Conclusion partielle
L'analyse de l'évolution spatiale de la zone
d'étude à travers des images satellitales montre que le
changement climatique a touché toutes les zones de production de la
canne à sucre (Korama, cuvettes oasiennes). Ce dernier se manifeste par
l'assèchement de la Korama, la baisse de la nappe phréatique et
la transformation de certaines cuvettes en champs des cultures pluviales. Cette
baisse de la nappe phréatique conduit également à la
disparition de certaines variétés de la canne à sucre,
voire l'abandon progressif de cette plante très exigeante en eau au
profit de certaines espèces plus adaptables au contexte climatique
actuel. Cependant, pour atténuer les effets négatifs de ce
phénomène sur l'activité cannière, les producteurs
locaux ont développé des stratégies d'adaptation mais ces
dernières présentent des limites. C'est pourquoi, des
stratégies d'adaptation efficace ont été proposées
pour un développement durable de cette activité mais aussi le
renforcement de la résilience de la cuvette.
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Chapitre V : Résultats et Discussion
La culture de la canne à sucre est une activité
qui requiert une force physique très intense, c'est ce qui fait d'elle
une activité exclusivement masculine. Ce constat ressort de
l'étude de ADAMOU (2013) où il affirme que 100% des exploitants
sont des hommes dont 64,5% ont un âge compris entre 30 et 60 ans, et
celle de Harou (2012) qui dit que seuls les hommes pratiquent la culture de
contre saison et que 65% des exploitants ont moins 45 ans. Ces derniers sont
similaires à nos résultats qui montrent que 100% des producteurs
sont de sexe masculin et que 53% ont un âge compris entre 25 et 39ans.
Ceci s'explique par le fait que la culture de la canne à sucre a une
exigence énergétique.
Poursuivant son analyse ADAMOU (2013) montre que 42% des
exploitants ont chacun un ménage composé de 5 à 10
personnes, ce qui est inférieur aux résultats de OUMAROU (2012)
qui montrent que 19 chefs de ménages, soit 48% de l'échantillon
sont polygames et ont chacun plus de 10 membres par ménage mais qui est
similaire à nos résultats qui révèlent que 44% des
producteurs enquêtés ont 6 à 10 personnes à
charge.
Quant à l'accès à la terre, ADAMOU (2013)
a trouvé les modes suivants : héritage 60%, prêt 13,13%,
achat 13,33%, gage 13,13% et HAROU (2012) a trouvé : héritage
40%, achat 20%, prêt 15%, location 10%, don 7,5% et gage 7,5%. Ces
derniers sont loin de nos résultats qui révèlent :
héritage 70% , achat 25%, don 2 %, prêt 1%, location 1%, et gage
1%. On constate que contrairement à ces derniers, certains modes
d'accès à la terre ont tendance à disparaitre du fait de
la forte densité de la population dans la zone d'étude au point
où : « posséder un jardin n'est pas l'apanage de tout paysan
même étant autochtone ». Par contre, nos résultats se
rapprochent de ceux de OUMAROU (2012) qui trouve : héritage 87% et 13%
pour location avec une absence de certains modes d'accès à la
terre du fait de la richesse qu'on amasse autour de la production de la canne
à sucre qui a rendu les propriétaires fonciers de plus en plus
individualistes au point où certaines formes d'accès à la
terre ont disparus.
Concernant la main d'oeuvre, ADAMOU (2013) dit que 75,55% des
paysans utilisent la main d'oeuvre familiale alors que 24,45% des exploitants
font recours aux salariés et que l'entre aide n'est pas encore
développée . Ceci se rapproche de nos résultats qui
montrent que cette main d'oeuvre est à 85% familiale, 13,5% salariale et
1,5 % de l'entre aide. On constate alors une faiblesse voire une absence de
l'entre aide ce qui veut dire que pour produire la canne à sucre, il
faut disposer d'un capital humain où des moyens financiers.
Parlant du changement climatique, l'analyse de la
pluviométrie dans la zone d'étude de 1981 à 2014, montre
deux périodes climatiques distinctes : une période moins humide
qui va de
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1981 à 1992 marquée par un déficit
pluviométrique et une période humide qui va de1993 à 2012
où on assiste à un retour aux conditions climatiques plus
humides.
Ces résultats sont en harmonie avec les conclusions de
WAZIRI MATO et al (2012) qui constatent une alternance d'années
humides et sèches pour la station de Magaria et qu'à partir de
1998, les années sont relativement humides donc on assiste à un
retour aux conditions climatiques plus humides. Par contre, ABDOU BOKO (2014)
et MALAM ABDOU (2014) ont fait ressortir une tendance des pluies en baisse
à la station de Zinder mais elle n'est pas significative.
L'analyse des données des températures dans la
zone d'étude montre une augmentation des températures moyennes
d'environ 1°C. Ceci est très proche des résultats de GIEC
(2007) qui prévoient une augmentation de la température de 1
à 1,5° à l'horizon 2025 pour le pays de l'Afrique
subsaharienne. Pour la série des données des températures
minimales, cette augmentation est de 0,72°C. Ceci corrobore les travaux de
BATIONNON (2009) qui parle d'une augmentation de la température mondiale
de 0,73° en un siècle. Cette augmentation de la température
dans la zone d'étude est confirmée par 91,5% des exploitants qui
relatent qu'ils ont perçu une augmentation globale des
températures actuelles, comparées à celles des
dernières années.
Sur l'intensité du vent, 91,33% des paysans
interrogés affirment que pendant la saison des pluies, le vent cause en
général plus des dommages sur la végétation, en
particulier sur la canne à sucre qui fait la spécificité
de la zone d'étude. Cette perception s'explique par le fait que pendant
la saison pluvieuse, les vents forts proviennent du passage plus
fréquent des phénomènes orageux. . Cette analyse concorde
bien avec celle des exploitants du site des cultures irriguées de Wacha
sur le régime des vents, qui fait ressortir deux périodes pendant
l'année. Au cours de ces périodes, les vents se démarquent
par leurs intensités et par les dégâts qu'ils engendrent
sur le milieu naturel (WAZIRI MATO et al, 2012).
Par rapport aux impacts du changement climatique, nos
résultats ont fait ressortir les principaux impacts suivants : la baisse
de la nappe phréatique, la baisse de la production, la disparition de
certaines variétés de la canne à sucre voire l'abandon
progressif de l'activité cannière. La baisse de la production de
la canne à sucre s'explique d'abord par le démarrage tardif et
l'arrêt précoce de la saison des pluies qui viennent perturber le
cycle végétatif de la canne à sucre. Ensuite, dans
certains sites notamment dans les bas-fonds, c'est surtout les grandes averses
du mois d'août qui submergent et dévastent par la suite la
plantation de la canne à sucre. Ces résultats sont similaires aux
constats de WAZIRI MATO et al (2012) qui relatent que l'ensemble des
exploitants enquêtés attestent que le phénomène de
l'inondation
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frappe assez souvent la partie la plus fertile, donc
l'auréole centrale du bas-fond. Dans certains cas, elle empêche
carrément la mise en valeur de cet espace en raison des
difficultés liées à la préparation des parcelles et
de l'abondance de l'eau. Nos résultats se rapprochent également
des travaux d'AMOUKOU (2009), qui montrent une augmentation de la
fréquence des mauvaises récoltes car, poursuit-il, pour les
paysans, « il n'y'a que d'années déficitaires dans le
terroir ».
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