type du
taux de croissance du PIB calculé sur 5 ans que nous avons
transformé en logarithme naturel. Comme Nelson et Plosser (1982) ont
souligné la présence d'une tendance dans les données
macro-économiques, nous nous sommes assurés de la
stationnarité de cette variable avant de mesurer son
écart-type.
Variables indépendantes :
· Variable d'intérêt
L'instabilité fiscale : |~,~ ~
Il s'agit de l'écart-type du taux de pression fiscale
calculé sur 5 ans que nous transformons par la suite en logarithme
naturel. Tout comme notre dépendante, nous nous sommes également
assuré de la stationnarité de cette avant de mesurer son
écart-type. De plus, la covariance entre cette variable et notre
variable dépendante étant non nulle, l'instabilité fiscale
est donc liée au terme d'erreur, dû à l'omission d'une
variable pertinente. Cette variable souffre
d'endogénéité.
· Variables de contrôle
Niveau initial du PIB réel par habitant
: ,$~
Cette variable a été transformée en
logarithme naturel car elle correspond à un niveau, puis retardée
de 4 ans. La prise en compte de cette variable dans le modèle nous
renseigne sur le niveau de développement des différents pays de
la sous-région et sa contribution à la variabilité de la
croissance économique.
L'aide étrangère par habitant :
€1,~$~
Cette variable représente le volume total de l'aide
étrangère en direction de chaque pays de la zone CEMAC que nous
avons rapporté à la population totale de chaque pays de la
sous-région. De plus, puisque ce volume d'aide correspond à un
niveau, nous avons introduit le logarithme naturel et retardé de 4
ans.
La dette extérieure dans le PIB
: dette1,~$~
La dette extérieure dans le PIB, représente le
volume total de dette de chaque Etat de la zone rapporté au PIB. Cette
variable a également été transformée en logarithme
et retardée de 4 ans. Cette variable et la précédente sont
des indicateurs de la disponibilité de sources de financement du
gouvernement ; et leur introduction dans le modèle nous permettra de
voir si l'instabilité des financements externes affecte la
volatilité de la croissance économique dans notre
sous-région.
Elections présidentielles :
e1ec1,~$~
Il s'agit d'une variable muette qui prend la valeur 1
lorsqu'il y a une élection présidentielle dans une année,
et zéro pour les autres années qui est retardée de 4 ans.
En effet, dans les pays en développement, la conduite des politiques
budgétaires cycliques est à l'origine des instabilités
fiscales en période d'élections présidentielles. Ainsi, au
cours des années où se
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déroulent les élections présidentielles,
on note une augmentation des dépenses publiques et une réduction
des recettes fiscales (Block, 2002; Shi et Svensson, 2006; Ehrhart, 2010).
Conflits armés :
cnÉ1it1,,$~
L'apparition de conflits armés peut aussi être
un facteur contribuant à la forte instabilité des variables
budgétaires. Cette variable correspond au nombre de fois dans
l'année qu'un conflit armé intervient dans un pays. Aussi, comme
les précédentes, nous la retardons de 4 ans.
· Variables instrumentales
Taux d'inflation : .i,t$~
L'inflation, retardé de 4 ans, et mesurée par
l'indice des prix à la consommation reflète la variation annuelle
en pourcentage du coût pour le consommateur moyen d'acquisition d'un
panier de biens et services qui peuvent être fixées ou
modifiées à des intervalles déterminés, comme
chaque année. Nous avons utilisé la formule de Laspeyres (du WDI
2013). L'introduction de cette variable dans notre modèle est importante
pour expliquer la volatilité de la croissance économique (Bleaney
et al., 1995). Nous l'utilisons comme variable instrumentale car sa covariance
avec la variable endogène d'intérêt (instabilité
fiscale) est différente de zéro.
Taux d'ouverture commerciale : T
1,$~
Tout comme dans notre premier modèle, le taux
d'ouverture commerciale, calculé selon le taux composite de Squally et
Wilson(2011). Nous le transformons par la suite en logarithme naturel et
retardé de 4 ans pour prendre en compte la part du commerce
international dans la variabilité de la croissance économique
(Bleaney et al., 1995). Nous l'utilisons aussi comme variable instrumentale car
sa covariance avec la variable endogène d'intérêt
(instabilité fiscale) est également différente de
zéro.
Comme l'instabilité de la croissance économique
et l'instabilité fiscale sont calculées sur une durée de 5
ans, toutes les autres variables sont retardées de 4 ans pour s'assurer
qu'elles soient exogènes, conformément aux travaux de Ebeke et
Ehrahrt (2013).
Source de données
Le modèle est estimé pour la période
1980-2005 avec des données annuelles. Tout comme dans le premier
modèle, nos données de recettes fiscales sont tirées de
l'oeuvre récente de Keen et Mansour (2010). Les indicateurs
socio-politiques : élections présidentielles et conflits
armés proviennent de la base de données des institutions
politiques, et de la base UCDP / PRIO Armed Conflict Dataset (Gleditsch et al.,
2002) respectivement. Toutes les autres variables restantes sont issues du WDI
de la Banque Mondiale édition 2013.
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Toutefois, compte tenu du manque de données concernant
certaines variables de la Guinée Equatoriale, nous l'avons retiré
de l'étude et effectué nos estimations sur les autres pays de la
sous-région.
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