II.7. Interprétation des
résultats
Avant de commencer il est important de noter que les tests
statistiques de validité du MCE sont vérifiés. En effet,
la statistique de Jacque-Bera montre les résidus suivent une loi
normale. Le test de white indique que les erreurs sont homoscédastiques,
de même que l'indépendance de ces dernières validant
l'hypothèse d'absence d'autocorrélation. Le test de
stabilité basé sur la statistique de Cusum montre que le
modèle à correction est structurellement et ponctuellement
stable. Ce qui nous réconforte dans la qualité et la pertinence
des estimateurs.
La significativité du coefficient d'erreur dans le
modèle dynamique de court terme valide, le modèle à
correction d'erreur. Ainsi, il existe une relation de long terme entre la
croissance (l_growth) et le développement financier ), ce
résultat est conforme aux conclusions des travaux de Aspergis et al
(2007) qui pensent que la relation de long terme entre la croissance et la
finance existe aussi bien dans les pays développés que dans les
pays en voie de développement.
En effet, les résultats obtenus à partir du
modèle de long terme montre que le coefficient de la variable est
positif (1.09). Ce qui signifie qu'à long terme une hausse d'une
unité de l'indicateur de développement financier conduirait
à une amélioration toute chose égale par ailleurs de
2.583 unités ( ) du PIB
par habitant. Autrement dit le développement financier est positivement
associé au PIB par habitant. Ce résultat valide donc notre
hypothèse, il corrobore ainsi la plupart des travaux
précédents. La contribution de la finance à la croissance
dans le cas de la Côte d'Ivoire reste relativement importante, ceci est
d'autant vrai que selon Odedokun (1996) le développement financier
améliore plus la croissance dans les pays à bas revenu que dans
les pays à revenu élevé. Dans le modèle de court
terme, les coefficients de la variable financière et son carré ne
sont pas significatifs. On peut expliquer cela par le fait que le
système financier ivoirien, bien qu'étant en plein essor reste
moins profond en matière de financement et de fourniture de services
pour stimuler la croissance économique. Par ailleurs, le système
financier demeure à prédominance bancaire or le crédit
bancaire reste relativement concentré du fait d'absence de
diversification de l'économie. Il faut noter aussi que les
données concernant les institutions de finance informelle ne sont pas
pris en compte dans cette étude, alors qu'elles demeurent un canal
essentiel de financement pour des secteurs qui contribue relativement à
la croissance (Agricole, commerce etc...). Cette situation peut être
justifiéepar ailleurs à partir des travaux de Aka (2010) et
Neuggler et Kugler (1998) qui montrent que la relation de court de terme reste
vérifiée dans peu de cas car la mobilité internationale
des capitaux à tendance à rendre la croissance moins
dépendante du système financier locale.
Le signe du coefficient de la variable financière
élevé au carré dans le modèle de long terme est
positif et significatif, ce qui valide notre hypothèse d'existence d'une
relation non linéaire entre la variable financière et la
croissance économique. Cette relation nous montre par ailleurs que
l'indicateur financier influence positivement à la croissance
économique dans un premier temps, ensuite le niveau de
développement détériore cette relation à partir
d'un certain seuil. Il est existence donc une relation en forme de U
renversé entre la finance et la croissance économique. A partir
des résultats, le seuil à partir duquel le niveau de
développement financier influence négativement la croissance. Ce
seuil est estimé à 55%, c'est-à-dire que lorsque
l'indicateur de développement financier atteint 55%, il atténue
la croissance de l'activité économique. Cette relation semble
corroborer bon nombre de travaux de la littérature, selon lesquelles il
existe une relation en forme de U renversé c'est-à-dire un
premier stade où la finance favorise la croissance jusqu'à ce
qu'au stade où l'amélioration du développement financier
n'est plus positivement associé à la croissance (Eggoh,
2009 ; Khan et Senhadji 2000, 2003 etc...).
Dans l'équation de long terme le coefficient de la
variable l_invest négatif et significativement différent de
zéro. Une augmentation d'un point de l'investissement intérieur,
fait baisser de 1.52 point le PIB par habitant. Ce signe peut se traduire par
le fait que les conditions d'investissement ne sont pas favorables à
l'investissement privé. En particulier, les efforts qui ont
été menés n'ont pas suffi à attirer la confiance
des investisseurs à cause de nombreuses crises qu'a connues la
Côte d'Ivoire. Le coefficient de court terme montre que le PIB par
habitant augmente de 0.29% pour un accroissement d'un point de
l'investissement, en effet les reformes à court terme donnent
l'impression aux investisseurs d'un assainissement de l'environnement
légal, particulièrement les investisseurs locaux.En
général, les investisseurs étrangers percoivent les
reformes dans les pays africains comme transitoires.Ils ne modifient leurs
comportements que lorsqu'ils croient que ces reformes vont perdurer.
Dans le cas contraire, ils prefèrent attendre, le temps
davoir une plus grande lisibilite. Ces reformes leur donnent ainsi une
confiance à court terme entraînant par conséquent un
accroissement des investissements qui par un effet multiplicateur stimule la
croissance.
Le coefficient de la variable L_trade montre par ailleurs un
lien positif avec le PIB par habitant, ainsi un accroissement de 1% du taux
d'ouverture commerciale entraine une hausse du Produit par tête de
4.040%. En effet l'accroissement des échanges extérieurs sur le
long terme améliore la croissance du PIB par tête.
Le coefficient du résidu 8 = -0.42 du
modèle de court terme nous indique la vitesse d'ajustement
c'est-à-dire la vitesse avec laquelle, tout déséquilibre
entre le niveau désiré et effectif du PIB par tête est
ajusté. Ainsi un choc sur le PIB par tête se corrige
entièrement sur (1/0.42= 2,38 années).
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