Chapitre 2 : Les suggestions en vue de garantir une
complémentarité véritable entre
les deux organismes publics
Dans le souci de contribuer à l'assainissement des
finances publiques au Gabon, la DGCRCP doit avoir un rôle
stratégie dans la chaine d'exécution des crédits des
grands travaux. Pour cela, la création d'un cadre de coordination des
interventions de chaque acteur est nécessaire à court terme
(section1) et à moyen-long terme, il faut instaurer un contrôle
budgétaire personnalisé, puis repositionner l'ANGT dans la
gouvernance économique du Gabon (section 2).
Section 1 : A court terme : la coordination des acteurs
(ANGT et DGCRCP) comme réseau de compétence
La coordination suppose que la rationalité juridique
guide le mode d'intervention de chaque entité dans l'exécution
des crédits affectés aux grands travaux.
A - Sur le plan organisationnel : redéfinition de
certaines prérogatives assignées à chaque
entité
Dans le contexte d'une administration structurée,
identifier et séparer nettement ce qui relève de
l'exécution de ce qui ressort du contrôle trouve sa
concrétisation dans la complémentarité d'un pôle
central et une entité autonome.
1-Le partage des rôles sur le plan financier
La séparation nette des missions d'exécution
financière et celles de contrôle financier des grands travaux est
indispensable afin que les responsabilités des différents acteurs
ne soient plus brouillées.
Il s'agit de délimiter clairement le champ de
compétence de la DGCRCP au contrôle de tout acte
générateur des dépenses
publiques43. A l'instar de cela, nous devons
également préciser que le contrôle effectué par la
DGCRCP a un caractère à la fois formel (car il permet de
vérifier la concordance entre les OP et la liquidation) et substantiel
(parce qu'il est la preuve que le budget est exécuté en
conformité avec le vote du parlement).
Aussi, la DGCRCP peut aussi être appelée à
jouer également son rôle de conseiller par:
43 Article 4 de la directive
n°002/11-UEAC-190-CM-22S relative au règlement
général de la comptabilité publique du 11 novembre 2011 et
l'article 1 de la loi 5/85 du 27 juin 1985 portant règlement
général sur la comptabilité publique de l'État
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
36
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
- une contribution nécessaire à l'étude
des projets de contrat, de convention, de décisions
élaborées pour la réalisation de mesures nouvelles. L'avis
motivé du contrôleur utilisé comme moyen d'action en la
matière, doit porter sur le fond et/ou la forme. A cet égard,
lorsque l'administration concernée reconnaît la justesse des
observations formulées, elle établit alors un nouveau projet en
tenant compte de l'avis du Contrôleur Budgétaire, ou simplement se
rapproche de ce dernier pour savoir exactement de quelle façon il doit
modifier son document initial.
- des suggestions visant à insérer dans un
contrat dont il connaît l'objet, toute clause qui lui paraît
indispensable pour la sauvegarde des intérêts de l'Etat et que le
service responsable n'aurait pas eu l'idée de prévoir. Le cas des
marchés évalués en monnaie étrangères sans
indication du taux de change est assez illustratif.
- des recherches avec les administrateurs de crédits
(tenant compte des résultats de la gestion en cours) de modifications
à apporter dans le prochain projet de budget pour un meilleur
aménagement de la répartition des crédits entre les lignes
budgétaires. Même si le rôle de conseiller doit être
exercé dans toute sa plénitude, toutefois, il doit comporter une
borne essentielle, à savoir:
- s'immiscer dans la direction des services et dans la gestion
des crédits dont les administrations ont la charge.
En revanche, l'exécution financière sera de la
compétence de l'ANGT compte tenu du professionnalisme44 de
ces dirigeants (COVALESKI & DIRSMITH ; 1988). Car c'est à travers
cette caractéristique que l'ANGT est légitimée sur le plan
social et institutionnel, en bénéficiant des crédits du
budget général de l'Etat. Comme on peut l'apprécier, du
point de vue de la gouvernance économique que l'ANGT s'inscrit dans le
contexte où le Gabon cherche à rattraper son retard dans le
processus de développement. Ce d'autant plus que l'indice de gestion
d'investissement du Gabon se situait à 0,9945 en 2010
(graphique 7). De ce fait, la méthode de pilotage des politiques
publiques en matière d'investissement correspond
à une structuration institutionnelle tout à fait novatrice,
mais celle-ci doit s'exercer dans les règles d'exécution des
finances publiques.
44 Trois processus permettent de transmettre les
attentes des institutions : le coercitif (sanction), le normatif (le
professionnalisme des acteurs expliquent leur comportement) et le
mimétique (l'incertitude). Posnem, le contrôle budgétaire :
recherche de l'efficience ou recherche de légitimité ? p-11
45Rapport du FMI n° 13/55, mars 2013, p-15.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
37
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Graphique 7: Indice de gestion d'investissement public en 2010
2
1,5
1
0,5
0
|
|
Gabon CEMAC(4) Afss(5) PRI(6)
|
NB : l'indice varie de 0 (pire) à
4 (meilleur).
(4)Communauté Economique et Monétaire
d'Afrique Centrale.
(5)Afrique Subsaharienne
(6)Pays à Revenus
Intermédiaires.
Sources : autorités gabonaises, Dabla-Norris et al.
|