CHAPITRE IV : L'EQUILIBRE GEOPOLITIQUE ENTRE LA CHINE
ET LES ETATS-UNIS D'AMERIQUE
Lorsqu'on considère les relations
sino-américaines, on fait allusion aux relations de concurrence et
coopération entre les deux Etats (les États-Unis et la
République populaire de Chine). Bien des spécialistes appuient
que ces relations sont actuellement complexes et à multiples facettes:
ni alliés ni ennemis, mais quand même deux surpuissances et
économies entrelacées. L'établissement américain ne
considère pas la République populaire de Chine comme un
adversaire, mais un concurrent dans certains domaines et un partenaire dans
d'autres.
Cependant, sous autres cieux, La Chine est dans les esprits
des américains. On dit que son excédent commercial croissant, ses
progrès technologiques rapides et l'utilisation plus offensive de ses
ressources la faisaient désormais apparaître aux États-Unis
moins comme un partenaire et plus comme un rival, voire comme une menace pour
demain. L'économie ne peut d'ailleurs plus être
considérée isolément : les ambitions spatiales, la
modernisation des forces armées ou la conduite de manoeuvres militaires
audacieuses soulèvent de fortes questions sur la stratégie
chinoise. Mais cette lecture appartient à l'histoire appuyée par
l'école réaliste qui se réfère au fait que la
relation sino-américaine est pourtant empreinte d'une
ambiguïté fondamentale. C'est en particulier le cas et depuis
longtemps concernant Taiwan l'enjeu le plus fondamental pour les deux
partenaires.
De toute évidence, notre étude abordera cette
étude sous angle néo-idéaliste, considérant par
ailleurs que la Chine déploie toutes les armes du soft power,
défini par Joseph Nye comme « la capacité d'obtenir ce que
l'on veut par l'attraction plus que par la coercition ». Cela lui permet
d'étendre rapidement son influence régionale ce qui pourrait
à terme réduire d'autant celle des États-Unis. Une
idée qui pousse ses alliés américains à entrer dans
la danse, mettant d'abord de côté toutes les options du pouvoir
dur, dit hard power, sur lequel ils se sont longtemps penchés.
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SECTION I : LA DONNE ECONOMICO-FINANCIERE
§1. La politique américaine face à la
diplomatie gagnant-gagnant de la chine
La Chine adopte une diplomatie économique
gagnant-gagnant qui vise à stimuler la prospérité
nationale et à créer et partager des opportunités avec le
reste du monde. Un rapport approuvé en novembre 2012 par le 18e
Congrès du Parti communiste chinois a souligné la
coopération gagnant-gagnant comme étant une
caractéristique importante de la diplomatie chinoise pour les cinq
prochaines années. "Nous devons accroître la sensibilisation au
sujet des êtres humains appartenant à une communauté de
destin commun", a indiqué le rapport. "Un pays doit tenir compte des
préoccupations légitimes des autres pays lorsqu'il poursuit ses
propres intérêts, et doit promouvoir le développement
commun de tous les pays tout en favorisant son propre
développement"141.
Un compromis sur les relations commerciales
sino-américaines et la réévaluation prudente de la monnaie
chinoise est possible et probable. Le plus sensible est ailleurs. Tant que
l'Amérique ne cherchera pas sérieusement à toucher au
régime politique chinois, à forcer le pouvoir chinois à se
réformer, d'importantes relations non-antagonistes peuvent se
développer sur une base de donnant-donnant. Le président chinois
Xi jinping a voulu que la Chine désire travailler avec les
États-Unis pour adhérer aux principes de non-conflit, de
non-confrontation, de respect mutuel et de coopération gagnant-gagnant ;
pour élargir de manière constante la coopération aux
niveaux bilatéral, régional et mondial ; et pour gérer les
différends et les dossiers sensibles par des moyens constructifs, afin
de s'assurer que les liens bilatéraux avanceront toujours sur la bonne
voie.
La politique chinoise d'attraction de leur allié
américain s'est nettement réalisée avec le
président X i jinping prévoyait un plan consolidation des
relations avec les USA, résumé en six (6) points. Accent
141
http://french.beijingreview.com.cn/zt/txt/2013-11/25/content
589636.htm: consulté le 24 mai, 2016, 2heures 19minutes
mis sur les échanges économiques et des
investissements, principal moteur de relations pacifiques entre les deux qui
allaient avoir lieu dans les prochaines rencontres entre les deux
présidents. Ces six points sont :
- Les deux parties devraient maintenir une communication et
des échanges étroits à tous les niveaux. Les principaux
mécanismes bilatéraux, tels que le Dialogue stratégique et
économique (SE&D) et la Consultation de haut niveau
sino-américaine sur les échanges entre les peuples (CPE)
devraient être pleinement opérationnels.
- Les deux pays devraient élargir et approfondir la
coopération pragmatique dans différents domaines, dont
l'économie, le commerce, l'armée, la lutte antiterrorisme,
l'application de la loi, l'énergie, l'environnement et les
infrastructures.
- La Chine et les États-Unis devraient promouvoir les
échanges entre les peuples et consolider la base sociale des relations
bilatérales.
- Les deux pays devraient respecter leurs différences
en matière d'histoire, de culture, de tradition et de système
social, ainsi qu'en matière de voie de développement et de stade
de développement, et apprendre l'un de l'autre.
- Les deux parties devraient approfondir le dialogue et la
coopération dans les affaires en Asie-Pacifique.
- Ils devraient répondre conjointement aux défis
régionaux et mondiaux, enrichir les connotations stratégiques de
leurs relations et offrir davantage de biens publics à la
communauté internationale.
La Chine et les États-Unis ont convenu de poursuivre
les efforts pour construire entre eux un nouveau modèle de relations
entre grandes puissances. Notant que la relation sino-américaine est
l'une des relations
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bilatérales les plus importantes du monde, M. Xi a
promis de la faire avancer sur la bonne voie142.
Depuis l'établissement des relations diplomatiques il y
a bien des années, les relations sino-américaines sont toujours
allées de l'avant et ont atteint un développement historique,
a-t-il ajouté.
M. Xi a déclaré que depuis que lui et M. Obama
ont atteint un consensus sur la construction d'un nouveau genre de relations
entre grandes puissances pour leurs deux pays lors du Sommet d'Annenberg en
juin 2013, les liens bilatéraux n'ont cessé de progresser,
apportant de nombreux bénéfices aux deux nations et au monde.
M. Obama a indiqué que les États-Unis et la
Chine partagent des intérêts communs sur de nombreux dossiers et
ont fait des progrès importants dans la coopération dans de
nombreux domaines.
La partie américaine a remercié la Chine pour
son rôle important dans des domaines tels que la
dénucléarisation de la péninsule coréenne et la
reconstruction de l'Afghanistan, a indiqué M. Obama, ajoutant que son
pays est disposé à maintenir une coordination étroite avec
la Chine dans ces domaines.
Le président américain a également
appelé les États-Unis et la Chine à renforcer la
coopération dans des domaines tels que le changement climatique, la
santé et la lutte contre la contrebande d'animaux et de plantes
sauvages.
Avant de se rendre dans la capitale américaine, M. Xi a
conclu une visite chargée de deux jours et demie à Seattle,
où il a mis en avant une proposition en quatre points sur le
développement d'un nouveau modèle de relations entre grandes
puissances pour la Chine et les États-Unis.
142
http://www.vietcombank.com.vn:
consulté le 24 mai, 2016, 2heures 19minutes
17
Bobo Lo en qui a fait ses études sur le triangle
stratégique (Chine, Etats-Unis et Russie), accorde plus l'importance aux
relations sino-américaines qui sont plus rapprochées au
détriment de celles de la Russie en vers ces deux derniers. Il l'affirme
en disant que, bien que la chine ait le même intérêt que la
Russie à contenir la Puissance américaine, elle montre peu de
propension à faire partie d'un rééquilibre
compétitif. Cela ne reflète pas tant une vision bienveillante du
monde que la conscience d'avoir beaucoup à perdre en se laissant
entrainer au jeu géopolitique. Pour l'essentiel des trois
décennies coulantes, la Chine a limité son ambition de rivaliser
avec les Etats-Unis. Les dirigeants successifs : Deng Xiaoping, Jiang Zemin, Hu
Jintao et voire aujourd'hui Xi jinping, se sont toujours efforcés
d'accroitre la qualité de l'étendue de leur relation avec
Washington143.
Toutes fois, en poursuivant avec les analyses de cet auteur,
malgré la convoitise des autres puissances envers elle (notamment la
Russie qui tient à tout prix craché sur la soupe entre les
relations sino-américaine de façon d'attirer l'attention de la
Chine à elle), la position de la Chine peut être
résumée ainsi : « s'allier avec le plus fort ».
Même si beaucoup à Pékin pensent que les Etats-Unis,
même sous Obama, sont déterminés à contenir la
Chine, ils reconnaissent son statut de partenaire indispensable, dit l'auteur.
Les Etats-Unis représentent de loin la plus grande source de
technologies de pointe ; une part du lion (selon les estimations, 1,5 à
1,6 trillion de dollars) des avoirs financiers mondiaux chinois est investie
aux Etats-Unis ; c'est le deuxième partenaire commercial de la Chine,
juste derrière l'UE ; les chinois en fin reconnaissent tacitement qu'une
Amérique forte garantit la stabilité internationale, y compris en
Asie du Nord-Est où sa présence aide à contenir un Japon
potentiellement nationaliste, sans même parler de la Corée du Nord
imprévisible. Une Amérique confiante en elle, mais sans
excès, est une clé du « monde harmonieux »
souhaité par Pékin.
Les relations économiques et commerciaux entre la Chine
et les Etats-Unis, comme disent certains analystes, sont essentielles, tant
en
143 Lo, B., La Russie, la Chine et les Etats-Unis: quel avenir
pour ce triangle stratégique?, Paris, éd. Ifri, 2010, p.
144 Lo, B., op.cit., p.17
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termes de produits et services qu'en valeur. En 2008, le
déficit américain avec la Chine s'élevait à 266
milliards. Par ailleurs, les excédents financiers chinois, au moins 680
milliards de dollars de ses réserves étant investies en bons du
trésor américain, sont un sujet d'une extrême
sensibilité pour les deux parties, ce qui explique notamment les visites
à Pékin de Hillary Clinton et Timothy Geithner dans les tout
premiers moins de l'Administrations Obama. Ce que l'Institut français
des relations internationales qualifie dans Ramsès 2010 de «
fantasme de G2 », expliquant au moins l'urgence d'une reprise des contacts
bilatéraux début 2009. Et la procédure de revue des
investissements étrangers aux Etats-Unis, Commitee of Foreign
Investissements in United States (CFUIS), figurait en excellente place dans
l'agenda des discussions bilatérales à Washington début
août 2009. L'accession de la Chine à l'OMC fin 2001 met en oeuvre
un calendrier d'ouverture progressive sur une période de cinq ans de
secteurs d'activités aux investissements étrangers, notamment
dans les domaines bancaire et financier, mais aussi dans le commerce de gros et
de détail, l'assurance, l'import-export et les
télécommunications144.
L'économie chinoise connaît une croissance forte
et régulière depuis 1992. Depuis 1999 et au moins jusqu'à
2003-2004, ce grand pays a été et reste la seule zone importante
de croissance dans un monde en stagnation, ce qui a
accéléré le rattrapage chinois. Les besoins de la
population chinoise sont immenses et les réserves de main d'oeuvre
à bon marché aussi. La moitié environ des investissements
du monde riche dans les pays en voie de développement va en Chine depuis
douze ans. Le PIB chinois, aujourd'hui le sixième du monde, pourrait
dépasser dans quelques années ceux de la France et du
Royaume-Uni. Dans ses échanges commerciaux courants, la Chine a fait en
2002 un excédent de plus de cent milliards de dollars sur les
Etats-Unis, bien qu'elle n'en reconnaisse qu'un tiers en jouant sur le statut
de Hong Kong. Elle accumule des réserves en devises probablement
supérieures à 360 milliards en 2003.
145 Vairon, L., «menace» chinoise ou déclin
de l'occident, in international, n° 4156, Paris, éd. Etudes,
décembre 2011, p. 590,
Il est donc naturel que les milieux économiques
américains, japonais, européens et d'autres partenaires
importants dénoncent une sous-évaluation du yuan (ou renminbi),
qui est maintenu artificiellement par le gouvernement chinois à
proximité de 8,28 yuan pour 1 dollar US. Une vague de réclamation
sur ce thème s'est déclenchée à nouveau en
septembre 2003, à la suite d'une offensive des industriels
américains au début de la campagne présidentielle pour
novembre 2004.
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