3.2 La Chine post-Maoïste a. sous Deng
Xiaoping
Il est inévitable de noter que, Deng Xiaoping est le
grand réformateur, voire le précurseur de l'économie
épatante de la Chine.
Dans un collectif sous la direction d'Alain Nonjon, ils
pensent que, l'époque de Mao qui a été celle des grandes
utopies avec le grand bond en avant entre 1958 et 1962 puis la
révolution culturelle entre 1966 et 1969, se clôt à la mort
de celui-ci en 1976. Un premier tournant en deux étapes (1978-1980 puis
après 1992 avec le célèbre « enrichissez-vous »)
fut pris par Deng qui a pris soin en mars 1979 toutefois, de baliser des
limites idéologiques à ne pas franchir. Ne sauraient être
remis en cause ni le
129 Mwayila, T., op.cit., p.250
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socialisme et le rôle dirigeant du PCC, ni le
marxisme-léninisme et la pensée Mao Zedong130.
A la suite des quatre modernisations (qui concernaient
l'industrie et le commerce, l'éducation, l'organisation militaire et
l'agriculture), dont l'un des aspects les plus spectaculaires fut le
démantèlement des communes populaires ouvrant la voie à
l'exploitation individuelle des terres, et qui furent suivies de la
création de quatre zones économiques spéciales, la Chine
s'engagea vers une économie « socialiste du marché »
qui se traduisit par une réforme bancaire (au tour de la banque
populaire de Chine), une réforme fiscale (création d'une TV), une
réforme de la gestion des entreprises d'Etat officiellement
privatisées alors que les charges sociales de la dan Wei étaient
externalisées.
Notons encore avec ces auteurs, avant de passer à
l'analyse de la Chine de l'actuel président que, à la mort de
Deng Xiaoping en 1997, la succession s'effectua sans heurtes à
l'occasion du XVIe congrès avec l'avènement d'une équipe
(président et premier ministre) qui y était préparé
depuis plusieurs années. Par la suite, Jiang Zemin et Zhu Kongju
(19972002) arrivèrent au pouvoir. Ils procédèrent à
la privatisation du secteur d'Etat, reformèrent le système
financier, lancèrent un vaste plan de modernisation des infrastructures,
firent entrer la Chine à l'OMC et par là dans la mondialisation,
alors que le PCC s'ouvrit aux entrepreneurs à l'occasion du 80e
anniversaire du parti131.
3.4 Sous Xi Jinping
En 2013, la Chine a procédé au remplacement de
ses dirigeants. La personnalité de Xi Jinping semble plus assurée
et plus décontractée que celle de Hu Jintao. Le ton aussi semble
avoir changé en particulier avec l'adoption, de la thématique du
rêve chinois supplantant celle du monde harmonieux. Xi Jinping et Li
Keqiang le premier ministre, qui paraissent avoir la haute main sur la
diplomatie chinoise renouent avec une tradition
130 Nonjon, A., et alii, géopolitique des
continents, Paris, éd. Ellipses, 2014, p. 581
131 Idem, p. 582
de la personnalisation de la politique étrangère
qui remonte à Mao. Les premiers voyages ne marquent pas non plus des
ruptures avec le choix des premiers voyages présidentiels : La Russie et
l'Afrique (l'Afrique du Sud, la RDC, la Tanzanie) en mars 2013 avant, les
Etats-Unis en juin 2013132.
Alors que la question centrale qui se pose en Chine est celle
d'une parité stratégique avec les Etats-Unis sans
déboucher sur le conflit ouvert quand bien même les deux appareils
militaires sont dressés l'un contre l'autre.
Dans une approche réaliste, ces auteurs pensent que si
la Chine dénonce la nouvelle politique au pivot américain, les
Etats-Unis quant à eux dénoncent une politique régionale
chinoise plus agressive. Xi jinping a introduit dans le langage de la
diplomatie les termes nouveaux de « nouveau de relations avec les grandes
puissances » et de « rêve chinois » qui traduisent la
quête de la puissance, de la grandeur et de renouveau de la Chine. En ce
qui concerne les trois nouvelles priorités, il s'agit d'abord de mieux
protéger les ressortissants chinois à l'extérieur (83
millions de chinois sont sortis de la Chine en 2012). Il s'agit aussi, dans le
domaine de la cybercriminalité de chercher une démarche plus
coopérative dans le cadre de l'ONU ou par la conclusion d'un code de
bonne conduite bilatérale avec les Etats-Unis. Il s'agit en fin de
chercher à s'opposer aux initiatives occidentales pour une
démocratisation du pays qui pourrait saper le
régime133.
Enfin, notons dans l'approche choisie pour l'étude de
notre sujet, qui est l'approche néo-idéaliste que, la Chine de Xi
jinping, devenue le premier exportateur mondial, est une Chine qui a encore
gagné en puissance et en affirmation. La problématique à
laquelle sont confrontés les nouveaux dirigeants chinois est identique
à celle de l'équipe précédente, mais les
problèmes sont sans doute plus aigus aussi bien en termes de conflit
potentiel avec les Etats-Unis qu'avec ses voisins.
132 Nonjon, A., et alii, op.cit., p. 598
133 Idem, pp. 598-599
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